Ces gens n'ont pour définition de la démocratie qu'une dictature éclairée des élites. Petit peuple tais toi.
Déjà, invité au parlement par les députés UMP le 16 janvier (seul parmi ces députés UMP, le brave Jacques Myard, qui fit les frais de son courage recevant raillerie lorsqu'il professa "l'avenir lui donnera raison, et le peuple s'en souviendra", sut essayer d'être une voie des citoyens qui l'avait élu, les autres confortant le vieux polytechnicien imbus de lui même par toute sorte de flatteries ("que votre parole est juste, que votre pensée est claire, monsieur le président")), Giscard avait été méprisant, hautain. A cette question de mai 2005, il n'y avait qu'une réponse possible disait-il en substance (pourquoi alors poser la question ?.. pourquoi même le ratifier ou faire des élections, une monarchie élective ou héréditaire serait si bien appropriée..)
Il avait prononcé, ce jour là Giscard, une phrase édifiante ( vous serez déçu de la "parole juste" et la "pensée claire", elle ne vole pas bien haut, mais révèle le déni de choix ):
"Toutes les voix qui défendent le référendum, c'est parce qu'elles savent que le peuple votera non, et qu'elles souhaitent un non. Bien évidemment, pour nous qui voulons le oui, car voyez-vous évidemment il n'y a pas d'autre réponse possible à ce traité, c'est évidemment le parlement qui doit le ratifier."
Ce vote du 29 mai, n'a jamais été un vote de circonstance, d'humeur, de colère. Jamais durant 3 mois la nation n'avait autant débattu, échangé, s'était passionné de la question de la construction européenne, en chaque famille, en chaque groupes d'amis.
Vous avez vu, ce jour ou verrez, des gens vous inculquant que le parlement n'est pas moins légitime que le peuple, qu'après tout c'est par référendum que Napoléon III était devenu empereur et par le parlement que plus tard la IIIe République avait été instituée. Que pour autant personne ne conteste la légitimité de la république.
Seulement, la problématique est-elle bien posée par ces gens-ci.
Car de quoi s'agit-il? Il s'agit de savoir lequel de deux suffrages à quelques mois d'intervalle, sur la même question (le même traité, car c'est bien le même) est le plus légitime représentant du voeu de la nation entre le suffrage universel lui-même et une assemblée issue de celui-ci. Il n'y a évidemment pas plus représentatif du voeu de la nation que le suffrage universel et si celui-ci a été le décisionnaire d'un choix, ce choix ne peut être changé que par le suffrage universel que de la nation elle-même.
Mais alors signifie-je en disant cela que la IIIe République n'était pas légitime? Point du tout.
Cette IIIe République nait en 1875, pour une voix, d'une assemblée constituante élue 4 ans plus tôt (elle s'auto-dissous d'ailleurs une fois proclamée la république). Cette assemblée est légitime et vaut la voix de la nation et le suffrage universel justement parce qu'elle est constituante, justement parce que le suffrage universel a donné mandat unique, 4 ans plus tôt à une assemblée de créer des institutions. Les électeurs de 1871 ont choisi des représentants spécialement pour cette question, et non pour des questions politiques.
Croyez vous qu'une assemblée élue avec pour mandat unique de ratifier ou non ce texte représenterait au 4/5e une approbation de cette ratification? Les représentants choisis seraient bien évidemment fort différent de ceux qui composent les deux assemblées.
Autrement dit, une assemblée ne peut avoir la même légitimité que le suffrage universel référendaire que lorsqu'elle a pour mandat unique de se prononcer sur une décision particuliière.
Et puis, si ce vote intervenait au parlement 15 ans, 20 ans après un référendum, il pourrait peut-être se défendre quelque peu (en 15 ans, 20 ans l'opinion de la nation a peut-être changé). Mais là c'est bien 980 et quelques jours (981 jours ce lundi, mais quelques jours de plus cette semaine lorsque le texte sera ratifié), que le suffrage du peuple est piétiné, méprisé, oublié avec le même texte à 98% (c'est M. Giscard d'Estaing lui même qui a fait évaluer cette proportion par ses légistes)
Il faut dire que la ratification parlementaire est bien pratique. La réponse est assurée, et la contestation est minimum.
