La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

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Modérateurs: Garion, Silverwitch

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 26 Déc 2013, 19:45

Alzam a écrit:sur la base de la propagande de ce forum élitico-bobo-gaucho-intello !


Alzam a écrit: les Inquisiteurs d'ici


l'autodafe expressien.


Alzam, on l'a déjà dit, mais tu inventes un monde imaginaire (Inquisition? Quand où quoi?) Libre à toi, mais à force je finirai par y voir des insultes à mon encontre et je serais malheureux.

Et puis à force de tout rejeter, toi-même, par systématisme; comme si une analyse différente ne pouvait avoir de la valeur, du fait même que ses conclusions diffèrent et te sont insupportables, c'est toi finalement qui te prive de l'altérité.

A vrai dire, je le redis, connaissant ta vision du monde en d'autres sujets, je ne te comprends pas ici. La question n'est pas même que tu partages telle ou telle analyse, mais que tu la refuses en fait par systématisme.

Hugues

PS: En d'autres discussions, publiques ou privés, tu nous encourages à évoquer les films que nous affectionnons, parce que ces sélections te sont, dis-tu, précieuses et utiles. J'en viens à me demander si quand tu affirmes ceci tu es finalement sincère.. Car mêler en soi un tel systématisme dans le refus de la critique des films que tu apprécies, et une valeur à ce même à ce regard dont tu conspues par ailleurs d'autres points de vue (parfois à la limite de l'attaque personnelle, et je l'écris pour que tu t'en rendes compte, parce que, ces attaques je ne les comprends pas), me semble une drôle de guerre en soi.
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Alzam le 26 Déc 2013, 20:06

silverwitch a écrit:C'est inexact. Le film ne montre pas d'Iraniens, sinon des foules et quelques figures creuses: officiels torves, retors ou ridicules, quand ils ne sont pas en toute innocence déjà séduits par la machinerie hollywoodienne (j'y reviens). Seules figures humanisées, celles qui aident les Américains à se cacher ou n'être pas découverts: les seuls Iraniens qui accèdent à une véritable individualité (n'allons pas jusqu'à complexité) sont ou bien retors ou bien du bon côté (celui des Américains innocents), par exemple les Iraniens apeurés à l'ambassade (ils ont peur parce qu'ils sont du bon côté) quand ceux d'en face vocifèrent.


Tu commences déjà dans le n'importe quoi, dans l'emporte-pièce, dans le discours silverwitchien qui ne justifie que... Silverwitch elle-même.
Oui, les Iraniens de l'ambassade ont peur... Et ? Il est difficile d'admettre que dans une situation similaire, n'importe qui! Américain ou iranien, crapule ou ange de bonté puisse avoir peur face à la violence de ce qui lui déboule dessus et dont il n'est absolument pas responsable... Et même s'il l'était.
Des foules oui ! Une révolution ! Un peuple qui essaie de prendre son destin en main après 26 ans de confiscation du pouvoir, de souffrances, de tortures justifiées par les medias internationaux. Je suis désolé, pour ma part, je suis sensible à la colère et à la rage de ces gens, à la colère de ces mères qui participent à cette révolution en laquelle elles croient et qui leur permet de chasser un régime honni et ses commanditaires. Qu'y a-t-il de ridicule à leur colère, à leur haine, à leur volonté de changement, à leur révolution ? Quoi de plus logique que de voir un peuple bafoué, méprisé, déshumanisé par la propagande occidentale et la dictature pro-US se déverser de cette façon sur le symbole de leur souffrance imposée ?
Dans la bazar, la montée dhostilité à l'égard e l'étranger est compréhensible et elle est circonstanciée. Le marchand l'exprime très bien par la souffrance qu'il a subi d'un régime soutenu par la puissance américaine. Régime dont la CIA a débarrassé prestement les sous-sols des preuves à charge de cette collusion maléfique.
N'importe qui est capable de saisir cet enjeu sauf s'il ne pense qu'à livrer son fiel sur l'industrie cinématographique US honnie. Et pourtant un film comme ça fera beaucoup plus pour la compréhension des crimes US que tes discours abscons qui s'attaquent plus au cinéma grand public made in US qu'à la politique US en elle-même.


La ligne de démarcation se situe donc classiquement entre ceux qui accèdent à l'humanité (individualité, complexité, sentiments) et ceux qui n'ont d'existence que collective (la foule) ou à travers une fonction (aider ou s'opposer au plan d'évasion). Cela ne te dit rien ? C'est simple: les Iraniens (ou autres indigènes) sont comparables aux Indiens du western classique.
À ceci près que le cinéma hollywoodien a perdu en route toute réflexion: le western classique était une méditation sur l'individu, sur la justice, sur la morale, sur la liberté, sur l'opposition entre le droit et la loi, entre l'individu et la collectivité.


Le western classique façon John Ford sans doute...


Rien de tout cela ici: nous sommes sommés d'éprouver la peur des victimes en puissance sans jamais véritablement la relativiser. Le récit nous tend un piège, celui de l'identification à des figures présentées comme faibles et dépourvues face à une foule vociférante et des individus en uniforme qui parlent une langue étrangère incompréhensible et menaçante (l'omniprésence du gros plan des visages américains est l'essence de cette idée traduite concrètement). Qui ne voudrait les sauver ?


Oui, ils ont peur et ?
Ils ne méritent pas dêtre sauvés d'une situation dont ils ne sont pas particulièrement responsables ?
Mais en même temps, tout le monde comprend dans quelle spirale de violence ils sont tombés dans cette histoire. N'importe qui a compris que les vrais responsables de cette violence sont le Shah, la Savak, les politiques américaines et Britanniques dans la région et ni ces sept sacrifiables ni ceux qui en face reportent leur haine légitime sur les seuls américain qu'ils aient sous le coude.



Qui ne partage ce souci des individus dans toute leur humanité ? Qui sinon l'Amérique, à travers la figure d'un héros solitaire ou isolé en butte aux tracasseries administratives ? Toute la propagande américaine, classique ou moderne est contenue dans cet éloge des individus (figure tutélaire: Tom Hanks ou Denzel Washington ou Stallone dans Rocky ou Rambo) qui s'expriment dans leur souveraine liberté.


Euh, t'as raté un truc dans le film... ou tu ne voulais pas le voir. L'Amérique n'en a rien à foutre de ces ricains. Elle est choquée de voir son leadership remis en cause, elle envoie la cavalerie sauver les gentils histoire de se redorer le blason dans la crise qu'elle traverse, mais elle est parfaitement disposée à les laisser tomber lorsque cela risque de la ridiculiser aux yeux du monde en cas d'échec. Toi tu n'as pas vu d'individus... Moi j'en ai vu... Affleck que tu aimes détester, c'est pas un héros dans cette histoire, juste un obscur avec une vie plutôt ratée en butte à des principes désuets, la gouvernante iranienne même si elle n'est pas analysée avec la finesse qui te plaît tant offre aussi une figure attachante. Dans un pays livré aux règlements de compte presque naturels et à une violence quotidienne, elle choisit juste de façon très simple de ne pas livrer et de partir... Vers la "liberté"... le futur satan de l'Amérique vertueuse.
Mais tu ne vois pas ces trucs... Trop prolétaire mon fils !

Le drame d'un tel récit, c'est que nous sommes trompés, et sur les victimes et sur la puissance et sur l'identification. Repense à cette séquence quasi finale où le réalisateur (au double sens d'auteur, de manipulateur) montre des dessins, planches de story-board à des douaniers iraniens captivés comme les Indiens par la verroterie: qui sommes-nous vraiment ? Sommes nous délivrés par les images assemblées que nous regardons ? Ou sommes-nous trompés, manipulés par un récit qui nous conduit à renverser les rapports de puissance et de domination ? À la fin de ce film, ne sommes-nous pas tous Américains ?


C'est de l'analyse premier degré... Je sais bien que tu vas immanquablement me pommader de ton mépris coutumier... Et je m'en fous, mais quand je lis cette "nanalyse" à deux balles, je suis renversé. C'est dommage, parce que tu perçois un bout de la vérité... Oui, les iraniens sont encore captivés par ce qui permet à l'Amérique d'imposer cette espèce d'impérialisme culturel à travers la planète. Oui les Américains disposent de moyens financiers et guerriers pour imposer ce totalitarisme planétaire. Oui, il y a de l'attrait forcément chez ces personnages aussi endurcis soient-ils par cette lutte sans merci entre eux et leurs colonisateurs. Mais je suis surpris que tu n'y perçoivent pas justement l'auto-dérision de la situation.
A la fin de ce film (qui n'est pas un chef d'oeuvre certes), qui peut vraiment être américain... Non, chacun est tout sauf américain, mais certainement plus humain.
Bon maintenant, ça ne t'empêche pas de mener ta guerre sainte contre le cinéma US... même quand il ose par brefs moments d'audace s'attaquer à ce que tu préfères exorciser dans tes mélopées fumeuses d'intellectuelle au dessus de la crasse prolétarienne qui ose se laisser aller à sa médiocrité.



Attention: quand la lumière se rallume et que l'illusion se dissipe, il est déjà trop tard. Nous avons été trompés.

T'inquiète... pour ma part, l'illusion silverwitchienne est dissipée... et comme tu l'espères avec une élégance qui t'es propre, je ferais en sorte de ne pas rechuter. :o
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Alzam le 26 Déc 2013, 20:17

Hugues a écrit:
Alzam a écrit:sur la base de la propagande de ce forum élitico-bobo-gaucho-intello !


Alzam a écrit: les Inquisiteurs d'ici


l'autodafe expressien.


Alzam, on l'a déjà dit, mais tu inventes un monde imaginaire (Inquisition? Quand où quoi?) Libre à toi, mais à force je finirai par y voir des insultes à mon encontre et je serais malheureux.

Et puis à force de tout rejeter, toi-même, par systématisme; comme si une analyse différente ne pouvait avoir de la valeur, du fait même que ses conclusions diffèrent et te sont insupportables, c'est toi finalement qui te prive de l'altérité.

A vrai dire, je le redis, connaissant ta vision du monde en d'autres sujets, je ne te comprends pas ici. La question n'est pas même que tu partages telle ou telle analyse, mais que tu la refuses en fait par systématisme.

Hugues

PS: En d'autres discussions, publiques ou privés, tu nous encourages à évoquer les films que nous affectionnons, parce que ces sélections te sont, dis-tu, précieuses et utiles. J'en viens à me demander si quand tu affirmes ceci tu es finalement sincère.. Car mêler en soi un tel systématisme dans le refus de la critique des films que tu apprécies, et une valeur à ce même à ce regard dont tu conspues par ailleurs d'autres points de vue (parfois à la limite de l'attaque personnelle, et je l'écris pour que tu t'en rendes compte, parce que, ces attaques je ne les comprends pas), me semble une drôle de guerre en soi.


Euhhhh comme Gravity... je ne suis pas un fan hystérique de Argo hein.
Tu me proposais pour me faire plaisir de donner l'oscar à Gravity... Perso, je m'en fous, je ne suis même pas sûr qu'il le mérite et encore moins d'être sensibilisé à une telle reconnaissance.

Par contre le flot de bêtises sur Argo me laisse presque sans voix. Et je trouve dangereux de ta part d'intervenir une fois de dans un (simulacre d') échange avec Silver sur ses interdits de droit divin en matière de cinéma.
A chaque fois tu t'émeus toujours de mes réponses alors que je réagis certainement plus à ses agressions qu'à tes passions.

