Je ne dis absolument pas que les traditions sont par essence "bonnes à préserver". Certainement pas. Y en a un gros tas qui sont absolument affreuses ! Mais en l'occurrence (le mariage), on n'est plus dans la "tradition" à proprement parler, concept qui tient beaucoup du sympathique folklore, mais dans une institution fondamentale et, j'insiste sur ces deux mots, anthropologique et universelle, et qui a fait ses preuves ; peu importe comment les différentes sociétés habillent la chose (et ces habillements tiennent justement, de la tradition).
Et pourquoi on est dans le fondamental et non dans la tradition ? Parce qu'il s'agit d'organiser la reproduction, autrement dit la perpétuation de l'espèce : d'où le "homme/femme". Cadre qui s'est peu à peu affiné, jusqu'à (et très tôt) donner la fameuse structure universelle : la famille.
Le mariage est tellement spécial, que par exemple, lis bien !

, il est entre autre et avant tout, basé sur le roi, l'empereur... de tous les tabous : l'inceste. Tous les tabous tombent, même celui qui défend la vie : on tue et on assassine allègrement, alors qu'ôter la vie est tout de même un truc mastoque, admettons-le ! Mais tu en connais beaucoup qui couchent entre père et fille, entre sœur et frère ? etc. Le tabou de l'inceste est universel, tellement enfoncé NON PAS DANS NOS GENES mais dans notre psyché (donc il est acquis et non inné), que sa transgression est quasi inexistante ; et quand elle existe malgré tout, elle est incroyablement dissimulée, alors même que la loi, pourvu que l'inceste soit accompli entre personnes majeures et consentantes, NE LE PUNNIT PAS (du moins dans les société les plus modernes) : c'est à dire qu'il est tellement puissant, ce tabou, que la loi, souvent, ne s'est pas sentie dans l'obligation de légiférer à son encontre ! Et ce tabou (acquis justement dans le cadre familial lui-même issu du mariage) fait intégralement partie de la structure "moléculaire" (si j'ose dire), du principe du mariage.
On sait parfaitement, aujourd'hui, que ce tabou a été, à l'origine, conçu dans les tribus humaines, pour éviter la reproduction des tares génétiques. Or aujourd'hui, avec la libération sexuelle, les préservatifs, l'avortement, le désir de liberté et de transgression sexuelle, ce problème (la reproduction des tares génétiques) est maîtrisé. Mais pourtant, le tabou est là, inusable, géant, infranchissable, intact...
Il participe donc à la structure du mariage : on ne se marie pas n'importe comment, et, au-delà des habillages folkloriques, partout, à part quelques exceptions qui confirment la règle, on ne se marie pas entre frère et sœur, ou entre enfants et parents. On se marie entre femme et homme, et pour organiser la descendance. On n'a pas trouvé mieux. Moi qui sui féru de SF, j'ai lu quelques scénarios proposant d'autres voie : c'est toujours triste, glauque et dangereux... Les auteurs ne sont pas arrivés à "trouver mieux" que le mariage et son corollaire, la famille, cadre idéal pour l'éducation des enfants.
Donc, ce fameux mariage, est concrètement bel et bien non pas une fantaisie (ou une tradition...) avec laquelle on "joue" selon les désirs sociétaux des sociétés évoluées, mais une institution qui gère rien de moins que l'organisation de la perpétuation de l'espèce humaine, dont l'évolution est le résultat de quelques millénaires d'expérimentation. Tout cela pour essayer d'expliquer la singularité absolue de cette institution, et le pourquoi on ne doit pas "s'amuser" avec, au gré des désirs de circonstances.
Le fameux contrat commercial :
Mais le mariage lui-même, est AUSSI un contrat commercial. Bah oui ! On y parle de droits, de devoirs, d'obligations, des possibilités et des conditions de séparation, etc. Et ce n'est que récemment, surtout dans les sociétés les plus avancées, les sociétés occidentales, que la mariage a perdu beaucoup de cette qualité. Nous connaissons tous, ici en France même, les mariages dit de convenances, d'alliance, etc, aussi bien chez les paysans les plus pauvres que dans les salons parisiens les plus bourgeois. Balzac en témoigne abondamment dans son œuvre monumentale ! Ca n'a commencé à changer que depuis très peu.
Mais EN PLUS d'être un contrat commercial, c'est AUSSI, pour assurer sa sacralité, sa singularité, sa différence avec d'autres types de contrats, un acte garanti par la part métaphysique de nos sociétés : la religion. Même dans la Chine ancienne, peu religieuse, le mariage est garanti par le fait impérial, l'empereur étant une sorte d'incarnation divine et absolue. Le Préfet Mandarin local signe l'acte du mariage, et cet acte est garanti par l'Empereur, etc etc. Partout, d'une manière ou d'une autre, et là encore au-delà des traditions (l'habillement folklorique), le mariage est sacré. Je te laisse réfléchir sur la relation entre la perte de religiosité des sociétés Occidentales (pas toutes !) et la montée en puissance des fantaisies sociétales...
Toujours le "contrat commercial".
Mais non ! Ce n'est pas quelque chose de ... "pas beau", ou je ne sais quoi ! Les relations entre Etats, entre firmes multinationales, etc., sont garanties par ce type de contrat, et c'est respecté et respectueux, c'est solide, c'est important... C'est l'assurance d'une relation honnête et saine, garantie par les lois, et j'en passe et des meilleures. Alors oui, ce n'est pas ... "poétique" ! Et donc, dans le cadre d'un couple homo, les impétrants auraient aussi le droit à la "poésie"... Mais cela ne dépend que d'eux ! Et le Maire, le Législateur, le Préfet, le ce que tu veux, ne rentre JAMAIS dans cet aspect des choses (à part vaguement, le prêtre Chrétien qui demande à ce que le couple s'aime, mais bon, ce qu'il exige surtout et sérieusement, c'est qu'il ne se sépare jamais

