Excellent:
http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html Notamment
Je ne défends pas l'islam, pas davantage le christianisme, je sais très bien, comme toi, à quel point une religion peut être aliénante et mortifère, mais il me semble très réducteur de faire de toute religion un obstacle absolu à tout essor de la pensée. Il y a ce qu'elle dit, et il y la société dans laquelle elle le dit et qui, loin de la noircir davantage, peut la décolorer, la banaliser, la rendre pour l'essentiel inoffensive et en désamorcer les énoncés les plus scandaleux. Il y a ce qu'elle prescrit, et s'il y a des hommes, des femmes qui entendent ses prescriptions, il y en a d'autres qui ne les entendent qu'à demi ou pas du tout.
En négligeant le contexte historique dans lequel une religion s'inscrit et qui la colore, en ne tenant aucun compte de la liberté de chacun de l'interpréter ou de l'ignorer, tu fais de toute religion, et en particulier de l'islam, une sorte d'éradicateur absolu de la pensée, d'obstacle majeur à toute réflexion, un monstre qui condamne les hommes à la bêtise la plus crasse.
Je ne sais pas comment l'islam a été vécu par les hommes des VIIè-XIIIè siècle, à l'époque de l'âge d'or de la civilisation arabe, mais j'ai le plus grand mal à penser qu'il a pu rendre idiots l'un des précurseurs de Montesquieu, le sociologue Ibn Khaldoun, ou le géographe El Idrissi, ou Ibn Rushd (Averroès), qui invitait au plein exercice de la raison, sans parler d'Omar Khayyam, qui découvrit comment résoudre des équations du 3è degré, comme j'ai le plus grand mal à imaginer que les 100 bibliothèques de Bagdad, en l'an 900, ou celle du Caire, qui détenait plus de 160 000 ouvrages, restaient désertes et que les Irakiens et les Egyptiens de l'époque ne consacraient leur vie qu'à réciter des versets du Coran.