Shunt a écrit:Tout à fait, c'est sur la base de ce principe que je suis favorable à l'élargissement du mariage aux couples homos et non à un énième contrat d'union civile ou à un PACS qui reprendrait les droits et devoirs des époux. La loi n'est pas à géométrie variable, elle est la même pour tous.
Le mariage, ce n'est pas un droit, au sens générique du terme. Et toutes les juridictions sont en accord sur ce point. En tant qu'institution, le mariage distingue selon une utilité commune et ne discrimine pas. La loi est bien la même pour tous, que l'on soit homosexuel ou hétérosexuel, le domaine public ne s'en soucie pas, fort heureusement.
Je crois qu'on est dans une suite logique. A partir du moment à l'homosexualité n'est plus pénalisée, à partir du moment où l'union homosexuelle est reconnue juridiquement (via le PACS), à partir du moment où des homosexuels parviennent légalement à élever des enfants, l'ouverture du mariage homosexuel semble couler de source.
Le mot même de "mariage" interdit son
extension à des couples homosexuels, c'est une contradiction dans les termes, quand il s'agit bien d'un invariant universel. Appeler mariage une institution qui distingue des couples homosexuels, c'est contraire à nos principes républicains: pas d'utilité commune, à moins de confondre sphère privée et domaine public.
Mais ça ne remet rien en cause. Le sens du mariage ne change en rien pour les couples hétéros. Les dispositions, les droits, les devoirs, le cadre juridique restent les mêmes. La finalité reste la même. L'utilité publique reste la même. Alors qu'un énième contrat d'union civile - qui aurait accordé les droits et les avantages du mariage sans pour autant l'appeler mariage - m'aurait semblé plus pernicieux.
J'admets volontiers ta remarque, mais je ne crois pas que nous ayons l'obligation de choisir entre deux impasses conceptuelles et politiques ! À titre personnel, si j'étais initialement favorable au PACS, j'y suis depuis un certain temps opposée puisqu'il me semble que c'est devenu un "mariage" bis réduit à une dimension contractuelle, et sans utilité commune avérée, puisque vidé de sa proposition initiale, celle d'un contrat de solidarité.
Pas plus que le droit à l'avortement, le recours à la contraception ou le divorce...
L'institution du mariage (dès l'origine liée à l'autorisation du divorce), c'est l'une des premières institutions crées par la République. On peut donc penser que l'institution du mariage cimente la communauté nationale, au sens politique du terme, de manière plus importante que toutes les autres lois civiles.
De même, le droit à l'avortement fait évidemment partie des grandes questions qui pouvaient mériter un référendum.
L'adoption ne crée pas de droit à l'enfant... le droit à l'enfant induit une notion d'automaticité, or l'adoption reste un processus long, complexe et sélectif.
J'ai essayé d'expliquer dès le début du sujet que l'institution du mariage c'était le cadre stable et conservateur lié à la fondation d'une famille. Tout le monde en convient désormais, de manière implicite ou explicite, et au premier rang le gouvernement qui a relié les deux questions dans son projet de loi. La question de la PMA (et sans doute de la GPA) est posée puisque tout le monde reconnaît là aussi de manière implicite ou explicite que le mariage, c'est bien l'institution de la fondation d'une famille. Le mariage ne se conçoit pas sans la potentialité d'un enfant. Si on unit publiquement un couple homosexuel, on reconnaît l'existence d'un
droit à l'enfant.