C'est que le citoyen sait qu'il n'y a rien à faire, qu'il est impuissant à changer l'opinion des parlementaires.
Il se décourage à se mobiliser.
Et le monde médiatique ne sera pas là pour le réveiller : lui qui n'est guidé que par ce qui est "d'actualité" ( et sans mobilisation citoyenne pour les détromper dans leur erreur, "une prochaine ratification parlementaire ça n'intéresse pas" dit-on dans les rédaction) n'accorde pas antenne, tribune aux voix rebelles, aux voix révoltées.
Un référendum, au contraire, parce qu'il est une actualité, un vote prochain, contraint le monde médiatique à évoquer la question. Le citoyen n'a même pas besoin du réveil par les médias, car il sait qu'il est acteur de la décision.
C'est finalement paradoxal, c'est justement dans le cas où les médias seraient utiles, dans le cas où il faut mobiliser les citoyens vis à vis d'une question qui leur échappe, pour qu'il y ait discussion, réflexion, pour qu'émerge une contestation ou une approbation, et non le marmonement sourd d'une chappe de plomb, que le fonctionnement des rédactions fait que c'est là que ces médias se dispensent de tout rôle et laissent comme en ces journées, des choix décisifs se faire sans y impliquer le citoyen.
Arrêt sur images (arretsurimages.net) il y a 2 mois avait souligné grâce à l'excellent travail d'Aurélie Windels combien les médias se faisaient complice du pouvoir par ce silence. Cet article n'est plus librement disponible, mais l'était en toute gratuité à l'époque, aussi je le reproduis :
souvenirs souvenirs
Traité de Lisbonne: silence sur les critiques
Rubrique : Censures douces
C'est le grand jour: le traité simplifié de l'Union européenne doit être signé solennellement à Lisbonne, jeudi 13 décembre, par les chefs d'Etat et de gouvernement, avec des stylos en argent personnalisés.
Ce traité a été salué en octobre dernier dans les journaux télévisés français comme une grande réussite.
Une réussite de l'Europe, mais aussi de la France, de son Président surtout, qui a su rebondir après le rejet du traité constitutionnel, par référendum, en 2005.
Les JT sur le traité simplifié
L'Union européenne "de nouveau en marche" sort enfin de "l'impasse". "Les eurosceptiques sont satisfaits", "chacun y voit une chance de sortir de la crise institutionnelle", le traité relance "le formidable mouvement européen", etc...
Le traitement télé de l'événement laisse une impression de victoire, d'avancée historique, et surtout d'un formidable consensus autour de ce traité.
Aucune voix discordante alors ?
Non.
Enfin, pas dans les JT.
Seule résonne une petite dissonance quand Benoît Hamon, député européen PS, annonce sa démission du poste de sécrétaire général du parti à l'Europe.
TF1 a décidé de ne pas trop s'attarder sur cette fausse note dans le beau concert européen :
TF1 : démission Benoît Hamon
Pas un mot du démissionnaire, pour expliquer sa démission. On pouvait tout de même en savoir un peu plus en regardant France 2 et France 3, qui donnaient la parole à ceux qui n'étaient pas plus convaincus par ce traité qu'il ne l'étaient par le projet de Constitution : Henri Emmanuelli, ou Jean-Luc Mélenchon.
Mais ce traité simplifié semble tellement formidable qu'on peine à croire qu'on puisse y être opposé. Seule France 2 donnait une bribe d'explication :
Traité simplifié : comparaison Constitution
98 % du texte du traité constitutionnel, rejeté massivement par les Français, demeure dans le nouveau traité. La différence majeure réside donc dans la manière donc ce texte va être adopté. Exit le référendum, ce sera par voie parlementaire.
