rossa27 a écrit:Fatcap a écrit:rossa27 a écrit:Je trouve que c'est plutôt toi qui prends des positions peu scientifiques, et qui fais beaucoup de procès d'intention.
La climatologie est très loin d'être une science au sens strict: elle ne propose actuellement aucun modèle prédictif sérieux. Les modèles actuels, calés sur le point de fonctionnement actuel, sont bien incapables de prédire les évolutions de température à 3 mois, et cela pour des raisons profondes: les phénomènes qui interviennent sont souvent instables (une petite évolution aléatoire dans un sens provoque un effet qui amplifie cette évolution) et chaotiques (causes infimes, effets énormes; c'est la fameuse image du battement d'aile d'un papillon qui provoque une tornade à des milliers de kilomètres de là).
Dans ces conditions, affirmer qu'on peut prédire ce qui se passera dans des décennies voire dans des siècles avec un point de fonctionnement différent pour lequel on n'a aucun modèle, c'est tout sauf de la science.
Aucun modèle prédictif sérieux ? Si ça ne te dérange pas je vais te caller là-dessus, qu'est-ce qui t'autorise par exemple à affirmer que les modèles développés par le GIEC ne sont pas sérieux ? Ce n'est pas une critique, juste une question.
On n'est pas capable de prévoir les tendances majeures à court terme, par exemple l'été sera-t-il très pluvieux ou très sec en Europe? Je parle bien de tendance, pas de la température qu'il fera le 20 juin à 11h58 à Nogent le Rotrou.
Etant incapable de prévoir les grosses évolutions à court terme alors qu'il suffit d'extrapoler un peu les conditions actuelles, comment quelqu'un peut-il prétendre prévoir ce qui se passera dans 50 ou 200 ans alors que les conditions environnementales seront éventuellement très différentes?
Ce n'est pas sérieux.
L'argument me paraît fallacieux. En physique, on n'est également pas capable de prévoir, à l'échelle quantique, avec exactitude, où se trouvera une particule à un instant t dans le futur, on n'a qu'une probabilité. Pourtant à l'échelle macroscopique, c'est possible. Si on appliquait ton raisonnement on pourrait croire le contraire... Ou en statistique par exemple. Un échantillon peut être ponctuellement imprévisible mais obéir à une loi normale.
rossa27 a écrit:Un peu plus haut, tu comparais la climatologie à la physique, à la mécanique plus précisément. Ces deux disciplines sont très différentes car la physique a justement bâti sa réputation de science de référence par une approche rigoureuse, de modèle prédictif validé par la confrontation au réel.
Dans l'histoire de la physique, la découverte d'une infime variation des mesures par rapport aux prédictions a plusieurs fois conduit à reconnaître que le modèle était faux ou incomplet, et à en chercher d'autres plus précis. Le cas exemplaire de la relativité restreinte par rapport à la mécanique de Newton est bien connu.
La climatologie n'a pas cette approche rigoureuse. Elle est plus proche de l'économie, où l'on ne s'étonne pas de rencontrer dans la réalité des phénomènes non prévus par la théorie, et vice-versa.
C'est valable pour la mécanique, qui est une science maintenant bien comprise. Mais la physique des particules... Il y a encore des différences de point de vue fondamentales entre les chercheurs. Sur la nature de la matière noire, sur les multivers, et sur l'existence de ce satané boson de Higgs, dont on est quasiment sûrs, pas tout à fait mais presque... Dans ce domaine pourtant ultra-mathématisé on rencontre beaucoup de "peut-être". Et parfois des phénomènes qui semblent contredire la théorie. Je ne te dis pas la catastrophe si on ne le découvre pas, le boson...
Ce n'est pas parce que les économistes ou les climatologues sont globalement moins intelligents ou compétents ou intègres que les physiciens. C'est juste parce que, comme je le disais dans le post de départ, le phénomène étudié est tellement instable et chaotique que la modélisation devient impossible au delà d'un horizon très proche.
Je ne pense pas que ce soit un argument très convaincant. Même si je suis d'accord que la climatologie n'est pas vraiment une science. La seule science parfaite sont les maths, où tout est démontrable. Pour le climat, les modèles sont en constante amélioration mais peuvent prédire correctement les phénomènes (ils seraient même trop optimistes) comme le montre cet article du Monde qui m'a attiré l'oeil avant-hier ;
http://www.lemonde.fr/planete/article/2008/12/19/la-debacle-de-l-arctique-semble-engagee_1133096_3244.html#ens_id=1099506 :
Les hautes latitudes de l'hémisphère Nord se réchauffent et se transforment, à marche forcée. Les dernières observations de l'Arctique, rendues publiques à San Francisco (Californie) au congrès d'automne de l'American Geophysical Union (AGU), suggèrent que les effets de ce que les scientifiques nomment l'"amplification arctique" sont désormais tangibles. Propre aux régions polaires, cette "amplification" du réchauffement est caractérisée par l'enclenchement d'un cercle vicieux - une cascade d'événements favorisant la fonte de la banquise, et déclenchés par elle.'(...)
Cette amplification locale du réchauffement ne surprend pas. Elle est prévue par tous les modèles numériques utilisés par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) : pour un réchauffement moyen de 3 °C à la fin du siècle, les modèles prévoient une augmentation des températures de 7 °C dans la zone arctique. "Ce qui arrive était prévu, mais on ne l'attendait pas aussi tôt", résume la chercheuse.
Bon dans un sens tu as raison : les modèles ne sont pas très fiables puisqu'ils seraient encore trop optimistes... Mais je crois que c'est normal. Le GIEC essaie d'être le plus consensuel possible. Mais qu'on puisse encore aujourd'hui nier qu'un changement climatique anormal ait lieu, ou le mettre en doute par des argumentations compliquées, ça me dépasse. En fait j'ai extrêmement de mal à croire qu'on fasse ça parce qu'on est honnêtement intéressé par la science ou la modélisation, sans avoir de motivations plus idéologiques.