Modérateurs: Garion, Silverwitch
cétérouge a écrit:et puis ils ont oublié Kiarostami, sans doute le plus intéressant des cinéastes actuels (ce serait lui que j'aurais confronté à Hou Hsiao Hsen)...

silverwitch a écrit:Nan Fellini, il écrivait ça:
"Ce qu'on appelle la "civilisation de l'image" est un désastre. L'oeil a
été assailli, vicié, violenté. Les clips nous ont tout fait voir, toute
l'histoire des arts figuratifs, toute la série possible des images. Ce
tourbillon infernal nous a fait exploser l'oeil, il n'est plus en mesure de
saisir et d'apprécier l'image qu'un cinéaste lui propose. L'image
cinématographique a été privée de sens le plus profond, qui est magique,
onirique, mystérieux ; elle a été privée de sa fascination secrète, qui se
nourissait du rapport obscur que chacun de nous entretient avec son
inconscient, avec la part inconnue et insondable de lui-même. (...)
Quelques films s'en sortent, bien sûr, mais le succès de L'empire
contre-attaque n'est pas dû au film. C'est un phénomène de délire visuel,
comme le délire acoustique que provoquent les guitares électriques.C'est un
délire psychédélique, un étourdissement qui empeche de penser, qui réduit
les individus à des mécanismes purement sensoriels, animaux comme les types
qui se baladent dans les rues avec leur casque, dans le martèlement de
rythmes meurtriers. Nous n'avons plus le temps de penser. L'affaire de la
Basilique de Maxence est un phénomène du même ordre : des gens qui se
regroupent ou s'agglomèrent chaotiquement sous d'énormes écrans délabrés,
où se succèdent des images provenant de machines croassantes. C'est le
délire généralisé. (...) Nous vivons dans l'irréalité la plus délirante,
dans une déréalisation absolue, dans un monde monstrueux."
Silverwitch
Cortese a écrit:C'est le genre de truc qu'on n'entend que sur une certaine radio d'extrême droite ou chez les intégristes religieux, la fonction critique semblant avoir définitivement déserté les partis politiques et mass-medias "progressistes".
J'ai l'impression que Fellini n'a jamais du lire un bon bouquin de science-fiction de sa vie. S'il en avait lu, il aurait su depuis longtemps vers quoi nous allions (certains auteurs comme P.K. Dick ont été quasiment prophétiques) et il aurait pu utiliser sa notoriété pour alerter les gens sur le problème.
C'est étonnant de constater que le monde moderne est transformé en profondeur à une allure ahurissante depuis une génération, par les techno-sciences, que la combinaison infernale entre ces dernières et des pouvoirs mondialisés qui échappent de plus en plus au contrôle démocratique, n'interesse, à ma connaissance strictement aucun auteur et que les bons cinéastes continuent à nous infliger prioritairement des histoires de couple vaguement psychologisantes (qui personnellement me font un effet profondément disuasif).
Y a t-il un pilote dans l'avion ?

