Marlaga a écrit:
Essaye de te recentrer : des immigrés viennent en France. Ces immigrés n'appartiennent pas au peuple français (voir la définition du mot peuple que j'ai donné au-dessus). Ces immigrés ont des enfants "français" sur le papier mais ne leur inculquent aucune valeur française, donc ces enfants d'immigrés n'appartiennent toujours pas au peuple français.
Tu suis encore ?
Je souligne l'incongruité de ta remarque: un immigré appartient au peuple français, s'il est naturalisé. Ses enfants appartiendront au peuple français. En France, il y a un seul peuple: le peuple français. En revanche, la population peut être constituée d'habitants de différentes nationalités. Au niveau politique, c'est assez simple: la loi est la même pour tous, que tu sois Français ou étranger. Les droits politiques sont exclusivement réservés aux citoyens français.
J'insiste sur mes précédents messages, crois-tu que je parle en l'air de ta confusion quant à la définition du "Peuple" ? J'emploie volontairement une méthode didactique qui devrait t'entraîner à interroger le sens des mots que tu emploies:
s'efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel écrivait Albert Camus. La manière dont tu t'exprimes, le choix des mots enferme ici ta réflexion dans une impasse. Mais si tu préfères, je peux répondre de manière plus lapidaire.
Reprenons, donc. Je te cite:
Ces immigrés ont des enfants "français" sur le papier mais ne leur inculquent aucune valeur française, donc ces enfants d'immigrés n'appartiennent toujours pas au peuple françaisQue veut dire ta phrase ? Quelles sont les valeurs françaises que devraient inculquer des parents (quelles que soient leur origine) à des enfants pour en faire des Français ? Si je suis ton raisonnement, que tu sois enfant d'immigré ou non n'a aucune importance et aucun intérêt, seules comptent les valeurs françaises inculquées aux enfants. Quelles sont valeurs qui ne sont pas contenues dans les lois françaises ? Mystère. Personne n'a jamais été capable de répondre. Je précise au cas où: quelles sont les valeurs en question qui seraient
exclusivement françaises, qui caractériseraient l'essence de la francité ? Pas de vagues rapprochements qui confondent la France avec l'Europe ou avec l'Occident. Car alors, ta définition ne serait plus celle d'un Peuple, mais celle d'une civilisation à l'ombre des empires.
Tu établis une distinction stéréotypée entre des Français de papier et les autres. Et tu le fais sans définir le mot peuple, sinon à l'envers: partager des valeurs, une culture commune. Or tu fais comme si l'immigration était une valeur et le terme "étranger" une nationalité. Tout ça ne définit pas un peuple.
Marlaga a écrit:Donc on a en France un peuple français et des immigrés et descendants d'immigrés qui revendiquent des droits différents par leur appartenance à d'autres communautés, notamment l'islam. Ces communautés forment des groupes homogènes dans leur culture et vivant sur un territoire donc ils forment aussi un ou plusieurs peuples, non-français, en France.
Non. Plusieurs confusions:
- Le communautarisme qui revendique des droits différents au nom de la différence des droits a un rapport avec l'identité collective, mais pas avec l'immigration ou la nationalité. Si demain tu devenais catholique intégriste ou régionaliste militant, tu pourrais avoir des revendications communautaires, sans devenir plus ou moins Français pour autant. De même, avec les demandes de droits différents faites par des militantes féministes au nom des femmes. En creux, tu as donc une définition plus complète de la "communauté" et ce qui sépare une communauté d'un peuple.
- Un militant de la cause homosexuelle peut revendiquer une homogénéité culturelle, de même pour un militant régionaliste breton. Pour autant l'un comme l'autre n'appartiennent qu'à un seul peuple, quand ils peuvent faire partie de plusieurs communautés. En revanche, la souveraineté politique ne se partage pas. Il n'y a donc qu'un seul peuple, celui qui exerce la souveraineté politique. Pour prendre un exemple moins polémique, un Suédois peut se revendiquer
scandinave, comme un Norvégien ou même un Finlandais. Il n'appartient pas à un "peuple scandinave" pour autant. De même, si tu es catholique, tu n'appartiens pas à un
peuple catholique. Tu fais partie du peuple français, et il se trouve que tu es catholique, breton ou que tu as la peau blanche ou noire. Toutes ces identités, ces appartenances collectives peuvent et doivent être mises en jeu dans une relation dialectique. En revanche, la définition du peuple est politique, elle ne peut être étendue.
Marlaga a écrit:Ton histoire de citoyenneté est hors-sujet depuis le départ.
Au contraire, c'est la condition d'appartenance au peuple, au sens historique et au sens des droits politiques. Ça ne se partage pas, contrairement à une nationalité. Je t'invite à reprendre mes messages précédents. La précision sémantique permet la clarté. Sinon, tu finiras par confondre le citoyen avec l'habitant d'une cité. Dans cet exemple précis, la langue française s'habitua à la distinction: un citadin n'est pas un citoyen.
