sccc a écrit:Silver, on peut conditionner l'adoption au respect de critères dans le bien de l'enfant, mais on ne peut pas limiter l'adoption parce qu'il n'y a pas assez d'adoptables. Ce n'est pas un critère recevable, désolé.
Bien sûr que si, on peut ! Ça ne constitue en rien une discrimination, puisqu'il n'y a(vait) pas de "droit à l'adoption", pas plus que de droit à donner son sang. C'est simplement une politique pragmatique et raisonnable qui consiste à déterminer un certain nombre de critères, comme celui de l'âge. Pourquoi t'élever contre l'interdiction d'adopter pour des couples de même sexe et pas sur le fait que tu ne peux adopter un enfant si tu as moins de vingt-huit ans, par exemple, ou concernant la différence d'âge requise entre l'adoptant et l'adopté ?
Pas besoin de faire tant d'histoires, faisons preuve de bon sens. Chaque année en France, environ trois mille adoptions ont lieu, quand le nombre de familles agrées dépasse les trente mille et que chaque année neuf mille personnes font une demande d'adoption. Les adoptions nationales (c'est-à-dire les plus évidentes à justifier sur le plan moral, celles dont on est à peu près certains qu'elle ne donne pas lieu à un marchandisation des enfants) représentent chaque année quelques centaines d'enfants, et presque tous les pays étrangers ferment l'adoption aux couples de même sexe. Non seulement, ça risque de donner lieu à des conflits juridiques internationaux, mais pourquoi compliquer les choses ?
sccc a écrit: Par contre, estimer qu'un enfant adopté doit pouvoir avoir un père et une mère (et donc exclure les couples homosexuels), c'est recevable. Mais dans ce cas, il faudra que tu m'expliques pourquoi l'adoption par un célibataire est acceptable. Le mieux pour en enfant est d'avoir deux parents adoptifs, pas un seul.
Oui, un père et une mère d'adoption, c'est "mieux" (toutes choses étant considérées égales par ailleurs) qu'une mère adoptive seule ou un père adoptif seul. En revanche, affirmer que deux pères ou deux mères (au sens de deux parents de même sexe, sic) pourraient être moins pire qu'un parent adoptif isolé ou être de même nature qu'un père et une mère d'adoption, c'est une toute autre affaire. Jusqu'à présent, le droit s'attachait à maintenir un équilibre entre un ordre naturel et un ordre culturel (ce qui expliquait également d'autres évolutions, notamment afin de limiter l'âge maximum auquel quelqu'un pourrait adopter). Le principe de bon sens auquel on devrait être attaché, si on ne marchait pas sur la tête, c'est de constater que l'État n'a pas vocation à encourager une fiction, comme le désir d'enfant d'un couple de même sexe. C'est une affaire privée qui raconte une fiction (oui, les principes de droit sont toujours une fiction) qui bouleverse notre conception traditionnelle de la rencontre entre un ordre naturel et un ordre culturel. Comment l'union (au sens sexué et sentimental) de deux personnes de même sexe pourrait-elle donner naissance à une autre vie ? Est-ce vraiment la fiction que l'on veut instituer, en la mettant sur le même plan que la différence des sexes ?