Franchement, la critique d'avatar, celle d'argo, c'est du delirium pas très mince. Pour ce qui est de la critique, il y a la sienne... puis la sienne, et encore un peu de la sienne... et u coup un pouce de la tienne. ET tous les autres critiques systématiquement broyés dans son mépris hautain.
Bon ça y est, perso, je suis un peu vacciné et comme je pense que ça lui fait du bien.
Maintenant pour en revenir à l'attaque personnelle qui permet d'ailleur à l'autre insulteur publique (par voie de mp en fait :lol: ) de rebondir, je pense que le ton employé d'entrée par Silver dans ce qui n'aura jamais valeur d'échange suffit à dissiper tout malentendu.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 26 Déc 2013, 21:55

Alzam a écrit:Oui, les Iraniens de l'ambassade ont peur... Et ? Il est difficile d'admettre que dans une situation similaire, n'importe qui! Américain ou iranien, crapule ou ange de bonté puisse avoir peur face à la violence de ce qui lui déboule dessus et dont il n'est absolument pas responsable... Et même s'il l'était.


N'en doutons pas. La représentation est une question de point de vue, tu ne t'interroges cependant pas sur le choix du point de vue et la conduite du récit. Imaginons un exemple similaire, où un film hollywoodien (ou anglais) représenterait un épisode de la Révolution Française de cette manière, où le récit se concentrerait exclusivement sur l'expérience perceptive privée d'un groupe d'agents britanniques (contre révolutionnaires) coincés dans le Paris de 1792. Les révolutionnaires français seraient présentés comme une foule violente parlant une langue étrangère et les malheureux agents et espions britanniques comme de sympathiques personnages, avec une famille, des amis, des sentiments... Tu analyserais ce film comme une oeuvre de propagande qui utilise nos sentiments pour nous piéger.

Alzam a écrit:Des foules oui ! Une révolution ! Un peuple qui essaie de prendre son destin en main après 26 ans de confiscation du pouvoir, de souffrances, de tortures justifiées par les medias internationaux. Je suis désolé, pour ma part, je suis sensible à la colère et à la rage de ces gens, à la colère de ces mères qui participent à cette révolution en laquelle elles croient et qui leur permet de chasser un régime honni et ses commanditaires. Qu'y a-t-il de ridicule à leur colère, à leur haine, à leur volonté de changement, à leur révolution ? Quoi de plus logique que de voir un peuple bafoué, méprisé, déshumanisé par la propagande occidentale et la dictature pro-US se déverser de cette façon sur le symbole de leur souffrance imposée ?


Rien dans le film ne montre ce point de vue, puisque le point de vue iranien n'existe pas. Il n'est jamais représenté, ni en paroles, ni en actes.

Alzam a écrit:Dans la bazar, la montée dhostilité à l'égard e l'étranger est compréhensible et elle est circonstanciée. Le marchand l'exprime très bien par la souffrance qu'il a subi d'un régime soutenu par la puissance américaine. Régime dont la CIA a débarrassé prestement les sous-sols des preuves à charge de cette collusion maléfique.


Ce n'est pas ce que montre le film, puisqu'il présente uniquement le point de vue émotionnel (c'est-à-dire la perception affective) des Américains, et notamment d'une femme (en ce qu'elle représente le comble de la faiblesse).



Alzam a écrit:N'importe qui est capable de saisir cet enjeu sauf s'il ne pense qu'à livrer son fiel sur l'industrie cinématographique US honnie. Et pourtant un film comme ça fera beaucoup plus pour la compréhension des crimes US que tes discours abscons qui s'attaquent plus au cinéma grand public made in US qu'à la politique US en elle-même.


Hors-sujet.


Alzam a écrit:
La ligne de démarcation se situe donc classiquement entre ceux qui accèdent à l'humanité (individualité, complexité, sentiments) et ceux qui n'ont d'existence que collective (la foule) ou à travers une fonction (aider ou s'opposer au plan d'évasion). Cela ne te dit rien ? C'est simple: les Iraniens (ou autres indigènes) sont comparables aux Indiens du western classique.
À ceci près que le cinéma hollywoodien a perdu en route toute réflexion: le western classique était une méditation sur l'individu, sur la justice, sur la morale, sur la liberté, sur l'opposition entre le droit et la loi, entre l'individu et la collectivité.


Le western classique façon John Ford sans doute...


Pas vraiment, non. Non seulement parce que John Ford a fait le western classique qui adopte le point de vue des Indiens (Les Cheyennes), mais également parce que Ford adopte toujours un point de vue ambigu, notamment dans un film qui pourrait servir de modèle narratif à Argo, je pense à StageCoach, où il filme non pas un faux dilemme (que faire), mais où il interroge la morale des personnages.

Oui, ils ont peur et ?
Ils ne méritent pas dêtre sauvés d'une situation dont ils ne sont pas particulièrement responsables ?


C'est tout le problème du film. Pourquoi représenter cette histoire ? Si elle n'a pas qu'une fin platement descriptive, elle vise non seulement à montrer, mais également à démontrer. Critiquer un film ce n'est pas accepter servilement l'arbitraire de son point de vue.


Mais en même temps, tout le monde comprend dans quelle spirale de violence ils sont tombés dans cette histoire. N'importe qui a compris que les vrais responsables de cette violence sont le Shah, la Savak, les politiques américaines et Britanniques dans la région et ni ces sept sacrifiables ni ceux qui en face reportent leur haine légitime sur les seuls américain qu'ils aient sous le coude.


Quels sont les éléments internes au film qui permettent au spectateur de le comprendre, au-delà d'une petite histoire édifiante qui ouvre le film (et n'a évidemment aucun lien avec le récit) ? Selon ton résumé, la scène d'ouverture devrait suffire ou bien entraîner une toute autre histoire, or bien évidemment, il n'en est rien. Les Iraniens n'ont pas le droit au point de vue, pas le droit à la parole, alors qu'il s'agit de leur révolution ! Curieusement encore, va savoir pourquoi le film de Ben Affleck ne se concentre pas sur le fiasco de l'opération militaire américaine visant à récupérer les prisonniers américains de l'ambassade... Le récit est toujours mensonger, puisqu'il présente uniquement les Iraniens sous l'angle d'opposants (salauds) ou d'adjuvants (dont la fonction est d'aider les héros à accomplir leur mission). Ils n'ont aucune liberté, aucune existence réelle.




Euh, t'as raté un truc dans le film... ou tu ne voulais pas le voir. L'Amérique n'en a rien à foutre de ces ricains. Elle est choquée de voir son leadership remis en cause, elle envoie la cavalerie sauver les gentils histoire de se redorer le blason dans la crise qu'elle traverse, mais elle est parfaitement disposée à les laisser tomber lorsque cela risque de la ridiculiser aux yeux du monde en cas d'échec. Toi tu n'as pas vu d'individus... Moi j'en ai vu... Affleck que tu aimes détester, c'est pas un héros dans cette histoire, juste un obscur avec une vie plutôt ratée en butte à des principes désuets


C'est le sempiternel stéréotype du héros isolé en butte aux tracasseries bureaucratiques et qui emporte la décision par sa capacité d'initiative, sa capacité à désobéir aux règles écrites pour les règles non-écrites de l'honneur. En ce sens, l'Amérique ne cesse de célébrer des figures héroïques identiques qui incarnent l'Amérique, c'est-à-dire l'idéalité de l'Amérique. Or, si tu regardes le film: les gentils sont gentils, ils sont innocents, et ils seront sauvés.

la gouvernante iranienne même si elle n'est pas analysée avec la finesse qui te plaît tant offre aussi une figure attachante. Dans un pays livré aux règlements de compte presque naturels et à une violence quotidienne, elle choisit juste de façon très simple de ne pas livrer et de partir... Vers la "liberté"... le futur satan de l'Amérique vertueuse.


Ou pour le dire autrement: les Américains du film sont comparables aux juifs dans l'Allemagne nazie ou la Pologne occupée. Les collabos dénoncent et les héros silencieux protègent des victimes prêtes à être sacrifiées. Ils sont en butte à une haine incontrôlable, ils n'ont aucun moyen de se défendre et ils sont pourchassés non pour leurs actes (rien n'est jamais montré des actions menées par les agents de l'ambassade américaine à cette période), mais en raison de leur couleur de peau, de leur nationalité. Tout nous conduit à penser qu'ils risquent la mort, quand il n'en était rien. Les Américains prisonniers n'ont évidemment ni été exécutés, ni massacrés par une foule en colère, pas plus qu'ils n'ont été torturés.


C'est de l'analyse premier degré... Je sais bien que tu vas immanquablement me pommader de ton mépris coutumier... Et je m'en fous, mais quand je lis cette "nanalyse" à deux balles, je suis renversé. C'est dommage, parce que tu perçois un bout de la vérité... Oui, les iraniens sont encore captivés par ce qui permet à l'Amérique d'imposer cette espèce d'impérialisme culturel à travers la planète. Oui les Américains disposent de moyens financiers et guerriers pour imposer ce totalitarisme planétaire. Oui, il y a de l'attrait forcément chez ces personnages aussi endurcis soient-ils par cette lutte sans merci entre eux et leurs colonisateurs. Mais je suis surpris que tu n'y perçoivent pas justement l'auto-dérision de la situation.


Où est l'auto-dérision dans la séquence de l'aéroport, quand des jeunes douaniers incultes sont fascinés par les images, par le récit que leurs font avec des images des espions américains ? C'est au contraire la volonté manifeste de démontrer la supériorité du cinéma américain, présenté comme innocent. Il y a un envers, c'est que si tu n'étais pas piégé par le récit, tu t'identifierais aux douaniers et non à ceux qui veulent fuir, comme le film veut te l'imposer. C'est le spectateur qui est piégé par un film qui célèbre ouvertement sa capacité à faire prendre aux spectateurs du monde entier des vessies pour des lanternes.



A la fin de ce film (qui n'est pas un chef d'oeuvre certes), qui peut vraiment être américain... Non, chacun est tout sauf américain, mais certainement plus humain.
Bon maintenant, ça ne t'empêche pas de mener ta guerre sainte contre le cinéma US... même quand il ose par brefs moments d'audace s'attaquer à ce que tu préfères exorciser dans tes mélopées fumeuses d'intellectuelle au dessus de la crasse prolétarienne qui ose se laisser aller à sa médiocrité.


En gros, tu m'expliques que le film américain réussit à nous faire adopter un point de vue complexe, à savoir éprouver de la pitié pour des américains en butte à un pays étranger en proie à des violences révolutionnaires ? Quel exploit. La difficulté serait plutôt de nous faire éprouver de la compassion pour un terroriste sur le sol américain, dans sa solitude, dans son isolement, à nous faire partager le point de vue des combattants afghans, à renverser le point de vue des puissants, sans pour autant l'épouser platement ni le justifier méthodiquement. Or ici le film se déguise, il piège le spectateur en assimilant les forts aux faibles. C'est proprement dégueulasse. Et ça l'est d'autant plus que le film fait semblant de n'avoir aucun point de vue politique, quand en réalité il a une autre fonction. Un peu comme le film de démineurs de Bigelow qui nous fait partager le quotidien anxiogène de soldats américains et leur héroïsme discret.


T'inquiète... pour ma part, l'illusion silverwitchienne est dissipée... et comme tu l'espères avec une élégance qui t'es propre, je ferais en sorte de ne pas rechuter. :o


Et pourtant, il y a fort à parier que tu le referas, et que je serai prise à partie.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 26 Déc 2013, 23:38

silverwitch a écrit:les gentils sont gentils, ils sont innocents, et ils seront sauvés.


Et du coup, quand un grand réalisateur américain fait un immense film, où les gentils sont gentils, enfin sans l'être plus que tout un chacun, où ils ne sont pas totalement innocents (la pauvreté mène au larcin ou à d'autres activités que la bonne "morale" réprouve), mais loin d'être coupables, et où ils ne seront pas sauvés du carnage ... mené par des américains qui parce que riches s'estiment plus légitimes, s'estiment "de souche". Et approuvé par la démocratie américaine...
En somme un épisode à l'opposé du mythe dans lequel désire être perçue et se regarder l'Amérique.

