How have we lost the eternal?

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Messagede Dervi le 29 Avr 2017, 13:37

Hugues a écrit:PS: Et Dervi, tu verras que tu en as une maintenant sur place.


Ouf, merci pour le suivi :wink:
C'est dans mon cinoche habituel.
Dervi
 
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Messagede Hugues le 02 Mai 2017, 18:32

Les premières critiques, bonnes d'ailleurs, sont publiées ces dernières heures. Mais comme par exemple celle-ci, aveugle ou sourde au fond véritable, elles n'en voient qu'une partie de la grandeur.

Première / Voyage of Time: du grand Malick

Mille fois annoncé, mille fois repoussé, le film de Terrence Malick est un opéra cosmique.

Quelques chutes utilisées dans The Tree of life avaient pu donner un avant-goût de ce que réserve Voyage of Time. À la première vision, on a l’impression d’un de ces trips immersifs qui rappellent certains passages de 2001 – L’Odyssée de l’espace, ou encore les films psychédéliques de Ron Fricke qui interrogent les rapports entre l’homme et l’éternité. Mais, derrière la séduction immédiate des séquences d’une beauté fascinante et propice au lâcher-prise, une logique rigoureuse ordonne la chronologie d’une narration qui n’ambitionne rien moins que de raconter la création du monde, sous toutes ses formes, minérale, végétale, animale, et l’évolution des différentes formes de vie, depuis les bactéries jusqu’aux espèces les plus évoluées.

Un artiste visionnaire

À l’appui de ce travail, Malick s’est entouré d’une équipe de scientifiques (historiens, astronomes, biologistes, anthropologues, zoologues, géographes, physiciens, chimistes...) pour choisir, compiler et valider l’exactitude des phénomènes naturels représentés en prises de vues réelles, en images de synthèse ou à l’aide d’effets visuels. Le commentaire en voix off, dit par Cate Blanchett, relève de l’affectif beaucoup plus que de l’informatif. Si le résultat est admirable, c’est parce qu’il permet de contempler la non moins admirable – et parfois terrifiante – puissance de la nature, restituée ici avec l’intelligence et la sensibilité d’une équipe dirigée par un artiste visionnaire.


Hugues
NB: Ca vient d'un allergique me semble-t-il pourtant.
Hugues
 

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Messagede Hugues le 02 Mai 2017, 21:24

Même en cette critique non pas mitigée, mais partagée entre deux extrêmes, comme un oxymore, on peut voir dans les défauts énoncés le meilleur:

Liberation a écrit:MALICK, «VOYAGE» AU BOUT DE L’INOUÏ
Par Julien Gester
— 2 mai 2017 à 20:16

Tout fout le camp en royaume malickien : l’auteur des Moissons du ciel et de la Ligne rouge ne vit plus tout à fait reclus, commet un film chaque année (et non plus tous les quinze à vingt ans), et les derniers déconcertent violemment, au point qu’il fut jugé plus sage, ou stratégique, d’événementialiser Voyage of Time en résumant sa sortie française à un seul soir : il sera projeté jeudi simultanément dans une centaine de salles.

Le projet travaille pourtant Malick depuis des décennies. Il retrace, en une heure et demie, rien moins que la genèse de notre univers, à grands traits et grands frais (sans que l’on parvienne, souvent, à distinguer ce qui y relève de l’imagerie scientifique ou du délire d’une iconographie numérico-spectaculaire un peu baba). A ce qui ressemble fort au prototype le plus ouvragé, dispendieux et long de l’histoire de l’économiseur d’écran, se mêlent éparsement les images sans qualité de l’humanité comme elle va (mal). Des visions contemporaines puisées on ne sait où, dont le dénuement plastique tranche singulièrement avec la somptuosité que le cinéaste insuffle aux manifestations diverses de la nature (copulations de matières sidérales, nuées aquatiques, éruptions volcaniques, comme si on y était).

Le tout, entre deux envolées musicales particulièrement enflées, se trouve surplombé des complaintes pleines de la solennité pieuse d’une voix off signée Cate Blanchett, s’adressant au divin à l’origine du dessein universel par le nom de «Mère». On assiste là, mi-assommé mi-médusé par tant de pompe grandiose, à une radicalisation pure et simple de la béatitude panthéiste du cinéaste, et de son inclination pour la contemplation éperdue de l’invisible, dans un film auquel on soupçonne que seuls le Futuroscope et lui auraient jamais osé rêver.


"Copulations de matières sidérales, nuées aquatiques, éruptions volcaniques, comme si on y était"
"Contemplation éperdue de l'invisible."
Désolé mais moi, si je n'avais vu le film, ça me ferait envie.

Quant à la voix off, il n'en a rien compris au sens.. au vu de ce qu'il en écrit...


Les Irocks a écrit:Voyage of Time : au fil de la vie
28/04/2017 | 19h02

Un documentaire sur l’origine de la vie en forme de ballet cosmique. Du Malick hardcore, dont le jusqu’au-boutisme ne manque pas de panache.

Voyage of Time arrive à un moment crucial pour Malick : sa légende est à un fil de s’effondrer. Après une série de déceptions marquées par le gimmick, sous le feu de moqueries persistantes et d’une critique en berne, Terrence n’a plus toute son aura.

Mais ce docu sur les origines de la vie, de la Terre, du cosmos, bref du grand tout (on a entendu : “c’est Tree of Life sans le scénario”) ne vient pas colmater ces fissures. Au contraire, il semble là pour faire le tri une bonne fois pour toutes, consommer le divorce entre les fans de Malick première manière et les inconditionnels qui l’ont suivi jusqu’au bout de son néocinéma panthéiste et élégiaque. Et même frapper du poing sur la table, clamer ce mysticisme pour lequel on voudrait le lâcher.

Un pur programme de contemplation méditative

Le résultat est donc beau par son absolutisme. Un pur programme de contemplation méditative, rythmé par la voix angélique de Cate Blanchett, qui scande des mantras dont il faut d’ailleurs clarifier la portée. Non pas de la dissertation mais de la poésie, parsemant le film d’une musique verbale dont l’effet synesthétique devrait suffire à balayer les procès en philosophie de comptoir.

Pour le reste, c’est évidemment moins facile. Malick ne transige pas, c’est à la fois son honneur et son embarras. Les dinosaures en images de synthèse, le ballet cosmique façon économiseur d’écran (dont on peut s’amuser, mais qui reste mû par une volonté d’étrangeté et de profondeur visuelle bien au-delà du petit délire planétarium), tout est là.

Mais à un état de maîtrise, de certitude du geste, qui poussent à croire que le ridicule dont Malick n’a pas peur de se couvrir, les bâillements qu’il se fiche de susciter, tout cela contribue aussi à la hauteur de vue de ses films, leur incongruité majestueuse. On l’a perdu ? Peut-être, mais là où il est désormais, il n’est pas interdit de le trouver encore assez épatant.


Trois Couleurs a écrit:Voyage of Time : la Big Bang Theory de Terrence Malick

Voilà près de 40 ans que Terrence Malick travaillait sur ce vaste documentaire retraçant l’histoire de l’univers. Un projet pour le moins ambitieux.

Au fil des années, le cinéaste et son équipe ont parcouru la planète pour filmer animaux, océans, forêts, déserts, canyons, chutes d’eau et geysers. En 2003, un caméraman laissait même ses bottes fondre à Hawaï pour saisir au plus près la formation de roches à partir d’une éruption volcanique. Le résultat est une expérience esthétique aux images stupéfiantes et dont on se demande à chaque instant comment elles ont pu être réalisées. Car outre ses plans de grands espaces naturels, Malick met en scène le Big Bang, l’origine des premiers organismes unicellulaires ou la disparition des dinosaures. Rien que ça. Il filme ainsi la création, la destruction, l’éphémère et l’éternel, la naissance et la mort. Et mêle le microscopique à l’infiniment grand dans une symphonie panthéiste qui questionne la place de l’Homme dans l’univers. Bien qu’encombré par un commentaire incantatoire récité par Cate Blanchett, Voyage of Time : Au fil de la vie est une chronique contemplative d’une beauté visuelle rare. Un Tree of Life libéré de toute contrainte narrative qui plaira autant aux amateurs des derniers films de Malick qu’il sera détesté par tous ses détracteurs.