cétérouge a écrit: Mais le film date déjà d'il y a 32 ans (et ceci dit c'est parce que le personnage de l'espion est confronté lui-même dans sa vie privée à une histoire de couple vaguement psychologisante, qu'il commence à prendre du recul sur sa fonction d'espion à qui on demande absurdement d'attester le vide existentiel des autres)...
silverwitch a écrit:Cortese,
Je crois que des cinéastes comme Kubrick, Fellini, ou bien encore Bresson, Tati, voire Malick ne font pas autre chose dans leur oeuvre.
Ensuite il m'importe peu que la matière d'aborder le monde, soit un récit aussi vaste que celui de 2001 ou intime que celui d'Eyes Wide Shut. C'est simplement une manière de regarder. Parce que sous des dehors infinis, Kubrick en revient au plus singulier, au plus intime et EWS procède d'une démarche similaire bien que renversée.
Bon nous vivons aujourd'hui pleinement le "fondamentalisme démocratique" (expression utilisée par un romancier, Garcia Marquez). Aux USA, Bush Jr a été nommé président cependant meme qu'il avait perdu les élections. En novembre 2000, pour la première fois, prévaut l'interdiction de compter les voix. Nous avons vécu un véritable coup d'état démocratique. Alors qui a écrit sur cette vérité hallucinante? Partout dans le monde, des procédés néo-libéraux fabriquent une illusion de démocratie, une véritable comédie électorale. Moi je rejoins bien la vision de Fellini, nous vivons dans un monde totalement déréalisé.
Silverwitch
silverwitch a écrit:Nelson a écrit:- Fellini e Antonioni
C'est pas Fellini qui aurait eu l'idée de mettre du Pink Floyd ou du Grateful Dead dans ses films. Antonioni alors
Nan Fellini, il écrivait ça:
C'est un phénomène de délire visuel, comme le délire acoustique que provoquent les guitares électriques.C'est un délire psychédélique, un étourdissement qui empeche de penser, qui réduit les individus à des mécanismes purement sensoriels, animaux comme les types qui se baladent dans les rues avec leur casque, dans le martèlement de rythmes meurtriers. Nous n'avons plus le temps de penser.
Nelson a écrit:silverwitch a écrit:Nelson a écrit:- Fellini e Antonioni
C'est pas Fellini qui aurait eu l'idée de mettre du Pink Floyd ou du Grateful Dead dans ses films. Antonioni alors
Nan Fellini, il écrivait ça:
C'est un phénomène de délire visuel, comme le délire acoustique que provoquent les guitares électriques.C'est un délire psychédélique, un étourdissement qui empeche de penser, qui réduit les individus à des mécanismes purement sensoriels, animaux comme les types qui se baladent dans les rues avec leur casque, dans le martèlement de rythmes meurtriers. Nous n'avons plus le temps de penser.
Ouais bah c'est pas Dieu le Père non plus ce vieux crabe de Fellini. Il lui arrive de raconter des conneries aussi. La preuve.
Un p'tit effort Silverwitch, je sais que tu peux nous trouver une citation de Kundera faisant l'apologie de Deep Purple.
fox a écrit:ayrtonforever a écrit:Yo a écrit:ayrtonforever a écrit:bon et Blueberry c'est bien ou pas alors ?
Je ne l'ai pas vu ( et n'irai pas le voir ). Tout ce que je sais, c'est que le démarrage au box office est très poussif ( c'est peut-être un chef d'oeuvre incompris mais j'ai des doutes ).
c'est une genre a part aussi le western
ah, parce que tu considères que c'est un Western toi!.![]()
Moi vu la bande annonce je considère que c'est une super daube oui!


Garion a écrit:fox a écrit:ayrtonforever a écrit:Yo a écrit:ayrtonforever a écrit:bon et Blueberry c'est bien ou pas alors ?
Je ne l'ai pas vu ( et n'irai pas le voir ). Tout ce que je sais, c'est que le démarrage au box office est très poussif ( c'est peut-être un chef d'oeuvre incompris mais j'ai des doutes ).
c'est une genre a part aussi le western
ah, parce que tu considères que c'est un Western toi!.![]()
Moi vu la bande annonce je considère que c'est une super daube oui!
Bon, je l'ai vu. Belles images, mais il n'y a que ça, le scénario est téléphoné et les personnages sans profondeurs.
C'est quand même un western.
ayrtonforever a écrit:Garion a écrit:fox a écrit:ayrtonforever a écrit:Yo a écrit:ayrtonforever a écrit:bon et Blueberry c'est bien ou pas alors ?
Je ne l'ai pas vu ( et n'irai pas le voir ). Tout ce que je sais, c'est que le démarrage au box office est très poussif ( c'est peut-être un chef d'oeuvre incompris mais j'ai des doutes ).
c'est une genre a part aussi le western
ah, parce que tu considères que c'est un Western toi!.![]()
Moi vu la bande annonce je considère que c'est une super daube oui!
Bon, je l'ai vu. Belles images, mais il n'y a que ça, le scénario est téléphoné et les personnages sans profondeurs.
C'est quand même un western.
tu l'as vu au ciné ou bien ..... ?