Le film est démonté critiquement et les salles sont vides, trop vide pour ne pas arrêter la carrière d'un artiste (et même plusieurs à vrai dire), pour que le film en devienne si maudit qu'il en soit maltraité et en subisse les outrages (coupes, mauvaise conservation, perte etc..)

Hugues (je me comprends :oops: :D )
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Alzam le 27 Déc 2013, 00:44

silverwitch a écrit:
Alzam a écrit:T'inquiète... pour ma part, l'illusion silverwitchienne est dissipée... et comme tu l'espères avec une élégance qui t'es propre, je ferais en sorte de ne pas rechuter. :o


Et pourtant, il y a fort à parier que tu le referas, et que je serai prise à partie.


Un poil de victimisation... je te prends à partie, relis un peu ton entrée en matière pour relativiser.
Et deux pincées de lecture précipitée... Je n'ai pas dit que j'hésiterais à communiquer mes désaccors avec toi à l'avenir. Juste qu'avant de prendre pour argent comptant tes consignes de boycott, je ferais l'effort de voir par moi-même le film avant de me laisser piéger. C'était donc une critique de mon propre comportement, de l'auto-critique, tu connais ?

En gros, tu m'expliques que le film américain réussit à nous faire adopter un point de vue complexe, à savoir éprouver de la pitié pour des américains en butte à un pays étranger en proie à des violences révolutionnaires ? Quel exploit.

Je n'ai jamais dit que Argo était un grand film... J'ai juste émis l'idée honteuse qu'il ne méritait pas le boycott auquel tu entends le soumettre et qu'il y avait certaines choses intéressantes dans le propos qui y est tenu. Bon pour toi, c'était sans grand intérêt et sans doute ridicule, mais l'entrée en matière du film me paraît pour ma part courageuse et fortement explicite.


La difficulté serait plutôt de nous faire éprouver de la compassion pour un terroriste sur le sol américain, dans sa solitude, dans son isolement, à nous faire partager le point de vue des combattants afghans, à renverser le point de vue des puissants, sans pour autant l'épouser platement ni le justifier méthodiquement

*Je ne vois pas le rapport. Pour le coup, c'est toi qui est hors sujet. Quel rapport entre le blues du terroriste qui vient déposer sa bombe et la peur du citoyen lambda américain bloqué dans une Révolution dont la violence ne peut que l'effrayer. Comment peux-tu assimiler les deux ?
Je suis désolé,mais pour ma part je suis aussi concerné dans le film par le destin de ces six américains que je le suis par celui de cette iranienne qui ne dénonce pas pour sauver sa vie, ou celui de ce pauvre bougre dans le bazr ivre de douleur et de colère qui a perdu son fils et qui voue une rancoeur parfaitement humaine à ceux qu'il associe de façon compréhensible aux auteurs de sa tragédie.
De même, j'ai été pour ma part sensible aux messages de ces femmes voilées à l'égard de l'Amérique et du monde pour les prendre à témoin du fait que la puissance US est la vraie puissance terrorrisante du monde. C'est dit avec des mots simples, peut-être naïfs, mais c'est parfaitement porteur du désespoir de ce discours face à un adversaire puissant économiquement, militairement et médiatiquement. Ce peuple qui uni lutte pour sa révolution, les hommes, les vieux, les femmes, les enfants, personnellement j'ose y voir quelque chose de grand et de transcendant face à la barbarie occidentale, aux armées d'occupation et aux médias d'endoctrinement. Mais j'ai dû être piégé servilement. :?


Or ici le film se déguise, il piège le spectateur en assimilant les forts aux faibles. C'est proprement dégueulasse.

C'est réducteur... Le faible est faible tant qu'il n'ose pas briser les chaînes, les siennes et s'introduire dans le symbole d pouvoir qu'est l'ambassade. Les forts deviennent faibles quand ils sont noyés dans le nombre, dans la langue non parlée, dans la violence à l'abri de laquelle il se situaient derrière leur muraille d'impunité.
Personnellement, je me réjouis quand je vois sauter ces verrous aussi bien matériels que psychologiques.
Après la lutte de ces quelques êtres, ce n'est plus l'Amérique contre l'Iran, c'est juste le trajet de quelques humains au milieu d'une cause qui les dépasse mais où leur vie se joue. QUand à l'affreux Ben Affleck, il ne prend pas la décision de les faire sortir pour glorifier l'Amérique et flétrir le vil Iran... Non, juste faire son boulot qui est d'exfiltrer les victimes de la politique de son pays. Et c'est rapidement je le concède mais néanmoins bien dit dans le film quand on évoque les charlots que se choisit l'Amérique pour assurer son leadership en Iran ou ailleurs... ou la façon dont les services secrets ont prestement débarrassé les geôles iraniennes des preuves à charge de l'usage de la torture dont se défend l'"ami Pahlavi" en images d'archives.



C'est dommage, on n'entend pas bien dans cet extrait ce qui motive la rage, la colère et la douleur du personnage. Que veux-tu, comme toute victime de la sous-culture américaine, j'y suis sensible.

Où est l'auto-dérision dans la séquence de l'aéroport, quand des jeunes douaniers incultes sont fascinés par les images, par le récit que leurs font avec des images des espions américains ? C'est au contraire la volonté manifeste de démontrer la supériorité du cinéma américain, présenté comme innocent. Il y a un envers, c'est que si tu n'étais pas piégé par le récit, tu t'identifierais aux douaniers et non à ceux qui veulent fuir, comme le film veut te l'imposer. C'est le spectateur qui est piégé par un film qui célèbre ouvertement sa capacité à faire prendre aux spectateurs du monde entier des vessies pour des lanternes.


D'abord, le film américain est un navet terrifiant... Et le fait même que les américains bombardent ces pays de cette culture que tu identifies toi-même à la verroterie à destination des indiens ou qu'on pourrait élargir aux breloques déversées en Afrique pour se procurer des esclaves est à mon sens absolument pas dénué de sens. C'est d'ailleurs le douanier le plus circonspect vis à vis de l'Américain et des ses compagnons qui s'y laisse le moins prendre. Lui, c'est la signature d'un fonctionnaire ministériel et la vérification de l'existence même du film qui l'incite à finalement abandonner tout en restant fort suspicieux. Et pour ma part, même si tu persistes à montrer dans quel piège je suis tombé, pauvre de moi... pour ma part, j'ai eu la faiblesse d'espérer que les américains puissent partir et ne pas se faire plomber tout en m'inquiétant des douaniers qui les avaient laissé filer, surtout si on trouve à l'arrivée dans leurs mains ce qu'y ont laissé le fuyards.
Tu sais, si à la place des six pauvres bougres en fuite, tu avais mis des mecs qui ont balancé du stuxnet sur les centrales iraniennes, je me serais personnellement fortement réjoui que leur voyage se termine avant terme. Mais je doute que tu saisisses cette nuance confuse de mon jugement obscurci.



Ou pour le dire autrement: les Américains du film sont comparables aux juifs dans l'Allemagne nazie ou la Pologne occupée. Les collabos dénoncent et les héros silencieux protègent des victimes prêtes à être sacrifiées. Ils sont en butte à une haine incontrôlable, ils n'ont aucun moyen de se défendre et ils sont pourchassés non pour leurs actes (rien n'est jamais montré des actions menées par les agents de l'ambassade américaine à cette période), mais en raison de leur couleur de peau, de leur nationalité. Tout nous conduit à penser qu'ils risquent la mort, quand il n'en était rien. Les Américains prisonniers n'ont évidemment ni été exécutés, ni massacrés par une foule en colère, pas plus qu'ils n'ont été torturés.


Le rapprochement me parait déjà douteux. Pour le reste. Le film commence avec la prise d'otages, donc il est difficile d'avoir un jour sur les événements qui précèdent... bien que même si tu as préféré chastement tourner les yeux ailleurs, il y a eu beaucoup de choses de dites qu'on ne voit pas ailleurs et en particulier dans nos médias.
Bon la séquence d'introduction t'a paru lénifiante. Pour moi elle était éclairante et courageuse. Il n'y a qu'à voir ce que peut risquer un film américain aujourd'hui quand il se risque à jouer du patriotisme US.
On parle aussi de la Savak, de la torture sous le Shah, de la complicité américaine permanente et des buts de guerre US dans cette dictature. Oui effectivement, on ne montre pas la tentative de sauvetage avortée et qui fut une honte pour les Etats-Unis... ou presque. C'est parce que cette intervention doit avoir lieu que l'on demande à ton très honni Affleck (je suis pas fan de l'acteur, je le dis hein avant de ramasser un pruneau) de mettre un terme à son opération de sauvetage sans intérêt. Que valent six hommes aux yeux de l'Amérique face au risque d'être ridiculisés et à la difficulté de mettre en place l'opération qui devait permettre aux Américains e se reforger une fierté ?


C'est le sempiternel stéréotype du héros isolé en butte aux tracasseries bureaucratiques et qui emporte la décision par sa capacité d'initiative, sa capacité à désobéir aux règles écrites pour les règles non-écrites de l'honneur. En ce sens, l'Amérique ne cesse de célébrer des figures héroïques identiques qui incarnent l'Amérique, c'est-à-dire l'idéalité de l'Amérique. Or, si tu regardes le film: les gentils sont gentils, ils sont innocents, et ils seront sauvés.


Non ce n'est pas un héros... C'est un raté, il n'a plus ni mariage, ni gamin, ni reconnaissance de ce qu'il peut accomplir. Il n'est guidé que par l'idée de sortir des personnes auprès desquelles il s'est engagé et qui ont fini par lui faire confiance. C'est une histoire d'êtres humains... certainement pas d'américains quand l'Amérique a déjà fait une croix sur eux. Ce n'est que quand leur histoire est terminée, les lauriers à ramasser, sans danger ni compromissions que cela a pu se faire... 18 ans après quand même et certainement pas sans arrière-pensés.


Les Iraniens n'ont pas le droit au point de vue, pas le droit à la parole, alors qu'il s'agit de leur révolution ! Curieusement encore, va savoir pourquoi le film de Ben Affleck ne se concentre pas sur le fiasco de l'opération militaire américaine visant à récupérer les prisonniers américains de l'ambassade... Le récit est toujours mensonger, puisqu'il présente uniquement les Iraniens sous l'angle d'opposants (salauds) ou d'adjuvants (dont la fonction est d'aider les héros à accomplir leur mission). Ils n'ont aucune liberté, aucune existence réelle.

Le film n'est pas sur la Révolution iranienne. Ni sur la prise de l'ambassade US. Il est bien sur le sauvetage un peu ubuesque de six personnes qui se sont perdues un peu n'importe où et n'importe comment et qui de ce fait ne pourront pas profiter de la protection de leur puissante tutelle. L'Amérique en a un peu rien à foutre de ces six-là. Elle part sur un plan foireux pour les faire libérer et abandonne le plan dès qu'elle a plus important en tête. Ils ne comptent plus pour rien, ils ne sont plus rien, ni plus personne, ni américains ni humains. Les Iraniens des salauds ? Parce que tu simplifies... Ceci dit, on est à l'ère des simplification. Quand on ne peux pas dire que Mandela était un terroriste... parce que en disant cela on légitimerait ceux sur lesquels on pose la même accusation en Palestine ou ailleurs. Non franchement, je ne vois pas d'iraniens salauds dans ce film. Je vois des fils de putes d'américains qui la main sur la panse se marrent de ce qu'ils font endurer à leurs pays satellites. Des connards d'Américains prêts à oublier que six personnes sont américaines mais prompts à tirer profit au final de l'issue heureuse de leur histoire. Je vois un peuple iranien qui a cru obtenir sa démocratie et qui l'a perdu deux fois du fait de la corruption de ses élites à la botte des puissances occidentales qui réitèrent le même schéma un peu partout sur la planète. Au final, 60 ans de dictature et de malheurs... Comment peut-on voir des salauds dans ce camp ?
Quant à l'adjuvant dont tu parles, la gouvernante, je pense qu'on ne peut remettre en cause ni sa nature iranienne, nis les traumatismes subis, la peur vécue dans cet enfer made in US et son héroisme humain. Elle n'a trahi personne, ni les siens, ni son humanité. Le traitement en est d'ailleurs juste sobre.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 27 Déc 2013, 03:20

silverwitch a écrit:C'est au contraire l'enjeu central de toute représentation: à qui nous identifions-nous, quel est le point de vue adopté ?


