silverwitch a écrit:Oui certes. En fait il s'agit de l'autre processus inéluctable du libéralisme qui précède (ou accompagne) l'uniformisation: la fragmentation. Je prends un exemple:
Aujourd'hui par exemple si tu achètes un DVD, ils sont classés selon les genres (western, action, etc). La culture est alors uniquement de proposer une offre pour un segment spécifique (exemple le rayon gay pour la vidéo à la FNAC). Ainsi on multiplie la création de chaines (ou autres objets) pour les jeunes, les vieux, sur l'histoire, sur la géographie, pour les films de série B, etc...Bref ce mouvement est contraire à la définition de la culture qui suppose une aspiration universelle.
J'ajoute, au cas ou tu ne comprendrais le lien, que ce mouvement est continu et se produit partout. C'est aussi l'effet de la mondialisation (libérale) qui produit la fragmentation des sociétés (communautarisme, affirmation paranoïaque de la différence, tribalisme, intégrisme religieux), partout le même mouvement de repli identitaire. C'est l'action double: d'un côté la création de grandes entités (les marchés libres et concurrentiels), de l'autre l'atomisation des individus (et la destruction programmée de tout ce qui résiste au "Progrès").
C'est vrai. Comme dit ma grand-mère. On n'arrête pas le Progrès!
C'est vrai que la "mondialisation (libérale)" est destructrice de dialectes et de langues (plusieurs disparaissent par jour) et de temps d'autres choses.
Mais, personnellement, je n'ai pas peur de perdre mon identité, d'autant qu'elle se construit plus qu'elle n'existe. Et je trouve génial qu'il y ait une langue que tout le monde baragouine plus ou moins sur terre. Tout est dans le respect de l'autre et le respect de la diversité (qui, je le pense, a sa chance). Un Anglais qui arrive vers toi en France et qui te demande l'heure en Anglais, je comprendrais que tu l'envoies chier!
silverwitch a écrit:L'interdépendance que tu décris est au contraire le principal moteur de la guerre. Quand deux individus sont autonomes, chacun a plus de chance de vivre en bonne entente. Au contraire plus on imbrique, plus on jumelle, plus on crée des possibilités de conflit (c'est la base de l'anthropologie).
Tu es rigolote. L'Union Européenne est une zone préservée de la paix. C'est du délire. Les pays membres n'ont pas fait la guerre depuis 60 ans. C'est connu, archiconnu.

Je vois donc que tu es pour l'autarcie (c'est pas gagné)...Economiquement , c'est intenable. Mais j'ai cru m'apercevoir que l'économie n'était pas ton fort (faire tourner la planche à billets, tout çà...). Et, si je me souviens bien de nos discussions d'il y a 10 mois, tu proposes un modèle dont tu ne peux même pas esquisser la mise en place, sans doute parce qu'il est utopique. Mais, allez, on y croit !
Si tu veux etre en accord avec ce que tu proposes, vas élever des chèvres en Mongolie. Mais, est-ce que tu vas finir par comprendre que tu ne pourras jamais forcer les hommes à adhérer à cela.
Les hommes peuvent se rapprocher sans faire la guerre. L'UE "le montre et le démontre" (comme tu aimes l'écrire).
Jules a écrit:D'une part, ce chiffre m'a l'air énorme. Source? A quoi correspond-il (recettes, nombre de films)?
silverwitch a écrit:Selon l'UNESCO, en part des recettes mondiales.
Jules a écrit:D'autre part, le cinéma américain se réduit-il aux majors américaines?
silverwitch a écrit:Oui.
Ok. Donc, c'est à peu près comme dans la musique.
Mais attends, il n'y a aucune boite de production indépendante américaine?
silverwitch a écrit:Tu es rigolo. Evidemment la culture est un domaine préservé des luttes de pouvoir et des rapports de force. C'est du délire. Les rapports de force économiques, c'est ce qui décide globalement de la vie d'un film dans les salles (françaises). Quand un distributeur peut décider 900 copies pour un film hollywoodien, il s'assure de fait un nombre d'entrées fixe. Tout cela tout le monde le sait, les recettes sont connnues, archiconnues.
