von Rauffenstein a écrit:Ou un aspect pratique. Focale courte + diaphragme fermé = très grande profondeur de champ "optiquement" nette.
Oui, mais la photographie au cinéma ne s'appuie pas autant sur ce couple, puisqu'à quelques exceptions, le diaph est relativement fixe. Traditionnellement, le cinéma américain ferme d'un stop de plus que le cinéma français. Alors certes le diaph varie à l'occasion, parfois même pendant le plan (si c'était très très rare et moche en pellicule, ça se fait parfois en numérique), mais très peu.
von Rauffenstein a écrit:De plus. Avec les capteurs numériques, et leur finesse de résolution plus grande, et qui remplacent la pelloche traditionnelle, les transitions entre "flou" et "net" sont plus brutales qu'avec les films traditionnels. Il n'y a plus cette zone douce de transition, quand on commence à entrer dans le "mou", qui était due au grain de la pellicule.
Ça ne joue pas tant que ça, enfin tout dépend du capteur numérique. Néanmoins, tu as raison sur un point: le film de Woody Allen a bien été tourné en numérique (c'est le premier Woody Allen qui ne soit pas filmé en argentique). Et en y réfléchissant, tu as sans doute raison sur un second point, il est possible que le capteur de la caméra numérique soit responsable de ces transitions un peu trop nettes, en raison justement de sa taille.
Double problème donc: taille du capteur + choix d'un diaph trop fermé (d'au moins un stop). Bon, c'est un sentiment esthétique personnel.
von Rauffenstein a écrit:Pour pallier ce souci, de ne pas être dans le "mou" et le "flou", pour "pas se faire chier", on peut choisir des focales donc courtes, qui ont une "fourchette" de netteté beaucoup plus longue à mise au point égale sur un sujet, à cadrage égal. Et en plus si on "ferme" le diaphragme, on agrandit cette profondeur "nette" (qui est en fait une illusion optique). Et pallier le problème de l'acteur qui sort du "champ de netteté" et du gars au follow focus qui doit suivre avec son gros bouton, marqué au gaffer en général sur les plans de netteté que le script lui donne. D'autant plus que le moindre défaut de follow focus se voit plus en HD, 2K ou 4 K qu'en résolution ciné traditionnel (celle du DVD, en équivalent pixel, autour de 720x480, alors que le simple HD, c'est déjà... 1920x1080...).
Le plus souvent, on ne ferme pas le diaph, on utilise un filtre neutre. Le choix du diaph est un élément parfois décisif dans l'esthétique générale de l'image. C'est pourquoi on y touche assez peu (en revanche, la zone de netteté varie parfois, notamment avec l'emploi du zoom ou d'une focale plus longue, mais comme un élément de construction du point de vue). Le diaph c'est donc l'esthétique de l'image et les changements de zone de netteté au sein de l'image un élément de la mise en scène.
von Rauffenstein a écrit:C'est toute la façon de filmer qui est ainsi bouleversée, avec l'apparition du cinéma haute résolution. La douceur tradtitionnelle des images en "super 35", du cinéma sur pellicule, disparait.
Tu exagères un peu, quand même. C'est amusant d'ailleurs le vocabulaire employé par les industriels continue de faire référence à l'argentique, ici tu parles de Super 35. Rarement employé en pellicule et remis à la mode par les capteurs numériques (même si ça n'a plus grand chose à voir).
D'ailleurs, le cinéma haute résolution existait depuis longtemps, avec le 65mm à la prise de vue.
von Rauffenstein a écrit:Enfin. Rajoutons que "pour suivre" cette évolution technique, du ciné haute résolution, les optiques doivent suivre et être à la hauteur de la finesse de la résolution du capteur. Sont donc de plus en plus exemptes de défauts et deviennent "tranchantes", pour faire "croustiller" les détails.
Ça dépend. En fait des optiques assez anciennes et plutôt douces sont fréquemment utilisées avec les caméras numériques les plus performantes. Les optiques 35mm depuis trente ans sont largement assez bonnes, contrairement aux optiques des années 60.