de Shoemaker le 01 Oct 2021, 16:39
Reprenons tout.
Ce qui s’est passé en Russie, avec la révolution d’Octobre, on l’a dit, ce n’est pas le communisme en tant que système achevé, mais une première expérience absolument imprévue d’ailleurs qui a été combattue avec un acharnement total par l’Occident (on attendait la révolution prolétarienne plutôt en Allemagne, premier pays industrialisé d’Europe, etc),
Cet acharnement anti communiste a atteint une telle intensité que l’Occident voyant l’Allemagne éventuellement basculer à son tour, dans les années 30, avec un PC de plus en plus puissant, n’a pas hésité à favoriser l’émergence du nazisme. Rien que ça !!!! La bourgeoisie Allemande (avec les Krupp et Cie) ainsi que le capitalisme US en pleine expansion, ont décidé coûte que coûte de stopper cette « bolchévisation ». On sait par exemple, que le grand père Bush en était, parmi les banquiers qui ont bien activée en faveur des SS. On connaît la suite horrible. L’Occident terrifié par le monstre qu’il a aidé à sortir de ses propres reins (et qui est plus « l’incarnation de l’Occident » que le germanisme !), a alors décidé, aux abois, d’aider plus ou moins les Russes pour stopper la bête devenue incontrôlable, et qui voulait supplanter l’impérialisme Anglais, Français et US.
L’armée Allemande manquait tragiquement de pétrole (détenu par les US, les Anglais et les Russes). Il lui fallait impérativement atteindre les puits du côté de Bakou, pour enfin devenir auto suffisante en essence (la Luftwaffe et les camions étaient quasiment immobilisés), et alors, l’affaire aurait été promptement conclue : victoire nazie sur tous les fronts.
Ils n’étaient pas si cons que ça, les nazis : même s’ils haïssaient les Slaves bolchéviques, leur toute première raison d’attaquer la Russie était le pétrole impérativement VITAL : pas d’approvisionnement énergétique, pas de victoire, c’est un axiome.
Mais ces « salopards » de communissssses se sont battus. Ils ont stoppé l’avance de l’armée nazie vers les puits du côté de Stalingrad. Au final, 20 millions de morts ! Pour que toi tu ne naisses pas dans une province nazifiée définitivement. Rien que pour ça, l’Occident devrait parler des Russes « communistes » (et même de l’actuelle Russie) avec une certaine humilité et un certain respect, pour toujours !………..
Que Staline ne fut pas un tendre, qui en doute ! Personne, rassure toi. On peut à postériori lui reprocher son excès d’autoritarisme paranoïaque, et mille autres défauts. Et même un gros tas de morts inutiles, des massacres… C’est évident. Mais tout cela doit être examiné à l’aune de la situation historique. Les US n’ont pas hésité une seconde (à l’aune donc de la vision métaphysique de leur destin manifeste et biblique) à massacrer les Indiens ; les Français et les Anglais ont été sans pitié dans leurs colonies à l’aune de leur vision impériale, les Japonais en Chine, et j’en passe et des meilleures. Rien de nouveau sous le soleil.
Les Russes n’ont pas eu UNE seule année de répit depuis 1917 : entre les armées Banches dépêchées par le reste de l’Europe, puis les nazis, et enfin la guerre froide (qui continue encore alors que la Russie a abandonné l’option URSS, c’est dire l’hystérie de l’Occident capitaliste !!!!), les Russes ont toujours été obligés de vivre dans un régime de guerre. Larvée ou déclarée, mais guerre quand même. Alors tu me le montres, le régime qui reste « sympa, démocrate et humaniste », lorsque sa survie est en jeu. C’est l’histoire de l’humanité, c’est comme ça, à coup de millions de victimes innocentes. Tu veux la changer ? A part t’adresser au Bon Dieu, je ne vois aucune issue. Alors accepte l’histoire comme elle est, tu n’y peux rien : elle n’est pas un long fleuve tranquille. Et estime-toi heureux que le maximum d’horreurs contemporaines ont été perpétrées loin de l’endroit que le destin t’a octroyé par hasard pour le long (je te le souhaite) cours de ta vie d’individu.
