de cétérouge le 10 Juil 2004, 19:39
récemment, j'ai pu voir "Mur" de Simone Bitton.
C'est un film documentaire, présenté à Cennes en même temps que le film de Moore, dont on a moins parlé, mais qui porte aussi sur une crise internationale majeure, la construction du mur de séparation entre Israëliens et Palestiniens. On ressort lessivé et démoralisé, tant il apparaît filmé avec l'énergie du désespoir.
Le propos du film n'est pas tant de témoigner, de confronter des discours et des expériences contradictoires, que d'aller à la rencontre des gens qui habitent des deux côté du mur - et aussi des ouvriers palestiniens qui le construisent. Très vite il apparaît que Palestinens et Israëliens expriment leur frustration et leur désarroi face au mur en des termes qui sont très proches - et qui sont aussi ceux de la réalisatrice, qui se définit simultanément comme de culture juive et arabe, et à ce titre elle-même en situation d'exclusion politique par rapport à la politique israëlienen actuelle. La plupart des personens interrogées le sont d'ailleurs en voix-off, sur fond des images du mur (que la caméra regarde avec les intervenants), le point de vue de la caméra n'est pas celui de l'interprête ou du voyageur, mais de quelqu'un qui se sent également prisonnière du mur.
Il ya une scène très forte où la réalisatrice parle par delà des obstacles en béton à de très jeunes palestiniens, venus à cheval, qui sont sous la surveillance d'une jeep blindée- dont ils attendent le départ pour franchir la séparation- un dialogue bref et amical se noue sur la lassitude d'attendre, mais on devine que le fait que la caméra se soit approché du groupe de palestiniens provoque une réaction des policier laissés hors de la caméra, ce qui commence à provoquer un début de panique. L'un des enfants qui accompagne le groupe se met à demander "ils vont encore nous tirer dessus?"- à ce moment là la réalisatrice, d'une voix tremblante incite les adolescents à partir pour se protéger. Ce qui touche c'est que l'on sent bien que la discussion aurait pu se prolonger longtemps si le dispositif de surveillance n'aurit pas été présent.
A vrai dire, le mur semble plus correspondre à une logique d'expropriation, de redéfinition de la frontière ("le mur reprend la ligne verte, sauf dans les zones de clonies" dira un officiel israëlien), et de contrôle du déplacement des l'autre (voire des Israëliens eux-mêmes) que de protection imperméable d'Israël, au cours du film, il apparaît de manière frappante que les gens qui sont gênés, contrôlés, filtrés par le mur sont surtout des citoyens arabe israëliens, ou des travailleurs illégaux qui se rendent à Jérusalem, c'est à dire des gens qui de toute manière, doivent se rendre en Israël, sont en contact avec les deux populations (leur discours n'est jamais haineux), parlent les deux langues...
Les séquences où interviennent le responsable de "l'opération mur" (qui revienennent tout au long du récit, c'est d'ailleurs le seul personnage d'ailleurs filmé en plan fixe et de face par la caméra) sont à ce titre très impressionantes. Lorsque Simone Bitton lui demande "pourquoi le mur?", les principales justificatiosn en sont fianlement pas liées au risques d'attentat, mais au fait que les Palestiniens sont réputé voleurs de voitures, que le mur n'est en fait qu'un gigantesque système de surveillance électronique, par lui-même non-coercitif etc... toute la description du système de protection du mur est par exemple faite par le moyen de l'écvocation du trajet d'un clandestin fictif qui voudrait franchir la zone- ce qui justifie le mur est en fait non une situation de fait, géographique et historique, mais une spéculation sur le comportment de "l'autre", perçu comme une menace, mais en même temps terriblement abstraite (et par rapport à laquelel tout les composants matériels du mur ont la même signification, la même fonction, le même rôle, ce qui est proprement vertigineux compte tenu de l'étalement du mur dans le paysage).
Significativement, la seule question qui mette un peu en difficulté le responsable de la sécurité- en le confrontant au caractère flou et abstrait des raisons qui otn poussé à la construction du lmur-, porte sur les dégats écologiques causés par le mur. D'une part il s'engage au nom de l'état israêlien à éventuellement remettre en état les deux côtés du mur (ce qui suppose que dans son prorpe chef, le mur est une construction de nature provisoire) et laisse échapper une phrase à double tranchant: "des deux côtés c'est chez nous". Puis il part dans uen diatribe "tout cela c'est la faute des Palestiniens, qui ne nous ont par proposé d'interlocuteur fiables, ce sont eux qui finalement obligé à construite le mur" avant de remercier al réalisatrice, laisser sa chaise vide, mais cette diatribe est assenée sur un ton très placide, désincarné, comme si c'était simplement une convention du discours politique pour clore un débat ou une intervention.
Ce qui met extrêmement mal à l'aise, c'est qu'en voyant ces scènes, ons e rend compte que plutôt qu'un discours militaire, le discours qui justifie le mur est finalement plutôt politique, et n'apparaît pas en fait de nature très différente que le discours sécuritaire que l'on entend dans la vie politique des pays d'Europe et qui s'exerce contre l'immigration maghrébine, ce qui est vertigineux, et interroge aussi à ce titre le spectateur des pays européens.