Je suis allé voir hier l'exposition "L'art de l'automobile" sur la collection de Ralph Lauren au musée des Arts Décoratifs. C'est quelque chose ! Cet enfoiré (je suis plus qu'envieux) a sans doute la plus belle collection privée de bagnoles au monde. En tout cas, elle regroupe exactement celles que je rêverais d'avoir !
Dès l'entrée vous êtes accueilli par l'extraordinaire Bugatti 57SC "Atlantic", une des trois construites à la fin des années 30. Châssis court de 57S avec compresseur, 8 cylindres en ligne. Le design est absolument renversant. Ça tient de l'insecte et de l'avion de chasse. Il est de Jean Bugatti, le très doué fils d'Ettore. Le détail qui tue c'est les arêtes qui surplombent les ailes : les deux tôles embouties qui englobent les roues sont reliés par des rivets. Je crois me souvenir que c'est un héritage de l'"Aérolithe", le prototype, qui avait une carrosserie en magnésium (qu'on ne savait pas souder).
Vous montez une volée de marche et vous êtes accueilli au plexus par les énormes yeux de la Bentley "Blower" 4,5L du Mans et de la Mercedes SSK à carrosserie spéciale (superbe) du Comte Trossi (pilote d'usine d'Alfa-Romeo). La Bentley est carrément colossale, son compresseur, qui déborde à l'avant doit être aussi gros qu'un moteur de Twingo. Elle est "british racing green" et sur les minuscules portières est peint le drapeau britannique.
Il y a ensuite deux Alfa des années 30, une 2,3L Monza et une 2900B. Les deux en biplaces sport, comme aux Mille Miglia de l'époque.
Là, devant vous, peut-être la plus belle voiture de l'expo, une Bugatti 59 1934, noire, une voiture de GP (elle a remporté le GP de Belgique et le GP d'Algérie

cette année là). Une vraie pièce d'orfèvrerie, d'aluminium coulé et de tuyaux de cuivre rouge, des roues en corde à piano et aluminium extraordinairement belles et complexes (mais que les pilotes n'appréciaient guère à cause du curieux système de fixation qui ressemble à un engrenage).
Et puis derrière, la première des 5 Ferrari de l'expo, une 375+, en tous points identique à celle qui a gagné au Mans en 54.
Ensuite une Jaguar Type D, en version "long-nose" genre Le Mans 55, et une Porsche 550 Spyder, exactement identique au "Little Bastard" de James Dean, puis deux des Ferrari les plus désirables qu'on puisse imaginer : une 250 GTO 1962 et une Testa Rossa dans sa toute première version aux ailes échancrées, la plus belle. C'était une voiture destinée aux clients (volant à gauche). Enfin, fermant la nef centrale, une Ferrari encore, une 250 LM 1964/65. Celle là avait le museau d'origine, court.
Dans une salle latérale, des GT : Jaguar XK 120 à carrosserie alu, Mercedes 300 SL, Jaguar XKSS (biplace route dérivée de la "D") et Ferrari 250 GT. De l'autre côté de la nef, une seule voiture moderne qui fait triste mine à côté des merveilles d'à côté : une McLaren F1-GT quand même.
C'est jusqu'au 28 août.