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Messagede Hugues le 03 Mai 2017, 14:08

Marie-Noëlle Tranchant - Le Figaro a écrit:Passage de la comète Terrence Malick

DOCUMENTAIRE Son luxueux « Voyage of Time. Au fil de la vie » sera dans certaines salles jeudi soir, en projection unique.

Est-ce un événement ou le contraire d’un événement, ce que les professionnels de la distribution appellent « une sortie technique », façon d’enterrer un film en le programmant dans quelques salles d’où il sera vite retiré, avant une éventuelle diffusion télévisée, puis en VOD et DVD ? Le documentaire de Terrence Malick Voyage of Time. Au fil de la vie est annoncé « en diffusion unique dans toute la France jeudi 4 mai à 20 heures ». À Paris, il passera dans quatre salles, dont le Max Linder Panorama, dans sa version classique (il existe aussi au format Imax).

Présenté à la Mostra de Venise 2015, Voyage of Time. Au fil de la vie est un hymne à l’Univers qui mêle science et poésie, pour s’interroger sur la place de l’homme dans le cosmos. Terrence Malick évoque la genèse du monde et s’inquiète de ce que nous en avons fait. Le film s’ouvre sur des images de laissés-pour-compte fouillant les poubelles, avant de mettre en scène le grand opéra des origines. De l’obscur chaos initial sortent des magmas de feu, explosions de matière en fusion, tournoiements de planètes incandescentes, fleuves de lave, énormes nuages de fumée. Puis vient l’éclair, l’orage, le déluge. Voici l’eau, en trombes et cataractes, la séparation de la terre et de la mer, l’océan. Et bientôt, le règne du vivant, les jeux des animaux, le travail des hommes. Visions superbes, composées parfois comme des tableaux abstraits, et accompagnées de musiques solennelles, de Mahler, Bach, Arvo Pärt, notamment, qui leur donnent une dimension d’oratorio. Mais le film est un peu plombé par son commentaire, sorte de lancinant poème à la Terre mère, aux invocations un brin sentencieuses, et dit par Cate Blanchett sur un ton de récitation solennelle.

Un passionné de sciences

Dans ses grands films de fiction, des Moissons du ciel à Tree of Life, en passant par La Ligne rouge, Terrence Malick a toujours eu ce sens du lyrisme cosmique, plaçant l’inquiétude existentielle de ses personnages dans l’immensité du monde. Son mouvement profond rejoint la grande inspiration des psaumes, qui mesurent la fragilité de l’homme à la splendeur infinie de la création divine. Voyage of Time. Au fil de la vie se situe dans cette ligne, avec l’aspect plus impersonnel du documentaire. Le film a un côté très National Geographic – qui n’est pas par hasard un des nombreux producteurs de ce luxueux opéra naturel, à l’atmosphère new age.

Passionné par les sciences, Malick s’est entouré d’une pléiade de spécialistes, astrophysiciens, géologues, paléontologues, chimistes, biologistes, et a convoqué les techniques de l’image les plus en pointe pour créer « une expérience sensorielle de nos connaissances scientifiques ». Mais cette simulation de laboratoire ne va pas sans artifice. Depuis, l’étonnant cinéaste est revenu à la fiction pour tourner Song to Song, avec Ryan Gosling, Michael Fassbender et Rooney Mara, que l’on découvrira le 7 juin.


Pas si mal pour une critique qui se veut mitigée. Mais elle ne dit rien cette critique, elle ne fait que décrire. On remarquera que aucun de ces critiques n'a haussé le niveau en se demandant quel est le propos véritable du film (on en parlera vendredi j'imagine). On reprend le (médiocre) synopsis français presque textuellement et c'est tout.

Autre ironie, le film est fort personnel si l'on veut bien s'ouvrir au poème, pas du tout sentencieux, traduisant au contraire un vertige, une inquiétude et une empathie sincère... Ce poème, cet ode est aussi une prière. Et une prière, sincère, ça ne peut être sentencieux. Une prière oecuménique à l'Univers même. Au quelquechose plutôt qu'au néant. A l'Être. (Pas d'allergie anti-catholico-chrétienno-islamo-hebraïque possible.) (Et donc pas "à la Terre mère")

Je passe les inexactitudes: il n'y a plus 4 séances sur Paris intramuros mais 23, la date du prochain film a été décalée de 5 semaines et le film fut présenté en 2016, pas 2015.

Hugues

Edit: Une autre:
LeJDD.fr a écrit:Pour voir le documentaire de Terrence Malick, c'est jeudi 20h
14h00 , le 3 mai 2017

Le film onirique du réalisateur américain Terrence Malick ne sera projeté qu'une seule fois!

Deux Terrence Malick à l'affiche en deux mois, c'est presque l'overdose pour un réalisateur d'habitude aussi peu prolifique. Le drame musical Song to Song est depuis longtemps très attendu, en juillet, avec un casting de haut vol : Ryan Gosling, Michael Fassbender et Rooney Mara. Plus surprenante est la sortie événementielle de Voyage of Time, un ovni documentaire. D'abord parce qu'il ne sortira au cinéma que pour une séance aussi unique que l'œuvre de son auteur : jeudi 4 mai à 20 heures! Ensuite parce qu'il propose deux versions : une courte (44 minutes) calibrée pour les écrans Imax et narrée par Brad Pitt, une longue (1 h 30) pour les salles traditionnelles racontée par Cate Blanchett.

Le réalisateur américain travaille depuis trente ans sur ce projet, étudiant l'astronomie, la biologie et la philosophie pour retracer l'histoire de notre planète et s'interroger sur le sens de notre passage ici-bas. Cet hymne à la nature, affranchi des contraintes d'espace et de temps, montre la lave en fusion d'un volcan, un iceberg dérivant en silence, un ballet aquatique de méduses, des nébuleuses éblouissantes… Son équipe a parcouru les continents pour rapporter des images d'une société contemporaine où règnent la précarité, le chagrin mais aussi l'espoir. Il a récupéré des plans tournés avec des Aborigènes datant des années 1970. Ce regard plein d'humanité et de lucidité enveloppe le film d'une puissance émotionnelle indéniable. Chaque plan foudroie par sa beauté. On ne résiste pas à cette promenade en apesanteur aux effets presque thérapeutiques.
Hugues
 

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Messagede Hugues le 03 Mai 2017, 18:15

Enfin un premier texte qui touche enfin en partie la grandeur du film sans l'embrasser tout à fait (car il y a encore bien à dire)... !

Le texte est de Jean-Christophe Ferrari, il est très très long, je n'en laisserais qu'un extrait, assez extraordinaire déjà, son introduction et sa conclusion (et ce d'autant que je le reproduis en le tapant).
Jean-Christophe Ferrari que je soupçonne d'être qu'un pseudonyme de notre Silverwitch tant elle aurait pu l'écrire.. Et puis ça ne trompe pas: un nom de sport automobile!

Habiter l'énigme, toucher le monde
Par Jean-Christophe Ferrari

Cela fait bien longtemps que nous avons perdu le sentiment d'habiter le monde. C'est-à-dire de nous inscrire dans un tout qui nous dépasserait tout en nous prolongeant. De séjourner dans un univers avec lequel nous tisserions tout un réseau de liens, d'affinités, d'accords ; un univers avec lequel nous entretiendrions un dialogue éloquent ou silencieux. De demeurer en un lieu qui retentirait avec les autres lieux, qui consonnerait avec la terre, le ciel, les astres (il s'agit évidemment ici de tout autre chose que des rets de la communication et de la "connexion" généralisées); le monde n'étant pas qu'un contenant qui contiendrait tous les faits physiques et spirituels, mais une dimension même de notre être, une extase, une ouverture (nous sommes "au monde", et non pas "dans le monde"). Mais voilà, cela fait bien longtemps que nous avons perdu le sentiment d'habiter le monde. Ce douloureux contstat, c'est sans doute le philosophe allemand Martin Heidegger [...] qui l'a le plus magistralement établi et commenté. Ce douloureux constat, on en retrouve l'écho chez certains poètes [...]. Ce douloureux constat, enfin, inspire la mélancolie poignante et extatique du cinéma de Terrence Malick qui [...] n'aura cessé, selon des modalités esthétiques différentes, d'interroger la place de l'homme dans une nature avec laquelle il tente obstinément de faire un, alors même qu'elle l'exclut et le condamne à la prison de la conscience solitaire.