Pour autant, les journaux télévisés ne donnent pas davantage la parole aux ex-partisans du "non", susceptibles d'émettre des critiques à l'égard de ce traité simplifié. Comme en 2005, et comme en 1992 pour le traité de Maastricht, les JT présentent toujours les traités européens comme de grandes avancées et leur réservent un traitement des plus positifs.
Et ce, en toute bonne conscience.
Presque naturellement.
C'est naturellement, que le camp du "oui" est le camp du Bien, et que le "non" incarne le Mal.
Souvenez-vous, c'était en mai 2005 dans Arrêt sur images :
Arrêt sur images, referendum 2005
"Merci de faire cette campagne!" lance Thomas Hugues à la fin de l'interview d'une illlustre "ouiste", qui pourtant à l'époque était tenue par le devoir de réserve imposé aux membres du Conseil constitutionnel...On ne peut pas dire que les journalistes essayaient de dissumuler leur parti-pris.
Nous avions comptabilisé en 2005 la part des représentants du Oui dans le total des intervenants à la télévion, du 1er janvier au 31 mars :
Et sur l'ensemble des journaux télévisé du 1er au 30 avril :
Comme aujourd'hui, les journaux télévisés n'avaient pas imaginé, dans un premier temps, que l'on puisse s'opposer à ce texte et prendre le risque "d'enrayer la belle mécanique européenne". On constate une légère amélioration sur le deuxième graphique puisqu'il est devenu de plus en plus difficile pour les JT d'ignorer la fronde des partisans du Non. Et surtout, référendum oblige, les régles d'équité du CSA devaient s'appliquer.
Ce ne sera pas le cas pour le traité simplifié. Les journaux télévisés ne sont donc pas obligés de laisser la parole aux opposants au texte.
Ils sont pourtant toujours nombreux, que ce soit au sein du PS ou dans les autres partis, à l'extrême-droite ou à l'extrême-gauche. Mais il semble qu'il leur sera difficile d'expliquer en quoi, selon eux, ce texte est une mauvaise chose, ailleurs que sur Internet.
Aurélie Windels
Le 15 janvier dernier, avait été proposé, puisque chaque amendement au projet de loi constitutionnel officiel avait été refusé par la commission des lois avant même tout vote, une loi constitutionnelle indépendante de ce projet de loi qui disait simplement qu'une décision prise par référendum par le peuple français ne saurait être remise au suffrage à l'identique, autrement que via le référendum. Il fut amusant de voir combien qui s'étiquetèrent démocrates (je pense particulièrement à ces sociaux-démocrates ou ces tenant de feu une union pour la démocratie française ou un temps d'un mouvement démocrate) refusèrent ce texte qui ne fait que reconnaitre un fait objectif, le suffrage universel est plus représentatif de la nation que le vote d'une assemblée issue du suffrage universel. Que reconnaitre au peuple souverain son importance.
La loi était exprimée ainsi :
PROPOSITION DE LOI CONSTITUTIONNELLE
Article unique
L’article 11 de la Constitution est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque le référendum a conclu au rejet d’un projet de loi, tout nouveau projet de loi contenant des dispositions analogues ou autorisant la ratification d’un traité contenant des dispositions similaires à celles du traité ayant fait l’objet de la consultation, doit être soumis au référendum ».
J'invite à lire l'exposé des motifs, qui précède cette proposition de loi, il est éclairant sur l'ensemble des défauts du traité de Lisbonne, les même que ceux du TCE.
http://www.assemblee-nationale.fr/13/pr ... on0560.asp
140 courageux répondirent à cet honneur fait au peuple, parmi eux, il faut les remercier, même des tenants du "oui".
140 députés pour le référendum : mieux que «les 80»
Ils ont été 140 députés à soutenir la proposition communiste d'un référendum sur le traité de Lisbonne. 140 contre 176. C'est dire que ces 140 ont fait mieux que «les 80», qui, le 10 juilet 1940, ont refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Ils ont sauvé l'honneur de la démocratie et, soit dit en passant, l'honneur de la gauche. Gloire à ses braves !
