Anecdote...
Il y a longtemps de cela...
Druillet faisait une petite expo, quelque part à Paris. J'y vais, bien sûr.
Pour la première fois, je vois les planches originales du maître. Etonnement, les planches mesuraient jusqu'à 1 mètre de haut ! Or, dans Pilote, elles étaient bien entendu réduites (un peu moins d'un A3, si je me rappelle bien). Et moi, comme un "con", j'avais appris à dessiner les arabesques gothiques de Druillet "en échelle réduite". Genre enculage de mouche puissance 3 ! Mais, bon, ce fut une bonne expérience !
Pendant que je regardais une des planches, ébloui d'émotion, voila-t-y pas que Druillet lui-même se retrouve à mes côtés. Il semblait s'emmerder un peu, vu que les gens n'étaient pas spécialement porté sur son œuvre (je crois que c'était une expo organisée par un syndicat FO de la SNCF !

).
Je regarde Druillet, je lui indique un endroit de la planche, et je lui dit :
- Lone Sloane, c'est Northwest Smith de Catherine Moore ?
Là son visage s'illumine, et le voilà parti dans un discours sans fin, pour ma plus grande satisfaction !
Un moment exceptionnel !
Encore un autre moment exceptionnel :
Je l'ai rencontré plus tard lors d'une soirée bourge, il y avait feue (feu?) la veuve Goscinny. Grosse discussion sur Pilote et tout et tout !
Dans le feu de l'action, on parlait de Delirius, et je crois que Druillet (très cultivé) se demandait comment il fallait nommer la monnaie de sa planète délirante. Il hésitait entre Dolar et Rouble, je lui ai proposé Roublard. Il était MDR !
Par contre, j'ai fait une connerie monumentale, en discutant avec Mme Goscinny. En voulant mettre en avant l'œuvre déterminante de René dans la BD Française, etc, toute l'éducation d'une génération d'ados dont j'étais un pur représentant... j'ai sorti une connerie qui pouvait être comprise comme : "Bon, pas grave qu'il soit mort, puisqu'il a tout de même fait ce qu'on espérait de lui" !
Grand moment de solitude ! Druillet regardait ailleurs, la Veuve Goscinny faisait une moue dubitative, moi je m'enfonçais en essayant désespérément de m'expliquer, et mon hôte, le copain de ma sœur, intelligent, a fait péter une bouteille de champagne en mode diversion absolue !
Ah les soirées chez les Bourgeois ! C'était plus simple, chez les cheminots !
