Silverwitch a écrit:von Rauffenstein a écrit:Oui. Certes. Finkie quoi. Mais accordes-lui au moins, qu'au-delà de stermes choisis, il y a quand même un certain aveuglement d'une certyaine presse (je ne parle pas de Valeurs Actuelles, bien sûr

) à vouloir défendre l'indéfendable, de parfois se réfugier dans le déni, au point de se décrédibiliser. Les faits sont ce qu'ils sont. On peut défendre de spositions d eprincipes en tentant de les dépasser. mais pas en les déniant. Bref.
Sur ce point, je suis en désaccord. Si aveuglement il y a, il n'est pas toujours là où l'on veut bien l'écrire, du moins dans l'ordre des priorités... Des aveugles guident des aveugles, si tu préfères !
Ne nous perdons pas dans des considérations oiseuses et des théoriciens qui théorisent. De fait, le mandat donné à l'OTAN en Afghanistan ne donne pas de blanc-seing aux forces armées qui y opèrent pour tirer sur la population, la terroriser et la massacrer. On peut éventuellement, ne pas être d'accord avec cette intervention. Dont acte. Mais on ne peut pas l'accuser de faire ce qu'elle ne fait pas. Commettre délibéremment des crimes de guerre. Il faudrait prouver que c'en sont. Les auteurs d'actes contraires au mandat donné sont poursuivis jugés et éventuellement sanctionnés, même s'il ne s'agit que d'un "vol bleu" (de fait, ce sont des carrières qui sont au nimimum brisées aussi, mais bref). On ne tolère pas l'erreur dans ces affaires là. Une bavure, n'est pas un symbole qui caractérise le comportement de ces troupes.
Dans l'autre cas qui nous préoccupe, on peut parler de barbarie. Des groupes auto-constitués qui se livrent au pillage et au viol. Délibéremment. En roue libre. Et je prends ici la liberté d epenser qu'il s'agit d'une dynamique intrinsèque à ces groupes là. Ce n'est pas un comportement civilisé.
La distinction opérée n'est pas claire. La barbarie n'est pas plus intrinsèque à l'armée qu'au groupe (de migrants ou de supporters d'une équipe de football, par exemple). En revanche, il arrive qu'une foule soit criminelle ou que les soldats d'une armée commettent crimes, viols, tortures, au mépris des lois et des règles. Ce qui est commun, c'est la dissolution de la responsabilité individuelle, non pas tant en fait qu'en ressenti. Le soldat obéit aux ordres, à une chaîne de commandement comme le décrivait Arendt à propos de Eichmann et de la "banalité du mal": "
les actes étaient monstrueux [...] mais le responsable était tout à fait ordinaire, comme tout le monde, ni démoniaque ni monstrueux". Disons-le autrement: ce n'est pas l'individu qui est barbare mais l'individu au sein d'une structure qui le prive de son individualité, que cette structure soit celle de l'armée ou de la foule. Si tu reconnais que le crime de guerre n'est pas le propre de l'armée, pourquoi le pillage ou le viol serait-il éventuellement le propre du migrant ou de la foule ?
Je reprends ta conclusion: depuis un siècle au moins (car on peut remonter jusqu'à Montaigne), nous savons ou nous devrions savoir que ce n'est pas la civilisation qui s'oppose à la barbarie, mais que la barbarie est le propre de la civilisation. Il y a un dernier point qui me chiffonne: quand on tue des innocents, par centaines, en toute bonne conscience, n'est-ce pas ce qui caractérise la barbarie civilisée ? En ce sens, encore une fois, la banalité du mal rejoint la radicalité du mal, dans l'ignorance de sa propre ignorance, dans l'ignorance de sa propre responsabilité, diluée par la foule, diluée par la hiérarchie.
Et ce dernier point m'oblige à poser une question, comment en arrives-tu à justifier la séparation que tu établis dans ton message. Quand tu parles de crimes de guerre, tu écris qu'il faut prouver qu'ils en sont, et prouver leur caractère délibéré. Quand tu parles des agressions sexuelles commises par une foule en Allemagne, tu oublies toute prudence, désormais: délibérément. L'affaire est entendue. Les barbares sont des barbares. Pour les autres, on verra plus tard, c'est une affaire malheureuse, qui n'engage aucune réflexion d'ordre général.