Cortese a écrit:Quel pince sans rire ce Garcia Marquez... "Fondamentalisme démocratique" ! Fallait le trouver celui là ! Je suis sur qu'il connait les mots qui conviennent, mais il se la boucle comme tout le monde.
Je n'ai pas vu Eyes Wide Shut, ni les films de Mallick, mais tu as sans doute remarqué qu'en dehors de ce dernier, tous les cinéastes que tu as cités sont morts, ce qui tend à confirmer la tendance au refus de la réalité du cinéma contemporain.
Ce que dit Fellini au sujet de "La Guerre des Etoiles", cette dé-réalité, je la ressens depuis un bout de temps dans le cinéma (c'est d'ailleurs pour ça que je n'y vais plus, je ne me sens pas concerné par l'espèce de monde virtuel de sentiments ou de conflits qu'on y dépeint et je n'y trouve pas non plus la part de rêve).

Nelson a écrit:silverwitch a écrit:C'est un phénomène de délire visuel, comme le délire acoustique que provoquent les guitares électriques.C'est un délire psychédélique, un étourdissement qui empeche de penser, qui réduit les individus à des mécanismes purement sensoriels, animaux comme les types qui se baladent dans les rues avec leur casque, dans le martèlement de rythmes meurtriers. Nous n'avons plus le temps de penser.
Ouais bah c'est pas Dieu le Père non plus ce vieux crabe de Fellini. Il lui arrive de raconter des conneries aussi. La preuve.
Un p'tit effort Silverwitch, je sais que tu peux nous trouver une citation de Kundera faisant l'apologie de Deep Purple.


silverwitch a écrit:
Nelson,
Tu critiques la comparaison qu'emploie Fellini (la guitare électrique), mais cela ne remet pas en cause la justesse de son observation, je crois.
Quant à Kundera, ce n'est pas vraiment un grand amateur de rock. Pour résumer son opinion, il fait de la musique rock une extase. L'extase, c'est exemplairement le moment de l'orgasme. Quand la pilule n'existait pas, il arrivait souvent que l'homme au moment de jouir oubliât de se retirer à temps et la rendit mère. Pourtant un instant avant encore, il avait l'intention d'être extrèmement prudent. La seconde d'extase lui a donc fait oublier et sa décision (son passé immédiat) et ses intérêts (son avenir). L'extase aura donc pesé plus que l'enfant non désiré, et comme l'enfant non-désiré remplira par sa présence toute sa vie future, on peut dire que cette extase d'une seconde a pesé plus que toute une vie.
Pour Kundera, le rock c'est ça: un désir d'éternité (et donc d'oubli) mais qui ne peut avoir de l'éternité et de l'infini que son ersatz: l'extase. Ainsi le romancier définit aussi l'extase comme un aveuglement et d'assourdissement: l'extase c'est le moment ultime de l'émotion et simultanément sa négation. L'extase, c'est l'oubli de l'être. Comme l'extase signifie littéralement être hors de soi, c'est dangereux. Non pas que l'on soit comme dans un rêve (vers le passé, vers l'avenir), mais l'oubli total du passé et de l'avenir.
J'avoue à la fois mon ignorance à l'égard du rock (que je tente de combler grâce à d'amicaux efforts) et le sentiment de justesse que me renvoie parfois l'analyse faite ici. Ce qui me gêne souvent dans le rock, c'est le sentiment qu'il s'agit d'une musique qui veut abolir la distance entre celui qui joue et celui qui écoute. Et quand une musique produit un sentiment analogue à l'extase, cela m'inquiète un peu. Mais je découvre de très belles choses, alors je me demande quelle est la part superficielle de cette analyse (bien que là aussi, le fait que les instrument soient tous électriques me dérange aussi). C'est auditivement une perte de repères. Tout ce que j'entends est déjà retranscrit par une électronique (et donc simplifié).
Tout ça pour dire que ce n'est pas chez Kundera que tu trouveras un adorateur de hard rock!
Silverwitch
silverwitch a écrit:Cortese a écrit:Quel pince sans rire ce Garcia Marquez... "Fondamentalisme démocratique" ! Fallait le trouver celui là ! Je suis sur qu'il connait les mots qui conviennent, mais il se la boucle comme tout le monde.
Je n'ai pas vu Eyes Wide Shut, ni les films de Mallick, mais tu as sans doute remarqué qu'en dehors de ce dernier, tous les cinéastes que tu as cités sont morts, ce qui tend à confirmer la tendance au refus de la réalité du cinéma contemporain.
Ce que dit Fellini au sujet de "La Guerre des Etoiles", cette dé-réalité, je la ressens depuis un bout de temps dans le cinéma (c'est d'ailleurs pour ça que je n'y vais plus, je ne me sens pas concerné par l'espèce de monde virtuel de sentiments ou de conflits qu'on y dépeint et je n'y trouve pas non plus la part de rêve).
Cortese,
Je suis évidemment d'accord. Paul Valéry disait à propos de l'écriture: "Il faut être léger comme l'oiseau, et non comme la plume". Si la matière dont sont faits nos songes est sans doute la plume, le cinéma a besoin d'une matière plus concrète pour nous faire accéder à ce rêve, celui de l'oiseau en vol. Le cinéma commence par une observation attentive et méticuleuse du monde réel. Cela fournit éventuellement la matière aux rêves, ces voyages par la fenêtre de l'écran.
Tu vois, tout cela n'est qu'une question de gravitation. Nous échappons à l'intérieur d'un film plus ou moins aux lois de la gravité (la réalité du monde) en fonction des règles du jeu établies par le récit (le film) que nous regardons. Aujourd'hui les cinéastes fuient la réalité, la maquillent outrageusement parce qu'ils ne savent d'abord pas la voir. Leurs films n'existent pas. Ils ne sont que pure virtualité. Tu parlais de science-fiction: as-tu lu Cyrano de Bergerac? C'était une période où l'étude attentive de l'astronomie, de la réalité permettait une connaissance du monde par le biais de la fantaisie et de l'imagination. Avec Cyrano, on rêve de voyage dans la Lune, avec les aventures du baron de Munchausen, qui s'envole en chevauchant un boulet de canon, les tapis volants...
Si tout est virtuel, que le réel n'a plus de sens, alors le rêve perd à son tour sa signification. Je me console alors en me disant que le libéralisme n'aura qu'un temps, qu'il est compté et qu'il tombera. Spartacus fut vaincu, mais plus tard, Rome tomba. Il faut simplement souhaiter que le rêve n'ait pas sombré déjà.
Silverwitch
silverwitch a écrit:
Tout ça pour dire que ce n'est pas chez Kundera que tu trouveras un adorateur de hard rock!
Silverwitch

