La "constitution" européenne (analyse page 8)

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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Dr Renard le 21 Déc 2007, 13:10

Cortese a écrit:J'avais imaginé le traumatisme psychologique résultant d'une histoire fictive : une sorte de Viking blond aux yeux bleus qui aurait conquis le Congo, par exemple, et qui devenu roi se serait approprié un harem de 200 beautés noires. Et bien, selon les lois de la génétique, la totalité des centaines d'enfants qu'il aurait eu de ces femmes là seraient tous intégralement noirs. Dans une pensée pré scientifique (qui nous modèle encore très largement, on n'efface pas 100 000 ans d'histoire de l'humanité d'un revers de main), quelle mythologie serait née à partir d'un évènement de ce genre (qui s'est sans doute produit à des échelles plus ou moins grandes, et pas uniquement avec des noirs, mon exemple était volontairement extrême) ?

Je modère ceci, particulièrement sur la couleur de la peau parce qu'il existe plusieurs dizaines de gènes qui ont une influence sur celle-ci, certains étant dominant et d'autres récessifs, on aurait un panachage un peu plus vaste que juste 100% de noirs. Par contre on n'aurait aucun blanc, blond aux yeux bleus, c'est certain. Mais pour un blanc je pense qu'effectivement les petits métisses seraient simplement des noirs.
Bref, l'idée de base est sans doute juste.

J'ajoute aussi que dans le cas d'une telle mixité entre 2 populations, l'une blanche, blonde aux yeux bleus, et l'autre noire, dès la seconde génération on retrouverait des petits blancs, blonds aux yeux bleus. Les gènes ne seraient pas perdus.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Dr Renard le 21 Déc 2007, 13:20

Cortese a écrit:Bien sur, les gènes récessifs, peuvent s'exprimer à nouveau dans les générations ultérieures. Noah, marié à une Nordique, avait pour mère une blanche (si je ne m'abuse), donc si deux gènes récessifs se retrouvent associés, les gènes "blancs" réapparaitront. mais globalement, la population purement blanche ne peut se maintenir en grand nombre qu'en évitant les croisements.

Non, si le nombre d'individus est suffisamment grand on arriverait à un équilibre stable avec un certains pourcentage d'individus de type blanc, un pourcentage d'individus de type noirs, et comme il s'agit d'un ensemble de caractères mettant en jeu un grand nombre de gènes, toute une panoplie de métissages possibles.
C'est, me semble t-il, un peu se qu'il s'est passé au Brésil, non?

En Afrique Occidentale, on rencontre parfois des noirs aux yeux verts. Il faut savoir que la région a été conquise par des mercenaires espagnols au service du Sultan du Maroc, et s'y sont taillés des fiefs.

Si l'on ne considère que ce gène, c'est un exemple de ce que je disais.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Cortese le 21 Déc 2007, 13:22

Dr Renard a écrit:
Cortese a écrit:J'avais imaginé le traumatisme psychologique résultant d'une histoire fictive : une sorte de Viking blond aux yeux bleus qui aurait conquis le Congo, par exemple, et qui devenu roi se serait approprié un harem de 200 beautés noires. Et bien, selon les lois de la génétique, la totalité des centaines d'enfants qu'il aurait eu de ces femmes là seraient tous intégralement noirs. Dans une pensée pré scientifique (qui nous modèle encore très largement, on n'efface pas 100 000 ans d'histoire de l'humanité d'un revers de main), quelle mythologie serait née à partir d'un évènement de ce genre (qui s'est sans doute produit à des échelles plus ou moins grandes, et pas uniquement avec des noirs, mon exemple était volontairement extrême) ?

Je modère ceci, particulièrement sur la couleur de la peau parce qu'il existe plusieurs dizaines de gènes qui ont une influence sur celle-ci, certains étant dominant et d'autres récessifs, on aurait un panachage un peu plus vaste que juste 100% de noirs. Par contre on n'aurait aucun blanc, blond aux yeux bleus, c'est certain. Mais pour un blanc je pense qu'effectivement les petits métisses seraient simplement des noirs.
Bref, l'idée de base est sans doute juste.

J'ajoute aussi que dans le cas d'une telle mixité entre 2 populations, l'une blanche, blonde aux yeux bleus, et l'autre noire, dès la seconde génération on retrouverait des petits blancs, blonds aux yeux bleus. Les gènes ne seraient pas perdus.


Bien sur, j'ai beaucoup simplifié la question, mais il faut préciser aussi que le nombre de petits blancs serait réduit. Et puis surtout que le cadre de mon intervention est celui de psychologie et de la mythologie. Mon Viking va inévitablement penser que la population qu'il a soumise a "souillé" sa "race" de dominateur.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Dr Renard le 21 Déc 2007, 13:23

PS: pour Noah, tu as tout a fait raison, mais si l'on regarde la couleur de sa peau, il est loin d'être aussi noir que son père. Pour un blanc, il est sans aucun doute noir, mais pour père, l'est-il réellement?
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Messagede Cortese le 21 Déc 2007, 13:26

Dr Renard a écrit:PS: pour Noah, tu as tout a fait raison, mais si l'on regarde la couleur de sa peau, il est loin d'être aussi noir que son père. Pour un blanc, il est sans aucun doute noir, mais pour père, l'est-il réellement?


Ce qui importe dans le rapport de force "ethno-politique", c'est que Noah est considéré comme un Noir par l'ethnie (archi)dominante.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Dr Renard le 21 Déc 2007, 13:30

Cortese a écrit:Bien sur, j'ai beaucoup simplifié la question, mais il faut préciser aussi que le nombre de petits blancs serait réduit. Et puis surtout que le cadre de mon intervention est celui de psychologie et de la mythologie. Mon Viking va inévitablement penser que la population qu'il a soumise a "souillé" sa "race" de dominateur.

Oui, j'avais bien compris, c'est pourquoi je précisais que ça ne changeait rien à l'idée fondamentale.

D'ailleurs ça me fait pensé que dans nos histoires de "blancs", lorsqu'un petit enfant dans une tribu africaine né blond aux yeux bleus il devient généralement le chef ou même le roi. Il parait beaucoup plus difficile d'imaginer qu'un petit noir né en Europe devienne roi.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Mufasa le 21 Déc 2007, 15:37

Merci Cortese et Hollandais. J'y connais rien en génétique, donc je suis un peu moins con ce matin. :oops: À première vue les termes "dominants" et "récessifs" m'apparaîssaient politiquement incorrects (mais il n'en est rien), c'est pour ça que j'ai relevé. :oops: Quoique peut-être les Américains vont finir par remplacer les termes !
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Cortese le 09 Jan 2008, 00:50

Un bouquin sort, des infos intéressantes sur la genèse de l'"Europe", protectorat américain.

http://www.bakchich.info/article2289.html
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Stéphane le 09 Jan 2008, 01:44

Je suis allé voir l'expo "C'est notre histoire", vraiment pas mal, on sort de là avec une impression d'être Européen.
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede von Rauffenstein le 09 Jan 2008, 03:45

Cortese a écrit:Un bouquin sort, des infos intéressantes sur la genèse de l'"Europe", protectorat américain.

http://www.bakchich.info/article2289.html

Oué. Le POE et tout ça. Si c'était pas le POE (qui n'était qu'une officine chamaliéroise), c'était le PC qui prenait ses ordres à Moscou (qui lui, n'était pas une officine).

La France a été atlantiste jusqu'en 1966 (bloc occidental). Et a ensuite essayé de tailler la route seule mais c'était hors de sa portée financière en Europe.

Mais une chose est sûre. La bombe a toujours été destinée aux rouges, y compris s'ils s'aventuraient sur le sol allemand. Portée des missiles entre 150 km (pluton, arme tactique) et 3500 km (S3 du Plateau d'Albion, arme stratégique) du temps de la guerre froide. Pas vraiment destinés à être tirés sur les yankees.

Et d'ailleurs la dissuasion française fut peut-être la seule vraiment effective durant la guerre froide,et la seule a peut-être avoir évité un déferlement rouge sur l'Europe occidentale ; les doctrines d'emplois étant clairement les plus aggressives de toutes les doctrines confondues, soviétiques, américaines et anglaises. Le pluton était destiné à être tiré presqu'immédiatement en cas d'assaut soviétique sur l'Allemagne et au cas où elles engageraient les FFA.

Ce qui d'ailleurs n'a pas été sans faire frémir d'horreur nos amis les doriphores.
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Frédéric le 09 Jan 2008, 17:12

Reste à savoir si le risque de déferlement rouge sur l'Europe de l'Ouest tenait de la réalité ou du fantasme.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede von Rauffenstein le 09 Jan 2008, 18:31

Frédéric a écrit:Reste à savoir si le risque de déferlement rouge sur l'Europe de l'Ouest tenait de la réalité ou du fantasme.

Les SS20 sont à l'Est et les pacifistes à l'Ouest.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Cortese le 09 Jan 2008, 21:42

von Rauffenstein a écrit:
Frédéric a écrit:Reste à savoir si le risque de déferlement rouge sur l'Europe de l'Ouest tenait de la réalité ou du fantasme.

Les SS20 sont à l'Est et les pacifistes à l'Ouest.


Peut être que les Soviétiques se souvenaient de la façon dont les puissances occidentales étaient intervenues sur leur territoire au début de la révolution.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede von Rauffenstein le 09 Jan 2008, 22:16

Cortese a écrit:
von Rauffenstein a écrit:
Frédéric a écrit:Reste à savoir si le risque de déferlement rouge sur l'Europe de l'Ouest tenait de la réalité ou du fantasme.