Ensuite, tu m’obliges à rentrer dans le « Ad hominem » : je ne parle qu’en mon nom, et le cheminement qui m’a poussé à quitter une Algérie disons de type « socialisante », c’est MA vie, et ça n’a aucun sens, rapportée à l’Histoire avec un grand H. C’est juste ma petite histoire particulière à moi, et tu aurais tort d’essayer en tirer des généralités politiques globales comme tu le fais pourtant, à coup d’insinuations du type « Love it or leave it »… (t’inquiète, je le dis en souriant).
Mais je te dirai quand même ceci : je n’ai pas quitté ma terre de naissance à cause de son régime « communiste ». Au contraire ! Je m’y sentais super bien ! A ce moment, mon père était diplomate à Paris, depuis 1963, et j’aurais pu définitivement m’installer en France pour l’ensemble de ma vie, dans le confort que tu imagines (ce que 95% des Algériens auraient fait). Or, moi, je ne l’ai pas fait : à 18 ans, en 72, j’ai quitté Paris pour Alger, et même si les conditions de vie y étaient un peu plus « difficiles » (tu permettras à un pays d’avoir du mal à s’en sortir facilement après 130 ans de colonisation très dure, et juste 10 ans d’indépendance alors), eh bien, contrairement à ce que tu avances sans savoir, j’étais absolument heureux là-bas ! J’y ai même fondé ma petite famille, et nous y vivions super tranquilles !
En vrac : Etudes de chirurgie dentaire de haut niveau gratuites, musique à gogo (important pour moi), milieu intellectuel et artistique de haut niveau, un système de santé satisfaisant, gratuit et en pleine évolution (j’ai été dentiste mais aussi … « patient » : une grosse opération sur le poumon), les filles de plus en plus émancipées, les soirées entre étudiants où on causait de tout sans nous retrouver en prison, les apéros à gogo avec un tas d’amis merveilleux, (c’est là où j’ai connu Cortese !), les voyages à l’étranger, des rêves plein la tête, la mer et le soleil, et j’en passe et des meilleures ! (Je n’ai pas dit que c’était la perfection, mais on était heureux, tout simplement, et on y croyait…). Et si j’ai fini par soudain partir, ce n’est absolument pas à cause du régime à tendance soviétique, mais à cause de l’installation progressive de l’intégrisme islamiste. Je ne rentre pas dans les détails, c’est une autre histoire, mais voilà : comme tu vois, c’est à l’opposé de ton argumentaire.
Alors bien sûr, pourquoi revenir vers le pays qui a colonisé le mien ? Parce que 130 ans de colonisation, ça laisse des traces (langue, culture, littérature, environnement, mœurs…), crois-moi. Et si mon propre père (sans parler du reste de la famille, MES FAMEUX PROCHES, comme tu dis) a été … très rudement traité par l’armée Française coloniale (il a évité la mort par pur miracle, je n’en dis pas plus par pudeur), il m’a aussi appris que les peuples ne sont pas définitivement dégueulasses : Les Français (en France), y en avait des colonialistes, mais d'autres anticolonialistes ; des gens salauds et des gens merveilleux, comme partout, etc. Et une fois les comptes soldés par les armes (une guerre terrible et cruelle du fait avant tout de la violence colonialiste), pour ma part, comme me l’a justement appris mon père, je ne veux pas ressasser le reste de ma vie la face colonisatrice de la France. C’est fini, c’est passé, c’est l’Histoire ; on n’oublie pas, mais on ne pense pas qu’à ça, en gros. La France, une fois réglée l’affaire colonialiste, n’est pas pire que tout autre pays, et même souvent meilleure, faut pas se mentir. Et j’y ai rencontré des gens extraordinaires, etc etc etc….. (et même un tas de marxistes de toute tendance ! ). J’aurais pu, en quittant l’Algérie, atterrir au Canada ou je ne sais où, mais voilà, chacun son destin, etc.