Si les principaux dirigeants du PS ne s'étaient pas résignés à l'adoption parlementaire du traité de Lisbonne, il eut été possible d'imposer le référendum et d'infliger un désaveu mérité à Nicolas Sarkozy. Ne voit-on pas en effet Mme Merkel se déclarer très sceptique quant à une réunion, cet été, des pays de l'euroland à propos de l'euro ? Ces réticences allemandes mettent d'autant plus en valeur la faute commise par le président de la République en ne s'appuyant pas sur le Non français du 29 mai 205 pour renégocier la politique monétaire européenne.
Jean-Pierre Chevènement
Proposition référendum sur UE : des «braves» ont «sauvé l'honneur» (Chevènement)
Dépêche AFP, mercredi 16 janvier 2008, 20h35.
L'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement (MRC) a salué mercredi les "braves" qui ont "sauvé l'honneur de la démocratie" en approuvant mardi la proposition de loi visant à un référendum pour la ratification du traité de Lisbonne.
"Ils ont été 140 députés à soutenir la proposition communiste d'un référendum sur le traité de Lisbonne. 140 contre 176. C'est dire que ces 140 ont fait mieux que 'les 80', qui, le 10 juillet 1940, ont refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain", déclare M. Chevènement dans un communiqué.
"Ils ont sauvé l'honneur de la démocratie et, soit dit en passant, l'honneur de la gauche. Gloire à ces braves!", lance-t-il.
"Si les principaux dirigeants du PS ne s'étaient pas résignés à l'adoption parlementaire du traité de Lisbonne, il eût été possible d'imposer le référendum et d'infliger un désaveu mérité à Nicolas Sarkozy", juge-t-il.
"Ne voit-on pas en effet" la chancelière allemande Angela Merkel "se déclarer très sceptique quant à une réunion, cet été, des pays de l'euroland à propos de l'euro? Ces réticences allemandes mettent d'autant plus en valeur la faute commise par le président de la République en ne s'appuyant pas sur le non français du 29 mai 2005 pour renégocier la politique monétaire européenne", selon lui.
L'Assemblée nationale a rejeté mardi la voie du référendum pour la ratification du traité de Lisbonne, en repoussant une proposition de loi constitutionnelle PCF visant à consulter directement le peuple sur ce traité simplifié après le non français du 29 mai 2005.
L'Assemblée a adopté mercredi la révision de la Constitution, préalable à la ratification du traité européen, par 304 voix pour, 77 contre et 95 abstentions, principalement les socialistes.
La liste complète n'existe malheureusement point car ce n'était pas un vote solennel (on a donc que les noms les votes dissidents au vote officiel du groupe parlementaire)
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr ... .asp#P9_31
Ce même jour, ils furent hélas beaucoup moins pour voter oui à la questions préalable (qui fut fatale en son temps à la CED) de MM. Dupont-Aignan, ou à l'exception d'irrecevabilité et la motion de renvoi en commission du PCF.
En revanche les noms des 77 députés braves parmi les braves, existent bien dans les tablettes de l'Assemblée nationale (puisque ce fut un vote solennel) :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/sc ... jo0079.asp
Voici ce qu'écrivait il y a quelques semaines, un internaute à ce sujet:
L'Assemblée nationale a adopté mercredi 16 janvier la révision de la Constitution française préalable à la ratification du traité européen de Lisbonne. Le texte a été voté par 304 voix pour et 77 contre. Voici les noms de ces derniers.
2 députés UMP ont voté contre : MM. Franck Marlin et Jacques Myard.