Les SS20 sont à l'Est et les pacifistes à l'Ouest.


Peut être que les Soviétiques se souvenaient de la façon dont les puissances occidentales étaient intervenues sur leur territoire au début de la révolution.

A la demande des Russes blancs. Troupes occidentales qui ont vite compris à quels lascars archaïques ils avaient eu affaire et qui les ont laissé tomber. Non, moi je pense que c'est plutôt le souvenir de 41 qu'ils avaient en mémoire.

Néanmoins, leur armée était une armée offensive avec une doctrine emminement offensive quand les occidentaux, conscient de leur infériorité numérique, avaient élaboré des doctrines de défense et des armes capables de traiter plusieurs cibles à la fois.

Ainsi, dans le domaine des chars, qui est un peu mon petit jardin secret, on constate que chaque pays occidental a développé un modèle qui était adapté à son milieu. Les britanniques qui auraient du combattre en milieu urbain avait développé des modèles extrêmement bien blindés de toute part (ce qui paradoxalement aura pour conséquence d'assurer la survie des équipages plus tard, en Irak, quand ils tomberont dans des pièges à con et autres embuscades à 14/15 rpg à bout portant) avec à l'autre bout du spectre, les Français qui ont développé un modèle extrêmement mobile et compact, taillé pour le combat en champs et forêt. Donc des modèles adaptés au milieu dans lequel il devait attendre les rouges et non des modèles adaptés à un milieu qu'il devait investir. Ce qui explique leur disparité en terme de capacités techniques et opérationnelles.

Et si tu avais vécu un peu dans les années 80 en Europe, tu saurais qu'il n'avait jamais été question d'attaquer les popovs mais au contraire de les attendre éventuellement, en développant tout un tas d'armes défensives (cas des missiles antichar "à poste", qui ne sont pas des armes mobiles par définition).

La légende des nostalgiques de l'ordre rouge quant aux capacités offensives des armées occidentales en Europe vient des analyses qu'ont fait Boyle et compagnie dans les années 70 sur la guerre aérienne en tentant d'apporter une réponse à la question angoissante : comment faire pour ne pas perdre face à un adversaire masif qui va pratiquer le blietzkrieg ? En développant l'arme aérienne dans une boucle décisionnelle constante de type elle-même blitzkrieg (Observer, Orienter, Décider et Agir)
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Maverick le 10 Jan 2008, 13:00

Étienne Chouard : les traités européens servent les intérêts de ceux qui les écrivent
par Silvia Cattori*


En 2005, un Français comme les autres, Étienne Chouard, professeur au lycée Marcel Pagnol de Marseille, a présenté sur son blog ses analyses du projet de Traité constitutionnel européen. Au cours de la campagne référendaire, son site suscite un véritable engouement et devient l’un des plus fréquentés de France. Tranchant avec l’opacité des discours officiels, la simplicité de ses argumentaires touche un vaste public pour qui « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ». Silvia Cattori a rencontré ce citoyen exemplaire qui revient sur le devant de la scène à l’occasion de la signature du mini-traité européen. Il raconte son parcours et décrit sa vision d’institutions selon lui dénaturées.

9 janvier 2008

Silvia Cattori : En consultant votre site internet on découvre, qu’en 2004, vous étiez favorable au Traité constitutionnel européen, mais qu’après en avoir étudié son contenu, vous avez radicalement changé d’avis. Pourriez-vous nous résumer les raisons de votre revirement ?

Étienne Chouard : Ma trajectoire est celle de quelqu’un qui faisait confiance aux politiciens. Je ne faisais pas de politique. Quand j’ai commencé à comprendre ce qu’étaient devenues les institutions européennes, je suis tombé de haut. Je me suis rendu compte que les hommes au pouvoir étaient en train d’écrire eux-mêmes les limites de leur pouvoir, qu’il y en avait pas ou peu, et qu’elles étaient écrites de façon à ce que nous ne comprenions rien.

Dans les institutions européennes, plus aucun acteur n’est responsable de ses actes devant les citoyens ; il y a quelques apparences de responsabilité, mais ce sont des faux semblants, des leurres.
Mais surtout, le Parlement ne compte pour rien dans les institutions : il n’a pas l’initiative des lois, il ne participe à l’élaboration de la loi que sous la tutelle (la surveillance ?) du Conseil des ministres qui s’est promu co-législateur au mépris de la plus élémentaire et indispensable séparation des pouvoirs, et encore, pas dans tous les domaines ! En effet, il y a des domaines soumis à ce qu’on appelle les « procédures législatives spéciales », une vingtaine, dont on n’affiche la liste nulle part, et dans lesquels le Conseil des ministres décide seul, sans le Parlement. Le saviez-vous ?

C’est impressionnant de voir le nombre d’institutions européennes non élues qui ont un pouvoir important et mal contrôlé.

La Banque centrale européenne, non plus, ne rend de comptes à personne. C’est extravagant, la façon dont cela a été écrit : on voit bien, on voit partout, que ce sont des ministres qui ont écrit ces règles sur mesure, pour eux-mêmes.

En regardant bien, on s’aperçoit même que ces institutions ont été écrites plus pour l’intérêt des banques et des multinationales que pour l’intérêt général. On peut se demander pourquoi.

Quand on lit le livre de Jean-Pierre Chevènement, on découvre que Jean Monet, cette icône, ce symbole de l’Europe, ce quasi saint pour les « eurolâtres », était un banquier français qui vivait aux États-Unis et qui s’était imprégné de leurs valeurs. En fait, il avait conçu et construit l’Union européenne pour affaiblir l’Europe, pour empêcher les souverainetés populaires de se reconstruire après la guerre. Il l’écrit lui-même ! C’est consternant !

Quand on lit les traités européens avec ces lunettes, ils ressemblent à cette vision-là de Monet : ces institutions permettent aux multinationales d’écrire le droit et interdisent aux parlements nationaux et aux peuples de s’y opposer. C’est un régime inacceptable ; pourtant, Monet et ses fidèles nous l’ont imposé par voie de traités depuis 50 ans sans que le peuple n’ait jamais vraiment son mot à dire.

Il y a eu un simulacre de débat sur Maastricht ; je vous rappelle, qu’alors, on n’a absolument pas parlé d’institutions ; on a parlé de monnaie, certes, mais même pas de ce qui compte le plus en matière monétaire : on ne nous a rien dit, notamment, de l’abandon total de la création monétaire aux banques privées (article 104) qui est pourtant un pur scandale, la cause majeure de la dette publique qui asphyxie nos États et une cause importante du chômage endémique qui asphyxie nos économies.

En 1992, on ne nous a invités à débattre que de l’indépendance de la Banque centrale et de la nouvelle monnaie unique, qui sont sans doute de bonnes choses. Mais, de la faiblesse du Parlement, de la confusion des pouvoir, de l’indépendance des juges, de l’impuissance des citoyens, de la révision sans référendum, de toutes ces honteuses et dangereuses institutions, on n’a pas du tout parlé. Du vote de Maastricht, on ne peut donc pas dire honnêtement qu’il cautionne les institutions.

Si on envisage l’ensemble de la construction européenne sur cinquante ans, les peuples n’ont donc finalement pas eu droit au moindre débat sur l’essentiel.

La seule fois où on nous a demandé vraiment notre avis, en 2005, la première fois où on nous a retiré le bâillon, on a crié « Non ! » Aussitôt, on nous a remis le bâillon et puis le viol a recommencé. Et on nous dit : « Vous n’en voulez pas, mais vous l’aurez quand même, par la voie parlementaire… »

2007 a donc confirmé ce que 2005 avait révélé : la méthode et le contenu du traité de Lisbonne confirment que l’on a une bande de violeurs aux manettes, et ce qui se passe là, c’est un coup d’État. C’est un coup de force. La définition du coup d’État, c’est un pouvoir exécutif qui ne se plie pas au suffrage universel. Nous y sommes.

Silvia Cattori : Tout cela a pu se faire car les citoyens ont abandonné leurs responsabilités et s’en sont remis naïvement à leurs représentants sans sans imaginer qu’ils pouvaient abuser de leurs pouvoirs et sans contrôler leur action.

Étienne Chouard : Oui. Le mensonge est partout et les gens honnêtes n’osent pas y croire. On parle d’un mini traité simplifié, qui n’est ni « mini », ni « simplifié ». Il faut lire trois mille pages maintenant pour savoir ce qu’il y a dans le traité de Lisbonne. C’est extrêmement compliqué. Il y a toutes sortes de renvois et tout ce qui était dans le traité de 2005 se retrouve ici. Même ce qu’ils ont dit vouloir retirer. L’hymne, ils vont le garder. Le drapeau va rester. La référence à l’euro va rester. Ils ont dit qu’ils retireraient le drapeau. Mais vous le croyez, qu’ils vont le retirer ? Ils ont retiré l’étiquette « constitution ». Mais sur une fiole de poison, qu’est-ce qui est dangereux ? L’étiquette ou le poison ? Quand on retire l’étiquette, est-ce que le poison est moins dangereux ?

On nous prend pour des imbéciles.

C’est une constitution, à l’évidence, mais une mauvaise constitution écrite par des gens qui ne devaient pas l’écrire. On a des élus, mais ce n’est pas à eux d’écrire la constitution. Je tiens à cette idée forte : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir ; ce n’est pas aux parlementaires, aux ministres, aux juges, d’écrire la constitution ; c’est à d’autres, à des gens désintéressés.