[...]

Comment rejoindre le monde, le toucher? Voyage of Time répond par un acte de foi : en me liant à lui, comme la feuille sur la branche, la branche sur l'arbre. En essayant de m'inscrire dans un tout. Mais nous anticipons déjà, car nous savons - nous le savons en partie grâce au cinéma de Malick - que l'unité des choses ne nous apparaît que pour aussitôt disparaître, qu'elle se dévoile pour aussitôt se retirer. On ne peut donc habiter le monde qu'en habitant la question de son énigme. Voilà pourquoi Voyage of Time nous invite à une introspection stupéfaite, douloureuse et émerveillée à la fois. Toi qui est si pleine de joie, pourquoi pas toujours, pourquoi si peu ?


Aucun autre texte ne mérite d'être publié après (même si je dérogerai à cela pour un ou deux trucs sans doute).

Hugues
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Messagede Hugues le 03 Mai 2017, 18:53

Un autre extrait:

C'est que le point de vue de Malick n'a rien de surplombant ni de pédagogique : bien que le réalisateur se soit entouré d'une équipe de physiciens et de naturalistes réputés, le film (qui n'évoque que de très loin un "documentaire scientifique") ne prétend en aucun cas représenter la création de l'univers et l'évolution de la vie, mais s'essaie bien plutôt, [...], à mimer le mouvement de la conscience faisant retour vers son origine.


Hugues
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Messagede Hugues le 04 Mai 2017, 11:42

J'ai eu confirmation que les quelques défauts que j'avais observé sur le sous-titrage le mois dernier sont encore dans le film ( on veut éviter les frais de labos je pense ).

Bref si vous ne comprenez pas la logique du propos en deux occasions (il y en a même plus mais c'est sans importance les autres), c'est normal c'est le traducteur ou pire c'est celui qui a tapé la traduction..

Je mets en spoiler les phrases importantes qui ne sont pas traduites comme il le faudrait ou pour lesquels une faute de frappe a tout changé.
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Messagede Ouais_supère le 04 Mai 2017, 19:27

Argh, toute petite salle...
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Messagede heow le 04 Mai 2017, 19:29

J'ai 2 litres de coca et 1 kg de popcorn.
Ca merite bien ca.
Crounch crounch.

(et un calepin avec les DEUX mauvais sous titres écrits) :D
Dernière édition par heow le 04 Mai 2017, 19:31, édité 1 fois.
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Messagede Ouais_supère le 04 Mai 2017, 19:30

Hugues vient de décéder !

C'est bien parti pour être plein en tout cas.
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Messagede sheon le 04 Mai 2017, 19:34

Bon, qui est au Linder, alors ? C'est plein, comme prévu...
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede heow le 04 Mai 2017, 19:38

Pas moi au final, la défense, je voulais pas faire la queue.

Le popcorn est plus croustillant ici.
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Messagede sheon le 04 Mai 2017, 23:05

Du pop-corn et du coca devant un Terrence Malick, nan mais vraiment... :roll: :twisted:
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede heow le 04 Mai 2017, 23:21

Bon, Koyaanisqatsi c'était mieux, non ? :oops:
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Messagede sheon le 04 Mai 2017, 23:31

Aucune idée, puisque je ne l'ai pas vu :P
Mais Voyage of Time fait du bien. Même s'il y a une certaine redondance, peut-être, avec The Tree of Life (Malick adore vraiment Antelope Canyon, il faut croire !).
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede Cortese le 04 Mai 2017, 23:45

Eh ben, tu aurais pu te signaler ! Moi j'avais mis ma casquette Ferrari mais personne n'est venu me voir. Sinon quand j'ai vu la queue de 50 mètres j'ai cru que c'était pour le film suivant, puisque toutes les places étaient vendues. Eh ben non, la queue c'était juste pour ENTRER dans la salle ! Jamais vu ça. Du coup la salle était déjà archi pleine quand je suis entré, et je ne vous dis pas la galère que c'était pour s'y retrouver, dans une obscurité quasi totale (les gens allumaient la torche de leurs portables !), surtout avec ma vue faiblarde (alors que le film n'avait pas commencé, bravo l'organisation du Max Linder !). Heureusement je ne me suis pas cassé la gueule et j'ai trouvé une place au balcon dans l'axe de l'écran. Malheureusement les fauteuils de ciné sont tellement mal foutus que la tête du gars de devant m'interdisait de lire les sous-titres. Je me suis tortillé tant bien que mal mais j'ai laissé tomber, je commençais à avoir mal au cou (en plus des genoux et des fesses), bref, on est 100 fois mieux devant une bonne télé qu'au ciné, ça me parait évident. Allez comprendre pourquoi les demeurés qui conçoivent les salles ne disposent pas les fauteuils en quinconce !
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How have we lost the eternal?

Messagede sheon le 05 Mai 2017, 00:36

Désolé, j'avais oublié ma casquette Montoya ! Bon, je suis arrivé vers 19h10, j'étais installé dans la mezzanine. Si j'avais su, j'aurais cherché quelqu'un avec une tête de tortionnaire dentiste.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede Waddle le 05 Mai 2017, 08:03

J'étais également au Max Linder hier !
"La citoyenneté réduite au droit du sang consiste à dire que la République est génétique et non pas spirituelle", Waddle, 2013.

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Messagede heow le 05 Mai 2017, 08:28

C'est déjà plus difficile de te voir dans le noir.
:D
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Messagede sheon le 05 Mai 2017, 09:42

Fallait me répondre sur ce topic, aussi ! :evil:
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede Waddle le 05 Mai 2017, 09:42

heow a écrit:C'est déjà plus difficile de te voir dans le noir.
:D

:-D
"La citoyenneté réduite au droit du sang consiste à dire que la République est génétique et non pas spirituelle", Waddle, 2013.

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Messagede DCP le 05 Mai 2017, 09:52

Et sinon, le film ?
« Par exemple, le football, on y joue dans des endroits spéciaux. Il devrait y avoir des terrains de guerre pour ceux qui aiment mourir en plein air. Ailleurs on danserait et on rirait » (Roger Nimier)
DCP
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Messagede heow le 05 Mai 2017, 10:12

#euh

J'ai trouvé ce "film" très naïf.
Oh oui, les images sont très belles, les plans sont tous réussis, on ne fait aucune distinction entre les vraies images et les images de synthèse (parfaitement intégrées dans des plans réels, du coup on en vient à se demander si certains animaux existent vraiment encore).

Naïf car l'inclusion de plans sur l'humanité actuelle, plans volontairement de mauvaise qualité, façon camescope, format 4/3, avec une majorité de clochards/réfugiés en détresse, mis en juxtaposition avec les magnifiques images de l'évolution, ça me semble très téléphoné. "Que la vie/nature est belle, qu'en faisons nous, quelle tristesse que notre humanité déchue". Notons qu'on a quand même ces mêmes plans pour montrer que l'Amour existe malgré tout, et qu'on bon, hein, c'est toujours ça de gagné.

Le poème (si l'on peut appeler ça ainsi) lu par épisode pendant tout le film m'a laissé vraiment de marbre. Et quand je lis les traductions d'Hugues à ce sujet, honnêtement soit je suis complètement con et toute la finesse m'est passée au dessus de la tête, soit Hugues est carrément incroyablement chipoteur et surinterprète totalement chaque mot prononcé, comme s'il y avait une lecture d'une profondeur infinie.
Je pense que la vérité est entre les deux.