Hey, je ne te reconnais plus là...quel choc :eek:

Sinon, on s'identifie en effet aux otages. Pour autant, s'identifie t'on à des américains? Franchement je ne sais pas...

Oui et non. Il est difficile de louer le film de ne pas tomber dans une propagande éhontée car (relativement) éventée ! Le film honore pourtant la grandeur de l'Amérique, non dans sa bureaucratie ou sa technicité, mais par une double entreprise à visée mythique: mythe du héros isolé (en butte à l'incompréhension de ses congénères, comme l'américain d'origine italienne Balboa s'entraîne seul dans une forêt à couper du bois quand le champion soviétique est intégré dans la bureaucratie scientifique, devinons qui gagnera à la fin), et mythe du système hollywoodien, comme machine à fabriquer des imaginaires. Le discours de propagande du film est tellement évident, dans sa simplicité même pour paraphraser Poe qu'il semble ainsi disparaître aux yeux de tous. Reprenons: l'entreprise américaine de propagande est dissimulée derrière une façade, la production d'un film, c'est-à-dire qu'une image masque son dessein (celui de tromper le spectateur en endormant ses réticences) derrière un spectacle.

Le film réalisé a la même vocation que le film inventé, de la même manière qu'un acteur se déguise en agent secret, il recouvre la réalité des motifs derrière une illusion, le secret de la propagande américaine est donc révélé au grand jour dissimulé dans son évidence. Pour le dire autrement, ce film sur un film qui n'existe pas, c'est l'envers du décor. Seul problème, le film nous piège en nous faisant croire à sa manipulation. C'est notre appétit à nous identifier aux Américains, isolés, apeurés, parlant une langue familière et dont nous pouvons aisément éprouver les sentiments que l'expérience cinématographique nous piège. Nous nous identifions aux mauvaises personnes, nous avons pitié de loups déguisés en agneaux. La propagande américaine montre patte blanche.


Que répondre? :?
Un peu comme avec Avatar, j'ai l'impression (peut-être ne suis-je pas assez méfiant) que tu surestimes le pouvoir de ce type de film. Si je suis d'accord avec toi sur les mécanismes que tu exposes, je suis plus dubitatif sur le résultat et la capacité de "nuisance" d'un tel film.

Waddle a écrit:Nous sommes tous Américains, parce que nous éprouvons ce que vivent nos héros, parce que nous sommes amenés à voir ce qu'ils voient, à partager leurs peurs face à des inconnus, face à des étrangers, face à une foule vociférante. Il y a les Américains et il y a les Étrangers, les barbares c'est le mot, qui s'expriment dans une langue inconnue et agissent de manière incompréhensible et brutale. Qui n'éprouve de la compassion pour ces femmes et ces hommes abandonnés en butte à des étrangers armés dans un pays lointain ? Nous savons qui sont nos prochains, ce sont ceux dont nous partageons les peurs et celui qui les sauve, celui qui place l'humanité au-dessus de la bureaucratie et des lourdeurs administratives: l'Américain c'est l'Homme Universel. Qui voudrait être l'Indigène ? Piégés par une machine à produire des illusions sentimentales et perceptives, nous adoptons en toute innocence le parti des plus faibles, de ceux qui se cachent, de ceux qui veulent s'enfuir pour retrouver leur pays.

Seul problème, le point de vue. Le film tout à son piège nous montre son envers: ceux qui ont été trompés sont ceux qui lisent les images au premier degré. Ce sont les enfants devant les dessins, devant le récit puéril d'un film de science-fiction de série B et qui laissent entrer le loup parce qu'il est déguisé en agneau. Qui a été trompé ? C'est le spectateur. Qui sont les spectateurs du film ? Ce sont des Iraniens, c'est nous. Le piège du film est qu'il conduit les victimes à s'identifier aux auteurs (aux producteurs) de l'illusion qui les emprisonne.

Je suis impressionné de ta capacité à donner une analyse belle, presque poétique, d'un film que tu considères non seulement néfaste, et en plus mauvais.

Mais je ne sais pas quoi dire d'autre que je n'ai déjà dit.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 27 Déc 2013, 03:21

Alzam a écrit:
silverwitch a écrit:
Alzam a écrit:Mais j'en suis parfaitement conscient... Mais comme je sais prendre leçon de mes erreurs, on ne m'y reprendra plus crois-moi.
Il faut savoir tirer leçon de ses faiblesses, fussent-elles passagères. Mais bon, difficile à comprendre pour quiconque n'en a point. :o


Je l'espère. Si seulement tu m'épargnais en sus tes réflexions sur l'Inquisition élitiste auto-proclamée, je ne me sentirais plus de joie.


Je pense que tu ne pourras pas plus t'épargner ce qui te revient de droit que moi le tisu de conneries que tu peux balancer sur Argo ci-dessous. :eek: Remarque après la critique conspiratio-écologique d'Avatar, on est prêt au pire. :?

Alzam, j'espère qu'on a quand même le droit de critiquer de toutes ses forces un film, sans se faire quasiment insulter non?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 27 Déc 2013, 03:30

Alzam a écrit:Tu commences déjà dans le n'importe quoi, dans l'emporte-pièce, dans le discours silverwitchien qui ne justifie que... Silverwitch elle-même.
Oui, les Iraniens de l'ambassade ont peur... Et ? Il est difficile d'admettre que dans une situation similaire, n'importe qui! Américain ou iranien, crapule ou ange de bonté puisse avoir peur face à la violence de ce qui lui déboule dessus et dont il n'est absolument pas responsable... Et même s'il l'était.
Des foules oui ! Une révolution ! Un peuple qui essaie de prendre son destin en main après 26 ans de confiscation du pouvoir, de souffrances, de tortures justifiées par les medias internationaux. Je suis désolé, pour ma part, je suis sensible à la colère et à la rage de ces gens, à la colère de ces mères qui participent à cette révolution en laquelle elles croient et qui leur permet de chasser un régime honni et ses commanditaires. Qu'y a-t-il de ridicule à leur colère, à leur haine, à leur volonté de changement, à leur révolution ? Quoi de plus logique que de voir un peuple bafoué, méprisé, déshumanisé par la propagande occidentale et la dictature pro-US se déverser de cette façon sur le symbole de leur souffrance imposée ?
Dans la bazar, la montée dhostilité à l'égard e l'étranger est compréhensible et elle est circonstanciée. Le marchand l'exprime très bien par la souffrance qu'il a subi d'un régime soutenu par la puissance américaine. Régime dont la CIA a débarrassé prestement les sous-sols des preuves à charge de cette collusion maléfique.
N'importe qui est capable de saisir cet enjeu sauf s'il ne pense qu'à livrer son fiel sur l'industrie cinématographique US honnie. Et pourtant un film comme ça fera beaucoup plus pour la compréhension des crimes US que tes discours abscons qui s'attaquent plus au cinéma grand public made in US qu'à la politique US en elle-même.


Alzam, tu m'étonnes un peu. Personne n'a dit que les représentations du film étaient idéalistes, mais les points de vue choisis biaisent forcément l'analyse.
un peu comme si tu regardais un film de BHL sur la Libye en t'étonnant qu'on puisse le trouver propagandiste parce qu'il montrerait des choses réalistes: des familles libyennes apeurées par le régime Kadhafi, des femmes qui pleurent leurs enfants, des personnes exécutées sommairement par l'armée régulière, avec des bombardements français qui viennent mettre fin à tout ça, avec des images de foules libyennes en liesse... Tout cela serait bien réaliste et correspondrait même à des fragments de réalité...

Mais serait-ce la vérité? L'effet ne serait-il pas de produire exactement chez le spectateur l'inverse de la vérité ou de faire accepter un mensonge en diabolisant les autres et en ne rendant humain QUE ceux qui sont prétendument du bon côté?

Et puis les vidéos de l'aéroport postées par Silverwitch sont vraiment grostesque. Tout ce qu'il faut, le bon bougnoule méchant effrayant, avec la barbe, qui est l'image même de la haine...Tu pourras toujours dire "Mais ça existe des gens comme ça dans la vie, et même en Iran" que ça ne donnerait pour autant pas du crédit au film.
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Messagede Waddle le 27 Déc 2013, 03:35

Hugues a écrit:
silverwitch a écrit:les gentils sont gentils, ils sont innocents, et ils seront sauvés.


Et du coup, quand un grand réalisateur américain fait un immense film, où les gentils sont gentils, enfin sans l'être plus que tout un chacun, où ils ne sont pas totalement innocents (la pauvreté mène au larcin ou à d'autres activités que la bonne "morale" réprouve), mais loin d'être coupables, et où ils ne seront pas sauvés du carnage ... mené par des américains qui parce que riches s'estiment plus légitimes, s'estiment "de souche". Et approuvé par la démocratie américaine...
En somme un épisode à l'opposé du mythe dans lequel désire être perçue et se regarder l'Amérique.

Le film est démonté critiquement et les salles sont vides, trop vide pour ne pas arrêter la carrière d'un artiste (et même plusieurs à vrai dire), pour que le film en devienne si maudit qu'il en soit maltraité et en subisse les outrages (coupes, mauvaise conservation, perte etc..)

Hugues (je me comprends :oops: :D )

Quel film.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Alzam le 27 Déc 2013, 11:27

Waddle a écrit:
Alzam a écrit:
silverwitch a écrit:
Alzam a écrit:Mais j'en suis parfaitement conscient... Mais comme je sais prendre leçon de mes erreurs, on ne m'y reprendra plus crois-moi.
Il faut savoir tirer leçon de ses faiblesses, fussent-elles passagères. Mais bon, difficile à comprendre pour quiconque n'en a point. :o


Je l'espère. Si seulement tu m'épargnais en sus tes réflexions sur l'Inquisition élitiste auto-proclamée, je ne me sentirais plus de joie.


Je pense que tu ne pourras pas plus t'épargner ce qui te revient de droit que moi le tisu de conneries que tu peux balancer sur Argo ci-dessous. :eek: Remarque après la critique conspiratio-écologique d'Avatar, on est prêt au pire. :?

Alzam, j'espère qu'on a quand même le droit de critiquer de toutes ses forces un film, sans se faire quasiment insulter non?


Personnellement, j'ai juste parlé d'élite auto-proclamée hein.
Silver traite juste les gens de cons.
Bon après t'es dans ton rôle...
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Alzam le 27 Déc 2013, 11:44

Waddle a écrit:Alzam, tu m'étonnes un peu. Personne n'a dit que les représentations du film étaient idéalistes, mais les points de vue choisis biaisent forcément l'analyse.


Après ou avant avoir lu l'évangile selon Sainte Silver ?


un peu comme si tu regardais un film de BHL sur la Libye en t'étonnant qu'on puisse le trouver propagandiste parce qu'il montrerait des choses réalistes: des familles libyennes apeurées par le régime Kadhafi, des femmes qui pleurent leurs enfants, des personnes exécutées sommairement par l'armée régulière, avec des bombardements français qui viennent mettre fin à tout ça, avec des images de foules libyennes en liesse... Tout cela serait bien réaliste et correspondrait même à des fragments de réalité...

ça doit être pour ça que j'ai été parmi les premiers à me lever contre de telles abjections et que je défends depuis des années le peuple iranien contre toutes les tentatives de diabolisations ici ou ailleurs. :roll:
Mais je ne vois rien de ça dans le film que tu dénonces à la suite du boycott officiel...