Il n’y a pas d’autre moyen, pour nous les simples citoyens, d’être protégés contre les abus de pouvoir, qu’une Assemblée constituante, mais attention : surtout pas élue parmi les candidats des partis, car les partis ont de nombreux membres au pouvoir dont les amis écriraient à nouveau des règles pour eux-mêmes et on n’en sortirait pas.

Ce que Giscard lui-même a affirmé [1] de ce traité de Lisbonne devrait amener les 16 millions d’électeurs qui ont voté non à descendre dans la rue, car c’est le même traité que le précédent, illisible, et s’il est compliqué, Giscard dit que c’est pour rendre impossible le référendum ; Giscard dit aussi que tout ce qui tenait à cœur aux Conventionnels en 2004 se retrouve dans le traité de Lisbonne, sauf que c’est dans un ordre différent.

Ma conclusion est celle-ci : tout cela arrive parce que ceux qui écrivent les règles les écrivent pour eux-mêmes et qu’ils trichent.

Silvia Cattori : Aucun acteur n’a de compte à rendre ?

Étienne Chouard : Aucun ; les citoyens ne comptent pour rien. Ils n’ont aucun moyen de résister contre les abus de pouvoir dans ces institutions. Le seul bon moyen serait le référendum d’initiative populaire et nous ne l’avons pas. Je dirais même qu’on ne l’aura jamais si ce sont des représentants élus qui écrivent les règles. Le droit de pétition (de l’article 11 du traité de Lisbonne consolidé) n’a aucune valeur contraignante. On n’a pas besoin d’un article comme ça pour faire des pétitions : même si on le retirait, les gens pourraient toujours faire pétition.

Silvia Cattori : Le traité de Lisbonne ne comporte-t-il pas au moins un élément positif, par exemple la possibilité pour un État de sortir de l’Union européenne ?

Étienne Chouard : Oui, et cela existait déjà dans le TCE rejeté en 2005, et c’est repris, comme tout le reste.

Silvia Cattori : Dans ce cas de figure, comment un État qui le souhaiterait pourrait-il sortir de l’Union ? Cette procédure est-elle applicable ?

Étienne Chouard : Cela ne serait pas simple de sortir de l’Union européenne et cela coûterait très cher ; il y a beaucoup de rouages en œuvre ; il faudrait un gouvernement très déterminé. Cette situation de non-retour me fait penser à l’AGCS (l’Accord Général sur le Commerce des Services) d’où on ne peut pas sortir non plus : cet accord (négocié et signé sans nous en parler, dans le plus grand secret) a le même génome antidémocratique que l’Union européenne : ce sont les mêmes qui l’ont conçu, ce sont les mêmes intérêts qui sont servis : les multinationales et les banques.

À quoi sert l’AGCS ? À faire disparaître toutes les contraintes sur le commerce des services. Aujourd’hui, un État souverain peut encore interdire quantité d’abus pour se protéger contre les investisseurs prédateurs : quand une grande entreprise veut venir s’installer quelque part, le pays a ses propres règles pour défendre son droit social, son droit environnemental, son droit fiscal, ses ressources naturelles, etc.

Cela va disparaître : Les États, dans les négociations secrètes de l’AGCS, sont en train de s’interdire d’interdire (aux entreprises), les uns les autres : je ne t’interdis plus cela, mais toi, tu arrêtes de m’interdire ça… Les citoyens vont se retrouver nus, sans défense et personne n’en parle ! Tous les services publics sont menacés par ces mécanismes. Et cela est irréversible : les amendes que les États acceptent de devoir payer en cas de retrait ne sont pas payables, tellement elles sont prohibitives.

Les accords de l’AGCS sont donc négociés en secret par une personne seule : le commissaire européen au commerce extérieur… Une personne seule pour 480 millions de personnes négocie en secret des accords décisifs qui lèsent tout le monde de façon irréversible. C’est un pur scandale, c’est très grave.

Silvia Cattori : En voyant les chefs d’État et de gouvernement de l’Union signer le traité à Lisbonne qu’avez-vous ressenti ?

Étienne Chouard : L’impression d’être violenté, à l’évidence, et par ceux-là mêmes qui prétendent partout me défendre… L’impression d’être dans un piège contrôlé par des menteurs professionnels et des voleurs en bande. Ce qui me désole est que les gens ne soient pas du tout informés et ne se sentent donc pas concernés.

Silvia Cattori : Il y a un aspect très important qui est également peu présent dans le débat : la politique étrangère de l’Union ; la participation de ses principaux membres à des opérations militaires via l’OTAN. Or, là aussi, alors que les sondages montrent que les citoyens sont très majoritairement opposés à ces guerres illégales, ils sont totalement impuissants à les empêcher. Alors que les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak se révélent être des aventures coloniales, M. Sarkozy tente de resserrer les liens de l’Union européenne et des États-Unis dans la perspective d’un conflit avec l’Iran dans l’intérêt d’Israël. Que pensez-vous de cet aspect de l’Union ?

Étienne Chouard : On a l’impression que tout cela a été programmé depuis le début. Cela s’est fait de manière progressive. Le Non les a un peu ralentis mais, deux ans plus tard, les autorités font passer le traité en force. Et les citoyens ne réagissent pas, ce qui confirme sans doute les gouvernants dans l’opinion qu’ils ont tous les droits. L’ambiance est au pessimisme. Oui, ils peuvent enlever des enfants africains dans les écoles, oui ils peuvent aller faire la guerre au bout du monde. Il faut lire Alain Badiou (De quoi Sarkozy est-il le nom). Les critiques des médias ont été si virulentes contre ce livre que j’ai failli ne pas le lire. Je le trouve pourtant passionnant. C’est très bien analysé ; il dit bien que l’ambiance n’est pas au pétainisme, mais au néo pétainisme.

Il faut aussi lire François-Xavier Verschave (« De la Françafrique à la Mafiafrique , pour commencer) pour comprendre que la décolonisation n’a pas eu lieu.

Silvia Cattori : Votre réflexion rejoint celle que le sociologue Jean-Claude Paye a conduit à propos des libertés fondamentales dans l’Union [2]. Comme vous, il constate que les institutions ont été construites de telle façon que les décisions échappent aux citoyens.

Étienne Chouard : Effectivement, je ne suis pas le seul à le dire, loin de là, et en fait, tous ceux qui étudient honnêtement les institutions sont scandalisés et regrettent d’avoir trop fait confiance à leurs élus.

Silvia Cattori : Ces sommets, Lisbonne, le G 8, ne seraient donc que des mascarades où des dirigeants, entre festins et embrassades, prennent des décisions sans en référer à leurs mandants comme si on était dans un système dictatorial ?

Étienne Chouard : Ce n’est pas —encore— une dictature car, dans une dictature, il n’y a pas de liberté d’opinion ni d’expression. C’est donc plus soft que cela, c’est poli, c’est joli à voir, c’est en train de devenir totalitaire, mais il y a moins de prise à la critique, c’est plus difficile à condamner. Le discours mensonger, inversant les valeurs, Orwell l’annonçait fort bien dans 1984, consistait à dire « la guerre, c’est la paix », « le travail ; c’est la liberté », et le simple fait de le répéter retire des armes aux résistants potentiels. La manipulation par le langage fonctionne bien. Elle demande, de la part des résistants, une formation, un apprentissage de ces manipulations.

Silvia Cattori : Quels outils les partisans du non ont-ils pour vaincre ces obstacles ?

Étienne Chouard : Il y en a un qui sera peut-être assez fort : c’est une requête individuelle auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui ne fait pas partie de l’Union européenne mais dont l’Union a signé la Convention qu’elle doit donc respecter.

La Cour peut être saisie par une unique personne contre un État. C’est une cour qui protège les individus isolés.

Son argumentation est puissante (voyez le site 29mai.eu), je m’en sers déjà à tout propos. La requête consiste à attaquer l’État français pour violation de l’article 3 du protocole 1 de la Convention qui dit que les « hautes parties contractantes s’engagent à garantir à leurs citoyens des élections libres qui permettent un libre choix du corps législatif ».

En fait, notre corps législatif est désormais très largement européen. Et au niveau européen, est-ce que le corps législatif est élu ? Pour l’essentiel, non : nous n’avons pas le choix. Le corps législatif en France, ce n’est pas l’Assemblée nationale : 80 % des nouvelles lois qui s’appliquent en France sont des normes européennes automatiquement transposées dans notre droit national, sans vrai débat parlementaire.

Alors, qu’en est-il donc en Europe ?

Au niveau constituant d’abord, c’est une CIG (Conférence intergouvernementale, non élue) qui écrit et corrige les traités, c’est-à-dire la Constitution européenne (qui cache désormais son nom, hypocritement). Les parlements (les seuls qui soient élus) ne peuvent que ratifier ou pas les traités écrits par des non élus, en bloc : ils n’ont ni droit d’initiative, ni droit d’amendement : ils sont donc réduits à la portion congrue, alors que ce sont eux qui sont élus !

Au niveau constituant, donc, le pouvoir échappe aux élus.

Ensuite, les lois ordinaires européennes sont écrites par la Commission (non élue) qui a l’exclusivité et l’initiative des lois, et ces lois sont ensuite discutées et votées par le Conseil des ministres (non élu) en « codécision » avec le Parlement européen (le seul qui soit élu).

