Cortese a écrit:C'est un peu ce que j'ai essayé de dire, maladroitement. Disons que la dernière partie est tellement décevante qu'on se dit qu'on aurait été comblé en partant avant la fin. Je ne fais pas de moralisme non plus. Mais un film raconte forcément une histoire et on ne peut pas ne pas juger la qualité de l'histoire.
Un film raciste pourquoi pas s'il est vraiment réussi, mais il n'y a rien de pire à mes yeux (aujourd'hui) que le racisme hypocrite qui se cache derrière de bons sentiments. Et là franchement, on a eu droit à tous les poncifs, y compris à l'égard des Français d'ailleurs : la musique de générique à l'accordéon, les flics nuls et pas regardant sur les méthodes, la pute au grand coeur qui se sacrifie pour l'amour de l'OTAN, un peu de modernisme, mais pas trop, Paris ça reste Paris, les bars miteux, les clodos pittoresques, les petites rues pourries, Pigalle... Enfin, il y a des limites au mauvais gout quand même.
On aurait dit que Polansky a pris le film au sérieux quand il s'est agit de poser un climat, des personnages etc... et puis qu'il s'est dit "ah merde, je vais rater mon rendez-vous ! Julot, tu peux terminer à ma place ? Je dois partir là et il leur faut une happy end édifiante à mes connards de producteurs." "N'oublie pas hein, la menace sur le monde libre, Israël tout ça..."
Oui, c'est exactement ça. L'histoire n'est pas très sérieuse, et Polanski la traite par dessus la jambe (c'est lié aussi à un contexte particulier, après le semi-échec de
Pirates), au point que le film en est contaminé. Résultat: c'est raté, puisqu'un film est un tout. Néanmoins, il y a aussi cette autre dimension, l'étrangeté du film, et l'expérience du spectateur redoublant celle du personnage d'Harrison Ford. De ce point de vue, il se passe quelque chose qu'on voit rarement au cinéma.
Polanski à propos de Frantic:
c'est l'histoire de quelqu'un qui dit: "je reviens tout de suite", et qui ne revient pas. Une leçon de cinéma, l'air de ne pas y toucher:
http://www.ina.fr/video/CPB88008850