Ca, c’est pour répondre à tes arguments ramenant tout à l’expérience personnelle des individus : il faut éviter de regarder la grande histoire par le petit bout de la lorgnette….
Je ne te parle pas de cela en vérité (même si tu m’as un peu obligé à faire un détour). Je te parle de l’Histoire des humains.
Et je te le dis pour la dernière fois, sinon ça serait du radotage :
On s’en fout maintenant des détails passés, des livres noirs, et même de Staline ou des marins du Cronstadt (pour le terrible Léon…)… On parle d’aujourd’hui, de la dynamique que nous voyons se dérouler sous nos yeux, hic et nunc, ce qui compte pour nous et surtout nos enfants.
Tu peux retourner le problème comme tu veux, il n’y a actuellement en activité, en responsabilité, QU’UN SEUL système de gestion du monde, Chine y compris (même avec sa spécificité extraordinaire, un des deux grands PC historiques encore en activité, pour contrôler le capitalisme d’Etat etc etc), et ce système mondial, gère TOUT : c’est le capitalisme.
De « simple » système de production économique, il est devenu une sorte de système universel et global (je ne veux pas utiliser le mot totalitaire). Tout est géré qu’on le veuille ou non, par les forces capitalistes qui sont à la manœuvre : le marché, les finances, les banques, la commission de Bruxelles, Wall Street, les bourses de Chine, les multinationales, etc. Qui dirige les médias en France ou aux USA ? Qui en vérité fait et défait les présidents et les parlements ? Etc… (Si tu penses que c’est le bon peuple en toute conscience……. que te dire….).
Et le fait est là, que plus personne de sérieux ne nie : le monde d’aujourd’hui, globalisé, notre monde, EST EN DANGER existentiel. A cause de ce système de production qui saccage tout et qui contrôle tout, guerres, pollutions, aberrations commerciales…, qui tient toutes les manettes de tous les pouvoirs, et qui ne veut pas s’arrêter un peu, et réfléchir à la condition de l’Humanité, au devenir de la seule planète que nous possédons… (enfin, il fait semblant quand même, avec les Greta, les Sandrine et les Jadot…). Tu ne t’en rends pas encore bien compte, parce que tu es un terrien privilégié, mais pour combien de temps encore…
Tout finira par se casser la gueule, logiquement et sûrement, sauf miracle extra terrestre. Et ce jour-là, il n’y aura pas un petit groupe de comploteurs planqués dans une grotte du désert de Gobbi pour décider d’installer le communisme ou l’islamisme ou le chamanisme ! Ca ne se passe pas comme ça ! Ce jour-là, lorsque « le couteau aura atteint l’os », lorsque l’humanité devra, dos au mur, avancer ou crever sur place, il faudra bien faire des choix existentiels.
Moi, à part l’option communiste, c’est à dire :
enfin une humanité DEVENUE ADULTE, qui opte pour le partage équitable des richesses, qui maintient une diversité culturelle mais aussi une circulation libre à travers NOTRE planète, qui maîtrise la courbe démographique, qui éradique les grandes maladies et les guerres, qui nourrit tout le monde, qui ne permet à personne de vivre dans la misère, qui ne permet pas aux Bezos et aux Sorros de décider quoi faire de la planète, une humanité non pas bêtement égalitariste comme tu dis, mais où chacun obtiendra selon ses mérites mais sans pour autant laisser personne sur le bord de la route, une humanité éduquée, responsable de son destin, d’elle-même et de la planète…..
... à part donc cette option qui, en vérité n’a rien d’extraordinaire (tout est tout fait réalisable !!) , je n’en vois pas d’autre.
Bien sûr, tu peux parfaitement penser que le monde continuera ainsi, cahin caha, sans trop de problèmes, que le capitalisme s’équilibrera, se réformera, etc…
Pas de problème… Je n’y crois pas, mais qui sait….
Etc etc………..
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Shoemaker le 01 Oct 2021, 17:01, édité 1 fois.
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
John Lee Hooker