Je n'ai jamais prétendu cela. Ma dernière remarque - sur l'inspiration française - visait à te faire réagir. Mais explique moi comment les jeunes réalisateurs inconnus font pour devenir connus. Vu ta description de tes recettes, le talent ne pourrait donc jamais émerger...Je pars du principe qu'un réalisateur passionné et talentueux parviendra à faire voir ses films. Ce n'est pas le fils de Monsieur Universal ou le neveu de Tonton Paramount qui s'amène avec sa bobine et dit: "Tiens, tu m'en feras 900 copies..." On met généralement toutes ses économies dans un projet et l'on prie pour être un jour reconnu. Et pour certains, les portes s'ouvrent.
Certains tirent le diable par la queue toute leur vie. C'est plutôt ma vision des choses. Que ce soit la Musique (que je connais un petit peu), ou le Cinéma (que je connais pas...mais j'écoute les réalisateurs qui racontent leur histoire...et c'est souvent comme çà). Ce qui est révoltant, c'est de faire 900 copies des 15 merdes auxquelles on a le droit tous les étés, alors que cet argent pourrait financer des jeunes talents.
silverwitch a écrit:Sinon, la contre-culture ça n'existe pas. C'est un concept bidon. Resterait aussi à ce que tu définisses avec précision la notion de culture et de culture de masse (si elle existe aujourd'hui, ce dont je doute).
Alors là, je te fais confiance. En matière de concept bidon, tu es Reine.
Je vais quand même essayer de te donner un exemple concret:
Dans l'industrie de la musique justement: la numérisation de cette industrie est en train de faire trembler les majors du disques qui essaient d'"embastiller" les téléchargeurs illégaux. La révolution numérique fait apparaître une contre culture, celle des internautes qui pose de nombreux problèmes écono-éthico-légaux. Les majors étaient confortablement assis dans leur merde (culture de masse), contrôlant 99% des médias et se rendent compte qu'un nouveau phénomène les met en danger. Cette révolution technologique et la contre-culture dont elle accouche (j'entends donc par contre culture - excuse moi si ce qui suit n'a pas la rigueur d'une agrégée de philo - un ensemble de valeurs et de pratiques en total décalage voire opposition avec l'ensemble généralement partagé) , on le verra, aboutira sans doute à un rééquilibrage des rapports de forces en faveur des maisons d'édition indépendantes(rééquilibrage amorcé depuis déjà 4 ans). Le développement que connaît cette contre culture la fera sans doute bientôt accédé au rang de culture, ce qui devra nécéssiter une vraie réponse face à cet "absolument nouveau".
Pour les pourcentages à associer à contre-culture/ culture et culture de masse, réfère toi à la Loi Normale.
Sinon, je pensais à un truc hier soir en m'endormant.
Tu prophétises que le libéralisme s'effondrera sur lui-même (bon, en même temps, tu as le temps avec toi...car dans 4 milliards d'années c'est le soleil qui s'effondrera en emportant avec lui le libéralisme, enfin peut-être pas...finalement.)
Bref, passons, pourquoi voterais-tu non? (enfin, je ne sais pas si tu votes en France en fait...). Je m'adresse à ceux qui comme Silverwitch, annonce la fin future, dans un délai indéterminé, du libéralisme.
Votez oui. Vous permettrez ainsi au libéralisme de se développer, de grimper, de prospérer et vous accélérerez ainsi son effondrement.
Alors qu'en votant non, ce sera rediscuté, mais faut pas rêver non plus les amis. Donc le temps qui nous sépare de l'effondrement du libéralisme sera plus long si le non l'emporte. CQFD
Allez, à la douche!
Jules