Rainier a écrit:Même Cortese n'a pas signalé la disparition du dessinateur Denis Sire, le 16 janvier dernier !!
Je ne suis pas tellement fan. L'intérêt de ses histoires de putes à dragsters "Bois Willys" m'echappe un peu. Quand j'ai débarqué en 94 quelqu'un m'avait filé son numéro personnel et je l'avais appelé dans l'espoir d'un tuyau. Je l'ai adroitement félicité en préambule pour son album sur les 24Heures du Mans, et il m'avait répondu d'une voie désespérée : "Mais il ne s'est pas du tout vendu mon albuuumm". A l'époque j'étais naïf, je ne savais pas que 99% des dessinateurs de BD vivent dans la misère.
En plus tous mes amis intellos et pas dessinateurs du tout en font des tonnes depuis hier pour bien me faire comprendre ma misérable condition de dessinateur de petit Mickeys (je n'ai pas besoin de répéter à quelle point la BD est méprisée, sauf pour son colossal chiffre d'affaire mondial, qui lui n'est pas méprisé du tout). Ça me rappelle un jour un gars que je connaissais qui travaillait dans l'entreprise nationale d'edition et d'impression, qui était venu faire une conférence sur la BD à l'Institut National de Santé Publique où je travaillais comme praticien dans la communication (pas fou, moi je ne voulais pas être dessinateur professionnel pour servir de paillasson au premier venu !). Le gars a terminé son tour d'horizon, et je vais discuter un brin avec lui. Il me dit : "Ouais mais les dessinateurs de BD c'est quand même pas terrible comme niveau". Il ouvre un des bouquins qu'il avait amené et me montre un petit dessin d'un personnage avec une énorme tignasse toute gribouillée au Rotring, et il me dit "Ça c'est du dessin !" Oui bof c'était pas mal dans le genre dessin de presse américain pour revue intello, le genre de dessin un peu "jeté" quoi. Mais merde ça vaut pas Franquin quand même ! (je rappelle que Franquin n'a eu que tardivement le prix à Angoulême, ce qui démontre que même les gens de la BD méprisent la BD, désespérant, à mon avis c'est un effet classique de mépris du peuple. Les gens aiment la BD, les Gauloises sans filtre, le foot (avant que ça devienne une machine à fric), donc c'est de la merde). Voilà, j'avoue donc que j'éprouve une vive antipathie, totalement irrationnelle et injuste envers les dessinateurs du New-Yorker et toute ces genres de chose (à l'exception de David Levine, parce qu'il était tellement virtuose qu'on ne peut pas faire semblant de regarder ailleurs).