Mais —écoutez bien cela, c’est essentiel— il n’y a pas codécision sur tous les sujets : il y a une quantité de sujets où des non élus (Commission et Conseil) décident seuls de la loi européenne.

Ces domaines où les exécutifs écrivent ce que j’appelle des lois sans parlement (c’est plus clair que l’expression chafouine « procédures législatives spéciales ») sont soigneusement cachés, ils n’y a pas de liste : demandez donc à vos parlementaires ou à vos ministres ou à vos journalistes de vous dire quelques uns de ces domaines : ils ne les connaissent pas eux-mêmes (ou alors ce sont de vrais bandits de ne pas en parler clairement à tout le monde).

Cette stérilisation progressive du suffrage universel est une raison solide d’attaquer l’État français pour violation de la Convention européenne des droits de l’homme : nos propres représentants sont en train de vider nos votes de toute force : la démocratie agonise dans un décor factice de démocratie simulée.

Une seule requête suffit, mais en en envoyant des milliers, on crée une force politique en appui d’une requête juridique.

C’est gratuit. Si on perd, cela n’aura coûté que le timbre d’envoi.

De plus, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a intérêt à montrer quelle sert à quelque chose, et c’est un cas d’école (inédit) qui pourrait faire jurisprudence.

En tout cas, c’est le seul moyen dont nous disposons, nous : simples citoyens. Tous les autres moyens dépendent de nos représentants, parlementaires et ministres, qui ont montré qu’ils sont décidés à nous violer. Si on attend d’eux qu’ils nous défendent, on va attendre longtemps, c’est perdu d’avance.

Cette requête donne de l’espoir car la Cour peut bloquer le processus de ratification, le temps de décider sur le fond. Il me semble que c’est une arme puissante, nouvelle.

Silvia Cattori : Que dites-vous à ces citoyens suisses et norvégiens qui ont refusé jusqu’ici d’adhérer à l’Union européenne, généralement qualifiés d’« attardés qui refusent le progrès » par leurs détracteurs ?

Étienne Chouard : J’espère pour eux qu’ils vont continuer de résister. Je les envie, car j’ai l’impression que nous sommes enfermés par nos propres élus dans un piège épouvantable. Notre désindustrialisation a commencé et elle va à grand pas. On nous oblige à ouvrir nos frontières avec des pays qui ne respectent ni les droits du travail, ni les droits environnementaux, ni aucune des contraintes que nous imposons à nos propres entreprises en vertu du progrès social. Mis en concurrence déloyale avec des pays qui sont si peu comparables, on ne peut que continuer de dégringoler vers la ruine générale.

Ne riez pas : des pays ont déjà vécu cette descente aux enfers en appliquant ces mauvaises recettes : voyez le cas effrayant de l’Argentine, cobaye du néolibéralisme…

Silvia Cattori : Si on demandait aux citoyens s’ils veulent rester ou sortir de l’Union, que choisiraient-ils selon vous ?

Étienne Chouard : le coup d’État de Lisbonne me conduit à me demander s’il ne faut pas sortir de toute urgence de cette UE-MB (Union européenne des multinationales et des banques). Je commence effectivement à désespérer de changer l’UE, dont le programme génétique semble être conçu contre les peuples et contre la démocratie.

Peut-être faut-il sortir de cette UE-là pour construire enfin une vraie société européenne, voulue et défendue par les peuples concernés (et pas par leurs élites décalées).

Silvia Cattori : Pourquoi ne pas faire campagne pour en sortir carrément, si les chances de revenir sur le traité sont nulles ?

Étienne Chouard : Je n’ai pas encore renoncé à mon rêve européen de fraternité. Je voudrais que l’on recommence avec moins de pays à la place de ce monstre conçu par et pour les grandes corporations. Là on est en train de marier des peuples avec le consentement de leurs « pères ». Un mariage réussi et durable se fait forcément avec le consentement des peuples concernés.

Silvia Cattori : Les sociaux-démocrates ne portent-ils pas la principale part de responsabilité dans cette forme de construction européenne ? Jacques Delors n’a-t-il pas fait l’Europe du marché ?

Étienne Chouard : Jacques Delors et la plupart des leaders socialistes nous ont évidemment trompés, ils nous ont menti mille fois, et cette évidente trahison des chefs de la gauche est une catastrophe pour le pays.

Je leur faisais confiance, et très particulièrement à Jacques Delors : je me souviens du dernier jour avant le référendum de Maastricht : Jacques Delors nous avait parlé à la télévision ; il avouait qu’on n’avait encore pas « fait de social » jusque-là en Europe, mais il prenait date avec nous, solennellement, en nous regardant avec ses yeux bleus tristes et sincères, il nous a promis ardemment de commencer à « faire du social » dès le lendemain de notre vote Oui. Il nous l’a promis pour qu’on vote OUI. Quinze ans après, nous sommes plus que jamais en recul social sur tous les plans… J’ai l’impression d’avoir été trompé par un des hommes en qui je faisais le plus confiance. C’est triste et révoltant à la fois.

La chute est rude.

Silvia Cattori : Vous avez parlé d’abandon total de la création monétaire. Vous pouvez préciser de quoi il s’agit ?

Étienne Chouard : Il y a un rouage essentiel qui m’est apparu cette année. Je commence même à y voir le cœur du piège, le diamant central, le moteur de notre impuissance… C’est l’article 104 de Maastricht (qui est devenu l’article 123 du traité de Lisbonne).

Il dit ceci : « Les États n’ont plus le droit d’emprunter auprès de leurs banques centrales ». Pour le commun des mortels c’est incompréhensible.

De quoi s’agit-il ? Depuis des siècles, les États ont abandonné une partie de leur pouvoir de créer la monnaie aux banques privées : les banques ont obtenu des gouvernants, très certainement par corruption, le droit (fondamental) de créer la monnaie.

Mais au moins, jusqu’à une période récente (1974 en France), les États partageaient encore avec les banques privées le droit de créer la monnaie : quand un État avait besoin d’argent pour créer des voies ferrées, des logements ou des hôpitaux, l’État créait lui même sa monnaie, et il ne devait pas payer d’intérêts pendant les remboursements - ne relâchez pas votre attention et n’oubliez pas : c’est le point crucial, celui qui vous condamne aux travaux forcés au profit de rentiers oisifs.

C’est comme cela que l’État créait la monnaie : l’État empruntait auprès de sa banque centrale (qui créait cette monnaie pour l’occasion) et, au fur et à mesure où l’État remboursait cet emprunt, la Banque centrale détruisait cet argent, mais sans faire payer d’intérêts à l’État !

Depuis 1974 en France, à l’époque du serpent monétaire européen, l’État —et c’est sans doute pareil dans les autres pays européens— s’est interdit à lui-même d’emprunter auprès de sa banque centrale et il s’est donc lui-même privé de la création monétaire. Donc, l’État (c’est-à-dire nous tous !) s’oblige à emprunter auprès d’acteurs privés, à qui il doit donc payer des intérêts, et cela rend évidemment tout beaucoup plus cher.

Dans quel intérêt ? L’intérêt général ? Vous plaisantez, sans doute !

Je vous fais remarquer que, précisément depuis 1974, la dette publique ne cesse d’augmenter et le chômage aussi.

Je prétends que c’est lié.

Ce n’est pas fini : depuis 1992, avec l’article 104 du traité de Maastricht, cette interdiction pour les États de créer la monnaie a été hissée au plus haut niveau du droit : international et constitutionnel. Irréversible, quoi, et hors de portée des citoyens.

On ne l’a dit pas clairement : on a dit qu’il y avait désormais interdiction d’emprunter à la Banque centrale, ce qui n’est pas honnête, pas clair, et ne permet pas aux gens de comprendre. Si l’article 104, disait « Les États ne peuvent plus créer la monnaie, maintenant ils doivent l’emprunter auprès des acteurs privés en leur payant un intérêt ruineux qui rend tous les investissements publics hors de prix mais qui fait aussi le grand bonheur des riches rentiers, propriétaires de fonds à prêter à qui voudra les emprunter », il y aurait eu une révolution.

Ce hold-up scandaleux coûte à la France environ 80 milliards par an (*) et nous ruine année après année ; mais on ne peut plus rien faire.

Ce sujet devrait être au cœur de toutes nos luttes sociales, le fer de lance de la gauche et de la droite républicaines. Au lieu de cela, personne n’en parle. C’est consternant.

Silvia Cattori : C’est difficile pour le citoyen d’imaginer que leurs élus se compromettent tous à ce point. Finalement ce sont des citoyens isolés, qui comme vous, s’investissent de manière désintéressée, qui reprennent en main le débat que leurs élus ont abandonné.

Étienne Chouard : Il y a des gens qui se battent. Maurice Allais, prix Nobel d’économie, tempête contre la création monétaire abandonnée aux banques privées ; il proteste énergiquement et affirme que c’est une honte, que les banques privées se comportent (parce qu’on les y autorise) comme des faux monnayeurs et que cela nous ruine. L’esprit libre Maurice Allais dit aussi que les multinationales qui nous imposent ce grand marché dérégulé sont malfaisantes. L’ultra libéral Maurice Allais dénonce la « chienlit laisser-fairiste » de l’Union européenne. Peut-on être plus clair ?

Et bien, ce monsieur qui a voué un grande partie de sa vie à l’étude de la monnaie et qui a probablement reçu tous les honneurs et toutes les médailles du monde, ce grand spécialiste de la monnaie est « triquard » (interdit de tribune) dans les grands médias, il n’arrive plus à publier ni dans Le Monde, ni dans Le Figaro.