Et je parlais de Koyaanisqatsi, ça m'avait beaucoup plus marqué.
Ce n'est pas le même thème, certes (plans alternés de la grandeur et force de la nature mis en parallèle avec notre civilisation grouillante), mais j'étais beaucoup plus absorbé par les images et la musique.

Et oui, il y a une grosse redite avec les films précédents de Malick. Pas dans le message forcément, mais les quelques minutes avec les homme primitifs, tu as l'impression d'avoir vu ces plans encore et encore dans tous ses films. Oh oui, c'est joli. Mais bordel, ça ne change guère. Au point de me sortir carrément des images que je regarde et de me dire "putain, encore ces mêmes plans".

(je pars discrètement avant de me faire bannir à vie :D )
Dernière édition par heow le 05 Mai 2017, 10:40, édité 3 fois.
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Messagede Waddle le 05 Mai 2017, 10:28

DCP a écrit:Et sinon, le film ?

Je vais recopier ici ce que j'ai dit à Hugues en MP (avec quelques modifs):

Concernant le film, j'aimerais le revoir parce que j'étais exténué, j'ai couru pour y aller, du coup j'ai du rater une grosse dizaine de minutes en somnolant.

Ce que j'en ai pensé? D'un point de vue philosophique, je n'ai encore pas tout saisi.

Par contre, comme j'étais déjà un peu briefé et que je savais déjà (un peu mieux) comme regarder ce type de film, j'étais bien disposé pour admirer les tableaux. Et en effet tout était vraiment extraordinaire. Les images (je me suis concentré dessus sans essayer de comprendre le sens, car je me souviens après TOL, je ne comprenais pas forcément le lien avec les images et j'ai compris ensuite que ce n'était pas forcément la bonne approche, qu'il fallait les considérer comme des tableaux), je l'ai ai vraiment savourées. Et sur cet écran, c'était vraiment sublime. Il y a même des moments où j'avais envie de sortir mon téléphone pour prendre des photos tellement c'était beau :-D

Mais comme je l'ai dit, le monologue (ou le dialogue???) de la voix off, je n'ai pas réussi à l'intégrer et le saisir pleinement. Les fragments d'humanité (sur les quelques scènes où il y avait des humains), je ne sais pas non plus ce que Malick a essayé de transmettre par là. Il y a encore beaucoup d'interrogations pour moi mais on échangera.

Je constate aussi qu'il a une certaine fascination pour les humains de type aborigènes. Il y en a dans beaucoup de ses films.

Et il faut que je le revois.

Par contre, la salle était pleine de chez pleine, et c'était agréable de voir que tout le monde est resté jusqu'au bout. Jusqu'à la fin de la fin de toutes les écritures et jusqu'à ce que la lumière se rallume. J'ai d'ailleurs pu voir qu'il avait fait un énorme travail avec des scientifiques pour pouvoir faire son film. J'ai vu que Bradd Pitt avait aussi participé à ce film. Ils aiment travailler tous les deux ensemble dis donc.

Enfin, c'est toujours une expérience particulière. Parce que comme lorsqu'on lit un ouvrage compliqué, on admire, on s'interroge, on essaye de comprendre, on est fasciné parfois, bref on a une activité cérébrale intense (enfin pour ma part).

PS: Je pense qu'on ne peut pas rester 100% athée en voyant ce film. Car le "récit" de la création tel que présenté dans ce film ne peut laisser indifférent tant sur le plan scientifique que sur le plan philosophique. Je me demande d'ailleurs finalement si les quelques scènes avec des hommes ne montrent pas quelque part le fait que l'humanité quelque part ne cesse de chercher à retrouver ce lien perdu avec la création. Et plus elle le fait, plus elle s'en éloigne.
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Messagede Cortese le 05 Mai 2017, 12:15

Je suis plutôt d'accord avec ce qui est dit par mes deux comparses. Oui c'est vrai que le sentiment de déjà vu est un peu décevant. A un moment il y a une contre-plongée sur la cime des arbres et je me suis dit "oh non ! il va quand même pas nous refaire le coup de la caméra tournoyante !" Il ne l'a pas fait. Quelqu'un a du le retenir. Moi non plus je n'ai pas adoré la voix off. Déjà que je ne voyais pas les sous-titres comme je l'ai déjà dit, mais de plus la lecture "télégraphique" et la voix murmurante sont assez agaçants. Je ne sais pas s'il fallait comprendre "Dieu" quand la voix disait "mère", mais il est assez évident que c'est la clé du film, une longue prière de presque deux heures. C'est compréhensible quand on connait le sentiment religieux de Mallick. Du coup j'imaginais un homme à l'aube de la vieillesse vu de dos agenouillé devant l'autel d'une église orientale. Ce qui était perturbant c'est que ce discours intérieur récité à intervalles aléatoires parfois très espacés venait perturber la propre méditation du spectateur suggérée pendant les silences par la splendeur lente des images à l'écran. A mon avis Mallick a fait une erreur en négligeant les procédés traditionnels hypnotiques des prières. Je me suis pris à imaginer un choix plus prudent de lecture de grands poèmes classiques sur le thème (j'y connais rien, mais "L'Enfer" de Dante ou "Le Paradis Perdu" de Milton me sont venus spontanément à l'esprit) qui auraient constitué par leur musicalité épique un ciment plus efficace entre les tableaux successifs. D'ailleurs je me suis dit qu'un poème de l'Enfer aurait été plus approprié pour cette vision au final, effrayante, apocalyptique et résolument pessimiste de la réalité de l'univers, entre la terreur du monde minéral (le boyau de lave rampant comme un boa infernal crevant ses peaux successives est une des images les plus frappantes du film) et le grouillement répugnant de la vie. Les extraits d'archives illustrant l'échec de l'Homme n'étaient pas faits pour nous remonter le moral.
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Messagede Ouais_supère le 05 Mai 2017, 13:07

Eh bien moi j'ai adoré, de A à Z.

J'ai trouvé absolument confondante la densité de cette Vie qui semble à l'écran habiter même les roches les plus froides, que l'on sent encore plus profondément même lorsque l'on ne peut que la supposer, dans les cavités, les interstices, l'harmonie de toutes ces choses que l'on sait mais que l'on ne regarde pas, jamais.
Et ces séquences humaines qui paraissent tout d'abord des discordances dans l'immense mélodie qui se joue devant nous, et peut-être même "de nous" tant les yeux de ces animaux étranges (dont la "difformité" devient ici création, art, l'affirmation de l'omnipotence) ont l'air de nous jauger, avec malice, "et toi, alors ?".

Et le "commentaire" en voix off me paraît totalement nécessaire, c'est le trait d'union entre les séquences humaines et les séquences de nature, c'est cette voix, notre porte-parole, qui fait que l'on ne juge pas avec sévérité l'Humanité, c'est elle qui nous ramène à la mère toute-puissante.
Personnellement, elle m'a constamment ramené au "Have we lost the Eternal" : nous sommes égarés, tout défile devant nos yeux, de la beauté, de la merveille, merveille qui coule dans nos veines, dont nous sommes faits jusqu'au plus profond de nos atomes, mais que l'on ne voit plus, ou trop rarement.

Bref, j'ai adoré.
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Messagede Cortese le 05 Mai 2017, 13:25

Comment ça "jamais" ? J'ai passé ma vie à regarder prudemment sous les feuilles de salade pour vérifier si un ver sournois ne s'était pas glissé, à inspecter les recoins des toilettes pour me tenir prêt à écrabouiller l'odieux cafard géant d'une tong fulgurante, à rapprocher avec la lenteur d'un chat préparant son attaque, la savate du moustique diabolique... Et je ne parle pas du jour où notre tortionnaire de prof de sciences nat m'a obligé à observer de près, le coeur au bord des lèvres, le gigotement obscène d'une chenille qu'il avait posée sur ma table ! La vie c'est dégoûtant, et encore j'ai la chance d'être très myope depuis l'âge de 13 ans, ce qui fut un sacré soulagement.
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Messagede Ouais_supère le 05 Mai 2017, 13:27

:D

Sinon, je raconterai peut-être en coup de gueule l'odieux assassinat subit par ce Voyage of Time dans cette petite salle du Pathé de Marseille.
Mais seulement quand j'en saurai plus sur la tension artérielle actuelle de Hugues.
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Messagede Hugues le 05 Mai 2017, 14:22

Je suis occupé jusqu'au début de soirée.