Mais serait-ce la vérité? L'effet ne serait-il pas de produire exactement chez le spectateur l'inverse de la vérité ou de faire accepter un mensonge en diabolisant les autres et en ne rendant humain QUE ceux qui sont prétendument du bon côté?

Il n'y a pas de bon côté dans Argo. Il y a les ordures et c'est clairement la politique américaine en Iran et dans d'autres "satrapies" américaines si tu t'es donné la peine d'écouter. Que cela reste assez superficiel et léger, c'est un argument que je peux entendre sur ce qui reste plus un film e divertissement qu'un film profond d'analyse... mais qui regarde ce type de films et combien de personnes peuvent être mieux "éveillées" que par l'entrée en matière très explicite du film.
Le propos de Silver n'est pas contre la politique US ici... c'est encore contre l'abhorré Hollywood. Même quand celui-ci sort de ce qu'il a de pire et tente de s'engager avec un certains courage dans l'antithèse de ce qu'il a pu représenter aux temps mêmes où Silver l'idéalise.



Et puis les vidéos de l'aéroport postées par Silverwitch sont vraiment grostesque. Tout ce qu'il faut, le bon bougnoule méchant effrayant, avec la barbe, qui est l'image même de la haine...Tu pourras toujours dire "Mais ça existe des gens comme ça dans la vie, et même en Iran" que ça ne donnerait pour autant pas du crédit au film.
[/quote]

Parce que tu vois au travers du prisme dangereusement déformant de Silver. Moi, je vois un homme méfiant, en colère, haineux de ce qu'il a toutes les raisons de haïr... Et comme les bases de cette haine légitime, de cette guerre incontournable ont été correctement posées en préambule, je n'y vois rien qui me gêne. Pour moi dans cette scène, il n'y a pas de méchants... quant au ridicule, les douaniers sont aussi ridicules de sauter sur la "verroterie" hoolywoodienne que les américains d'en remplir leurs poches avec presque condescendance... mais ça aussi, ça se lit quand on veut rester neutre et qu'on ne regarde pas le film avec un a priori.

Même si je suis tout à fait près à relativiser la portée de ce qui demeure un simple film de divertissement auquel on fera surtout le reproche de faire de l'ombre à d'autres que j'avoue apprécier aussi pour des raisons différentes, je pense que la multiplication de ce genre d'approches est de nature à faire évoluer les représentations des populations occidentales sur les mensonges qu'on leur déverse sur ces conflits et ces peuples livrés en pack "prêt à détester et nucléariser".

Bon ça va me valoir ma volée de bois vert... mais je suis au-dessus de ça... à moins que ce ne soit au-dessous bien évidemment. En tous cas, un truc que je peux te confier, c'est que dans un monde rendu raciste par nos médias et sommaire dans sa façon de traiter ces problématiques, il y a de plus en plus de jeunes qui se posent les bonnes questions, remettent en cause la propagande des manuels et des medias, même quand ils défendent la "République France à Fric" si chère à Silver certainement plus coupable d'ignominie vis à vis des mondes opprimés que le pauvre et mièvre Ben Affleck.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Alzam le 27 Déc 2013, 11:46

Waddle a écrit:
Hugues a écrit:
silverwitch a écrit:les gentils sont gentils, ils sont innocents, et ils seront sauvés.


Et du coup, quand un grand réalisateur américain fait un immense film, où les gentils sont gentils, enfin sans l'être plus que tout un chacun, où ils ne sont pas totalement innocents (la pauvreté mène au larcin ou à d'autres activités que la bonne "morale" réprouve), mais loin d'être coupables, et où ils ne seront pas sauvés du carnage ... mené par des américains qui parce que riches s'estiment plus légitimes, s'estiment "de souche". Et approuvé par la démocratie américaine...
En somme un épisode à l'opposé du mythe dans lequel désire être perçue et se regarder l'Amérique.

Le film est démonté critiquement et les salles sont vides, trop vide pour ne pas arrêter la carrière d'un artiste (et même plusieurs à vrai dire), pour que le film en devienne si maudit qu'il en soit maltraité et en subisse les outrages (coupes, mauvaise conservation, perte etc..)

Hugues (je me comprends :oops: :D )

Quel film.


ouai et "approved" qui plus est... :roll:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 27 Déc 2013, 12:11

Alzam a écrit:
Waddle a écrit:Alzam, tu m'étonnes un peu. Personne n'a dit que les représentations du film étaient idéalistes, mais les points de vue choisis biaisent forcément l'analyse.


Après ou avant avoir lu l'évangile selon Sainte Silver ?


un peu comme si tu regardais un film de BHL sur la Libye en t'étonnant qu'on puisse le trouver propagandiste parce qu'il montrerait des choses réalistes: des familles libyennes apeurées par le régime Kadhafi, des femmes qui pleurent leurs enfants, des personnes exécutées sommairement par l'armée régulière, avec des bombardements français qui viennent mettre fin à tout ça, avec des images de foules libyennes en liesse... Tout cela serait bien réaliste et correspondrait même à des fragments de réalité...

ça doit être pour ça que j'ai été parmi les premiers à me lever contre de telles abjections et que je défends depuis des années le peuple iranien contre toutes les tentatives de diabolisations ici ou ailleurs. :roll:
Mais je ne vois rien de ça dans le film que tu dénonces à la suite du boycott officiel...


Mais serait-ce la vérité? L'effet ne serait-il pas de produire exactement chez le spectateur l'inverse de la vérité ou de faire accepter un mensonge en diabolisant les autres et en ne rendant humain QUE ceux qui sont prétendument du bon côté?

Il n'y a pas de bon côté dans Argo. Il y a les ordures et c'est clairement la politique américaine en Iran et dans d'autres "satrapies" américaines si tu t'es donné la peine d'écouter. Que cela reste assez superficiel et léger, c'est un argument que je peux entendre sur ce qui reste plus un film e divertissement qu'un film profond d'analyse... mais qui regarde ce type de films et combien de personnes peuvent être mieux "éveillées" que par l'entrée en matière très explicite du film.
Le propos de Silver n'est pas contre la politique US ici... c'est encore contre l'abhorré Hollywood. Même quand celui-ci sort de ce qu'il a de pire et tente de s'engager avec un certains courage dans l'antithèse de ce qu'il a pu représenter aux temps mêmes où Silver l'idéalise.



Et puis les vidéos de l'aéroport postées par Silverwitch sont vraiment grostesque. Tout ce qu'il faut, le bon bougnoule méchant effrayant, avec la barbe, qui est l'image même de la haine...Tu pourras toujours dire "Mais ça existe des gens comme ça dans la vie, et même en Iran" que ça ne donnerait pour autant pas du crédit au film.


Parce que tu vois au travers du prisme dangereusement déformant de Silver. Moi, je vois un homme méfiant, en colère, haineux de ce qu'il a toutes les raisons de haïr... Et comme les bases de cette haine légitime, de cette guerre incontournable ont été correctement posées en préambule, je n'y vois rien qui me gêne. Pour moi dans cette scène, il n'y a pas de méchants... quant au ridicule, les douaniers sont aussi ridicules de sauter sur la "verroterie" hoolywoodienne que les américains d'en remplir leurs poches avec presque condescendance... mais ça aussi, ça se lit quand on veut rester neutre et qu'on ne regarde pas le film avec un a priori.

Même si je suis tout à fait près à relativiser la portée de ce qui demeure un simple film de divertissement auquel on fera surtout le reproche de faire de l'ombre à d'autres que j'avoue apprécier aussi pour des raisons différentes, je pense que la multiplication de ce genre d'approches est de nature à faire évoluer les représentations des populations occidentales sur les mensonges qu'on leur déverse sur ces conflits et ces peuples livrés en pack "prêt à détester et nucléariser".

Bon ça va me valoir ma volée de bois vert... mais je suis au-dessus de ça... à moins que ce ne soit au-dessous bien évidemment. En tous cas, un truc que je peux te confier, c'est que dans un monde rendu raciste par nos médias et sommaire dans sa façon de traiter ces problématiques, il y a de plus en plus de jeunes qui se posent les bonnes questions, remettent en cause la propagande des manuels et des medias, même quand ils défendent la "République France à Fric" si chère à Silver certainement plus coupable d'ignominie vis à vis des mondes opprimés que le pauvre et mièvre Ben Affleck.[/quote]
Tu peux penser comme moi Alzam, que ce film n'aura qu'une portée limitée sur les spectateurs.
Mais tu ne peux pas nier que Silverwitch touche juste quand elle met en lumière les petits mécanismes parfois invisibles "à l'oeil nu" et qui contribuent à rendre ce film, au moins caricatural.
Le fameux barbu de l'aéroport par exemple, tu auras beau dire "Mais c'est normal qu'il soit haineux, normal qu'il soit en colère", etc..., mais au final, qu'est ce qu'il reste dans le subconscient du téléspectateur?
Les iraniens sont des gars effrayants parmi lesquels quelques personnes isolées (l'employée de l'ambassade) sont du bon côté mais sont oppressés par les autres...
Ce n'est peut-être pas volontaire ou conscient de la part du réalisateur, mais ça reproduit les schémas classiques de la représentation manichéenne du bien et du mal qui est si detestable dans ce type de film.

Et contrairement à toi, je pense que la perpétuation du racisme est là, quand ce genre de film met une barrière infranchissable entre "nous" et "eux" et c'est vrai que certaines scènes, avec la langue étrangère, la brutalité de certains iraniens, la soif de sang de la foule, ça n'aide pas...
Bien sur, tu diras que tout ça s'explique et que c'est réaliste... Je veux bien, mais ce qui importe, c'est l'impression que ça laisse au spectateur...

De la même manière, quand les médias nous mettaient en boucle le nombre de civils tués en Libye, des libyens pleurant et appelant l'occident à l'aide, un Kadhafi effrayant et son fils parlant d'un "bain de sang" si les rebelles ne lâchaient pas les armes, cela faisait bien partie de la réalité.
Pour autant, le fait de chosir de réprésenter la réalité de cette façon agissait sur le côté émotionnel du "spectateur" et avait pour effet de lui faire évidemment prendre parti pour ce qui devient avec évidence, le camp du bien contre des inhumains sanguinaires.

La réalité est toujours plus complexe, et c'est tout le talent d'un artiste que d'arriver à extraire et représenter cette complexité plutôt que de montrer des clichés qui en plus, déshumanisent les petits peuples.


PS: Je t'en prie Alzam, discutons sereinement, sans sarcasmes du type "évangile de Sainte Silver" qui franchement alourdissent inutilement le climat alors que comme toi, elle ne fait que donner son avis, tranché certes mais argumenté, sur ce film.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 27 Déc 2013, 12:13

Waddle a écrit:
Hugues a écrit:
silverwitch a écrit:les gentils sont gentils, ils sont innocents, et ils seront sauvés.


Et du coup, quand un grand réalisateur américain fait un immense film, où les gentils sont gentils, enfin sans l'être plus que tout un chacun, où ils ne sont pas totalement innocents (la pauvreté mène au larcin ou à d'autres activités que la bonne "morale" réprouve), mais loin d'être coupables, et où ils ne seront pas sauvés du carnage ... mené par des américains qui parce que riches s'estiment plus légitimes, s'estiment "de souche". Et approuvé par la démocratie américaine...
En somme un épisode à l'opposé du mythe dans lequel désire être perçue et se regarder l'Amérique.

Le film est démonté critiquement et les salles sont vides, trop vide pour ne pas arrêter la carrière d'un artiste (et même plusieurs à vrai dire), pour que le film en devienne si maudit qu'il en soit maltraité et en subisse les outrages (coupes, mauvaise conservation, perte etc..)

Hugues (je me comprends :oops: :D )

Quel film.


