von Rauffenstein a écrit:L'accession à la propriété et sa transmission sont des principes fondamentaux en France. Et on paie pour acquérir par héritage. En ligne indirecte, c'est 55%. Ce n'est pas rien sur un héritage de biens immobiliers, par exemple. Cela te déplaît ? Tant pis. Je te laisse à tes caricatures et les pets dans le satin. On préfère certainement que des fonds de pension étrangers rachètent...
Je te conseille alors de mettre un couvercle sur tes grandes déclarations sur l'effort et le mérite si tu n'as rien à redire à l'exemption désormais presque généralisés des droits de succession (plus de 90% des successions). Quant à parler des principes fondamentaux français, si je proposais par exemple un retour à la fiscalité pratiquée sous la présidence de Giscard d'Estaing (il y a moins de quarante ans donc), certains qualifieraient cette idée de bolchévique. Cela donne un aperçu de l'ampleur de la contre-révolution fiscale qui sévit en France. Il faut choisir: le principe de l'héritage ou le principe méritocratique. Si seuls les pauvres doivent mériter ou en tout cas beaucoup plus que les autres, alors nous vivons dans une société où cette injustice fondamentale est érigée en principe de civilisation.
Si je peux cependant préciser ou corriger tes déclarations un peu hâtives: non, on ne paie pas pour acquérir par héritage. En général, la majorité des successions se fait en franchise d'impôts, non pas seulement à cause du faible montant de la succession, mais d'une réforme fiscale. Les successions entre époux ne sont pas redevables de l'impôt, quel que soit le montant de cette succession: dix mille, un million ou dix milliards d'euros. De même, l'assurance-vie permet de contourner le paiement auquel tu fais allusion. Si tu as du bien, tu peux transmettre en franchise d'impôts 150 000 euros par personne à autant de personnes que tu as de contrats: enfants, amis, cousins. 150 000 euros ce n'est pas assez ? Qu'à cela ne tienne, jusqu'au un million d'euros l'impôts n'excèdera pas les 20%.
Reprenons encore. Tous ces petits cadeaux sont évidemment cumulables avec les donations en franchise d'impôts, entre parents et enfants. Ainsi grâce au président Sarkozy, chantre de l'effort, du travail et du mérite, chaque parent peut transmettre sans impôts 150 000 tous les dix ans à chacun de ses enfants. Ainsi en dix ans, deux parents peuvent transmettre sans débourser un centime 600 000 euros à chacun de leurs enfants. On retombe sur le budget du petit trois pièces parisien dont je parlais hier. Et que les héritiers ne s'en fassent pas trop, à la mort d'un de de leurs parents, les malheureux pourront toujours compter sur le bénéfice d'un contrat d'assurance-vie (jusqu'à 150 000 euros) et le montant de la succession sera exonéré à hauteur de 150 000 euros, si les parents ont eu la bonté d'attendre quelques années pour avaler leur extrait de naissance.
Après tout entre deux individus également méritants, à niveau d'études et de revenu strictement équivalent, l'un pourra hériter de près d'un million d'euros sans débourser un centime tandis que l'autre pourra s'endetter pendant vingt-cinq ans. Je laisse chacun apprécier la juste récompense de l'effort, du travail et du mérite.