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Messagede Hugues le 06 Mai 2017, 02:34

Hugues a écrit:Image Mother.
You walked with me then.
In the silence.
Before there was a world.
Before night or day.
Alone in the stillness.
When nothing was.
Image

  • Film-poème infiniment décevant et accomplissement prodigieux. (Et l'inverse)
    Peut-être perçoit-on parfois son incomplétude, ce qu'il aurait pu être et n'est pas, où il aurait pu aller et ne va pas. Tout ce qu'il élude par faute d'un ultimatum de production décidé contractuellement en 2014 quand le film fut pleinement financé, à la 6e des 8 années de montage et 35 ou 40 ans de tournage épars au gré des occasions (Et par faute qu'il n'est qu'un film).
    Ou la manière, les traverses, pour la faire oublier.
    Mais sans doute, tout ça n'apparaît qu'à l'oeil trop analytique, trop exercé.
    Pas au regard qui s'abandonne au film... Au deuxième regard donc si il n'est pas là au premier.

    Mais surtout, c'est au long du voyage poétique une terrassante réflexion sur la nature même d'
    être, l'essence d'être. D'ex-ister. Son implication et son pourquoi.


    Une réflexion qui tient en une interrogation aussi naïve en apparence que ses implications sont vertigineuses:
    « What do I love when I love you ? »


    Et soudainement, une autre fois, des séquences dans l'oeuvres passées du cinéaste trouvent sens. Tout était déjà là.

    Il faudra, de cette phrase là, qui résume en elle toute la réflexion du film reparler. En partager l'exégèse. En temps voulu.



Comme je l'ai évoqué, je pense que le poème est une part intégrale du film, et que l'exclure du film réduit le film à autre chose..

Et que le prendre de haut, est une erreur. Sous des dehors naïf, intentionnels, il donne en fait une autre portée au film.

Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


"What do I love when I love You ?"

"Qu'est-ce que j'aime quand je T'aime.."

C'est le coeur du film.
Et les réponses sont importantes.
Car c'en sont.

Chez Malick comme chez Heidegger, la complexité se révèle dans le plus simple. Et dans les interrogations les plus simples.

Il y a 26 siècles, Parménide a dit des choses telles que l'être est, le non être n'est pas.
Et aussi étonnant que cela puisse paraître, on l'a pris très au sérieux avant d'oublier ce qu'il avait dit.

Le 'révolutionnaire' chez Heidegger, c'est qu'il a considéré que Parménide et les philosophes présocratiques avait raison, tout comme il a dit la modernité de Socrate et Platon.

«Notre pensée d'aujourd'hui a pour tâche de penser de manière encore plus grecque ce qui fut pensé de manière grecque».

«Le dialogue avec Parménide ne prend pas fin, non seulement parce que, dans les fragments conservés de son Poème, maintes choses demeurent obscures, mais aussi parce que ce qu'il dit mérite toujours d'être pensé. Mais que le dialogue soit sans fin n'est nullement un défaut. C'est le signe de l'illimité qui préserve, en lui-même et pour la pensée qui revient vers lui, la possibilité d'une mutation du destin.»

Revenons au poème.

Que répond-il:
"Toi.
La Lumière.
_______L'obscurité.
Le papillon.
_______La flamme.
L'ami
_______et l'étranger.
Le vin
_______et la coupe.

L'aube.
Notre lumière."



Tout au long du film, l'univers a montré création et destruction. Le film a montré création et destruction. Sans les cacher.
Pourtant longtemps la voix ne voit que la création, que la naissance.

Soudainement, elle perçoit, la destruction. "Will we always be together?"
"Serons-nous toujours ensemble?"
A cet instant, nous sommes en France, une vieille femme porte respect à un être qui n'est pourtant plus en nettoyant sa tombe, en replaçant ses fleurs. Déjà la réponse à toute l'interrogation du film est là, blottie, cachée dans ce plan.

Et le doute naît.

En substance.
Qu'est-ce que ce monde, qui permet la souffrance.
Et l'âme, n'est-elle qu'un rêve.
Conscience suis-je l'expression d'une machine organique, une machine qui ignore son état mécanique, régit uniquement par des lois physiques, électriques et mécaniques.
Ne suis-je que j'expression de ces lois.
Sommes-nous des machine dupes d'une illusion.
Sommes-nous plongés en un monde, où la conscience n'est qu'une illusion, une machine qui ne remplit qu'un rôle administratif pour un seul but, la transmission de la vie. Sommes-nous aveugle à ce que nous sommes. Aveugle au sens, au but même de l'existence de la conscience.


Cette souffrance, elle est partagée par le vivant dans son ensemble. C'est pour cela que cette déclamation a confronté aux regards de ces êtres sous-marins, habités tout autant que nous de la conscience, jetés dans le monde, autant que nous le sommes sans en embrasser le but même.

Mais finalement, la résolution elle est de reconnaître dans le monde aussi étonnant que cela puisse paraître elle est à portée de main, elle est dans la perception de cette dualité.

Qu'est-ce que j'aime quand je T'aime, toi l'univers qui m'a donné la vie?
Qu'est ce que j'aime en toi moteur du monde?


Le début ou la fin?
Ta création ou ta destruction?
La lumière ou l'obscurité.
L'ami ou l'étranger.
Le papillon ou la flamme qui le consume.
Le vin ou la coupe.
L'alpha ou l'oméga.

Les deux. L'alpha et l'oméga.

Et pourtant Malick va s'arrêter à l'aube.
Notre lumière.

Une nouvelle fois il faut revoir le monde comme au premier jour. Le voir pour ce qu'il est, toujours recommencé. Eternal birth, disait la voix plus tôt.
Chaque instant, le monde est recommencé. Chaque instant, même si le monde n'est qu'un mécanisme froid, sans libre arbitre, est en fait le premier instant car tout instant a été déterminé par le premier instant.
Nous vivons à l'instant même dans la naissance du Monde.

Eternal birth. De chaque mort renaît quelque chose.
De la mort des étoiles naissent le matériau d'autres étoiles. De la mort des êtres vivants, d'autres s'en repaissent.
Et finalement de la mort de l'univers, dans une effondrement gravitationnel final, ou même de l'effondrement simplement d'une petite partie de l'univers, dans la singularité d'un trou noir, naissent les conditions physiques qui ont peut-être donné naissance à notre univers même parmi d'autres multivers.


Qu'est-ce que j'aime quand je t'aime?

Du néant n'est pas né quelque chose.
Mais du 1 est né le 2.
Du 0 le 1 et le -1.

La naissance de l'Univers est une séparation: celle de l'inanimé et des âmes. Celle de la perfection et de l'imperfection. Celle du divin et du vivant.
Celle des temporels, et de l'éternel. Celle des dévorés par le temps qui ravage --- et pourtant Temps duel, qui permet d'ex-ister -- et de ce qui perdure.

Celle du quotidien et de l'Être.

La résolution ne peut que se trouver dans cette réunion. Refaire unité.

Par un mouvement de foi, par un mouvement de l'âme: revoir le monde comme au premier instant, le revoir comme miraculeux, que chaque instant est le premier instant et chaque instant est donc un éternel.
Et si c'est bien le premier instant c'est donc l'instant où nous ne sommes pas séparés. Nous sommes toujours la feuille sur la branche et la branche sur l'arbre. Nous ne sommes pas tombés.