51 députés PS ont voté contre : MM. Jean Paul Bacquet, Gérard Bapt, Claude Bartolone, Jacques Bascou, Christian Bataille, Thierry Carcenac, Bernard Cazeneuve, Jean Paul Chanteguet, Pierre Cohen, Frédéric Cuvillier, Marc Dolez, Jean Pierre Dufau, Jean Louis Dumont, Jean Paul Dupré, Christian Eckert, Henri Emmanuelli, Laurent Fabius, Mme Martine Faure, MM. Michel Françaix, Jean Claude Fruteau, Jean Glavany, Daniel Goldberg, Christian Hutin, Mme Françoise Imbert, MM. Serge Janquin, Régis Juanico, Mmes Marietta Karamanli, Conchita Lacuey, MM. Jérôme Lambert, Jean Launay, Jean Yves Le Bouillonnec, Mme Catherine Lemorton, MM. Jean Claude Leroy, Serge Letchimy, Jean Mallot, Mme Marie Lou Marcel, MM. Philippe Martin, Jean Michel, Arnaud Montebourg, Alain Néri, Christian Paul, Jean Claude Perez, Philippe Plisson, Mmes Marie Line Reynaud, Chantal Robin Rodrigo, M. Patrick Roy, Mme Odile Saugues, MM. Michel Vauzelle, Michel Vergnier, Alain Vidalies et Jean Michel Villaumé.
21 députés communistes ont voté contre : Mme Marie Hélène Amiable, M. François Asensi, Mmes Huguette Bello, Martine Billard, MM. Alain Bocquet, Patrick Braouezec, Jean Pierre Brard, Mme Marie George Buffet, MM. Jean Jacques Candelier, André Chassaigne, Jacques Desallangre, Mme Jacqueline Fraysse, MM. André Gerin, Pierre Gosnat, Maxime Gremetz, Jean Paul Lecoq, Alfred Marie Jeanne, Roland Muzeau, Daniel Paul, Jean Claude Sandrier et Michel Vaxès.
3 députés non-inscrits ont voté contre : Mme Véronique Besse, MM. Nicolas Dupont Aignan et François Xavier Villain.
Je veux remercier ces 77 députés. Je veux leur rendre hommage. Je veux leur souhaiter bonne chance pour les prochaines élections municipales et cantonales.
Quant aux autres, je leur donne rendez-vous aux prochaines élection
Si cette question est si décisive à mon coeur et au coeur de nombreux citoyen c'est parce qu'il s'agit d'un triple renoncement à la démocratie.
- Un renoncement à la démocratie parce que la démocratie est basée sur la séparation des pouvoirs. C'est pourtant l'exécutif que sont les 25 gouvernements qui ont rédigé la règle du jeu alors que ce rôle en revenait au législatif. Il arrive dans les démocraties que l'exécutif rédige un projet mais il est ensuite modifié par le législateur. Là c'est bien l'exécutif qui est l'auteur unique du texte, sans que le législateur ait le dernier mot, puisse l'amender. Imagine-t-on un chef d'état (l'exécutif) rédiger lui-même les institutions.
- Un renoncement à la démocratie parce que la France, comme chaque état, a renoncé à la souveraineté du "peuple souverain" non au bénéfice d'une institution démocratique, cela aurait été acceptable, mais au bénéfice d'une institution qui n'est qu'une apparence de démocratie.
Nommée par les gouvernements (qui se dédouanent de toute responsabilité alors qu'ils nomment des proches), la commission, sans aucune représentation démocratique a tous les pouvoirs. Elle peut représenter autant de fois, sans changement un même projet, même si il a été refusé dans les lectures précédentes, avec des conditions de vote de plus en plus avantageuse (alors que dans les premières lectures il faut seulement la majorité des présents pour qu'un texte soit refusé, il faut dans les lectures suivante, la majorité des présents et absents, par exemple pour le refuser, le texte étant autrement automatiquement adopté)
La construction européenne telle qu'elle est construite est une dictature éclairée des élites. Le parlement est fantoche, la commission impose ses projets sans aucun contrôle démocratique. Et ne sont nommés en ces commissions que des personnes convaincues de l'idéologie libérale (cela ne pourrait être autrement, cette politique est inscrite en plusieurs traités.. Mais alors à quoi sert la démocratie si les politiques sont écrites, quelque soit les élections..), et ils ne le seraient pas que les fonctionnaires technocrates (non élus eux aussi, mais encore moins nommés) les convaincrait du bien-fondé.