Cortese a écrit:C'est vrai que je suis impressionné par le nombre de films que je n'i pas vu dans cette liste !
En fait j'en ai vu deux, et encore parce que j'ai été trainé par des copains :
Short Cuts et Underground. J'ai bien aimé Underground, j'aime bien Kusturica. En plus il m'a beaucoup fait rire quand, dans une interview, il a attribué son retour à la réalisation à Bernard Henri Levy.
Je me demande si je n'ai pas vu "Conte d'été" d'Eric Rohmer ? L'histoire d'un etudiant en bord de mer qui commence des histoires sentimentales qui n'aboutissent pas. J'ai bien aimé.
A part ça, il y a deux films que j'ai aimé, deux films de Tim Burton : Mars Attacks et Ed Wood.

Cortese a écrit:Ce que dit Kundera est la chose la moins conne que j'ai jamais lu sur le rock. Je le trouve juste "européocentriste", car l'extase (ou la transe) obtenue par la musique, c'est tout à fait banal en Afrique ou dans certains aspect de la culture islamique (le soufisme). Or le hard rock est bien rattaché en filiation directe à l'Afrique et même peut être à la culture islamique (les historiens du jazz situent l'origine africaine du blues dans la région du Sénégal, région depuis longtemps très marquée par l'influence des confréries nord africaines).
Le problème c'est peut être que le rock prend un aspect nevrotique en Occident parce qu'il est apparu dans une culture qui n'intègre ni la transe ni l'extase (encore que "La Chevauchée des Walkyries", c'est pas très loin du Hard Rock !).