"Les portes du paradis" de Cimino, je suppose (je ne l'ai pas vu)
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 27 Déc 2013, 12:24

A propos de cinéma américain, j'ai vu hier "Le majordome" par un certain Lee Daniels. Quel navet, bon Dieu. C'est épouvantable, on trouve le temps long, mais long, encore plus long que dans un film français c'est dire. On se demande comment le pauvre Forrest Whitaker n'a pas claqué la porte au milieu du tournage. C'est évidemment dégoulinant de sentimentalisme. On a beau être blindé par des dizaines d'années de "je t'aime-moi aussi je t'aime", c'est toujours aussi effroyable de mauvais goût (même quand ils ne s'embrassent pas pendant trois plombes). Une des rares choses qui sauve un peu le discours "y'a bon Banania" modèle 1938 amélioré 1968, modifié 2008, c'est qu'il donne quand même un peu raison à Malcolm X (représenté par le fils maudit du héros).
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Messagede Silverwitch le 27 Déc 2013, 15:51

Alzam a écrit:Un poil de victimisation... je te prends à partie, relis un peu ton entrée en matière pour relativiser.
Et deux pincées de lecture précipitée... Je n'ai pas dit que j'hésiterais à communiquer mes désaccors avec toi à l'avenir. Juste qu'avant de prendre pour argent comptant tes consignes de boycott, je ferais l'effort de voir par moi-même le film avant de me laisser piéger. C'était donc une critique de mon propre comportement, de l'auto-critique, tu connais ?


Faut pas me prendre pour un canard sauvage. Ton appréciation sur le film se résume en trois lignes, et c'est moins qu'il ne t'en faut pour vilipender l'élitisme bobo auto-proclamé et son contexte (quatre lignes).

Je n'ai jamais dit que Argo était un grand film... J'ai juste émis l'idée honteuse qu'il ne méritait pas le boycott auquel tu entends le soumettre et qu'il y avait certaines choses intéressantes dans le propos qui y est tenu. Bon pour toi, c'était sans grand intérêt et sans doute ridicule, mais l'entrée en matière du film me paraît pour ma part courageuse et fortement explicite.


Ce n'est pas une entrée en matière, c'est un prétexte. Quant à cette affaire de boycott, pardon mais c'est un peu fort de café: j'avais des bonnes raisons, personnelles pour le faire. Je n'empêche personne de voir ce film, je ne conseille à personne de le faire. Je ne me suis pas répandue en commentaires peu amènes. J'ai simplement dit que je refusais d'aller le voir, en reprenant les mêmes termes (boycott) que dans mon message précédent à propos du dernier film d'Olivier Assayas. Ce ne sont pas les films hollywoodiens ou français que je boycotte, ce sont les mauvais films, ceux qui me font perdre mon temps ou ceux qui veulent me faire avaler une propagande infecte. Et quand il s'agit de l'Iran, c'est vraiment trop fort de café.


*Je ne vois pas le rapport. Pour le coup, c'est toi qui est hors sujet. Quel rapport entre le blues du terroriste qui vient déposer sa bombe et la peur du citoyen lambda américain bloqué dans une Révolution dont la violence ne peut que l'effrayer. Comment peux-tu assimiler les deux ?


Le choix du point de vue est essentiel et il doit être discuté (contesté) par le spectateur dans sa logique arbitraire. C'est en plein dans le sujet, de savoir vers qui va notre compassion, pourquoi raconter telle histoire plutôt que telle autre, dans tel contexte plutôt que tel autre.

Je suis désolé,mais pour ma part je suis aussi concerné dans le film par le destin de ces six américains que je le suis par celui de cette iranienne qui ne dénonce pas pour sauver sa vie, ou celui de ce pauvre bougre dans le bazr ivre de douleur et de colère qui a perdu son fils et qui voue une rancoeur parfaitement humaine à ceux qu'il associe de façon compréhensible aux auteurs de sa tragédie.


Ta réponse n'est pas sérieuse. La construction du point de vue ne fonctionne pas de cette manière, tu te livres à une reconstruction abstraite. Au cinéma, comme dans toute forme de récit narratif, tout est affaire de focalisation. Si le film présentait la scène sous l'angle du marchand du bazar, le point de vue serait en effet bien différent. Or, ce n'est pas la focalisation choisie par le film, ni dans l'espace, ni dans le temps. Pour le dire autrement, la focalisation, c'est l'intention perceptive de l'énonciateur (le récit filmique). Tu mets sur le même plan une justification verbale et une expérience perceptive qui contredit volontairement et violemment cette justification. Il s'agit pourtant d'un procédé classique employé par les schémas narratifs hollywoodiens (un personnage méchant, un opposant y est souvent décrit comme une ancienne victime métamorphosée par une expérience traumatique). Reprenons cette séquence:



Une analyse sommaire contredit bien évidemment ton point de vue. Après un plan d'exposition à la focalisation neutre (le guide qui les attend), on passe immédiatement à une focalisation très serrée (abus des gros plans sur les visages des personnages filmés par une caméra portée) quand arrivent les héros. S'ensuivent quelques plans dont la fonction est de montrer à la fois la foule, compacte et homogène, potentiellement menaçante, comme l'exprime le raccord dans l'axe sur le personnage de Ben Affleck. Dès le début de cette séquence, le spectateur a été plongé dans une atmosphère oppressante et de menace diffuse, confirmée après un peu plus d'une minute par le fait que les Américains sont suivis, espionnés et photographiés (L'Iran révolutionnaire est présenté pendant tout le film comme un État policier et militaire, au mépris de toute vérité historique), et la mise en scène adopte des plan moyens en alternance avec des plans subjectifs des personnages principaux (afin d'accentuer l'impression d'isolement et le sentiment de séparation éprouvé entre nous et eux). Avant l'incident, le montage est de plus en plus haché, les plans de plus en plus court, afin d'augmenter la tension (l'impression que quelque chose menace, sans savoir quoi), la foule est de plus en plus dense, les Américains se heurtent à des badauds, une femme est dévisagée par un Iranien (la mise en scène nous annonce classiquement ce qui va arriver au personnage clé de la séquence). Sans prévenir (c'est également important, le spectateur ne doit pas comprendre immédiatement l'élément déclencheur), l'incident se produit (un plan général et une focalisation serrée sur la jeune femme qui prend des photos), sous un angle de caméra bien spécifique, la menace vient dans le dos de la jeune femme (elle est doublement innocente, elle ne comprend pas et ne peut voir). Ensuite la séquence alterne de manière attendue entre tous les éléments, vus sous l'angle exclusif des Américains, témoins impuissants privés de la parole et de la maitrise du langage. On remarquera ironiquement que le guide-interprète est présenté comme faible: il est confronté à des interlocuteurs nettement plus grands et visiblement plus forts, plus imposants que lui. Il ne peut représenter une protection pour les protagonistes, dont le personnage central est une femme, ce qui a un sens précis et une signification encore plus large: c'est une femme faible et innocente, face à des hommes. Si j'étais plus brutale, j'ajouterais que pour les spectateurs, c'est une femme blanche entourée d'une foule d'hommes "bronzés" en colère.

De même, j'ai été pour ma part sensible aux messages de ces femmes voilées à l'égard de l'Amérique et du monde pour les prendre à témoin du fait que la puissance US est la vraie puissance terrorrisante du monde. C'est dit avec des mots simples, peut-être naïfs, mais c'est parfaitement porteur du désespoir de ce discours face à un adversaire puissant économiquement, militairement et médiatiquement. Ce peuple qui uni lutte pour sa révolution, les hommes, les vieux, les femmes, les enfants, personnellement j'ose y voir quelque chose de grand et de transcendant face à la barbarie occidentale, aux armées d'occupation et aux médias d'endoctrinement. Mais j'ai dû être piégé servilement. :?


Voilà, tu as été piégé par un prétexte, et par ton appétit de comprendre, par ton humanité.

C'est réducteur... Le faible est faible tant qu'il n'ose pas briser les chaînes, les siennes et s'introduire dans le symbole d pouvoir qu'est l'ambassade. Les forts deviennent faibles quand ils sont noyés dans le nombre, dans la langue non parlée, dans la violence à l'abri de laquelle il se situaient derrière leur muraille d'impunité.


C'est tout le principe actif du film que de renverser sciemment le rapport de puissance et de domination. Après tout, un lapin peut bien tuer un chasseur.

Personnellement, je me réjouis quand je vois sauter ces verrous aussi bien matériels que psychologiques.
Après la lutte de ces quelques êtres, ce n'est plus l'Amérique contre l'Iran, c'est juste le trajet de quelques humains au milieu d'une cause qui les dépasse mais où leur vie se joue. QUand à l'affreux Ben Affleck, il ne prend pas la décision de les faire sortir pour glorifier l'Amérique et flétrir le vil Iran... Non, juste faire son boulot qui est d'exfiltrer les victimes de la politique de son pays.


Exactement comme Chuck Norris dans Delta Force (déjà des Iraniens, d'ailleurs), ou n'importe quel autre film de mercenaires où des innocents sont pris en otage par un régime policier ou militaire. Un héros solitaire est envoyé dans une mission impossible, et c'est l'autre preuve de son héroïsme qu'il soit empêché par une bureaucratie technocratique, voire abandonné à la fin par un pouvoir indigne. Rien de nouveau à ce schéma, c'est comme je l'écrivais plus haut celui du film de mercenaires. L'originalité du récit, c'est un autre déplacement: les armes de guerre ne sont plus des armes automatiques mais des images, des films.

Cette idée est développée en toute simplicité et dans toute sa puissance, les cibles ennemies ne sont plus subjuguées uniquement par la puissance de feu américaine mais dans leur imaginaire, piégés comme le spectateur par un double appétit de divertissement (au sens péjoratif du terme, le film ne le cache pas puisque c'est proprement une série B kitsch qui sert d'appât) et un désir de compréhension, où un récit nous propose de prendre le parti perceptif de victimes potentielles innocentes, en terre étrangère sous la menace de foules fanatiques et à la merci d'un pouvoir policier militarisé. Qui ne prendrait le parti de la veuve et de l'orphelin ? Qui ne voudrait défendre un enfant en danger ? Le parti de l'humanité, c'est le parti de l'Amérique.

Dois-je ajouter que le film se moque tellement d'être lu pour ce qu'il est qu'il en devient vertigineux ? Les intérêts supérieurs de l'Amérique sont défendus par le cinéma hollywoodien, dont la force repose dans sa capacité à mettre en place des mécanismes perceptifs et narratifs dont la vocation est de subjuguer le spectateur, désormais désarmé. Tout cela le film le dit explicitement, et il le dit de manière d'autant moins inhibée qu'il repose tout entier sur le pari de l'identification, du transfert mimétique.


D'abord, le film américain est un navet terrifiant... Et le fait même que les américains bombardent ces pays de cette culture que tu identifies toi-même à la verroterie à destination des indiens ou qu'on pourrait élargir aux breloques déversées en Afrique pour se procurer des esclaves est à mon sens absolument pas dénué de sens. C'est d'ailleurs le douanier le plus circonspect vis à vis de l'Américain et des ses compagnons qui s'y laisse le moins prendre. Lui, c'est la signature d'un fonctionnaire ministériel et la vérification de l'existence même du film qui l'incite à finalement abandonner tout en restant fort suspicieux.


Un schéma narratif fonctionne sur plusieurs niveaux qui n'ont pas la même fonction. S'il y a un douanier/militaire pointilleux, sa fonction narrative est de prolonger la tension du récit, en ralentissant la perception du temps, tandis que les autres douaniers ont une fonction de prescription, qui se lit elle-même à différents degrés: ils sont des adjuvants (ils aident l'accomplissement de la mission) bien involontaires sur le plan narratif et ils permettent également l'accomplissement du message du film, à savoir que le cinéma américain est universel, il capture sans état d'âme. On pourra évidemment y voir un certain mépris pour les indigènes, puisque par le miracle de la focalisation (le point de vue) qui est avant tout une relation de savoir, le spectateur sait lui que le film n'existe pas, et le film lui fait un clin d'oeil. Rien de plus efficace que cette ironie contemporaine: le spectateur est pris en souriant avec une certaine commisération envers les pauvres ères qui s'y sont laissés prendre. Le piège fonctionne d'autant mieux qu'à nous on ne la fait pas.