Entre un peuple, une communauté, une population et une civilisation, la rigueur intellectuelle devrait également s'imposer afin de comprendre de quoi on parle.
Marlaga a écrit:J'en reviens à mon idée de départ et c'est là qu'il va falloir que tu répondes, même en changeant des mots si tu préfères : faire cohabiter plusieurs peuples sur le même territoire conduit inévitablement à l'affrontement voire à la guerre civile, l'apartheid ou l'épuration ethnique. Si tu n'es pas d'accord avec ce point, donne moi des raisons de te croire mais il serait temps que tu t'attaques à cette partie du débat plutôt que de deviser à l'infini sur le sens du mot peuple. Remplace le par un autre si veux, je m'en fous.
Si tu commençais par tenir compte des mes remarques sur le fond, plutôt que sur la forme, je perdrais moins de temps. Je ne te reprends pas par plaisir, mais par souci d'exactitude et de précision, pas seulement formelle, mais d'abord et avant tout conceptuelle.
Il faut reprendre à la fois ta définition et ton histoire. La France a toujours été peuplée (habitée) par des gens qui ne se ressemblaient pas, qui ne vivaient pas à l'identique, n'avaient pas la même culture, parfois pas la même religion et très souvent pas la même langue. Jusqu'au début du siècle dernier, d'une région à l'autre les jeunes conscrits avaient des difficultés à se comprendre. Pourtant tous étaient Français.
Car si je pourrais être d'accord avec toi sur le fait qu'être Français n'est pas seulement une affaire de papiers (ou plutôt une affaire de souveraineté, mais passons), je ne peux pas dire que ce serait une affaire de valeurs ou de culture. C'est d'abord une affaire de volonté partagée: le désir des citoyens d'appartenir à cette communauté spécifique, et la volonté d'un État de fabriquer des Français, c'est-à-dire de les intégrer en leur donnant les moyens d'exercer convenablement leur métier de citoyens.
Marlaga a écrit:Le principe est le même : on ne fera pas vivre pacifiquement une communauté musulmane importante et une communauté laïco-judéo-chrétienne. Ou alors, si on pouvait le faire, ce serait en encadrant strictement les revendications des musulmans à des valeurs très limités. Moi je dirais : fermeture de tous les lieux de culte sauf 1 mosquée par ville de plus de 100000 habitants, abattage rituel interdit, importation de produits issus d'abattage rituel interdit, interdiction de tout vêtement ostentatoirement connoté religieusement comme les voiles intégraux, burkini,...et interdiction complète de tout voile sur une fille de moins de 15 ans, aucune fête musulmane ne donne lieu à un jour de congé, aucune publicité ayant trait au ramadan,...
Mais tout ça ne vaut que par la fermeture des frontières, le contrôle de l'immigration à un niveau proche de zéro et évidemment la fin du regroupement familial.
Maintenant, réponds sur le fond pour une fois, ça nous changera.
Ce que tu décris n'est pas le fond, c'est l'écume ! Il faut prendre les problèmes dans le bon ordre. En France, il n'y a pas de communauté musulmane, même si certains le revendiquent. Il y a des Français et des étrangers vivant régulièrement en France. Rien n'interdit à tel ou tel individu de se revendiquer blanc ou noir, musulman ou athée. À cette revendication, l'État répond par une indifférence résolue ? Vous êtes musulmans, catholiques, juifs ou athées ? Très bien, c'est votre problème. Réunissez-vous, vivez comme vous l'entendez pourvu que vous respectiez une loi qui est la même pour tous.
C'est aussi simple que ça. Pour le reste, il s'agit de convictions personnelles. Si ça ne tenait qu'à moi, je changerais plein de choses. Jusqu'à l'interdiction du foulard, comme de tous les signes qui marquent la soumission des femmes et interdiction de l'enseignement religieux, aux mineurs. Plein d'autres choses encore. Mais ça n'a aucun intérêt car je ne veux pas faire de ma liberté d'opinion un pouvoir, je veux donner à chacun une liberté d'examiner de son plein gré ses appartenances et de les relativiser. Je me fous des clochers, je crois que nous nous enracinons par les idées dans la liberté et par l'usage partagé de la raison et de la compassion. Je me sens aussi proche des philosophes iraniens islamiques que des penseurs grecs qui les inspirèrent.
Pour le reste, c'est une affaire de souveraineté. On y revient toujours. Si la France n'est pas indépendante, si le peuple français n'est pas souverain, rien ne va, et nous ne pouvons vivre selon les lois que nous nous donnons. Comme toutes les provinces nous subissons les lois venues d'en haut, ce qui conduit à l'explosion du tribalisme et des mécanismes identitaires. Quand la loi recule, chacun se tourne vers le parapluie identitaire pour s'abriter. Ma terre, mes semblables, ma tribu, ma caste. Refus de l'égalité, refus des différences. Refus de la politique et refus de la culture qui relativisent ces différences.