- Un renoncement à la démocratie parce que (et n'importe qui pourra y être sensible), comment penser que le citoyen retrouvera jamais confiance en la politique, se sentira jamais représenté, entendu en cette construction européenne, quand lorsqu'il s'est exprimé avec force, on piétine ainsi sa voix. Comment les citoyens pourraient retrouver confiance en leurs représentants quand ils méprisent ainsi le suffrage universel. Tout est fait finalement pour faire grandir cette défiance vis à vis de
Pour me résumer, le discours de Chevènement samedi dernier devant une salle qui rassemblait des milliers de démocrates de droite comme de gauche.
Les parlementaires qui diront « non » le 4 février à Versailles prendront date pour l'avenir
Intervention de Jean-Pierre Chevènement au rassemblement du Comité national pour un référendum (CNR) samedi 2 février, Paris (Halle Carpentier).
Nous sommes réunis ici pour défendre la souveraineté populaire. Celle-ci et la démocratie sont en effet une seule et même chose.
Les parlementaires réunis à Versailles, après demain 4 février 2008, auront à répondre à une question simple : peuvent-ils désavouer le peuple qui s'est prononcé, le 29 mai 2005, à 55% contre le projet de constitution européenne ?
Car il n'est pas vrai, comme l'a prétendu M. Sarkozy, que le traité de Lisbonne soit un traité « simplifié » et moins encore un « mini-traité ».
Ce subterfuge ne peut tromper personne. M. Giscard d'Estaing n'a-t-il pas lui-même déclaré le 17 juillet 2007, devant le Parlement européen, que le traité de Lisbonne n'apportait que « des changements cosmétiques à la Constitution européenne pour qu'elle soit plus facile à avaler » ? En vérité, nos dirigeants se moquent du peuple.
Alors, comment les représentants du peuple pourraient-ils couvrir une forfaiture par une autre ? Car ils auront à se prononcer lundi 4 février non sur le traité de Lisbonne mais sur une question préjudicielle : accepteront-ils la modification de la constitution qui rendra possible la ratification de Lisbonne par sa voie parlementaire ? Ils peuvent très bien mettre obstacle à ce déni de démocratie : il suffit que 2/5 des suffrages exprimés se prononcent contre le projet de révision constitutionnelle préalable. Cette minorité de blocage existe au sein du Congrès, pour peu que les parlementaires se souviennent des engagements qu'ils ont pris à travers les candidats qu'ils ont soutenus à l'élection présidentielle. Accepter la révision constitutionnelle préalable, ce serait pour le Parlement couvrir l'intention du Président de la République de s'asseoir sur le suffrage universel. Il piétinerait à son tour la démocratie et ajouterait une forfaiture à une autre forfaiture.
Car comment qualifier autrement le vote de ceux qui, ayant soutenu la candidature de Ségolène Royal et celle de François Bayrou, viendraient à voter au Congrès le projet de révision constitutionnelle, ou –comble d'hypocrisie !- à s'abstenir, en permettant ainsi à M. Sarkozy de réunir les 3/5 des suffrages exprimés requis par l'article 89 de la Constitution ?
Malheureusement, à l'heure qu'il est, nous savons que le 16 janvier 2008 à l'Assemblée nationale, seulement 50 députés socialistes, 21 communistes, 2 UMP, 3 non inscrits et un député MRC, Christian Hutin, soit au total 77 députés, ont voté contre le projet de révision constitutionnelle, contre 304 qui l'ont approuvé.
Je veux remercier ces 77 députés, je veux leur rendre hommage et leur souhaiter de continuer leur valeureux combat. Il ne sera pas sans lendemain.