Qui ne voit le lien évident entre la persécution d’un citoyen courageux qui appuie là où ça fait mal et le fait que les grands médias aient été achetés -et soient désormais contrôlés- précisément par des multinationales et des banques ?

Maurice Allais développe une idée majeure (que nous devrions tous étudier) quand il dit qu’il faut rendre la création monétaire aux États, à une banque centrale indépendante, qu’il faut que la banque européenne (BCE) récupère la création monétaire en la reprenant aux banques privées.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Stéphane le 10 Jan 2008, 13:05

Continuons avec les traités précédents, ainsi.
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Maverick le 10 Jan 2008, 13:07

Stéphane a écrit:Continuons avec les traités précédents, ainsi.
Et si nos dirigeants décidaient enfin de faire des traités corrects ?
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Stéphane le 10 Jan 2008, 13:13

Le problème, c'est qu'il y a plusieurs "corrects".

Pour ce qui est de la démocratie ou du pouvoir du Parlement, le TCE apportait un mieux, mais, apparemment, certains ne voulaient pas de ce mieux.
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
Stéphane
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Rainier le 10 Jan 2008, 13:18

Maverick a écrit:Étienne Chouard : les traités européens servent les intérêts de ceux qui les écrivent
par Silvia Cattori*


En 2005, un Français comme les autres, Étienne Chouard, professeur au lycée Marcel Pagnol de Marseille, ....


Je n'ai pas encore eu ni le temps ni le courage de lire jusqu'au bout ce post ... mais je peux aussi aller chercher sur son blog l'avis de Marcel Mollard, professeur au lycée Mesrine d'Aubervilliers, qui pense exactement le contraire !
:roll:
la démocratie et la souveraineté nationale sont comme l’avers et le revers d’une même médaille.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Maverick le 10 Jan 2008, 13:27

Stéphane a écrit:Le problème, c'est qu'il y a plusieurs "corrects".

Pour ce qui est de la démocratie ou du pouvoir du Parlement, le TCE apportait un mieux, mais, apparemment, certains ne voulaient pas de ce mieux.
Tu dis ça comme si c'était compliqué de faire mieux que le TCE de 2005...
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Stéphane le 10 Jan 2008, 14:51

Evidemment que c'est compliqué.
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede von Rauffenstein le 10 Jan 2008, 15:27

Rainier a écrit:
Maverick a écrit:Étienne Chouard : les traités européens servent les intérêts de ceux qui les écrivent
par Silvia Cattori*


En 2005, un Français comme les autres, Étienne Chouard, professeur au lycée Marcel Pagnol de Marseille, ....


Je n'ai pas encore eu ni le temps ni le courage de lire jusqu'au bout ce post ... mais je peux aussi aller chercher sur son blog l'avis de Marcel Mollard, professeur au lycée Mesrine d'Aubervilliers, qui pense exactement le contraire !
:roll:

:lol:
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Cortese le 10 Jan 2008, 23:30

Quand je pense qu'il y en a qui osent prétendre qu'"on" a voulu apporter la démocratie à ces ingrats d'Irakiens, alors qu'on voit qu'ils n'ont même pas l'audace de la défendre ne serait ce que verbalement chez eux.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Stéphane le 10 Jan 2008, 23:32

C'est quoi tous ces "on". :roll:
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Cortese le 11 Jan 2008, 00:25

Stéphane a écrit:C'est quoi tous ces "on". :roll:


Maintenant que je suis sur d'avoir le Fangio du plus politiquement incorrect, je n'ai plus besoin de préciser.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede von Rauffenstein le 11 Jan 2008, 00:40

Cortese a écrit:
Stéphane a écrit:C'est quoi tous ces "on". :roll:


Maintenant que je suis sur d'avoir le Fangio du plus politiquement incorrect, je n'ai plus besoin de préciser.

je ne suis pas juif.
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Cortese le 11 Jan 2008, 13:21

von Rauffenstein a écrit:
Cortese a écrit:
Stéphane a écrit:C'est quoi tous ces "on". :roll:


Maintenant que je suis sur d'avoir le Fangio du plus politiquement incorrect, je n'ai plus besoin de préciser.

je ne suis pas juif.


Comme Bush.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede von Rauffenstein le 11 Jan 2008, 13:25

Cortese a écrit:
von Rauffenstein a écrit:
Cortese a écrit:
Maintenant que je suis sur d'avoir le Fangio du plus politiquement incorrect, je n'ai plus besoin de préciser.

je ne suis pas juif.


Comme Bush.

Tu sais que Bush père a perdu parce qu'il s'est désolidarisé du lobby juif américain ? Et que Bush fils pendant 8 ans n'a pas pas mis les pieds en Israel ?
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Cortese le 11 Jan 2008, 14:17

von Rauffenstein a écrit:Tu sais que Bush père a perdu parce qu'il s'est désolidarisé du lobby juif américain ? Et que Bush fils pendant 8 ans n'a pas pas mis les pieds en Israel ?


On va pas encore ressortir l'histoire de la collusion des intérêts financiers liés aux nazis de la famille Bush, je crois que tout le monde est au courant. Cette histoire, c'est "je te tiens tu me tiens par la barbichette", et surement pas une histoire d'amour.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede von Rauffenstein le 11 Jan 2008, 14:45

Cortese a écrit:
von Rauffenstein a écrit:Tu sais que Bush père a perdu parce qu'il s'est désolidarisé du lobby juif américain ? Et que Bush fils pendant 8 ans n'a pas pas mis les pieds en Israel ?


On va pas encore ressortir l'histoire de la collusion des intérêts financiers liés aux nazis de la famille Bush, je crois que tout le monde est au courant. Cette histoire, c'est "je te tiens tu me tiens par la barbichette", et surement pas une histoire d'amour.

c'est un fait. Quant à l'affaire grand père bush, il était le salarié d'une banque qui faisait des affaires avec les doryphores dans les années 20 et il l'a quitté dans les années 30 en en gardant qu'une action. Certainement plus par sentimentalisme qu'autre chose, étant donné qu'il en avait été l'un des cadres dirigeant.

Case closed.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Shoemaker le 11 Jan 2008, 15:45

AH non ! Ou alors qu'on arrete de sempiternellement nous resortir l'innenarable histoire d'un celebre inconnu "mufti" de Jerusalem qui aurait fraye avec les nazis !!!
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede von Rauffenstein le 11 Jan 2008, 15:46

Shoemaker a écrit:AH non ! Ou alors qu'on arrete de sempiternellement nous resortir l'innenarable histoire d'un celebre inconnu "mufti" de Jerusalem qui aurait fraye avec les nazis !!!

Même sur wikipedia, qui ne passe pas pour un média de droite facho, ils en ont convenu

Alors case closed.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Maverick le 17 Jan 2008, 15:31

140 députés pour le référendum : mieux que «les 80»
Ils ont été 140 députés à soutenir la proposition communiste d'un référendum sur le traité de Lisbonne. 140 contre 176. C'est dire que ces 140 ont fait mieux que «les 80», qui, le 10 juilet 1940, ont refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Ils ont sauvé l'honneur de la démocratie et, soit dit en passant, l'honneur de la gauche. Gloire à ses braves !
Si les principaux dirigeants du PS ne s'étaient pas résignés à l'adoption parlementaire du traité de Lisbonne, il eut été possible d'imposer le référendum et d'infliger un désaveu mérité à Nicolas Sarkozy. Ne voit-on pas en effet Mme Merkel se déclarer très sceptique quant à une réunion, cet été, des pays de l'euroland à propos de l'euro ? Ces réticences allemandes mettent d'autant plus en valeur la faute commise par le président de la République en ne s'appuyant pas sur le Non français du 29 mai 205 pour renégocier la politique monétaire européenne.

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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Cortese le 17 Jan 2008, 15:41

von Rauffenstein a écrit:
Shoemaker a écrit:AH non ! Ou alors qu'on arrete de sempiternellement nous resortir l'innenarable histoire d'un celebre inconnu "mufti" de Jerusalem qui aurait fraye avec les nazis !!!

Même sur wikipedia, qui ne passe pas pour un média de droite facho, ils en ont convenu

Alors case closed.


Ne fais pas semblant de ne pas savoir que TOUS les partis occidentaux, de droite comme de gauche sont anti-Palestiniens. Pour des raisons évidentes que tu connais aussi bien que moi. Case toujours open.
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede von Rauffenstein le 17 Jan 2008, 15:52

Cortese a écrit:
von Rauffenstein a écrit:
Shoemaker a écrit:AH non ! Ou alors qu'on arrete de sempiternellement nous resortir l'innenarable histoire d'un celebre inconnu "mufti" de Jerusalem qui aurait fraye avec les nazis !!!

Même sur wikipedia, qui ne passe pas pour un média de droite facho, ils en ont convenu

Alors case closed.


