Tarod a écrit::o
Et puis ils sont pas du genre à se réjouir des problèmes des autres
Ouais ... ils aiment bien se foutre de la "grande nation" !
"La grande nation". Qu’est-ce que c’est ? Une expression qui, pour les Allemands, symbolise la France, même si c’est souvent de façon narquoise…
À quoi reconnaît-on un vrai Allemand francophile d’un faux ? Le vrai francophile vous parle de Victor Hugo et de Houellebecq, de Brassens et Barbara, de Trénet et de sa "douce France". Il nous dit qu’il adore regarder Arte en français, que rien ne l’émeut tant qu’un bon Bordeaux, qu’il se damnerait pour une baguette bien fraîche. Le faux francophile nous parle simplement de son admiration pour la "Grande Nation".
La "Grande Nation", sursaute le Français ! Mais quelle Grande Nation ? Voyons, répond notre interlocuteur allemand, celle qui inventa le concept même de la nation comme ensemble politique composé d'individus qui veulent vivre ensemble et partager le même destin, celle qui proclama les droits de l’homme et du citoyen, celle qui porte en étendard les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, pas seulement pour elle-même, mais pour l’humanité entière ! La Grande Nation, la France, quoi !
Au début, notre ami français est un peu surpris, quoique flatté par tant d’admiration. Mais très vite, il perçoit la pointe d’ironie… Car quand cet Allemand évoque la Grande Nation, il sous-entend aussi : fierté du coq gaulois, vanité, prétention, certitude de tenir toujours le premier rôle politique et culturel, alors que chacun sait que la France joue aujourd’hui dans la cour des puissances moyennes.
Et l’impertinent ajoute en général dans un clin d’œil : "Vous savez, j’aime beaucoup les Français, mais parfois…" S’il était un vrai francophile, il saurait que jamais il n’entendrait l’expression de "Grande nation" dans la bouche d’un Français. En France, ce terme ne fait pas partie du vocabulaire courant. Au pire, il paraîtrait déplacé, au mieux ridicule.
Bien sûr, notre interlocuteur allemand soutiendra que l’idée de "Grande Nation" a été inventée par Napoléon, dont c’était bien le genre. Après tout, il était bien à la tête d’une "Grande Armée". Et son Empire était effectivement très grand, à la fois par sa taille et par son rayonnement. Ils expliquera aussi que Charles De Gaulle utilisait cette expression, et qu’il est arrivé à Nicolas Sarkozy de la placer dans un discours.
Mais il oubliera certainement de préciser que c’est le grand Goethe qui, dès 1795, a qualifié la France de "grande nation" dans ses "Entretiens d’émigrés allemands". Mais Napoléon l'ignorait, il n'en avait jamais entendu parler. Alors remettons cette expression à sa place : celle d’un cliché éculé dont usent et abusent certains journalistes allemands, en particulier des journalistes sportifs, pour parler de la France.
Oublions cette expression ou plutôt laissons-là aux Américains : eux ne voient rien de mal à parler de la "great nation", en pensant, bien sûr aux États-Unis, et ce, sans la moindre autodérision, évidemment
Texte : Hajo Kruse
la démocratie et la souveraineté nationale sont comme l’avers et le revers d’une même médaille.