Shoemaker a écrit:Hola ! tu vas vite en besogne, Silver.
Le terme Rock est deja tellement vague en soit, qu'il serait bien maladroit de mettre dans la meme besace Hendrix et Placebo, ce que beaucoup justement s'empressent de faire. Ca serait, pour que tu me comprennes bien, mettre cote a cote Le Dictateur et les bronzes font du ski, sous pretexte que les deux se pretendent etre des films comiques.
Les simplifications sont la porte ouverte a toutes les imprecisions, donc a toutes les erreurs.
Shoemaker a écrit: En Occident, pendant un court moment d'histoire, des musiciens ont effectivement touche de pres la chose, l'extase, peut etre a la suite du grand mouvement dit "hippie" et a la prise en charge du blues par les Anglais, deux choses chargees "d'exotisme" (le mouvement hippie par ses liens avec l'hindouisme et le blues par son origine africaine (voir ce qu'en dit Cortese)).
Shoemaker a écrit:L'extase, hors de "la petite mort" que tu decris si malicieusement, est etrangere a la cultrure occidentale, a part des experiences chez quelques Chretiens mystiques (experiences d'ailleurs sur fond d'une religion orientale...). Alors oui, pendant un temps, le Rock a ete impregne de tout cela. Il est vrai que les guitaristes, qui ont toujours ete a l'avant garde de cette musique, ont systematiquement recherche cette note, cette combinaison de notes qui provoque la rupture avec le reel. Santana disait qu'il lui arrivait, dans de rares et fabuleux moments, au cours d'une improvisation (l'improvisatrion musicale, si etrangere et contraire a l'esprit de la musique et la culture occidentale), de baver. Oui, baver. Baver, c'est l'oubli, c'est, pardon pour ma trivialite, l'ejaculation finale, c'est donc effectivement ce moment d'extase, dont tu parles.
Shoemaker a écrit:Oui, un desir d'eternite, un ersatz d'eternite. Mais l'eternite, c'est Dieu. C'est le seul concept que nous possedons et que meme nous utilisons en mathematiques, et qui decrive avec le plus de satisfaction possible, ce qu'est Dieu. meme si ca reste encore (l'eternite) bien au dela de notre logique. Si on considere que l'art, c'est entre autre l'expression de notre part de divin, tout s'eclaire. l'art est creation, la creation est l'attribut principal de la divinite. L'extase, ersatz de notre part de divinite...
Shoemaker a écrit:Tout cela peut faire peur pour qui n'a pas ete eleve dans la quotidiennete de ces tourbillons magiques... C'est peut etre pour cela que les choses se sont reequilibrees en Occident, et que le Rock a perdu tout son "exotisme extatique", car il l'a perdu ! Il ne reste qu'une vaine agitation "grand-guignolesque"... Ici, on n'aime pas trop fricoter du cote du religieux... Non pas que les Occidentaux en soient fondamentalement incapables, mais la culture officielle, celle inculquee des le berceau, n'aime pas trop les arabesques. Systematiquement, les embellissements dans la musique savante europeenne ont ete historiquement ecartes (des sortes d'arabesques sonores qui faisaient trop arabe, comme dans la musique baroque...) , et ce n'est pas moi qui le dit, mais les grands faiseurs de cette musique). (Au passage, la musique arabe elle meme est une synthese de la persanne, de l'indienne et de l'africaine...).
J'espere que tout cela n'est pas trop confus...

cétérouge a écrit:(de toute manière, comparé à Hermann Broch, Musil ou Gombrowicz, Kundera est un assez piètre écrivain,
cétérouge a écrit: sans doute parce qu'il a une formation philosophique bien moins solide que ces derniers,
cétérouge a écrit: sa dénonciation de la crise des valeurs du monde moderne à l'instar d'un Malraux par exemple est plus idéologique que vraiment éthique, et farcie d'un tas d'a-priori esthétiques (qu'il emprunte à d'autre par exemple son concept de Kitsch comme comem uen forme de lyrisme falsifiée, qui sert d'intermédiaire entre le produit de consommation et le poncif culturel, est tout entier repris d'Adorno, que je ne l'ai jamais lu citer une fois...)