Ne fais pas semblant de ne pas savoir que TOUS les partis occidentaux, de droite comme de gauche sont anti-Palestiniens. Pour des raisons évidentes que tu connais aussi bien que moi. Case toujours open.

va faire ton mickey mouse

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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Seb le 02 Fév 2008, 00:42

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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Stéphane le 02 Fév 2008, 00:56

J'ai mis la deuxième.
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede redmatt17 le 02 Fév 2008, 01:05

J'aime bien la dernière. (même si j'osef)
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Stéphane le 02 Fév 2008, 01:10

C'est celle qui est en tête, justement.
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Nicklaus le 04 Fév 2008, 08:52

Nous y voila, le jour où la France va être enterrée avec la modification de la constitution afin de ratifier le traité européen rejeté par le vote du Peuple. ...:



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Re: La "constitution" européenne (analyse page 8)

Messagede Hugues le 04 Fév 2008, 19:06

Et les radios au petit matin de ressortir Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Delors pour nous asséner en professeurs, et sans honte (l'histoire les oubliera) "citoyen, pauvre enfant, comment avais-tu pu, comment pourrais-tu prétendre donner ton avis, heureusement que le parlement est là, un traité pour toi c'est bien trop compliqué, tu es trop jeune, immature, l'expérience de la vie te manque, tu es encore trop bête pour comprendre, tu as même voté la dernière fois par humeur et en aucun cas par intelligence ou opinion sincère.. comment? tu prétends savoir mieux que moi ce qui t'a motivé, allons voyons réfléchis, c'est impossible qu'on puisse en intelligence s'opposer à ces texte.... non vraiment si tu étais de pair avec nous, parmi les sachants, tu saurais qu'il n'y a qu'une seule bonne réponse, la nôtre"

Ces gens n'ont pour définition de la démocratie qu'une dictature éclairée des élites. Petit peuple tais toi.

Déjà, invité au parlement par les députés UMP le 16 janvier (seul parmi ces députés UMP, le brave Jacques Myard, qui fit les frais de son courage recevant raillerie lorsqu'il professa "l'avenir lui donnera raison, et le peuple s'en souviendra", sut essayer d'être une voie des citoyens qui l'avait élu, les autres confortant le vieux polytechnicien imbus de lui même par toute sorte de flatteries ("que votre parole est juste, que votre pensée est claire, monsieur le président")), Giscard avait été méprisant, hautain. A cette question de mai 2005, il n'y avait qu'une réponse possible disait-il en substance (pourquoi alors poser la question ?.. pourquoi même le ratifier ou faire des élections, une monarchie élective ou héréditaire serait si bien appropriée..)

Il avait prononcé, ce jour là Giscard, une phrase édifiante ( vous serez déçu de la "parole juste" et la "pensée claire", elle ne vole pas bien haut, mais révèle le déni de choix ):
"Toutes les voix qui défendent le référendum, c'est parce qu'elles savent que le peuple votera non, et qu'elles souhaitent un non. Bien évidemment, pour nous qui voulons le oui, car voyez-vous évidemment il n'y a pas d'autre réponse possible à ce traité, c'est évidemment le parlement qui doit le ratifier."


Ce vote du 29 mai, n'a jamais été un vote de circonstance, d'humeur, de colère. Jamais durant 3 mois la nation n'avait autant débattu, échangé, s'était passionné de la question de la construction européenne, en chaque famille, en chaque groupes d'amis.



Vous avez vu, ce jour ou verrez, des gens vous inculquant que le parlement n'est pas moins légitime que le peuple, qu'après tout c'est par référendum que Napoléon III était devenu empereur et par le parlement que plus tard la IIIe République avait été instituée. Que pour autant personne ne conteste la légitimité de la république.


Seulement, la problématique est-elle bien posée par ces gens-ci.
Car de quoi s'agit-il? Il s'agit de savoir lequel de deux suffrages à quelques mois d'intervalle, sur la même question (le même traité, car c'est bien le même) est le plus légitime représentant du voeu de la nation entre le suffrage universel lui-même et une assemblée issue de celui-ci. Il n'y a évidemment pas plus représentatif du voeu de la nation que le suffrage universel et si celui-ci a été le décisionnaire d'un choix, ce choix ne peut être changé que par le suffrage universel que de la nation elle-même.
Mais alors signifie-je en disant cela que la IIIe République n'était pas légitime? Point du tout.

Cette IIIe République nait en 1875, pour une voix, d'une assemblée constituante élue 4 ans plus tôt (elle s'auto-dissous d'ailleurs une fois proclamée la république). Cette assemblée est légitime et vaut la voix de la nation et le suffrage universel justement parce qu'elle est constituante, justement parce que le suffrage universel a donné mandat unique, 4 ans plus tôt à une assemblée de créer des institutions. Les électeurs de 1871 ont choisi des représentants spécialement pour cette question, et non pour des questions politiques.
Croyez vous qu'une assemblée élue avec pour mandat unique de ratifier ou non ce texte représenterait au 4/5e une approbation de cette ratification? Les représentants choisis seraient bien évidemment fort différent de ceux qui composent les deux assemblées.

Autrement dit, une assemblée ne peut avoir la même légitimité que le suffrage universel référendaire que lorsqu'elle a pour mandat unique de se prononcer sur une décision particuliière.

Et puis, si ce vote intervenait au parlement 15 ans, 20 ans après un référendum, il pourrait peut-être se défendre quelque peu (en 15 ans, 20 ans l'opinion de la nation a peut-être changé). Mais là c'est bien 980 et quelques jours (981 jours ce lundi, mais quelques jours de plus cette semaine lorsque le texte sera ratifié), que le suffrage du peuple est piétiné, méprisé, oublié avec le même texte à 98% (c'est M. Giscard d'Estaing lui même qui a fait évaluer cette proportion par ses légistes)



Il faut dire que la ratification parlementaire est bien pratique. La réponse est assurée, et la contestation est minimum.
C'est que le citoyen sait qu'il n'y a rien à faire, qu'il est impuissant à changer l'opinion des parlementaires.
Il se décourage à se mobiliser.
Et le monde médiatique ne sera pas là pour le réveiller : lui qui n'est guidé que par ce qui est "d'actualité" ( et sans mobilisation citoyenne pour les détromper dans leur erreur, "une prochaine ratification parlementaire ça n'intéresse pas" dit-on dans les rédaction) n'accorde pas antenne, tribune aux voix rebelles, aux voix révoltées.

Un référendum, au contraire, parce qu'il est une actualité, un vote prochain, contraint le monde médiatique à évoquer la question. Le citoyen n'a même pas besoin du réveil par les médias, car il sait qu'il est acteur de la décision.

C'est finalement paradoxal, c'est justement dans le cas où les médias seraient utiles, dans le cas où il faut mobiliser les citoyens vis à vis d'une question qui leur échappe, pour qu'il y ait discussion, réflexion, pour qu'émerge une contestation ou une approbation, et non le marmonement sourd d'une chappe de plomb, que le fonctionnement des rédactions fait que c'est là que ces médias se dispensent de tout rôle et laissent comme en ces journées, des choix décisifs se faire sans y impliquer le citoyen.


Arrêt sur images (arretsurimages.net) il y a 2 mois avait souligné grâce à l'excellent travail d'Aurélie Windels combien les médias se faisaient complice du pouvoir par ce silence. Cet article n'est plus librement disponible, mais l'était en toute gratuité à l'époque, aussi je le reproduis :


souvenirs souvenirs

Traité de Lisbonne: silence sur les critiques
Rubrique : Censures douces


C'est le grand jour: le traité simplifié de l'Union européenne doit être signé solennellement à Lisbonne, jeudi 13 décembre, par les chefs d'Etat et de gouvernement, avec des stylos en argent personnalisés.

Ce traité a été salué en octobre dernier dans les journaux télévisés français comme une grande réussite.

Une réussite de l'Europe, mais aussi de la France, de son Président surtout, qui a su rebondir après le rejet du traité constitutionnel, par référendum, en 2005.


Les JT sur le traité simplifié

L'Union européenne "de nouveau en marche" sort enfin de "l'impasse". "Les eurosceptiques sont satisfaits", "chacun y voit une chance de sortir de la crise institutionnelle", le traité relance "le formidable mouvement européen", etc...

Le traitement télé de l'événement laisse une impression de victoire, d'avancée historique, et surtout d'un formidable consensus autour de ce traité.

Aucune voix discordante alors ?

Non.

Enfin, pas dans les JT.

Seule résonne une petite dissonance quand Benoît Hamon, député européen PS, annonce sa démission du poste de sécrétaire général du parti à l'Europe.

TF1 a décidé de ne pas trop s'attarder sur cette fausse note dans le beau concert européen :


TF1 : démission Benoît Hamon

Pas un mot du démissionnaire, pour expliquer sa démission. On pouvait tout de même en savoir un peu plus en regardant France 2 et France 3, qui donnaient la parole à ceux qui n'étaient pas plus convaincus par ce traité qu'il ne l'étaient par le projet de Constitution : Henri Emmanuelli, ou Jean-Luc Mélenchon.

Mais ce traité simplifié semble tellement formidable qu'on peine à croire qu'on puisse y être opposé. Seule France 2 donnait une bribe d'explication :


Traité simplifié : comparaison Constitution

98 % du texte du traité constitutionnel, rejeté massivement par les Français, demeure dans le nouveau traité. La différence majeure réside donc dans la manière donc ce texte va être adopté. Exit le référendum, ce sera par voie parlementaire.

Pour autant, les journaux télévisés ne donnent pas davantage la parole aux ex-partisans du "non", susceptibles d'émettre des critiques à l'égard de ce traité simplifié. Comme en 2005, et comme en 1992 pour le traité de Maastricht, les JT présentent toujours les traités européens comme de grandes avancées et leur réservent un traitement des plus positifs.

Et ce, en toute bonne conscience.

Presque naturellement.

C'est naturellement, que le camp du "oui" est le camp du Bien, et que le "non" incarne le Mal.

