Quatre mesures pour sauver la planète
LE MONDE | 31.10.06 | 16h25 • Mis à jour le 31.10.06 | 16h25
Alarmiste, le rapport Stern n'est pas pour autant défaitiste. Il n'est pas trop tard pour éviter une catastrophe planétaire, affirme-t-il, à condition d'engager sans plus attendre une action vigoureuse. Cette action, insiste-t-il, est exigée de tous les pays, riches ou pauvres : même si les nations développées décident de réduire leurs rejets de gaz à effet de serre de 60 % à 80 % d'ici 2050, les pays en développement devront, eux aussi, contribuer à l'effort général. Il faudra bien sûr les y aider.
Des pays et des régions ont montré la voie, note le rapporteur, en prenant le problème à bras le corps : l'Union européenne, la Californie ou la Chine ont des politiques de réduction des gaz à effet de serre ambitieuses. Mais, ajoute le rapport, il faut maintenant passer à la vitesse supérieure : l'approche isolée ne suffit plus, le changement climatique appelle une intervention internationale, assise sur des objectifs communs à long terme et adossée à des accords-cadres.
Le rapport Stern préconise d'agir autour de quatre idées-forces.
Les permis d'émission. Il s'agit de favoriser la réduction des rejets de gaz à effet de serre en développant les différentes bourses déjà instituées et en créant des passerelles entre elles. Les pays en développement y seraient associés. La fixation d'objectifs ambitieux pour les pays riches pourrait rapporter des dizaines de milliards de dollars par an aux pays en développement, ce qui les aiderait à adopter des modes de production limitant les émissions de dioxyde de carbone.
La coopération technique. Les investissements à réaliser pour développer des technologies faiblement émettrices de CO2 exigent une concertation et une coordination mondiales. L'effort international de recherche et de développement devrait être multiplié par deux, et celui consacré aux technologies "propres" par cinq.
La lutte contre la déforestation. La disparition des forêts primaires contribue, davantage encore que les transports, à l'augmentation de la teneur de l'atmosphère en gaz carbonique. Enrayer la déforestation serait donc une mesure d'une grande efficacité et peu coûteuse. Des programmes pilotes internationaux de grande ampleur pourraient être mis en oeuvre sans délai.
L'adaptation. Les pays les plus pauvres sont aussi les plus vulnérables aux conséquences d'un changement climatique de grande ampleur. Les politiques d'aide au développement doivent tenir compte de cette réalité. Les pays riches doivent ainsi, mieux que par le passé, tenir leurs engagements dans ce domaine. La communauté internationale devrait également financer des campagnes d'information régionales sur l'impact du réchauffement. Elle devrait aussi financer des recherches sur de nouvelles variétés de cultures, plus résistantes aux variations climatiques, aux sécheresses ou aux inondations.
Article paru dans l'édition du 01.11.06
RECHAUFFEMENT
Climat : consensus
sur le rapport Stern
NOUVELOBS.COM | 01.11.06 | 14:18
Après Londres, Paris et Washington approuvent le rapport britannique qui chiffre le coût du réchauffement climatique à 5.500 milliards d'euros.
Climat : consensus sur le rapport Stern
A près la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France ont approuvé les conclusions d'un rapport britannique appelant à prendre des mesures contre le réchauffement climatique mondial.
Dans un communiqué, le Conseil de la Maison blanche sur la qualité de l'environnement écrit que "le gouvernement américain a produit une foule d'analyses économiques sur la question des changements climatiques. Le rapport Stern contribue à son tour à cet effort".
Les Etats-Unis sont le plus important pays émetteur de gaz à effet de serre au monde - 25%, pour 5% de la population mondiale.Les écologistes ont accusé la Maison blanche, derrière son approbation du rapport, de maintenir le statu quo en matière de lutte contre la pollution. "Le Royaume-Uni progresse, l'Union européenne progresse, les pays en développement progressent, et où sont les Etats-Unis?", s'interroge Annie Petsonk, de l'ONG Environmental Defense.
La France et la Grande-Bretagne approuvent
De son côté, la ministre française de l'Ecologie, Nelly Olin, s'est déclarée dans un communiqué "en plein accord" avec les conclusions du rapport Stern.
Nelly Olin est "tout à fait en phase sur ce sujet avec son collègue britannique et ils défendront cette position lors de la prochaine conférence climat de Nairobi, le 15 novembre", selon le communiqué.
Le rapport britannique est "particulièrement intéressant car il chiffre le coût économique des impacts du changement climatique et invite à engager des négociations internationales après 2012", a souligné le ministère de l'Ecologie. Dès la publication du rapport, le Premier ministre britannique Tony Blair, avait affirmé que les hommes doivent agir immédiatement et dans tous les pays à la fois, ou bien ils subiront des conséquences "désastreuses" et "irréversibles". "Il ne fait pas de doute que les preuves scientifiques du réchauffement climatique provoqué par l'émission de gaz à effet de serre sont maintenant écrasantes", avait-il dit .
"Et il ne fait pas de doute", a ajouté M. Blair, "que les conséquences pour notre planète seront littéralement désastreuses" dans un avenir proche."Il n'y a rien de plus grave, rien de plus urgent, rien qui n'exige plus des décisions".
5.500 milliards d'euros
Le rapport, rédigé par l'ancien économiste en chef de la Banque mondiale Nicholas Stern, souligne qu'une action internationale immédiate pour stabiliser les émissions de gaz à effet de serre à l'origine des changements du climat planétaire aurait des retombées économiques bien supérieures au coût des mesures prises en ce sens.
Selon le rapport Stern, ne rien faire pour lutter contre le changement climatique risque d'entraîner une crise économique de l'ampleur de celle de 1929.
Le rapport de 700 pages, publié lundi, dit que quoi que nous fassions maintenant, il est déjà presque impossible de maintenir les gaz à effet de serre à un niveau qui, selon les scientifiques, permettrait d'éviter les pires conséquences du changement climatique. Le coût estimé serait de 5.500 milliards d'euros.
Il affirme que, contrairement à ce qu'a fait valoir le président américain George Bush, qui s'est retiré du Protocole de Kyoto, en partie parce que cela coûterait selon lui des emplois, le monde n'a pas à choisir entre la lutte contre le changement climatique et la croissance économique.
"Les données relevées par l'étude mènent à une conclusion simple: les bénéfices d'une action forte et rapide dépassent considérablement les coûts", dit le rapport préparé pour le Premier ministre britannique Tony Blair et le ministre des Finances Gordon Brown.
c'est peut être plus clair quand ce n'est pas moi qui le dit....