Nuvolari a écrit:C'est bien ce que je disais. "Rompre" avec la société marchande et trouver la LCR "modérée" ce n'est pas ce que j'appelle être dans l'action politique réélle.
Cela n'a rien à voir avec ce que tu écrivais auparavant. Être en dehors de "l'action politique réelle" n'a pas le même sens qu'être en dehors du "réel". Je ne suis pas dans l'u-topie (ce qui n'existe nulle part), mais à la recherche de ce qui est quelque part, loin sans doute, en germe, et qui est à rechercher inlassablement, avec l'espoir d'y parvenir (au moins dans l'imagination) et de faire en sorte que cela s'incarne, se localise, devienne topie. Je suis en dehors de l'action politique réelle ? Tant mieux dans un sens, j'ai toujours un avantage: je ne suis pas soumise au fait, à l'état de fait, et il me reste le jeu, l'imagination, la liberté, l'aptitude à imaginer mieux.
Le problème est que ta phrase n'a tout simplement aucun sens. Il s'agit d'une condamnation a priori, sans que tu puisses qualifier ce que serait pour toi l'action politique réelle. En creux je peux alors interpréter ta phrase d'une autre manière: "je suis en dehors de la ligne commune de pensée". Là oui je suis bien d'accord. Je ne me sens pas proche d'Emmanuelle Béart et de son cirque médiatique. Ce qui me semble essentiel au-delà de la comédie médiatique bien-pensante (Paris-Plage, les raves, les rollers du vendredi soir, l'engagement débilisant) est de relier à nouveau le lien entre le socialisme (au sens ancien du terme: qui lutte contre la désassociation) et les millions de travailleurs qui aujourd'hui en France s'abstiennent ou votent à droite parce qu'ils rejettent ce monde présent sans savoir où marcher.
Je m'explique. En gros aujourd'hui on a deux types de partis:
- La droite, qui défend l'idéologie économique du marché (la concurrence) mais refuse ses conséquences (le Pacs, la fête de la musique, Paris-Plage ou la délinquance).
- La gauche qui opère les choix contraires, la critique de l'idéologie économique (et encore, si l'on voit le renoncement irréel du PS) mais se vautre dans la conséquence sociétale de l'idéologie libérale.
Je déteste encore plus férocement le PS pour cette trahison, ainsi que les symboles de cette gauche: Libération (le pire journal que je connaisse). Mais dans le fond, ces deux versants politiques sont identiques, interchangeables. Dans cet aspect, Delanoë me parait l'exemple ultime de cette mascarade de gauche, homosexuel parisien boboïste libéral-libertaire. On sait d'ailleurs qu'en américain le mot "libéral" possède les deux sens (défenseur de l'idéologie concurrentielle et/ou défenseur de libération des moeurs, en réalité libéralisation des moeurs, on voit bien que c'est la même chose).
Après cette analyse, ce que je cherche est une voie juste entre deux abïmes:
- Le libéralisme conduit à l'inégalité sociale et économique, à la pauvreté et au Rmi, à la lutte de tous contre tous, à l'exploitation de l'homme par l'homme et à la guerre.
- Le communisme conduit à la précarité, à la bureaucratie, au totalitarisme politique (culte du chef) et à la guerre.
C'est pour cela que je crois qu'il faut se méfier à la fois de l'idividualisme libéral, et de l'Etat. C'est aussi une question de regard devant le monde. Je ne vois pas comment tu peux comprendre aujourd'hui la société dans laquelle tu vis si tu ne comprends pas les deux fondements historiques qui s'opposent (rarement hélas):
- Le libéralisme qui suppose que les pouvoirs existants n'interviennent plus sur les "lois naturelles" de l'économie et laisser les experts se substituer au gouvernement des choses (l'Europe telle qu'elle se construit). L'originalité de ce système étant que pour la première fois dans l'Histoire on dissocie l'idée d'une société "bonne" de la question de la vertu des citoyens.
- La République qui à l'inverse du libéralisme dénonce la corruption des vertus civiques qu'entraine le triomphe de l'esprit du commerce et du désir d'enrichissement. Une société bonne suppose un comportement vertueux de ses membres.
Je ne suis d'accord avec aucun des deux. Les républicains se trompent parce qu'ils pensent au fond la même chose que les libéraux (que l'homme est loup pour l'homme). Alors ils reviennent au modèle antique et imaginent que l'homme doit faire d'immense sacrifices pour être vertueux. C'est pourquoi il faut en venir à la troisième voie qui fut celle du premier socialisme:
Le double refus de l'ancien régime (le règne de l'église et de l'aristocratie) et du "nouvel ancien régime" (le règne divin de l'économie politique et du Progrès technique et industriel). la catastrophe du monde d'aujourd'hui c'est que ce sont les élites qui sont dangereuses, abruties et ignorantes. Et pire encore, le temps travaille aujourd'hui contre le peuple. Bref Nuvolari, si tu te dis de gauche tu ne peux plus idolatrer les puissants (ceux qui ont réussi) mais soutenir toujours et une bonne fois pour toutes les gens simples, les travailleurs (contrairement à l'idéologie de gauche qui caricature tous les gens simples en beaufs, en ploucs, en gros en Deschiens), ainsi qu'enfin refuser les trois grands pièges: mensonge médiatique, manipulation publicitaire et l'abrutissement spectaculaire assuré par Hollywood ou bien encore par les artistes-citoyens (dont la France regorge).
Silverwitch