Souvenez-vous, c'était en mai 2005 dans Arrêt sur images :

Arrêt sur images, referendum 2005

"Merci de faire cette campagne!" lance Thomas Hugues à la fin de l'interview d'une illlustre "ouiste", qui pourtant à l'époque était tenue par le devoir de réserve imposé aux membres du Conseil constitutionnel...On ne peut pas dire que les journalistes essayaient de dissumuler leur parti-pris.

Nous avions comptabilisé en 2005 la part des représentants du Oui dans le total des intervenants à la télévion, du 1er janvier au 31 mars :

Image

Et sur l'ensemble des journaux télévisé du 1er au 30 avril :
Image

Comme aujourd'hui, les journaux télévisés n'avaient pas imaginé, dans un premier temps, que l'on puisse s'opposer à ce texte et prendre le risque "d'enrayer la belle mécanique européenne". On constate une légère amélioration sur le deuxième graphique puisqu'il est devenu de plus en plus difficile pour les JT d'ignorer la fronde des partisans du Non. Et surtout, référendum oblige, les régles d'équité du CSA devaient s'appliquer.

Ce ne sera pas le cas pour le traité simplifié. Les journaux télévisés ne sont donc pas obligés de laisser la parole aux opposants au texte.

Ils sont pourtant toujours nombreux, que ce soit au sein du PS ou dans les autres partis, à l'extrême-droite ou à l'extrême-gauche. Mais il semble qu'il leur sera difficile d'expliquer en quoi, selon eux, ce texte est une mauvaise chose, ailleurs que sur Internet.

Aurélie Windels




Le 15 janvier dernier, avait été proposé, puisque chaque amendement au projet de loi constitutionnel officiel avait été refusé par la commission des lois avant même tout vote, une loi constitutionnelle indépendante de ce projet de loi qui disait simplement qu'une décision prise par référendum par le peuple français ne saurait être remise au suffrage à l'identique, autrement que via le référendum. Il fut amusant de voir combien qui s'étiquetèrent démocrates (je pense particulièrement à ces sociaux-démocrates ou ces tenant de feu une union pour la démocratie française ou un temps d'un mouvement démocrate) refusèrent ce texte qui ne fait que reconnaitre un fait objectif, le suffrage universel est plus représentatif de la nation que le vote d'une assemblée issue du suffrage universel. Que reconnaitre au peuple souverain son importance.

La loi était exprimée ainsi :

PROPOSITION DE LOI CONSTITUTIONNELLE

Article unique

L’article 11 de la Constitution est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque le référendum a conclu au rejet d’un projet de loi, tout nouveau projet de loi contenant des dispositions analogues ou autorisant la ratification d’un traité contenant des dispositions similaires à celles du traité ayant fait l’objet de la consultation, doit être soumis au référendum ».


J'invite à lire l'exposé des motifs, qui précède cette proposition de loi, il est éclairant sur l'ensemble des défauts du traité de Lisbonne, les même que ceux du TCE.

http://www.assemblee-nationale.fr/13/pr ... on0560.asp

140 courageux répondirent à cet honneur fait au peuple, parmi eux, il faut les remercier, même des tenants du "oui".


140 députés pour le référendum : mieux que «les 80»

Ils ont été 140 députés à soutenir la proposition communiste d'un référendum sur le traité de Lisbonne. 140 contre 176. C'est dire que ces 140 ont fait mieux que «les 80», qui, le 10 juilet 1940, ont refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Ils ont sauvé l'honneur de la démocratie et, soit dit en passant, l'honneur de la gauche. Gloire à ses braves !

Si les principaux dirigeants du PS ne s'étaient pas résignés à l'adoption parlementaire du traité de Lisbonne, il eut été possible d'imposer le référendum et d'infliger un désaveu mérité à Nicolas Sarkozy. Ne voit-on pas en effet Mme Merkel se déclarer très sceptique quant à une réunion, cet été, des pays de l'euroland à propos de l'euro ? Ces réticences allemandes mettent d'autant plus en valeur la faute commise par le président de la République en ne s'appuyant pas sur le Non français du 29 mai 205 pour renégocier la politique monétaire européenne.

Jean-Pierre Chevènement



Proposition référendum sur UE : des «braves» ont «sauvé l'honneur» (Chevènement)
Dépêche AFP, mercredi 16 janvier 2008, 20h35.

L'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement (MRC) a salué mercredi les "braves" qui ont "sauvé l'honneur de la démocratie" en approuvant mardi la proposition de loi visant à un référendum pour la ratification du traité de Lisbonne.
"Ils ont été 140 députés à soutenir la proposition communiste d'un référendum sur le traité de Lisbonne. 140 contre 176. C'est dire que ces 140 ont fait mieux que 'les 80', qui, le 10 juillet 1940, ont refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain", déclare M. Chevènement dans un communiqué.
"Ils ont sauvé l'honneur de la démocratie et, soit dit en passant, l'honneur de la gauche. Gloire à ces braves!", lance-t-il.
"Si les principaux dirigeants du PS ne s'étaient pas résignés à l'adoption parlementaire du traité de Lisbonne, il eût été possible d'imposer le référendum et d'infliger un désaveu mérité à Nicolas Sarkozy", juge-t-il.
"Ne voit-on pas en effet" la chancelière allemande Angela Merkel "se déclarer très sceptique quant à une réunion, cet été, des pays de l'euroland à propos de l'euro? Ces réticences allemandes mettent d'autant plus en valeur la faute commise par le président de la République en ne s'appuyant pas sur le non français du 29 mai 2005 pour renégocier la politique monétaire européenne", selon lui.
L'Assemblée nationale a rejeté mardi la voie du référendum pour la ratification du traité de Lisbonne, en repoussant une proposition de loi constitutionnelle PCF visant à consulter directement le peuple sur ce traité simplifié après le non français du 29 mai 2005.
L'Assemblée a adopté mercredi la révision de la Constitution, préalable à la ratification du traité européen, par 304 voix pour, 77 contre et 95 abstentions, principalement les socialistes.


La liste complète n'existe malheureusement point car ce n'était pas un vote solennel (on a donc que les noms les votes dissidents au vote officiel du groupe parlementaire)
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr ... .asp#P9_31

Ce même jour, ils furent hélas beaucoup moins pour voter oui à la questions préalable (qui fut fatale en son temps à la CED) de MM. Dupont-Aignan, ou à l'exception d'irrecevabilité et la motion de renvoi en commission du PCF.




En revanche les noms des 77 députés braves parmi les braves, existent bien dans les tablettes de l'Assemblée nationale (puisque ce fut un vote solennel) :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/sc ... jo0079.asp

Voici ce qu'écrivait il y a quelques semaines, un internaute à ce sujet:

L'Assemblée nationale a adopté mercredi 16 janvier la révision de la Constitution française préalable à la ratification du traité européen de Lisbonne. Le texte a été voté par 304 voix pour et 77 contre. Voici les noms de ces derniers.


2 députés UMP ont voté contre : MM. Franck Marlin et Jacques Myard.

51 députés PS ont voté contre : MM. Jean Paul Bacquet, Gérard Bapt, Claude Bartolone, Jacques Bascou, Christian Bataille, Thierry Carcenac, Bernard Cazeneuve, Jean Paul Chanteguet, Pierre Cohen, Frédéric Cuvillier, Marc Dolez, Jean Pierre Dufau, Jean Louis Dumont, Jean Paul Dupré, Christian Eckert, Henri Emmanuelli, Laurent Fabius, Mme Martine Faure, MM. Michel Françaix, Jean Claude Fruteau, Jean Glavany, Daniel Goldberg, Christian Hutin, Mme Françoise Imbert, MM. Serge Janquin, Régis Juanico, Mmes Marietta Karamanli, Conchita Lacuey, MM. Jérôme Lambert, Jean Launay, Jean Yves Le Bouillonnec, Mme Catherine Lemorton, MM. Jean Claude Leroy, Serge Letchimy, Jean Mallot, Mme Marie Lou Marcel, MM. Philippe Martin, Jean Michel, Arnaud Montebourg, Alain Néri, Christian Paul, Jean Claude Perez, Philippe Plisson, Mmes Marie Line Reynaud, Chantal Robin Rodrigo, M. Patrick Roy, Mme Odile Saugues, MM. Michel Vauzelle, Michel Vergnier, Alain Vidalies et Jean Michel Villaumé.

21 députés communistes ont voté contre : Mme Marie Hélène Amiable, M. François Asensi, Mmes Huguette Bello, Martine Billard, MM. Alain Bocquet, Patrick Braouezec, Jean Pierre Brard, Mme Marie George Buffet, MM. Jean Jacques Candelier, André Chassaigne, Jacques Desallangre, Mme Jacqueline Fraysse, MM. André Gerin, Pierre Gosnat, Maxime Gremetz, Jean Paul Lecoq, Alfred Marie Jeanne, Roland Muzeau, Daniel Paul, Jean Claude Sandrier et Michel Vaxès.

3 députés non-inscrits ont voté contre : Mme Véronique Besse, MM. Nicolas Dupont Aignan et François Xavier Villain.

Je veux remercier ces 77 députés. Je veux leur rendre hommage. Je veux leur souhaiter bonne chance pour les prochaines élections municipales et cantonales.

Quant aux autres, je leur donne rendez-vous aux prochaines élection




Si cette question est si décisive à mon coeur et au coeur de nombreux citoyen c'est parce qu'il s'agit d'un triple renoncement à la démocratie.