Retrouver le regard de Job, ou dans une perspective heidegerrienne, le regard de l'origine.

Même plongés dans le temps, nous sommes toujours en promenade auprès de l'éternel quand tout était immobile, avant que soit le monde, avant jours et nuits, quand rien n'était.

L'éternel ne nous a jamais quitté. Nous ne savions le voir. Nous ne savions l'entendre. Il était devant nos yeux, dans ce qui nous paraissait acquis, donné, le monde. Il était dans chaque instant, où nos âmes se sont déployées.

Et soudain nous comprenons:
"Oh life, hear my voice!"

Ces mots du film, ça n'était pas la conscience du vivant, les âmes du monde qui les exprimaient. Ces mots c'étaient l'âme du monde, l'éternel, qui les prononçait, en réponse au doute même quant à la nature du monde, en réponse à l'apostrophe première, "Speak with me."
Dualité du monde, dualité de la déclamtion.

Le film met formellement en scène cette réunion en faisant intervenir la fin des temps: dans une singularité gravitationnelle où le temps n'est plus, le trou noir, ou même l'effondrement gravitationnel de l'univers.

Et là encore qu'y entendons-nous. Non pas une, mais deux voix.

"- Oh Life !
- Oh Mother!"


Nous ne savions le comprendre.

Pour Malick, et c'est sans doute en fait son principal apport philosophique, à celle de ses devanciers et de ses maîtres, le moteur du monde et donc le moteur du premier instant, le premier instant lui-même est une manifestation d'amour. C'est cet amour qui meut et maintient l'univers. C'est lui qui mue le premier instant en tous les instants. C'est lui qui nous donne le temps. C'est lui qui nous permet d'ex-ister et expérimenter sans le trouver tout à fait, ce qu'est être.

L'amour est dans ce temps qui nous dévore.

La compassion, l'amour ne pouvait que surgir dans les âmes qui en sont les enfants.

Pourquoi pas toujours?

Puisque nous vivons dans le premier instant, puisque nous vivons dans une goutte de l'éternel qui s'ignore, qui a subi les outrages du temps mais qui est la même goutte, vieilli, ce qui vit en toi, l'éternel, ne peut mourir.

Tout est cohérent.

Mais c'est aussi un mouvement de l'âme, je pense, c'est en percevant que nous vivons en l'éternel que nous vainquons la mort. Il suffit de faire ce mouvement de l'âme, il suffit d'accepter de le voir pour être dans cet éternel.

Les animaux, cela leur est donné de façon innée.
Plus que nous ils vivent dans l'éternel. Nous, hommes, doués de trop de conscience, sommes en permanence dans le projet ou la nostagie, dans le quotidien, sans être dans l'instant présent.


A cet instant, nous sommes en France, une vieille femme porte respect à un être qui n'est pourtant plus en nettoyant sa tombe, en replaçant ses fleurs. Déjà la réponse à toute l'interrogation du film est là, blottie, cachée dans ce plan.

Tout était déjà en ce plan.
L'amour, au delà du temps.


Peut-être, m'arrêtez-vous en me disant.. mais cette dualité duquel tout découle, tout est engendré, n'est-ce pas un présupposé fallacieux, et tout ce qui en découle un syllogisme, et donc un sophisme. Ecroulant le chateaux de cartes et ne laissant debout que la pensée heidegerrienne sur laquelle le cinéaste a construit.

Pourtant, cette dualité anime l'hindouisme comme le taoïsme.
Le taoïsme auquel le film n'est pas étranger, et tout ce que finalement ici nous avons écrit sur le film. Il suffit pour cela et les rapprocher de prendre une traduction anglaise du Dao de jing:

"The nameless is the beginning of Heaven and Earth. The named is the mother of all things."

"From now back to antiquity, its (Tao's) name has not been lost. Thereby, see the origin of all."

"There was something that finished chaos, born before Heaven and Earth."

"All things in the world are born out of being. Being is born out of non-being."

"The world’s beginning is its mother. To have found the mother is also to know the children. Although you know the children, cling to the mother. Until your last day you will not be harmed."

En quelque sorte le mouvement de l'âme que nous avons évoqué, vers le regard de l'origine auquel nous appelle le film par cette proclamation, à la foi profession de foi et prière:
Ce qui vit en toi, l'éternel, ne peut mourir.


"Can you make your soul embrace the One and not lose it?"

"Knowledge of the eternal is all-embracing."

"Hold on to the great image, and the whole world follows, follows unharmed, content and completely at peace."

"If I have just an ounce of sense, I follow the great Way, and fear only to stray from it."



Enfin j'écrivais, dans le message cité
Et soudainement, une autre fois, des séquences dans l'oeuvres passées du cinéaste trouvent sens. Tout était déjà là.


Il serait si long de recenser combien elle offre une nouvelle lumière, un nouvel angle, un nouveau regard sur les oeuvres passées, des plus unanimement admirée, au plus décriées.

Mais il suffit d'un exemple.
Knight of Cups avait révélé combien La Ligne Rouge ou le si "naïf" ou "niais" À la Merveille étaient platonicien.

Et pourtant, les mêmes mots platoniciens alors, maintenant semblent éclore d'une autre parenté:

Car comment ne pas se dire, en revenant aux derniers mots de La Ligne Rouge, que tout de Voyage of Time était déjà là...

Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


C'est dire la richesse de l'oeuvre du cinéaste.
C'est dire aussi ce qu'il accomplit à travers le cinéma sur le plan philosophique: il se fait pont, il met en évidence leur parenté, parfois insoupçonnées.
Et à quel point il faudra, tout comme on étudie encore Anaximandre ou le poème Parménide, que ses films soient considérés, étudiés, comme des oeuvres philosophiques à part entière, dont le leg est précieux et à l'ampleur intellectuelle encore insoupçonnée.

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Messagede Ouais_supère le 06 Mai 2017, 06:36

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Messagede Cortese le 06 Mai 2017, 09:51

Ouais_supère a écrit: :prost:

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Messagede sheon le 06 Mai 2017, 13:03

Hugues a écrit:Car c'en sont.

Qu'est-ce que Véronique a à voir avec tout ça ?
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Messagede Waddle le 06 Mai 2017, 15:02

Hugues merci pour ton message. Ça demande de revoir le film pour ma part de toute façon.

Sur le fond, il n'y a que Silverwitch qui peut répondre à ton message :o
"La citoyenneté réduite au droit du sang consiste à dire que la République est génétique et non pas spirituelle", Waddle, 2013.

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Messagede Ouais_supère le 06 Mai 2017, 16:19

Il n'empêche, combien sommes-nous ici à avoir été voir ce film ?
Et n'était Hugues, un jour, ici, combien aurions-nous été ?

Une bonne poignée de gens d'ici s'est trouvée unie, loin ou proche, par ton entremise, Hugues, et a partagé une réflexion en un même lieu.

C'est ta victoire, Hugues, ami, j'espère que tu la savoures un peu au moins.
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Messagede Shoemaker le 06 Mai 2017, 18:05

Ouais_supère a écrit:Il n'empêche, combien sommes-nous ici à avoir été voir ce film ?
Et n'était Hugues, un jour, ici, combien aurions-nous été ?

Une bonne poignée de gens d'ici s'est trouvée unie, loin ou proche, par ton entremise, Hugues, et a partagé une réflexion en un même lieu.

C'est ta victoire, Hugues, ami, j'espère que tu la savoures un peu au moins.

:o
Même moi et madame Shoe, au fin fond de la planète...
(oups pardon, je parlais de Tree of Life, hein...)
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Messagede Dervi le 07 Mai 2017, 13:58

Avis mitigé pour moi, mais l'environnement n'a pas aidé avec un voisin très bruyant.

Les images sont d'une beauté rare. Par contre, j'ai ressenti un montage et une scansion de la voix off hachés rendant le suivi de l'argumentaire compliqué (mon voisin n'aidait pas).
Certains plans sont tellement beaux que j'aurai apprécié que Malick s'y apesantisse, d'autant plus que faire le lien entre plusieurs plans rapides et souvent une gageure durant une projection (en tout cas pour moi).
Au final, je suis un peu passé à côté du discours de Terrence Malick.