Et pour ma part, même si tu persistes à montrer dans quel piège je suis tombé, pauvre de moi... pour ma part, j'ai eu la faiblesse d'espérer que les américains puissent partir et ne pas se faire plomber tout en m'inquiétant des douaniers qui les avaient laissé filer, surtout si on trouve à l'arrivée dans leurs mains ce qu'y ont laissé le fuyards.


Oui, en effet. C'est bien le piège: un récit est une construction artificielle qui choisit un point de vue arbitraire. Tous les mauvais films trouvent le moyen de légitimer la compassion du spectateur pour un héros vengeur. Il est très intéressant que tu y ajoutes de la compassion pour les malheureux douaniers/militaires (le film ne tranche jamais, d'où un caractère indécidable), puisque cette compassion isole plus encore l'Iran révolutionnaire comme un territoire où tout est soumis à l'arbitraire du pouvoir. Le récit filmique te laisse imaginer à ton gré que les malheureux seront sévèrement punis, alors même qu'ils n'y sont pour pas grand chose. Punis pour avoir succombé à l'imagerie hollywoodienne ? Quoi de mieux pour dénoncer la barbarie.

Tu sais, si à la place des six pauvres bougres en fuite, tu avais mis des mecs qui ont balancé du stuxnet sur les centrales iraniennes, je me serais personnellement fortement réjoui que leur voyage se termine avant terme.


Je n'en doute pas. D'ailleurs, quand la femme/fille de Charles Bronson se fait sauvagement violer et torturer par des voyous, qui peut rester insensible à la colère et la haine du malheureux époux/père de famille ? Le problème, c'est le point de vue adopté sur une situation plus large.


Le rapprochement me parait déjà douteux. Pour le reste. Le film commence avec la prise d'otages, donc il est difficile d'avoir un jour sur les événements qui précèdent... bien que même si tu as préféré chastement tourner les yeux ailleurs, il y a eu beaucoup de choses de dites qu'on ne voit pas ailleurs et en particulier dans nos médias.
Bon la séquence d'introduction t'a paru lénifiante. Pour moi elle était éclairante et courageuse. Il n'y a qu'à voir ce que peut risquer un film américain aujourd'hui quand il se risque à jouer du patriotisme US.


J'ai peut-être l'esprit mal placé, peu importe. Oublions ce rapprochement. En revanche, je suis désolée d'insister, mais l'ouverture du film est au sens propre un prétexte. Elle n'a rien à voir avec le récit filmique, rien à voir avec la narration. C'est une manière piéger l'esprit pour mieux qu'il s'abandonne à une classique fable des mercenaires chez les bronzés en toute décontraction.

On parle aussi de la Savak, de la torture sous le Shah, de la complicité américaine permanente et des buts de guerre US dans cette dictature. Oui effectivement, on ne montre pas la tentative de sauvetage avortée et qui fut une honte pour les Etats-Unis... ou presque. C'est parce que cette intervention doit avoir lieu que l'on demande à ton très honni Affleck (je suis pas fan de l'acteur, je le dis hein avant de ramasser un pruneau) de mettre un terme à son opération de sauvetage sans intérêt. Que valent six hommes aux yeux de l'Amérique face au risque d'être ridiculisés et à la difficulté de mettre en place l'opération qui devait permettre aux Américains e se reforger une fierté ?


Tu comprends donc parfaitement l'intérêt pour le film de fermer les yeux sur un fiasco et de mettre en avant la réussite d'une autre opération, d'autant plus exemplaire qu'elle est moderne. Comme dans tous les films de mercenaire, l'honneur s'oppose à la raison d'État. Il n'y a nulle originalité dans ce traitement narratif, c'est au contraire un stéréotype du genre, nécessaire au schéma: il faut éprouver la solitude du héros, abandonné par sa patrie. Bon, évidemment, contrairement à la plupart des films de mercenaire ("Les Chiens de Guerre" de John Irvin, par exemple pour prendre un bon film), l'opération réussit, et les mercenaires ne sont pas abandonnés à une mort certaine. Les temps ont changé, foin de radicalisme. Les innocents ont été sauvés, et c'est l'universel en nous qui peut s'en réjouir.


Non ce n'est pas un héros... C'est un raté, il n'a plus ni mariage, ni gamin, ni reconnaissance de ce qu'il peut accomplir. Il n'est guidé que par l'idée de sortir des personnes auprès desquelles il s'est engagé et qui ont fini par lui faire confiance. C'est une histoire d'êtres humains... certainement pas d'américains quand l'Amérique a déjà fait une croix sur eux. Ce n'est que quand leur histoire est terminée, les lauriers à ramasser, sans danger ni compromissions que cela a pu se faire... 18 ans après quand même et certainement pas sans arrière-pensés.


C'est exactement la figure du héros solitaire dont la vie privée est un échec et qui se trouve tout entier dans sa mission. Je devrais ajouter que c'est un cliché assez éculé, mais si tu veux, nous citerons quelques exemples.


Le film n'est pas sur la Révolution iranienne. Ni sur la prise de l'ambassade US. Il est bien sur le sauvetage un peu ubuesque de six personnes qui se sont perdues un peu n'importe où et n'importe comment et qui de ce fait ne pourront pas profiter de la protection de leur puissante tutelle. L'Amérique en a un peu rien à foutre de ces six-là. Elle part sur un plan foireux pour les faire libérer et abandonne le plan dès qu'elle a plus important en tête. Ils ne comptent plus pour rien, ils ne sont plus rien, ni plus personne, ni américains ni humains. Les Iraniens des salauds ? Parce que tu simplifies... Ceci dit, on est à l'ère des simplification.


Tu as tout dit, c'est vrai. C'est une carte postale, où les Iraniens tiennent lieu d'Indiens. Ce seraient des Irakiens, des Afghans, que ça serait pareil. Alors évidemment ça relativise le vernis de bonne conscience. Mais quelle importance...

Quand on ne peux pas dire que Mandela était un terroriste... parce que en disant cela on légitimerait ceux sur lesquels on pose la même accusation en Palestine ou ailleurs. Non franchement, je ne vois pas d'iraniens salauds dans ce film. Je vois des fils de putes d'américains qui la main sur la panse se marrent de ce qu'ils font endurer à leurs pays satellites. Des connards d'Américains prêts à oublier que six personnes sont américaines mais prompts à tirer profit au final de l'issue heureuse de leur histoire. Je vois un peuple iranien qui a cru obtenir sa démocratie et qui l'a perdu deux fois du fait de la corruption de ses élites à la botte des puissances occidentales qui réitèrent le même schéma un peu partout sur la planète. Au final, 60 ans de dictature et de malheurs... Comment peut-on voir des salauds dans ce camp ?


Ce n'est pas du tout mon point de vue, mais ça tombe bien, il n'y a rien de tout cela dans le film.

Quant à l'adjuvant dont tu parles, la gouvernante, je pense qu'on ne peut remettre en cause ni sa nature iranienne, nis les traumatismes subis, la peur vécue dans cet enfer made in US et son héroisme humain. Elle n'a trahi personne, ni les siens, ni son humanité. Le traitement en est d'ailleurs juste sobre.


Le seul personnage iranien traité avec "sobriété", c'est donc quelqu'un (une femme, évidemment, cliché quand tu nous tiens) qui permet aux Américains d'échapper à un enfer (sic). Et ça ne te pose aucun problème, pardon, tu ne vois même pas le problème.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede denim le 27 Déc 2013, 15:54

ben dis donc...ça c'est d'la réponse.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 27 Déc 2013, 16:01

Cortese a écrit:A propos de cinéma américain, j'ai vu hier "Le majordome" par un certain Lee Daniels. Quel navet, bon Dieu. C'est épouvantable, on trouve le temps long, mais long, encore plus long que dans un film français c'est dire. On se demande comment le pauvre Forrest Whitaker n'a pas claqué la porte au milieu du tournage. C'est évidemment dégoulinant de sentimentalisme. On a beau être blindé par des dizaines d'années de "je t'aime-moi aussi je t'aime", c'est toujours aussi effroyable de mauvais goût (même quand ils ne s'embrassent pas pendant trois plombes). Une des rares choses qui sauve un peu le discours "y'a bon Banania" modèle 1938 amélioré 1968, modifié 2008, c'est qu'il donne quand même un peu raison à Malcolm X (représenté par le fils maudit du héros).

Ah tu l'as vu? :-D
Mais c'est "le film qui a fait pleurer Barack Obama" alors fais attention à ce que tu dis!
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 27 Déc 2013, 16:09

Bon Silverwitch, quel bon film (même vieux) faits par des américains sur l'Iran ou sur des iraniens, que tu peux nous conseiller s'il te plait?
"La citoyenneté réduite au droit du sang consiste à dire que la République est génétique et non pas spirituelle", Waddle, 2013.

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Messagede Cortese le 27 Déc 2013, 18:17

Waddle a écrit:Bon Silverwitch, quel bon film (même vieux) faits par des américains sur l'Iran ou sur des iraniens, que tu peux nous conseiller s'il te plait?


"Le voleur de Bagdad"

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/c ... poster.jpg

Il chevauche "Boraq" ou quoi, Douglas Fairbanks ?
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Messagede Rainier le 27 Déc 2013, 18:39

Cortese a écrit:
Waddle a écrit:Bon Silverwitch, quel bon film (même vieux) faits par des américains sur l'Iran ou sur des iraniens, que tu peux nous conseiller s'il te plait?


"Le voleur de Bagdad"

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/c ... poster.jpg

Il chevauche "Boraq" ou quoi, Douglas Fairbanks ?


Bagdad, en Iran ?
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Messagede Cortese le 27 Déc 2013, 19:20

Rainier a écrit:
Cortese a écrit:
Waddle a écrit:Bon Silverwitch, quel bon film (même vieux) faits par des américains sur l'Iran ou sur des iraniens, que tu peux nous conseiller s'il te plait?


"Le voleur de Bagdad"

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/c ... poster.jpg

Il chevauche "Boraq" ou quoi, Douglas Fairbanks ?


Bagdad, en Iran ?


:roll:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 27 Déc 2013, 20:48

Waddle a écrit:Sinon, on s'identifie en effet aux otages. Pour autant, s'identifie t'on à des américains? Franchement je ne sais pas...


Quand j'écris, "nous sommes tous Américains", je ne fais que citer le titre de l'édito en première page du Monde après le 9/11:

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Cela signifie non pas que nous soyons tous des citoyens américains, évidemment non ! La propagande américaine à destination des foules mondiales n'est plus vraiment une propagande de drapeau, mais plutôt une manière de confisquer à son seul profit l'universalité en l'être humain. Cette pitié dont nous sommes saisis, elle concerne nos semblables en ce que nous ne voulons pas seulement que des otages innocents soient secourus, mais que nous acclamons en celui qui les sauve le modèle de l'héroïsme. La force et la pitié, c'est l'Amérique. En quelque sorte, la propagande hollywoodienne ramène à l'Amérique tout ce qu'il y a de meilleur en l'homme. L'américanisation de l'imaginaire, c'est l'autre face de la mondialisation (l'américanisation) économique et techno-scientifique du monde: c'est une entreprise de destruction massive de la diversité des cultures. C'est la réduction des imaginaires, au même titre qu'il y avait des réducteurs de têtes. Et cette entreprise fonctionne selon un modèle très simple: les films hollywoodien comme les marchandises sont les vers qui se tortillent sous le nez des poissons. C'est parce que nous avons faim (d'évasion, de divertissement, de compréhension) que nous mordons à l'hameçon.