- Un renoncement à la démocratie parce que la démocratie est basée sur la séparation des pouvoirs. C'est pourtant l'exécutif que sont les 25 gouvernements qui ont rédigé la règle du jeu alors que ce rôle en revenait au législatif. Il arrive dans les démocraties que l'exécutif rédige un projet mais il est ensuite modifié par le législateur. Là c'est bien l'exécutif qui est l'auteur unique du texte, sans que le législateur ait le dernier mot, puisse l'amender. Imagine-t-on un chef d'état (l'exécutif) rédiger lui-même les institutions.
- Un renoncement à la démocratie parce que la France, comme chaque état, a renoncé à la souveraineté du "peuple souverain" non au bénéfice d'une institution démocratique, cela aurait été acceptable, mais au bénéfice d'une institution qui n'est qu'une apparence de démocratie.
Nommée par les gouvernements (qui se dédouanent de toute responsabilité alors qu'ils nomment des proches), la commission, sans aucune représentation démocratique a tous les pouvoirs. Elle peut représenter autant de fois, sans changement un même projet, même si il a été refusé dans les lectures précédentes, avec des conditions de vote de plus en plus avantageuse (alors que dans les premières lectures il faut seulement la majorité des présents pour qu'un texte soit refusé, il faut dans les lectures suivante, la majorité des présents et absents, par exemple pour le refuser, le texte étant autrement automatiquement adopté)
La construction européenne telle qu'elle est construite est une dictature éclairée des élites. Le parlement est fantoche, la commission impose ses projets sans aucun contrôle démocratique. Et ne sont nommés en ces commissions que des personnes convaincues de l'idéologie libérale (cela ne pourrait être autrement, cette politique est inscrite en plusieurs traités.. Mais alors à quoi sert la démocratie si les politiques sont écrites, quelque soit les élections..), et ils ne le seraient pas que les fonctionnaires technocrates (non élus eux aussi, mais encore moins nommés) les convaincrait du bien-fondé.
- Un renoncement à la démocratie parce que (et n'importe qui pourra y être sensible), comment penser que le citoyen retrouvera jamais confiance en la politique, se sentira jamais représenté, entendu en cette construction européenne, quand lorsqu'il s'est exprimé avec force, on piétine ainsi sa voix. Comment les citoyens pourraient retrouver confiance en leurs représentants quand ils méprisent ainsi le suffrage universel. Tout est fait finalement pour faire grandir cette défiance vis à vis de



Pour me résumer, le discours de Chevènement samedi dernier devant une salle qui rassemblait des milliers de démocrates de droite comme de gauche.
Les parlementaires qui diront « non » le 4 février à Versailles prendront date pour l'avenir
Intervention de Jean-Pierre Chevènement au rassemblement du Comité national pour un référendum (CNR) samedi 2 février, Paris (Halle Carpentier).


Nous sommes réunis ici pour défendre la souveraineté populaire. Celle-ci et la démocratie sont en effet une seule et même chose.

Les parlementaires réunis à Versailles, après demain 4 février 2008, auront à répondre à une question simple : peuvent-ils désavouer le peuple qui s'est prononcé, le 29 mai 2005, à 55% contre le projet de constitution européenne ?

Car il n'est pas vrai, comme l'a prétendu M. Sarkozy, que le traité de Lisbonne soit un traité « simplifié » et moins encore un « mini-traité ».

Ce subterfuge ne peut tromper personne. M. Giscard d'Estaing n'a-t-il pas lui-même déclaré le 17 juillet 2007, devant le Parlement européen, que le traité de Lisbonne n'apportait que « des changements cosmétiques à la Constitution européenne pour qu'elle soit plus facile à avaler » ? En vérité, nos dirigeants se moquent du peuple.

Alors, comment les représentants du peuple pourraient-ils couvrir une forfaiture par une autre ? Car ils auront à se prononcer lundi 4 février non sur le traité de Lisbonne mais sur une question préjudicielle : accepteront-ils la modification de la constitution qui rendra possible la ratification de Lisbonne par sa voie parlementaire ? Ils peuvent très bien mettre obstacle à ce déni de démocratie : il suffit que 2/5 des suffrages exprimés se prononcent contre le projet de révision constitutionnelle préalable. Cette minorité de blocage existe au sein du Congrès, pour peu que les parlementaires se souviennent des engagements qu'ils ont pris à travers les candidats qu'ils ont soutenus à l'élection présidentielle. Accepter la révision constitutionnelle préalable, ce serait pour le Parlement couvrir l'intention du Président de la République de s'asseoir sur le suffrage universel. Il piétinerait à son tour la démocratie et ajouterait une forfaiture à une autre forfaiture.

Car comment qualifier autrement le vote de ceux qui, ayant soutenu la candidature de Ségolène Royal et celle de François Bayrou, viendraient à voter au Congrès le projet de révision constitutionnelle, ou –comble d'hypocrisie !- à s'abstenir, en permettant ainsi à M. Sarkozy de réunir les 3/5 des suffrages exprimés requis par l'article 89 de la Constitution ?

Malheureusement, à l'heure qu'il est, nous savons que le 16 janvier 2008 à l'Assemblée nationale, seulement 50 députés socialistes, 21 communistes, 2 UMP, 3 non inscrits et un député MRC, Christian Hutin, soit au total 77 députés, ont voté contre le projet de révision constitutionnelle, contre 304 qui l'ont approuvé.

Je veux remercier ces 77 députés, je veux leur rendre hommage et leur souhaiter de continuer leur valeureux combat. Il ne sera pas sans lendemain.

Mais je veux aussi m'adresser aux autres : comment ne voient-ils pas que leur absence de courage – s'ils ne reprenaient pas leur vote- minerait la confiance qui leur a été faite et la démocratie elle-même ? Ils abaisseraient le Parlement et creuseraient encore plus le fossé entre le peuple et les élites dirigeantes. Et l'Europe, quelle légitimité aurait la poursuite de sa construction, dès lors qu'eux, les représentants du peuple français se seraient assis sur sa volonté ? Et si des parlementaires de gauche devaient, en s'abstenant, continuer à servir la soupe à M. Sarkozy, au nom d'une idéologie européiste déconnectée de la démocratie voire contraire à elle, comment pourraient-ils faire croire demain qu'une opposition républicaine puisse encore s'incarner en eux ?

A l'inverse, ceux qui résisteront à Versailles le 4 février ne sauveront pas seulement l'honneur. Ils seront plus nombreux d'ailleurs que les quatre-vingts qui ont refusé les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940 ! Ils incarneront l'avenir. Car c'est toujours de la République qu'il s'agit !

Ouvrons les yeux : M. Sarkozy est de plus en plus prisonnier de la contradiction qu'il creuse entre d'une part son volontarisme affiché, les promesses fallacieuses qu'il multiplie tous azimuts pour une « Europe qui agit et qui se protège » -je le cite- et d'autre part les verges qu'il donne pour se faire battre en souscrivant aux engagements de Lisbonne.

Car on ne nous fera pas croire que les textes n'ont pas d'importance : dans une Europe à 27 où la France ne pesera plus que les ¾ de l'Allemagne en raison des nouvelles règles de pondération des votes au Conseil, et où, par conséquent la parité fondatrice entre nos deux pays aura été rompue au détriment de l'équilibre nécessaire au progrès de la construction européenne, la voix de la France sera étouffée, voire réduite au silence.

Les initiatives de sa diplomatie seront bridées par la nécessité d'une consultation préalable du Conseil européen. Ce qui a été possible en 2003, le refus de cautionner l'invasion de l'Irak ne le sera plus aux termes des articles 17bis et 19 du nouveau traité car la France n'ira jamais contre les Etats-Unis et l'Union européenne coalisés. Aussi bien la défense européenne est-elle réduite à l'OTAN.

Lisbonne est un mauvais coup pour la démocratie : d'immenses domaines relèveront désormais de trois instances oligarchiques : la Commission européenne, la Banque Centrale Européenne, et la Cour de Justice de l'Union.

Quand la démocratie recule, les droits des travailleurs reculent avec elle. Dans un espace sans frontières élargi, aux termes du protocoles n°6, par le principe de la « concurrence libre et non faussée », plus que jamais les territoires et les mains d'œuvres seront mis en concurrence, entraînant délocalisations, chômage, stagnation des salaires et du pouvoir d'achat, démantèlement de la protection sociale, d'autant que la politique monétaire continuera d'être régie par une Banque Centrale entièrement déconnectée du suffrage universel. Ce n'est pas, comme le rapporte Homère, sur le dos de Jupiter ayant pris la forme d'un taureau que l'Europe a été enlevée mais sur celui d'un canard sans tête ayant usurpé le visage de M. Trichet.

En échange de toutes les concessions qu'il a faites à Lisbonnes, M. Sarkozy n'a rien obtenu parce qu'il a refusé de s'appuyer sur le « non » qu'avait exprimé le peuple français le 29 mai 2005.

En revanche, les parlementaires qui diront « non » le 4 février à Versailles prendront date pour l'avenir. Leur résistance préparera la libération. La libération de la République ! Et un jour, celle de l'Europe elle-même !



Ce jour, au Congrès, j'ai entendu un discours très juste et très fort de la représentante d'un des groupes du Sénat. Je le reproduirai dès que possible.

Hugues

(Il y a quelques instants le Congrès modifiait la constitution par 560 voix pour. Il ne reste que la formalité du vote à l'Assemblée et au Sénat cette semaine)
Hugues
 

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