silverwitch a écrit:En ce qui concerne le kitsch, je ne peux que t'inviter à relire Milan Kundera, puisqu'il cite Adorno dans divers textes...Oui Broch ou Adorno ont abordé la question du kitsch avant Milan Kundera, et? Cependant Kundera est le premier à faire réellement du kitch une véritable catégorie existentielle et qu'il faut avant tout l'envisager comme une attitude du "kitschmensch", comme l'expression de cette étrange faculté humaine de substituer les rêves d'un monde meilleur à notre réalité, bref de travestir le réel en une vision idyllique. De la réflexion initiale de Broch sur le kitsch dans "Connaissance et Création littéraire" qu'il définit comme "la traduction de la bêtise et des idées reçues dans le langage de la beauté et de l'émotion", Kundera fait un phénomène consubstantiel à l'être, qui loin d'être rattaché à une époque déterminée devient l'expression esthétique de tout "accord catégorique avec l'être
cétérouge a écrit:
Philosophiquement cela s'appelle la dilution d'un concept

cétérouge a écrit:De Broch, j'ai lu Haguenau ou l'Opportunisme, et j'ai bien l'impression qu'il ne lui a pas volé que le concept de kitsch, mais également la structure tout entière du roman, qui mèle en une digression apparente plusieurs intrigues parallèles à des fragments d'essais philosophique

cétérouge a écrit:Merci mais ça fait 10 ans que je connais l'art du roman[ et aussi "La Vie est Ailleurs", "L'Immortalité", "L'insoutenable Légéreté" en passant] ( je dois reconnaître ce livre a eu au moins le mérite de ma faire découvrir Hermann Broch, mais pour le reste...)

cétérouge a écrit:Mon petit paragraphe était une réponse à ton injonction - très aimablement formulée je dois dire- à me référer pour continuer al discussion à un texte que je connais déjà, et qui par ailleurs formule un jugemement pour le moins très adrupt sur Broch, dans lequel Kundera se présente implictement comme ayant lui-même surmonté les maladresses esthétiques de Broch; ce que pour ma part, mais cela n'engage que moi, je ne partage pas vraiment, ayant éprouvé beaucoup plus de plaisir et d'intérêt à la lecture du dernier tome des Somnanbules qu'à celles des livres de Kundera...
cétérouge a écrit:Sinon, sur le fon de la discussion, j'ai l'impression que les deux écrivains ont en commun un certain scepticisme lucide vis-à-vis des catastrophes historiques qu'on provoqué les grandes idéologies du siècle dernier, qu'ils essayent de critiquer, de façon plutôt psychologique, en illustrant le fait que derrière l'illusion d'un progrés social et historique collectif, elles masquent de façon historiquement négative la réalité de changements successifs de représentation du réel individuelle.
Mais j'ai l'impression que chez Broch (et chez Musil d'après ce que j'ai pu lire de l'Homem sans qualité) la dénonciation de cette négativité est liée à une discussion sur le statut du concept d'histoire lui-même, et sur les ambiguïté des théories philosophiques pour qui le cours de l'histoire répond au dévelloppement d'une finalité rationelle.
Ces écrivains "illustrent" (je sais que c'est un mauvais terme) des situation où des personnages se revendiquent de façon paradoxale d'une telle conception, pour justifier ce qui pratiquement, dans leur action, est conformisme moral et politique individuel. Il y a une critique de l'illusion du positivisme historique considérée en tant que discours.
J'ai par contre l'impression que chez Kundera cette critique de cette idéologie à travers ce l'apparente à un discours est complètement absente, et qu'il l'évite délibérèment en considèrant que d'une certaine façon c'est la psychologie individuelle de ses personnages qui est l'incarnation directe d'une forme individuelle de l'illusion historique (ce qui coïncidebien avec tes propos sur le concept de kitsch élargi en catégorie existentielle).
C'est une représentation que pour ma part je trouve assez confuse et floue (qui se justifie peut-être développée dans le cadre d'une fiction romanesque, mais que l'on peut difficilement extrapoler pour faire la critique de situation historique réelle).

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