Silverwitch a écrit:Ouais_supère a écrit:Je reviens de trois jours d'une session de présentation/formation de la congrégation dont dépend le lycée dans lequel je travaille.
C'était vraiment instructif, notamment sur le plan professionnel, bien sûr, mais aussi pour ce qui concerne l'approche de la religion.
Il va me falloir quelques temps encore pour bien digérer tout ce que j'ai entendu.
Ensuite, pourrais-tu nous en faire un résumé succinct ? Ça m'intéresse particulièrement.
Alors, je ne sais pas exactement ce que tu veux savoir, de fait je crains de barber un peu avec des choses inutiles, mais, succinctement :
L'objectif de ce petit séminaire était de sensibiliser quelques arrivants récents (de chaque établissement scolaire sous sa tutelle) au charisme de la congrégation, afin de réfléchir à la façon d'en enrichir sa pratique, individuellement et collectivement.
Trois jours pour ce faire, c'était évidemment un peu trop ambitieux, ceci dit...
D'autant qu'apparaît très vite un défaut dans le fonctionnement actuel, qui est lié à l'histoire-même de la congrégation. Fondée par deux frères juifs convertis au christianisme, et évidemment dédiée entre autre à l'évangélisation des juifs, dans le respect toutefois des différences ("pas de violence, c'est les vacances"), elle y a totalement renoncé depuis Vatican II.
Mais demeure cette relation indissociable au judaïsme avec lequel il s'agit sans cesse de rappeler les points de rapprochement, cette histoire commune.
C'est l'histoire, il n'y a aucun problème, attention !
Ça en devient un, pour moi, lorsque celle-ci est à ce point martelée - au prétexte certes de rappeler la nécessaire acceptation/valorisation de la différence - que la troisième grande religion monothéiste se retrouve quelque peu délaissée dans la charte (où l'on fustige le rejet, comme le racisme "et surtout l'antisémitisme" (sic)), comme du contenu-même de certains enseignements pourtant intéressants (culture religieuse, culture biblique, etc...).
De fait, on a quelque peu la sensation que "nous" ce sont les catholiques ou les juifs, et la différence, c'est les autres.
Une bouffée d'air frais fut l'intervention d'un frère de la congrégation officiant au Brésil (brésilien lui-même, d'ailleurs).
Là-bas, l'empreinte de l'histoire est évidemment moins prégnante, ce qui fait que leur discours est étonnamment presque plus social que religieux, plus politisé aussi.
La différence, là-bas, elle est sociale: il y a les miséreux, et ceux qui ont les moyens d'endiguer la misère, chacun à son petit ou grand niveau.
C'est étonnant car les "textes" de référence sont les mêmes, et c'est ce qui en est fait, et seulement ça, qui varie.
L'histoire de cette congrégation, sa colonne vertébrale, très bien, et après ?
On en fait quoi, tous les jours ? Ce devrait être ça la question, et peut-être qu'en France on se pose pas assez la question. On répète.
Bon, tout cela va bouger, en France le flambeau de la congrégation passe petit à petit à des laïcs, du fait du vieillissement des soeurs qui tiennent la baraque, et il s'agit précisément que ce charisme survive, et même vive, tout court.
Tout ce laïus pénible pour dire pas grand chose, si ce n'est que le religieux a, ou doit avoir sa place aujourd'hui, ni plus ni moins.
Il m'a semblé que la seule différence entre les aspirations de ceux que j'ai rencontrés et les miennes est leur origine explicite: d'en haut, pour eux, d'en moi, pour moi.
Que finalement, j'ai toujours eu la sensation d'entendre des voix dans mon boulot comme dans ma vie, m'enjoignant à faire mieux, à "être mieux", que je les appelle simplement pas "Dieu".
Mais qu'on s'en fout un peu, non ?
Mes principes, les textes, mes fautes, les pêchers...
Je sais pas, il me faut encore mûrir tout ça, mais j'ai l'impression de plus être tout à fait le même depuis ces trois jours.