Shunt a écrit:Parce que c'est l'existant et qu'il faut bien partir de l'existant...
Il faut partir de l'existant comme tu dis, pour le quitter. Sinon c'est penser le réel comme simple tautologie. Penser c'est aussi penser contre ce qui est.
Shunt a écrit:La subvention publique, oui. Mais peut-on faire fonctionner l'économie que sur la base de subventions publiques ? Par ailleurs, Airbus signe des contrats juteux avec la Chine, mais en échange d'une libéralisation des exports de textile...
Il est parfaitement clair aujourd'hui (sauf pour quelques experts) que le libre-échange conduit à la paupérisation et ne profite réellement à aucun pays.
Fermer le secteur automobile, c'est accepter des mesures de rétorsion d'autres pays en retour, sur d'autres secteurs. Tu as des secteurs - comme la viticulture - qui vivent énormément des exportations, qui peuvent boire le bouillon si les marchés étrangers leur sont fermés. Par ailleurs, est-ce que l'industrie automobile française est viable en se limitant au seul marché français ? Car si tu fermes ton marché automobile à la concurrence étrangère, il va de soi que les autres pays te fermeront les portes de leur marché en retour. La production diminuera par conséquent, il faudra nécessairement des ajustements structurels, ce qui signifie des fermetures d'usine et des licenciements.
Mais très peu justement. D'après Paul Krugman, la compétition internationale concerne à peine 1% des emplois.
Si une entreprise n'est pas rentable, qui la finance ? L'Etat. Comment l'Etat se finance ? Par l'impôt. Qui paie l'impôt ? Les contribuables (entreprises + particuliers). Tu peux accepter qu'une entreprise ne soit pas rentable si elle rend un service à la nation. Une entreprise qui construit des bagnoles et qui n'est pas rentable, c'est un boulet, un puit sans fond...
Tu es sympa, mais on connaît tous deux les bases. Ce que j'essayais de te montrer c'est que justement l'état n'est pas une entreprise. Elle a le choix entre financer l'activité ou payer pour l'inactivité. Ce que je cherche n'est pas une question de rentabilité immédiate, mais une sortie du gigantisme industriel et du règne de la technique. Cela suppose un strict contrôle.
Je ne suis pas d'accord. La nation est un cadre trop restrictif pour être porteur de générosité, d'empathie et de compassion pour le destin des autres pays. Le nationalisme, c'est l'égoisme, le repli sur soi. Ce n'est pas le nationalisme qui aidera à prendre conscience des difficultés des autres et de notre intérêt à les aider.
N'importe quoi. Qu'est-ce que la nation, un corps collectif. Une analogie: tu es un corps et pourtant tu peux aimer (éprouver de la compassion ou de l'amour) pour un autre corps que le tien. Tu pars du principe que tout corps est égoïste, tu es donc bien cosmopolite. Moi je crois que seule la conscience de son identité permet d'aller vers l'autre. Parce que justement l'altérité existe.
Rousseau à propos du cosmopolitisme: ceux qui se prétendent cosmopolites et qui justifiant de leur amour du genre humain, se vantent d'aimer le monde entier afin de jouir du privilège de n'aimer personne". C'est un des enjeux philosophiques qui agitent le siècle des Lumières, persuadé que le capitalisme promouvait la paix mondiale. Le cosmopolitisme élaboré par les Lumières est encore aujourd'hui une donnée essentielle du libéralisme. On voit bien comment tu reprends à ton compte ses grands principes: l'amour de l'humanité qui émancipe du préjugé local.
Vaste programme... c'est quoi au fait une nation juste ? Comment tu fais naître une conscience solidaire en flattant le génie national par essence exclusif ?
Voir plus haut. La générosité suppose la conscience de l'altérité et d'un ailleurs.
Oui. Quand je t'ai dit que la nation française par exemple était une construction historique (parfois violente et peu regardante quant au droit des peuples à disposer d'eux-même), tu n'étais pas d'accord, me répondant qu'elle était préexistante à cette construction... on en revient donc à une sorte d'ordre naturel, qui peut, effectivement être d'ordre divin. Seul Dieu a priori a la possibilité de définir le préexistant.
Non, puisque je ne dis pas que la Nation est toujours préexistante à la volonté politique. Parfois la nation se fonde avec l'état (l'Italie), parfois elle préexiste à celui-ci (L'Allemagne).
Je comprends la genèse et le cheminement de ta réflexion, mais je continue de penser qu'elle mène à une impasse. Que le nationalisme est incapable de trouver des réponses aux défis MONDIAUX qui nous attendent. Le nationalisme n'est qu'une forme de communautarisme élargi, qui pousse à s'intéresser à son propre sort et à celui des siens, de ceux de son "clan", de sa "tribu", plutôt que de se préocuper du sort des autres.
Je suis donc absolument opposée à ta réflexion qui est en fait celle du rationnalisme des Lumières qui historiquement conduit à l'échec.
Silverwitch