Mais je veux aussi m'adresser aux autres : comment ne voient-ils pas que leur absence de courage – s'ils ne reprenaient pas leur vote- minerait la confiance qui leur a été faite et la démocratie elle-même ? Ils abaisseraient le Parlement et creuseraient encore plus le fossé entre le peuple et les élites dirigeantes. Et l'Europe, quelle légitimité aurait la poursuite de sa construction, dès lors qu'eux, les représentants du peuple français se seraient assis sur sa volonté ? Et si des parlementaires de gauche devaient, en s'abstenant, continuer à servir la soupe à M. Sarkozy, au nom d'une idéologie européiste déconnectée de la démocratie voire contraire à elle, comment pourraient-ils faire croire demain qu'une opposition républicaine puisse encore s'incarner en eux ?
A l'inverse, ceux qui résisteront à Versailles le 4 février ne sauveront pas seulement l'honneur. Ils seront plus nombreux d'ailleurs que les quatre-vingts qui ont refusé les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940 ! Ils incarneront l'avenir. Car c'est toujours de la République qu'il s'agit !
Ouvrons les yeux : M. Sarkozy est de plus en plus prisonnier de la contradiction qu'il creuse entre d'une part son volontarisme affiché, les promesses fallacieuses qu'il multiplie tous azimuts pour une « Europe qui agit et qui se protège » -je le cite- et d'autre part les verges qu'il donne pour se faire battre en souscrivant aux engagements de Lisbonne.
Car on ne nous fera pas croire que les textes n'ont pas d'importance : dans une Europe à 27 où la France ne pesera plus que les ¾ de l'Allemagne en raison des nouvelles règles de pondération des votes au Conseil, et où, par conséquent la parité fondatrice entre nos deux pays aura été rompue au détriment de l'équilibre nécessaire au progrès de la construction européenne, la voix de la France sera étouffée, voire réduite au silence.
Les initiatives de sa diplomatie seront bridées par la nécessité d'une consultation préalable du Conseil européen. Ce qui a été possible en 2003, le refus de cautionner l'invasion de l'Irak ne le sera plus aux termes des articles 17bis et 19 du nouveau traité car la France n'ira jamais contre les Etats-Unis et l'Union européenne coalisés. Aussi bien la défense européenne est-elle réduite à l'OTAN.
Lisbonne est un mauvais coup pour la démocratie : d'immenses domaines relèveront désormais de trois instances oligarchiques : la Commission européenne, la Banque Centrale Européenne, et la Cour de Justice de l'Union.
Quand la démocratie recule, les droits des travailleurs reculent avec elle. Dans un espace sans frontières élargi, aux termes du protocoles n°6, par le principe de la « concurrence libre et non faussée », plus que jamais les territoires et les mains d'œuvres seront mis en concurrence, entraînant délocalisations, chômage, stagnation des salaires et du pouvoir d'achat, démantèlement de la protection sociale, d'autant que la politique monétaire continuera d'être régie par une Banque Centrale entièrement déconnectée du suffrage universel. Ce n'est pas, comme le rapporte Homère, sur le dos de Jupiter ayant pris la forme d'un taureau que l'Europe a été enlevée mais sur celui d'un canard sans tête ayant usurpé le visage de M. Trichet.
En échange de toutes les concessions qu'il a faites à Lisbonnes, M. Sarkozy n'a rien obtenu parce qu'il a refusé de s'appuyer sur le « non » qu'avait exprimé le peuple français le 29 mai 2005.
En revanche, les parlementaires qui diront « non » le 4 février à Versailles prendront date pour l'avenir. Leur résistance préparera la libération. La libération de la République ! Et un jour, celle de l'Europe elle-même !
Ce jour, au Congrès, j'ai entendu un discours très juste et très fort de la représentante d'un des groupes du Sénat. Je le reproduirai dès que possible.
Hugues
(Il y a quelques instants le Congrès modifiait la constitution par 560 voix pour. Il ne reste que la formalité du vote à l'Assemblée et au Sénat cette semaine)