Cortese a écrit:Ma position est de dire qu'une Nation moderne c'est un ensemble de citoyens égaux en droits, sur le modèle français, et non un tribalisme ethnique ou religieux à l'anglo-saxone, qui ne mène qu'a ce qu'on a vu avec le traité de Versailles et ses succédannés : la dislocation des vieux empires au profit exclusif des Anglo-américains et à un degré moindre de l'Empire (républicain) français en créant des confettis d'Etats.
On notera que c'est la position adoptée par les textes fondateurs de l'ONU, qui est donc revenue à une attitude partiellement opposée aux propositions de Wilson.
Je pense donc que Grecs et Arméniens, séduits par les sirènes françaises, anglaises ou tsaristes, se sont lancés dans une aventure stupide, qu'ils ont payé hélas très cher, parfaitement inutile, en trahissant ce qui était bel et bien devenu leur patrie : la Turquie. Aujourd'hui c'est l'Irak que les Israélo-Anglo-Américains tentent de démembrer en créant une nation kurde à base purement ethnique, (la Chine est un trop gros morceau pour que le Serge Lama soit sérieusement soutenu par les Empires occidentaux), demain ça sera l'Afrique du Nord en démembrant le Maroc et l'Algérie sur la base d'une ethnicité berbère fumeuse, l'Iran, l'Inde, ou n'importe quoi d'autre qui "gêne".
C'est très intéressant, et j'avoue ne pas connaître le fonctionnement intérieur de l'empire turc, mais je pense que c'est une affirmation (celle que j'ai mise en gras) probablement très discutable, notamment par les Grecs, Arméniens et Kurdes. Je ne sais ce qui était le plus juste, mais en 1918, les Arméniens venaient de subir le génocide, et dans l'esprit de l'autodétermination des peuples au détriment des vieux empires, il était inpensable qu'il n'y ait pas d'état arménien, avec frontières déterminées par leur lieu de peuplement (traité de Sèvres). Sinon, je pense que Wilson était un vrai idéaliste: j'ai cité les Bolsheviks parce que de tous les Alliés (je veux dire: l'Entente et leurs alliés), Wilson était à l'origine le moins défavorable aux Bolsheviks: lors des pourparlers de Brest-Litovsk entre l'Allemagne et les Bolsheviks, il s'est hâté pour proclamer ses "14 points" dont l'un devait séduire les Russes (dont les Bolsheviks), et par la suite, il était très défavorable à l'intervention alliée en Russie. Connaissant mal les intentions Bolsheviks (la "révolution permanente" de Trostky), il pensait trouver des points communs sur le plan international puisque ces derniers étaient alors les chantres des principes de l'autodétermination des peuples, de la diplomatie ouverte, et d'une "paix juste, sans vainqueurs et annexions". En effet, dès qu'ils ont pris le pouvoir, les Bolsheviks ont nommé Trostky aux Affaires étrangères, et le premier acte de celui-ci fut de retrouver les documents de la diplomatie secrète de l'Ancien régime et de les révéler publiquement, ce qui embarassa énormément les Alliés étant donné leurs buts de guerre secrets, sauf les Américains. Wilson détestait justement les accords secrets tel celui de Sykes-Picot, et a d'ailleurs refusé un "mandat" américain sur l'Arménie similaire à ceux de Syrie, Irak et Palestine. (Les Bolsheviks n'ont pas trop mal accueilli les 14 Points, mais n'avaient cesse d'accuser Wilson d'être le méchant représentant de Wall Street et des exploiteurs des "masses laborieuses et paysannes américaines".) Maintenant, Wilson considérait les empires (russe, autrichien, allemand, turc) comme archaïques, qui ne pouvaient répondre à l'aspiration des peuples à se gouverner eux-mêmes, l'exemple le plus éclatant étant celui de la Pologne opprimée par 3 empires (surtout l'empire russe), et son indépendence "avec accès à la mer" était l'un des 14 Points (même si pas forcément dans les frontières orientales de 1921, qui ne sont que le résultat de la guerre avec la Russie soviétique, au détriment de la "ligne Curzon" qui eut été plus juste sur le plan des nationalités). Forcément, Wilson était favorable à la destruction des empires, mais pour sauvegarder sa Société des Nations, il a du à contre-coeur céder sur de nombreux détails devant la gourmandise territoriale des Alliés, par exemple la Roumanie expansionniste qui n'avait cesse d'annexer toutes les provinces voisines appartenant aux vaincus, la pauvre Hongrie se retrouvant avec un tout petit état et des millions d'Hongrois devenant sujets des pays voisins (la France et l'Angleterre voulait punir la méchante Hongrie qui avait connu un régime soviétique sous Bela Kun en 1918, et récompenser la Roumanie qui était intervenue pour y mettre fin). Il y a aussi la création de la Yougoslavie, je ne sais pas trop comment ça s'est fait mais on a là un exemple beaucoup plus intéressant de création d'un état national avec une vraie base ethno-linguistique (slave, serbo-croate), mais de fortes différences religieuses et historiques (et même alphabétiques -- avec alphabet latin ou cyrillique selon les régions), mais c'était alors perçu comme la "solution" à la "question balkanique" (et d'ailleurs, Trostky, journaliste dans les Balkans en 1912-1913 et horrifié par leurs guerres atroces, avait lui-même envisagé cette solution à ce moment-là soit 7 ans avant la conférence de Paris!).