Je me rends bien compte que Malick interroge le monde et c'est toujours une expérience de voir ses films. En citant Nicolas Boileau, "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement", je me demande ainsi si Terrence Malick ne devrait pas revenir à un peu plus de simplicité, notamment sur la forme.

Quand j'aurai l'occasion de le revoir, je lirai le texte de la voix off à tête reposé avant le visionnage, de la même manière que je prépare l'écoute d'un opéra en lisant le livret en amont.
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Messagede Ouais_supère le 07 Mai 2017, 15:04

C'est curieux, moi j'ai trouvé ce Voyage of Time d'une grande (illusion de ?) simplicité.
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Messagede Hugues le 10 Mai 2017, 11:11

Dervi a écrit:En citant Nicolas Boileau, "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement"


Va dire ça à Martin...
(Heidegger)

Je ne pense pas que ce soit par pédantisme que Martin (pas Scorsese) ait employé un tel langage dans son oeuvre philosophique, mais probablement parce qu'il fallait inventer un langage pour inventer les réponses à des questions simples.

Autrement dit, ce que fait (notamment, car ce n'est pas la seule chose qu'il accomplit) Malick à travers son oeuvre cinématographique, de la philosophie insidieuse, présente sans être annoncée, déguisée sous des dehors naïfs, parfois moqués ("niais", "vide", "catéchisme" mot qu'on emploie pour décrire une récitation non réfléchie d'idée qu'on méprise); une vulgarisation aussi...
C'est déjà remarquable de la rendre si simple... et parfois si invisible ... (au détriment de sa propre réputation sans doute)

Mais je vois plusieurs raisons tant à cette invisibilité qu'à la crypticité (tout relative) de son mode d'expression...


Malick est timide, au point qu'il ne veut pas faire autorité... En quelque sorte, si il avait poursuivi son travail philosophique d'une manière écrite, il lui aurait été douloureux d'être publié, d'être référencé, ou sinon sous pseudonyme.
Il a pour ses films le même sentiment. Il ne veut pas les revoir en compagnie d'une salle, parce que non seulement il aurait l'impression de faire autorité, mais il voudrait les changer, agir par la pensée sur la balle déjà frappée, ce qui est impossible...
En quelque sorte, je présume que la situation actuelle lui convient... son travail est plus que jamais méprisé, mais il parvient encore à continuer à tourner (et paradoxalement pour un artiste, plus important sans doute que de tourner, à avoir la liberté financière de voyager et voir le monde et le vivant dans sa variété) .. Même si paradoxalement il est depuis la Palme d'Or plus que jamais connu (enfin pas vraiment, mais plus qu'auparavant), ce qui certainement crée un autre inconfort.. qui n'existait pas auparavant, quand un autre inconfort existait: que son travail soit trop considéré.
Et le cinéma lui permet de livrer insidieusement, pour qui voudra le découvrir une oeuvre philosophique, qui peut-être un jour fera autorité, mais il ne sera à son soulagement plus présent pour le vivre.
C'est aussi parce que, toujours parce qu'il ne veut pas faire autorité, il veut livre en artiste une oeuvre qui soit interprétable librement, autant de regards qu'il y a de spectateur. Autant aussi d'inspiration que l'oeuvre peut susciter.
Même si, si l'on s'y penche avec sérieux, il y a un sens pensé, présent, qui attend d'être découvert.

Bon en ces mots, Silverwitch me reprochera peut-être de trop délier le fond de la forme.

Quant à tes derniers mots Dervi, je ne suis pas certain que le sens profond qu'il projette sur ses films se fasse moins cryptique à l'avenir. En revanche, que le style et la manière de raconter un récit se fasse plus proche de ce qui est la "norme", certainement... On peut arnarquer 1000 fois une personne.. Mais on ne peut pas arnaquer mille fois mille personnes (enfin vous avez compris Odile...). D'une certaine manière, c'est une nécessité économique... Après avoir eu une liberté totale quant à la forme jusqu'à explorer des territoires inexplorés du langage cinématographique, les nécessité mais aussi son désir vont le ramener vers la norme. Mais encore une fois, le sens profond de ses films, l'universel au delà des propres spécificités de l'histoire, sera-t-il plus clair, j'en doute.. (et pourtant d'une certaine manière, dans certains échanges de ses personnages dans des récents films, il n'a jamais été aussi explicite)

Et pour donner raison à Ouais_supère, ce présent film c'est un film, à l'opposé de quoi il est comparé, sans doute d'une profonde humilité. Il aurait pu être tonitruant, spectaculaire, investi de tous les défauts des films trop conscients d'être film somme, être un sermon.
Au contraire, il est présenté avec la modestie d'une rêverie, d'un rêve...
Sans doute aussi cela est du à l'impossibilité de finir jamais le film, de l'utilisation de certaines "coutures", astuces qui le rendent par là-même modeste..


A noter qu'il est possible de voir le film une deuxième ou une première fois, dans trois cinémas en France, trois UGC, à Lyon, Enghien et Paris dans la soirée du dimanche 14. Sans doute des cinémas qui avaient négocié la dérogation de pouvoir le projeter à une autre date en cas de succès constaté dans les autres cinémas.

Hugues
Hugues
 

Re: <span id=

Messagede Hugues le 10 Mai 2017, 12:31

Le texte d'une connaissance, qui reprend consciemment ou inconsciemment (après tous il connaît mes mots) quelques uns de nos mots ici:

Voyage of Time : la question toujours sans réponse ?

Par Alexandre Mathis, le 10-05-2017
Analyses et critiques ?

Comment se fait-il qu’on puisse être ému devant le vol de ptérodactyles, devant le cadavre d’un éléphant, devant un poisson dévoré par un phoque, par la simple image d’une petite fille qui marche ou par le premier pas d’un être vivant sur la terre ferme ? En ce rendant compte que la vie est un miracle, comme le titrait jadis Emir Kusturica. Voyage of Time est ce poème au miracle de la vie. Terrence Malick fantasme de filmer la Création (de l’Univers et de la vie) depuis plus de trente ans. Son projet « Z » existe depuis les années 1980 et The Tree of Life n’était qu’un premier témoignage du gigantisme du projet. Il prend aujourd’hui la forme de ce documentaire d’une heure trente. Soit quatre-vingt dix minutes à filmer l’espace et les moindres soubresauts de vies. Un supplice pour ceux qui auraient abhorré les parties cosmiques de Tree of Life, un délice pour les autres. Car raconter l’Histoire de l’Univers et de notre planète en ces quelques minutes revient à réduire des milliards d’années en un précipité de quelques moments choisis.

Voyage of Time s’aventure au confins du cosmos avec la sensation que la caméra caresse pudiquement les planètes. Elle est là, comme un témoin qui se ferait tout petit face à ces événements monumentaux. Malick reconstitue pêle-mêle le Big-Bang, les premières explosions de volcans, les premiers amphibiens ou encore la vie des premiers hommes au contact du feu et des grottes. Le film suit d’ailleurs un schéma assez linéaire, allant de l’explosion originelle jusqu’aux villes ultra-connectées d’aujourd’hui. Seules ruptures dans ce programme, de nombreux instants de vie contemporains filmés par des inconnus à l’aide de téléphones : ici une bergère en France, là un mariage Juif, là-bas une manifestation en Égypte. Rituels, moments de communions, sacrifices d’animaux, ces éclairs de vie à priori opaques saisissent ce qui unit les Hommes. Ces séquences dépassent l’émerveillement scientifique.

