sheon a écrit:Et c'est encore pire aujourd'hui : dix fois plus de publications qu'il y a 20 ans, mais autant de lecteurs.
Il y a de l'argent, mais il est capté par le commerçant et le distributeur (50% du prix de vente), l'éditeur (ce qui reste moins les 8% pour les auteurs, soit généralement 4% à 6% pour le dessinateur). Comme le dessinateur bosse au moins 5 fois plus que le scénariste et 10 000 fois plus que tous les autres réunis, on peut dire que c'est un système légèrement injuste, voir fou. En fait c'était déjà un sale boulot jusque vers 1980, les dessinateurs ayant un statut variant entre celui d'esclave et de serf, mais au moins ils étaient payés à la livraison de leur travail. L'astuce c'est la suppression de la BD dans la presse (journaux quotidiens, hebdomadaires spécialisés ou pas) avec la politique du tout-album. Le dessinateur est payé en droits d'auteur, donc sur des promesses de ventes. Comme un album n'est rentable qu'à partir de 20 000 ex, autant dire que l'auteur n'est plus payé du tout (dans le meilleur des cas on lui octroie charitablement des avances, à la discrétion du seigneur, euh, de l'éditeur). Au début des années 70, les dessinateurs avaient obtenus le statut de journaliste, donc avaient une existence légale, la sécu, la retraite etc... Faut croire que ça a déplu aux éditeurs de journaux qui ont tout simplement décidé de supprimer l'existence socio-professionnelle de cette profession. Si on peut appeler profession cette activité de vieux gamins immatures qui se prennent pour Dürer ou Rembrandt (souvent avec raison d'ailleurs). A mon avis ils sont victimes de l'espèce de névrose de l'art du 20eS. Jusque là, le dessin primait sur la peinture, mais depuis disons Cézanne (le pauvre) le dessin est tenu dans une espèce de mépris hautain inexplicable. Qui décide de ce genre de chose ? On sait pas, c'est comme en politique : "dans les milieux autorisés on s'autorise à penser".