). Donc, l'aspect poétique et sentimental, dans un PACS par exemple COMME DANS UN MARIAGE, cela dépend de l'intimité des concernés. Et je me répète, rien n'empêche le législateur de bien préciser les conditions d'héritage dans le PACS, de telle sorte que deux amis pacsés, deux homos, une sœur et un frère, etc., puissent transmettre leur héritage au mieux de leurs intérêts propres...
Alors tu vas me dire, dans ce cas, où est la différence, entre une relation créée dans le cadre de ce qu'on appelle le "mariage", et celle créée dans le PACS ? En poussant les choses au bout, on en revient au symbole, qui est d'une importance primordiale. Par exemple, le "MOT". Le mot mariage doit rester réservé strictement à l'union "genrée" d'une femme et d'un homme (
et donc de la "gestion" des enfants), sous la condition du tabou de l'inceste, avec comme première fonction, la perpétuation ORGANISEE de l'espèce, et comme deuxième fonction, l'organisation de base de la société (la brique de base).
Pour le reste, la poésie, l'ameuuuur, le désir, l'intellectualisation des choses, les transgressions, les jeux guillerets, la volonté de ceci ou de cela, etc, chacun il fait comme il veut dans l'intimité de sa vie ! Pas besoin de "mariage" pour ça ! (les histoires d'amour les plus torrides et passionnelles n'ont rien à voir avec le mariage, au passage).
Ah oui : le fameux "
La société ne s'est pas écroulée soudainement", à cause du mariage gay. Je te connais suffisamment intelligent pour comprendre que ce genre de chose, le mariage, la structure familiale... c'est du super lourd : les effets d'une quelconque trituration du type "apprenti sorcier", ne se font sentir que dans un temps relativement long, mais ils sont alors ultra destructeurs. C'est comme E=1/2 de MV2. L'énergie destructrice dépend de la masse : un immense cargo qui avance sur un quai à une toute petite vitesse, sans freiner, va causer un effet destructeur extraordinaire, mais "tout doucement", sans se presser (le temps long). On ne mesurera vraiment les effets de toutes ces manipulations sociétales (en l'occurrence le mariage dénaturé et détourné de ses fonctions premières, juste pour faire plaisir à un groupe de personnes ultra minoritaires qui n'en demandaient pas tant...) qu'à un niveau temporel sur le moyen et long terme. Dans quelques générations... On ne sera pas là pour en mesurer les effets, mais comme souvent, on aura joué au casino l'avenir de la société pour nos jeunes actuels (oui, d'accord, ils ne sont pas tous contre le mariage gay, mais entre nous, tu as vu leur niveau de conscience et de maturité politique ?...

et c'est normal, on ne voit vraiment la profondeur des choses qu'avec l'âge..........)
PS : à propos de ton exemple sur l'égalité des humains, noirs, blancs...
Anthropologiquement parlant, chaque tribu se considérait comme supérieure à la voisine. C'est UN INSTINCT. Et non une "organisation" ou une tradition qu'il faudrait stopper. C'est un instinct qu'il s'agit de maîtriser (comme celui de la perpétuation l'a été par le mariage), pour éviter, in fine, la destruction mutuelle définitive, vu les moyens dont dispose l'humanité aujourd'hui.
Mais cet instinct est aussi un "mal" qui a, paradoxalement, servi de dynamique pour pousser les humains à lutter, à se surpasser, à conquérir, et, même à coup de coups sanglants, à faire évoluer les choses (comme les guerres !). C'est l'histoire des civilisations, des guerres, des relations humaines, dans leur extraordinaire complexité...
Et si aujourd'hui, il est raisonnable de se considérer tous comme étant égaux, c'est une victoire du "bien" sur le "mal", de la raison sur un instinct devenu gênant... mais il reste beaucoup à faire

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On n'est pas du tout dans la même dynamique que quelque chose comme le mariage, qui n'est pas un instinct, mais une construction socio anthropologique universelle et positive.