La vie se constitue selon cinq étapes : naître, grandir, se nourrir, se reproduire et mourir. Voyage of Time pourrait se résumer à filmer ces cinq étapes à toutes les périodes de l’Univers. Les molécules, les humains, les mammifères naissent, grandissent, se multiplient, (se) mangent, et meurent. On assiste à la naissance de l’Univers et son expansion. Sa mort viendra. Pour tout être vivant, la mort guette car il est aussi mis en danger par ses congénères. « Quelle est cette guerre au milieu de la Nature ? », entendait-on dans l’ouverture ô combien darwiniste de La Ligne Rouge. Le film montrait la lutte entre les espèces mais aussi la lutte à l’intérieur d’une même espèce (aussi bien les Hommes que les plantes entre-elles).

Seulement, la vie ne se résume pas à cela. La plus belle (et injustement moquée) scène de The Tree of Life montrait un dinosaure bipède et carnivore se prendre de pitié pour un herbivore. Le bipède posait sa patte sur la tête de sa victime, prêt à le dévorer avant de finalement lui laisser la vie sauve. En filmant cela, Malick montrait comment la conscience se trouvait déjà chez des reptiles, créatures habituellement vu par l’Homme comme monstrueuses. Dans Voyage of Time, il y a même une scène d’amour maternel entre un bébé dinosaure et sa mère. L’amour n’est définitivement pas l’apanage de l’Homme. Le scéanario de The Tree of life confirme cette interprétation : « Chez les dinosaures, on découvre les premiers signes de l’amour maternel, et les créatures apprennent à prendre soin l’un de l’autre.» Il est amusant de se dire que ce grand cinéaste chrétien vient de sortir, avec Voyage of Time, le film le plus anti-créationniste de l’Histoire du cinéma.

Témoigner du visible

Malick filme avec dévotion tout ce qu’il peut voir et se pose l’éternelle question : qu’y avait-il avant ?
Par la perfection du montage, Malick alterne l’infiniment grand et l’infiniment petit avec fluidité. Entre l’œil et la planète, la sidération est la même. A ce titre, Voyage of Time ne se vit pas vraiment comme un documentaire, mais plutôt comme un poème à tel point qu’on ne sait plus trop ce qui est de l’ordre du passé, du présent ou du fantasme. Cette seiche qui nous regarde : animal réel ou image de synthèse ? Et cette méduse au déplacement gracieux, animal antique ou contemporain ? Ces volcans en éruptions façonnent-il la planète il y a 4 milliards d’années ou grondent-ils de nos jours ? Il y a une sorte de privilège – reconstitué – à se trouver là à l’origine de la vie. Malick filme avec dévotion tout ce qu’il peut voir et se pose l’éternelle question : qu’y avait-il avant ? Avant que la lumière et la matière n’apparaissent, existait-il quelque chose ? Avant que la vie ne prenne forme tel que nous la connaissons, en existait-il une autre ? Comment la roche et les fournaises en sont-elles arrivées là ? Par le concours de nombreux scientifiques, le réalisateur tente d’offrir des images les plus plausibles de ce qui est connu, mais on devine sa frustration de ne pouvoir aller plus loin. Car par définition, ce qui était avant la Lumière ne peut être vu. L’occasion pour Malick de renouer avec ses éternels questionnements.

Litanie

A mesure que le Monde se crée, se transforme et se détruit, Blanchett tente de trouver la voie du créateur. Est-ce un Dieu ? Une Déesse ? Ou simplement le miracle de la chimie ?
« Où étais-tu quand je fondai la Terre ? » interpelle Dieu dans le Livre de Job. Dans Voyage of Time, Cate Blanchett retourne fébrilement la question : « Mère. Où te caches-tu ? » Aussi hermétique puisse paraître l’utilisation de la voix off ici, elle est le fil rouge du questionnement. A mesure que le Monde se crée, se transforme et se détruit, Blanchett tente de trouver la voie du créateur. Est-ce un Dieu ? Une Déesse ? Ou simplement le miracle de la chimie ? Quand la météorite vient anéantir presque tous les dinosaures, quel besoin mère Nature avait-elle de faire table rase ?

Et surtout, qu’est-ce qui nous pousse à nous aimer, à nous battre, à danser ensemble ? Est-ce aussi une histoire de chimie ? Cette question, Malick se la pose depuis longtemps. Il la chante comme une litanie, si bien que ses films lui servent de catharsis. La Ligne Rouge montrait des soldats, qui, au lieu de communier leur fraternité, s’enfermaient dans des solitudes remplies de questions. Aucune réponse ne venait les soulager. Au point que le réalisateur utilisait la musique de Charles Ives « La question sans réponse ». Depuis, Malick n’a de cesse de ressasser ses doutes, comme un croyant remet en question sa foi. A la Merveille s’interrogeait sur le sens même de l’Amour, qu’il soit terrestre ou divin. Knight of Cup se vivait comme un pèlerinage intérieur pour expier l’inconsolable solitude de tout Homme. Voyage of Time vient parachever cette grande exploration des questionnements. Et depuis A la Merveille, une réponse vient soulager ses films : il trouve toujours son Salut par le biais de l’amour et de la curiosité. Avec Voyage of Time plus que jamais, il regarde le monde avec la naïveté du premier regard. Parfois, les plans les plus simples sont les plus beaux.

Malick conclue donc Voyage of Time de la même manière qu’A la Merveille. L’amour est partout, en toute chose douce ou cruelle ; cet amour est partout en nous, au dessus de nous, en dessous de nous. Ce qui prenait la forme d’une prière avec le père Quintana (Javier Bardem) dans A la Merveille se retrouve ici au sein d’un montage d’images d’anonymes. En fin de compte, si Malick utilise toutes ces images, c’est parce qu’elles sont le témoignage simple de l’amour qui existe. Dans la communion sociale, tous les humains – sans distinction de classe, de religion, de race ou de sexe – éclairent leur passage sur Terre d’un torrent d’amour qu’ils peuvent offrir. Décidément, Malick, à l’heure du cynisme et du pessimisme, s’offre une ode à l’espoir et à l’amour qui rend l’expérience Voyage of Time un moment hors-sol dans nos vies cadenassées.


Hugues
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Re: <span id=

Messagede Dervi le 14 Mai 2017, 11:45

Hugues a écrit:
Dervi a écrit:En citant Nicolas Boileau, "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement"


Va dire ça à Martin...
(Heidegger)

Je ne pense pas que ce soit par pédantisme que Martin (pas Scorsese) ait employé un tel langage dans son oeuvre philosophique, mais probablement parce qu'il fallait inventer un langage pour inventer les réponses à des questions simples.

Autrement dit, ce que fait (notamment, car ce n'est pas la seule chose qu'il accomplit) Malick à travers son oeuvre cinématographique, de la philosophie insidieuse, présente sans être annoncée, déguisée sous des dehors naïfs, parfois moqués ("niais", "vide", "catéchisme" mot qu'on emploie pour décrire une récitation non réfléchie d'idée qu'on méprise); une vulgarisation aussi...
C'est déjà remarquable de la rendre si simple... et parfois si invisible ... (au détriment de sa propre réputation sans doute)

Mais je vois plusieurs raisons tant à cette invisibilité qu'à la crypticité (tout relative) de son mode d'expression...

(...)

Et pour donner raison à Ouais_supère, ce présent film c'est un film, à l'opposé de quoi il est comparé, sans doute d'une profonde humilité. Il aurait pu être tonitruant, spectaculaire, investi de tous les défauts des films trop conscients d'être film somme, être un sermon.
Au contraire, il est présenté avec la modestie d'une rêverie, d'un rêve...
Sans doute aussi cela est du à l'impossibilité de finir jamais le film, de l'utilisation de certaines "coutures", astuces qui le rendent par là-même modeste..

Hugues


Merci pour ta réponse argumentée, je ne pourrai en faire autant. Il faudrait déjà que je puisse revoir le film dans de meilleures conditions.

Concernant Malick, j'adore tout ce qu'il a fait jusqu'à À la merveille
, où je me retrouve avec ce que tu as décrit dans ta réponse, Tree of life et À la merveille inclus donc. Depuis Knight of cup, il m'a perdu. Je réserve toutefois mon avis jusqu'à ce que je puisse revoir les deux derniers films de Malick.
Dervi
 
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