Marlaga a écrit:Silverwitch a écrit:Ghinzani a écrit:Je ne suis pas raciste. Je n'admets pas l'islamisation de l'Europe.
Comme l'a écrit dans le journal l'Echo de la bourse de ce vendredi le Grand Imam de Bruxelles: les musulmans qui ne veulent pas s'integrer dans le mode de société des pays qui les accueille doivent partir. Tiens, lui il est quoi en disant cela?
Bah en fait, ça c'est un peu raciste comme propos...
N'importe quoi. C'est honteux de dire un truc pareil. Oui, les immigrés doivent s'intégrer au pays en adoptant leur mode de vie et non pas s'imposer en apportant leur mode de vie. C'est la base et ça devrait être rappelé très fermement, sans quoi, on ne peut éviter le rejet de la population locale et donc une haine réciproque qui en arrive aux violences extrémistes.
Qu'on en soit à parler de racisme pour dire ça, c'est plus du bisounours, c'est de la débilité. Comme si j'allais entrer dans une mosquée avec mes chaussures sales pour bouffer du jambon et boire une bière. Non. Et bien, c'est pareil pour la France. On ne s'y balade pas en France avec une djellabah ou une burqa, en lançant des discours sur le prophète et en refusant la liberté d'expression.
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Seb a écrit:Silverwitch a écrit:Bah en fait, ça c'est un peu raciste comme propos...
En quoi prôner le départ des personnes qui ne veulent pas s'intégrer serait raciste ? Il parlait d'intégration, pas d'assimilation.
Vous ne lisez pas ce que vous lisez. Ghinzani n'a pas parlé d'immigrés ou d'étrangers, mais de
musulmans. Le musulman, nouveau nom générique de l'étranger ? Si l'on relit les propos cités, ils signifient par extension:
français ≠ musulman; européen ≠ musulman.Cette réduction à l'origine, à l'ethnie ou à la religion est une réduction raciste, qui appelle à la discrimination: certains sont plus français que d'autres selon leur religion, leur couleur de peau ou leur croyance; certains sont moins Français que d'autres en raison de leur religion, de leur origine ou de leur couleur de peau. Cette confusion entre les appartenances privées et la citoyenneté crée des classes au sein de la nationalité et de la citoyenneté, il y a les Français de plein droit et puis il y a les autres qui devraient
s'intégrer comme on peut le lire un peu partout.
Malheureusement, ça ne marche pas. En France, il y a par un exemple un principe de laïcité, qui repose sur une double séparation: la non-soumission de l'État au fait religieux, la séparation entre l'espace public et l'espace privé. Cela signifie une chose très simple à comprendre et à expliquer:
le multiculturalisme n'est pas seulement un fait, c'est un droit. Et ce n'est pas seulement un droit, c'est un principe fondateur de l'État de droit, l'ordre démocratique repose sur cette séparation entre le domaine public et le domaine privé. Si je veux porter un boubou, des babouches ou une cornette, c'est une affaire privée qui ne regarde que moi, de la même manière que personne ne doit justifier le fait qu'il porte un jean, regarde des séries américaines, écoute du rap ou mange avec des baguettes, et je peux parler chinois ou un patois breton sans que ça ne regarde personne d'autre que moi et mes proches. Je rappelle à tout hasard des principes républicains essentiels: liberté d'association, liberté de pratiquer sa religion ou d'utiliser sa propre langue. Ce sont non seulement des principes inscrits dans les lois françaises depuis des siècles, et qui appartiennent au
bloc de constitutionnalité, mais également promus internationalement par la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Toutes les nations, à des degrés divers sont des sociétés
multiculturelles, par état de fait: la Bretagne n'est pas la Corse qui n'est pas l'Alsace qui n'est pas l'Auvergne. On distinguera donc l'homogénéisation nationale comme conséquence d'un ordre politique et les différences culturelles. Toute société comprend différentes cultures, et tout individu met différentes cultures en relation, qu'elles soient régionales, ethniques, liées à des croyances ou à des groupes sociaux. La limite n'est pas d'ordre culturel, mais politique.
À l'espace public, la loi; à l'espace privé, la culture. Prenons un exemple: la France est un pays d'histoire chrétienne, où les valeurs issues du christianisme ont façonné en profondeur l'identité nationale et la culture commune. Nul ne peut revendiquer des valeurs chrétiennes ou catholiques pour imposer un mode de vie ou des valeurs à ses concitoyens. Cet héritage a été transmis de manière directe et indirecte dans les lois françaises, et c'est tout ce que l'on peut dire. Par extension,
le multiculturalisme est un droit, à condition de respecter la loi. Les groupes et les minorités diverses (religieuses, ethniques, régionales, liées à l'orientation sexuelle ou que sais-je encore) peuvent cultiver leurs particularismes, individuellement ou collectivement à condition de respecter les lois du pays. Le communautarisme est la tentation pour des groupes de pression de revendiquer une identité politique, c'est-à-dire des lois spécifiques en raison d'un droit à la différence. En France, cette possibilité est réfutée par la République: nous sommes tous égaux devant la loi, la loi est la même pour tous. Il peut y avoir
une tyrannie de la minorité et elle doit être combattue, les régionalistes divers refusent la loi commune, parce qu'ils veulent faire la loi entre eux, entre gens qui se ressemblent parce qu'ils prétendent avoir des droits spécifiques sur un sol ou en raison de leur sang.
L'intégration en tant que concept a un double sens, celui d'intégrer des individus d'origines diverses à la communauté politique, et celui d'intégrer des étrangers à la communauté nationale. Il ne suffit pas d'être né Français ou d'être d'origine française pour être intégré, il s'agit d'un processus politique par lequel on intègre un certain nombre de valeurs communes que l'on nommera la citoyenneté, au sens large. Ce processus passe par l'école, par le respect des lois. C'est le rôle de la France de fabriquer des Français, et ce rôle passe notamment par le refus de toute distinction entre eux. Il y a un cercle de confusion entre l'ordre politique et l'ordre culturel, à travers l'école, à travers la loi, on fabrique également une culture commune, à l'intersection entre le domaine public et le domaine privé. Mais cette culture commune invite à se rejoindre, elle n'y contraint pas. Et l'oubli de cette distinction conduit à un autre conformisme,
la tyrannie de la majorité. Quand je lis ici et là des individus exiger d'une minorité qu'ils se conforment à la culture majoritaire, cela n'a rien à voir avec l'identité française. Ils seraient d'ailleurs bien en peine de la définir cette identité. En revanche, ils demandent aux autres des signes visibles de soumission au diktat du plus grand nombre, tout en sachant qu'ils s'exemptent de toute intégration, de toute interrogation sur leur propre identité culturelle. Si je demandais à mes interlocuteurs des brevets de leur bonne appartenance culturelle nationale, ils me riraient probablement au nez. Eux ont bien le droit de manger ce qu'ils mangent, de s'habiller comme ils l'entendent, d'écouter la musique qui leur plaît, cela ne regarde évidemment qu'eux. Ils prétendent donc créer une sous citoyenneté, ceux qui ont tout à prouver, ceux qui doivent faire comme tout le monde, et puis eux, en raison de leur couleur de peau, de leur origine, ou de leurs croyance. Certains seraient donc plus Français que d'autres, certains devraient s'intégrer plus que les autres, c'est-à-dire encore et toujours donner des gages à la majorité.
Être Français, c'est transcender par la citoyenneté ses appartenances particulières, et non les annihiler. C'est le pari de la liberté contre tous les
déterminismes, biologiques, ethniques, culturels, religieux, sociaux, économiques.