Céline-
Rigodon (publié en 1967)

Les céliniens le savent,
Rigodon est un livre inachevé. Céline, à la veille de sa mort en 61, travaillait encore sur le dernier volet de sa trilogie allemande, commencée par
D’un Chateau l’Autre (1957) puis complété par
Nord (1960).
Rigodon, c’est un bras d’honneur à la littérature figée, à l’Académie Française : la phrase célinienne, loin des circonvolutions d’un Proust, est faite de trois points, comme autant de respirations saccadées, d’injonctions fiévreuses.
En reprenant la forme romancée, Céline n’arrête pas d’être un pamphlétaire acharné. Par le récit d’un périple à travers une Allemagne en ruine, Céline règle ses comptes, une fois pour toutes, avec les vrais collabos, les faux résistants, Pétain, Cousteau, Gallimard, l’Allemagne, les idéologies, la tartufferie de l’homme,
«Je Suis Partout», les communistes, le nazisme, la Révolution Nationale, Nietzsche, etc. avec une férocité qui n'a d'égale que sa virtuosité à rendre le texte vibrant et vivant. On est finalement assez loin de la forme de son chef-d'oeuvre
Voyage au Bout de la Nuit (qui est pour moi l'un des plus grand livre du XXème siècle) et c'est un Céline plus débridé, sans doute un peu plus cabotin aussi, que l'on perçoit dans
Rigodon.