Que répondre? :?
Un peu comme avec Avatar, j'ai l'impression (peut-être ne suis-je pas assez méfiant) que tu surestimes le pouvoir de ce type de film. Si je suis d'accord avec toi sur les mécanismes que tu exposes, je suis plus dubitatif sur le résultat et la capacité de "nuisance" d'un tel film.


Ça n'est pas vraiment important. L'efficacité de la propagande américaine ne repose pas sur notre perception d'un seul et unique film, mais par accumulation, c'est un poison lent. Critiquer un film, c'est aborder l'oeuvre étudiée en s'interrogeant sur son sens: qu'est-ce que dit le film (qu'est-ce qu'il montre et qu'est-ce qu'il démontre).

Ici, en analysant le film, je révèle ce qu'il vise à démontrer à travers ce qu'il montre. Il y a une objectivité de l'objet qu'est le film, il y a des caractéristiques narratives précises (une architecture invisible) déployées à travers des formes esthétiques visibles. Ici je critique un film, je ne fais pas une étude psycho-cognitive des effets des techniques de propagande employées.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 27 Déc 2013, 23:25

silverwitch a écrit:
Waddle a écrit:Sinon, on s'identifie en effet aux otages. Pour autant, s'identifie t'on à des américains? Franchement je ne sais pas...


Quand j'écris, "nous sommes tous Américains", je ne fais que citer le titre de l'édito en première page du Monde après le 9/11:

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Cela signifie non pas que nous soyons tous des citoyens américains, évidemment non ! La propagande américaine à destination des foules mondiales n'est plus vraiment une propagande de drapeau, mais plutôt une manière de confisquer à son seul profit l'universalité en l'être humain. Cette pitié dont nous sommes saisis, elle concerne nos semblables en ce que nous ne voulons pas seulement que des otages innocents soient secourus, mais que nous acclamons en celui qui les sauve le modèle de l'héroïsme. La force et la pitié, c'est l'Amérique. En quelque sorte, la propagande hollywoodienne ramène à l'Amérique tout ce qu'il y a de meilleur en l'homme. L'américanisation de l'imaginaire, c'est l'autre face de la mondialisation (l'américanisation) économique et techno-scientifique du monde: c'est une entreprise de destruction massive de la diversité des cultures. C'est la réduction des imaginaires, au même titre qu'il y avait des réducteurs de têtes. Et cette entreprise fonctionne selon un modèle très simple: les films hollywoodien comme les marchandises sont les vers qui se tortillent sous le nez des poissons. C'est parce que nous avons faim (d'évasion, de divertissement, de compréhension) que nous mordons à l'hameçon.

Que répondre? :?
Un peu comme avec Avatar, j'ai l'impression (peut-être ne suis-je pas assez méfiant) que tu surestimes le pouvoir de ce type de film. Si je suis d'accord avec toi sur les mécanismes que tu exposes, je suis plus dubitatif sur le résultat et la capacité de "nuisance" d'un tel film.


Ça n'est pas vraiment important. L'efficacité de la propagande américaine ne repose pas sur notre perception d'un seul et unique film, mais par accumulation, c'est un poison lent. Critiquer un film, c'est aborder l'oeuvre étudiée en s'interrogeant sur son sens: qu'est-ce que dit le film (qu'est-ce qu'il montre et qu'est-ce qu'il démontre).

Ici, en analysant le film, je révèle ce qu'il vise à démontrer à travers ce qu'il montre. Il y a une objectivité de l'objet qu'est le film, il y a des caractéristiques narratives précises (une architecture invisible) déployées à travers des formes esthétiques visibles. Ici je critique un film, je ne fais pas une étude psycho-cognitive des effets des techniques de propagande employées.


D'accord, je comprends mieux. Aussi petit et inoffensif que soit le ver, tu veux le tuer dans l'oeuf, parce que c'est l'accumulation qui fait la force...
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Kadoc le 28 Déc 2013, 06:05

J'ai vu le Hobbit - la deuxieme partie - hier. La longueur des films est inversement proportionnelle a la taille des heros.

J'aime bien les films epiques comme ca, les epopees a travers le monde en bravant tous les dangers. Apres comme l'a dit DCP ca fait chier qu'ils aient coupe au milieu de l'action.

Bref c'est tres plaisant, y'a plein d'action et l'univers de Tolkien a definitivement quelque chose de special et je trouve que les films lui rendent relativement bien honneur.
Je ne l'ai pas vu en 3D et on sent que pas mal de scenes sont uniquement faites pour la 3D et inutiles sinon.

J'attends la suite avec impatience.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 28 Déc 2013, 11:13

Waddle a écrit:D'accord, je comprends mieux. Aussi petit et inoffensif que soit le ver, tu veux le tuer dans l'oeuf, parce que c'est l'accumulation qui fait la force...


Même pas ! Je critique chaque film pour ce qu'il est, car c'est en étudiant les caractéristiques propres à chaque film qu'on accroît notre capacité de discernement devant des oeuvres de l'esprit. L'activité critique est un produit de la pensée. Quand on voit un film, on peut se laisser emporter par la représentation à laquelle on assiste, on peut s'abandonner (jusqu'à un certain point) à ce que je nomme une expérience perceptive. En revanche, le retour sur l'oeuvre suppose un autre regard: non plus la curiosité initiale (nécessaire pour que nous mordions à l'hameçon du récit), mais celui du discernement.

C'est le seul moyen pour que les oeuvres de l'esprit trouvent en nous un chemin complet, celui qui nous accroît notre capacité générale à reconnaître dans l'existence quotidienne ce que nous avons découvert de manière ordonnée dans les films, les romans ou au théâtre.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 28 Déc 2013, 13:39

silverwitch a écrit:
Waddle a écrit:D'accord, je comprends mieux. Aussi petit et inoffensif que soit le ver, tu veux le tuer dans l'oeuf, parce que c'est l'accumulation qui fait la force...


Même pas ! Je critique chaque film pour ce qu'il est, car c'est en étudiant les caractéristiques propres à chaque film qu'on accroît notre capacité de discernement devant des oeuvres de l'esprit. L'activité critique est un produit de la pensée. Quand on voit un film, on peut se laisser emporter par la représentation à laquelle on assiste, on peut s'abandonner (jusqu'à un certain point) à ce que je nomme une expérience perceptive. En revanche, le retour sur l'oeuvre suppose un autre regard: non plus la curiosité initiale (nécessaire pour que nous mordions à l'hameçon du récit), mais celui du discernement.

C'est le seul moyen pour que les oeuvres de l'esprit trouvent en nous un chemin complet, celui qui nous accroît notre capacité générale à reconnaître dans l'existence quotidienne ce que nous avons découvert de manière ordonnée dans les films, les romans ou au théâtre.

:good
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Stéphane le 02 Jan 2014, 14:02

Walter Mitty, c'était sympa. :good
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Né quelque part le 03 Jan 2014, 00:16

Vu Kill Bill 1 et 2... J'ai jamais rien vu d'aussi chiant... :?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Stéphane le 03 Jan 2014, 00:19

Elysium aujourd'hui.

Bof
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 03 Jan 2014, 01:30

Né quelque part a écrit:Vu Kill Bill 1 et 2... J'ai jamais rien vu d'aussi chiant... :?

T'es le genre de mec qui s'endort devant Gladiator, c'est ça ?
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Stéphane le 03 Jan 2014, 01:51

sheon a écrit:
Né quelque part a écrit:Vu Kill Bill 1 et 2... J'ai jamais rien vu d'aussi chiant... :?

T'es le genre de mec qui s'endort devant Gladiator, c'est ça ?



J'me suis endormi devant Gladiator et Matrix(bon, ok, à 2h du mat' dans un car), mais pas devant Tree Of Life. :D
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Aym le 03 Jan 2014, 10:10

Né quelque part a écrit:Vu Kill Bill 1 et 2... J'ai jamais rien vu d'aussi chiant... :?

En général quand on trouve le 1 chiant, on ne regarde pas le 2, si ?

Moi je m'étais endormi devant le "seigneur des anneaux" 1, je n'ai jamais regardé le 2.

Bon, par contre j'ai regardé le 3 :D
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Aiello le 03 Jan 2014, 10:22

Aym a écrit:
Né quelque part a écrit:Vu Kill Bill 1 et 2... J'ai jamais rien vu d'aussi chiant... :?

En général quand on trouve le 1 chiant, on ne regarde pas le 2, si ?

Moi je m'étais endormi devant le "seigneur des anneaux" 1, je n'ai jamais regardé le 2.

Bon, par contre j'ai regardé le 3 :D


Les trois films passaient à la suite et tu t'es réveillé au début du 3ème ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Aym le 03 Jan 2014, 10:50

Non, le premier, Albane l'avait loué en dvd le lendemain du jour où je suis monté en bretagne la première fois. Donc après 10h de train, c'est dur de tenir 3h devant ce genre de film.
Du coup j'ai fait l'impasse sur le deuxième, jamais vu, mais quand le 3ème est sorti au ciné, j'ai accompagné ma femme, quand même.

Depuis j'ai lu les bouquins, et comme ils sont chiants, c'est pas étonnant qu'on ne puisse pas faire des films intéressants avec.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Rainier le 03 Jan 2014, 10:53

Stéphane a écrit:
sheon a écrit:
Né quelque part a écrit:Vu Kill Bill 1 et 2... J'ai jamais rien vu d'aussi chiant... :?

T'es le genre de mec qui s'endort devant Gladiator, c'est ça ?



J'me suis endormi devant Gladiator et Matrix(bon, ok, à 2h du mat' dans un car), mais pas devant Tree Of Life. :D


Moi je ne me suis pas endormi devant Kill Bill1 et 2, ni devant Gladiator par contre là ou j'ai vraiment roupillé c'est devant Matrix et surtout Inception !

Tree of Life, je faisais profil bas car j'avais forcé ma femme, qui n'en avait pas envie, à le regarder et je me sentais un peu coupable devant certaines scènes (le fameux dinosaure, l'espace ...) mais au final ma femme a bien aimé ... ouf !
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede DCP le 03 Jan 2014, 10:59

Bon, allez-y, faites votre top-5 des films devant lesquels vous vous êtes endormis. Une autre manière de classer les films.. :D

Pour ma part, c'est assez rare, je m'endors plutôt devant les séries policières, genre pendant le premier épisode de la soirée, je me réveille durant le deuxième ou le troisième, et là, je m'en rends compte, car la suite de l'histoire ne fait plus trop de sens... :lol:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Xave le 03 Jan 2014, 11:27

Stéphane a écrit:J'me suis endormi devant Gladiator et Matrix(bon, ok, à 2h du mat' dans un car), mais pas devant Tree Of Life. :D


Fayot ! :lol:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 03 Jan 2014, 11:38

Aym a écrit:Non, le premier, Albane l'avait loué en dvd le lendemain du jour où je suis monté en bretagne la première fois. Donc après 10h de train, c'est dur de tenir 3h devant ce genre de film.
Du coup j'ai fait l'impasse sur le deuxième, jamais vu, mais quand le 3ème est sorti au ciné, j'ai accompagné ma femme, quand même.

Depuis j'ai lu les bouquins, et comme ils sont chiants, c'est pas étonnant qu'on ne puisse pas faire des films intéressants avec.

Ah ça, les bouquins sont super chiants (j'ai pas fini le premier tellement le style est lourdingue) mais j'ai bien aimé les films, comme quoi...
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Stéphane le 03 Jan 2014, 12:12

Xave a écrit:
Stéphane a écrit:J'me suis endormi devant Gladiator et Matrix(bon, ok, à 2h du mat' dans un car), mais pas devant Tree Of Life. :D


Fayot ! :lol:

J'me suis endormi devant aucun transformers non plus que j'ai tous vus au cinéma
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
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