Hugues a écrit:schumi84f1, quand même il y a une différence une pique contre le Président, qui à ce que je sais n'est pas un de tes proches.
Et une pique contre une connaissance comme c'est le cas pour Shunt, qui peut (ou non, je ne sais pas comment Shunt le prend) le toucher.
Je dis ça comme ça hein.
Hugues
PS: Puisqu'il y a eu des réponses entre temps. Je ne visais pas spécifiquement schumi84f1 mais un ensemble de gouttess d'eau (dont la sienne) depuis hier après-midi attaquant les personnes en elles-même.
Je n'ai aucun souci à ce qu'on critique (j'en suis d'ailleurs) l'indigestion médiatique à n'en plus finir qui a lieu à chaque fois à ce sujet. Ou les réactions / récupérations politiques. Ou que sais-je. Ni même je n'en normalement aurais à ce qu'on critique l'attitude des journalistes en question. Mais là spécifiquement ça me gêne, parce que j'ai en tête que l'un d'entre nous les connait et que ça peut le toucher.
Merci Hugo, mais on en tellement entendu pendant un an et demi sur leur compte, qu'on est blindés

Là, ce sont des échanges sur un forum, c'est assez désincarné, donc pas de souci, avec le recul et avec leur libération, je crois qu'on s'en fout même carrément. C'était plus consternant en revanche d'entendre de hauts responsables tenir peu ou prou le même discours au début de cette affaire, mais bon, là aussi, c'est du passé.
L'essentiel, c'est qu'ils reviennent comme on les a connus. Ils ont eu une détention longue, dans des conditions difficiles, ils ont chopé quelques merdouilles, mais ont toujours été correctement traités.
Pour en revenir sur les critiques sur le "battage médiatique", je vous avais dit que l'un des objectifs de cette mobilisation était qu'un peu de ce bruit leur parvienne et les aide à tenir moralement. Et bien c'est ce qui s'est passé ! Hervé et Stéphane avaient une radio, ils ont pu écouter la BBC et surtout RFI. Pourtant, plein de gens nous disaient que ça ne servait à rien, que là où ils étaient, il était impossible qu'ils reçoivent quoi que ce soit. Et bien, on a continué, sans dévier, convaincus que ça leur parviendrait. Ils ont entendu ainsi une lecture d'un texte écrit par un ancien résistant alsacien, André Weckmann, lu par l'acteur Charles Berling que nous avions sollicité pour une opération de soutien. Et ils ont raconté que c'est la seule fois où ils ont tous les deux fondus en larmes, que c'est l'un des messages qui leur a donné de l'espoir, qui leur a reboosté le moral.
Voilà, alors oui, on peut parler de corporatisme et autre, mais pour nous les choses étaient simples : quand on a des potes qui sont dans la merde, on se bouge le cul, on les soutient et on fait front. Surtout qu'au-delà de leurs personnes, Hervé et Stéphane représentent pour nous une même idée du métier de journaliste, honnête, sans complaisance, rigoureux. La médiatisation, la mobilisation, elle ne s'est pas construite toute seule (le fameux décompte à l'antenne n'est arrivé qu'au bout de six-sept mois). Il y a eu énormément de boulot derrière, il a fallu convaincre, notamment en interne à France TV, pour que l'on médiatise leur sort, ça a été tendu, parfois houleux. Ce n'est qu'à l'été 2010, quand pas mal de collectivités locales ont affiché leurs photos sur les façades, que les choses ont commencé à bouger, qu'on a senti un frétillement et un début de mobilisation plus large. Mais il a fallu batailler sévère pour en arriver là.
Je comprends néanmoins certaines réactions hostiles, car dans cette affaire, il est difficile de voir la partie immergée de l'iceberg. Pourquoi Hervé et Stéphane ont-ils été davantage médiatisés que les autres ? Tout simplement parce qu'ils ont eu un comité de soutien actif et que leurs familles ont accepté cette médiatisation. Comme pour Ingrid Bettancourt, qui a été fortement médiatisée, sans être journaliste. Tout comme Gilad Shalit, même si son statut de soldat israélien ne favorise pas vraiment sa cause. Il faut savoir que la ligne du Quai d'Orsay et de la DGSE c'est silence et discrétion. Nous, on a en quelque sorte désobéi, parce qu'on avait aussi à nos côtés d'anciens otages comme Florence Aubenas ou Jean-Paul Kaufman, qui nous ont conseillés, encouragés et accompagnés dans nos démarches. Je sais que les familles des otages d'Arlit sont tiraillées sur cette question de la médiatisation (je le sais parce qu'on a des contacts avec elles via des gens du comité de soutien). Pour l'instant, elles ont accepté le silence et la discrétion, mais la libération d'Hervé et Stéphane change un peu leur vision, en tout cas, pour certains. Ce sont elles qui décideront, même si le contexte des otages d'Arlit est très différent de celui d'Hervé et Stéphane, notamment dans la façon dont se déroulent les négos. Par contre, on sait très peu de choses sur les humanitaires capturés au Yemen, là aussi, j'ai l'impression que leur entourage préfère jouer la carte de la discrétion. La discrétion prévaut également pour l'agent de la DGSE détenu en Somalie depuis plus de deux ans, ce qui est compréhensible (je vois mal la DGSE faire de la mobilisation publique).
Sinon pour conclure, je voudrais demander aux pisse-vinaigre, aigris et donneurs de leçon, ce qu'ils feraient si un jour, un ami ou un collègue se faisait prendre en otage, ce que je ne souhaite à personne. Si la situation des autres otages, vous touche, n'hésitez pas à vous mobiliser, hein, nous on a reçu des soutiens de plein de citoyens non journalistes. Allez y, organisez des manifs, concevez des affichages, allez harceler vos députés, vos élus.
Nous, on sait ce qu'on a fait, on s'est investi, on s'est bagarré, on a été constants, fidèles à nos principes et à nos amis et aujourd'hui on savoure de les revoir, relativement intacts physiquement et moralement, grâce pour une petite partie à cette mobilisation dont ils ont pu capter quelques bribes pendant leur année et demi de détention. On peut se regarder dans une glace sans rougir. Et hier, alors que je faisais mon pot de départ avant de filer dans le Nord, j'ai été super content de voir Hervé, qui trainait encore dans les couloirs, venir partager un peu de champagne. Un moment précieux et inoubliable.