BWT a écrit:sccc a écrit:BWT a écrit:Au Zimbabwe les premiers paysans étaient des noirs puisqu'ils étaient les premiers sur place et les expropriations de propriétaires terriens blancs sous Mugabe est une réaction anti-coloniale "logique". Les blancs du Zimbabwe n'étaient là qu'en rapport avec l'industrie diamantaire britannique et l'on ne trouve pas d'équivalents des afrikaners au Zimbabwe. Le cas de l'Afrique du Sud est différent en ce sens que les afrikaners ont été les premiers à travailler la terre. De ce fait une expropriation des "blancs" en Afrique du Sud n'aurait pas d'autre justification que le racisme de base.
Le racisme de base il est la conséquence du même racisme dans l'autre sens au siècle passé. Ca s'appelle un retour de balancier.
Ça mérite une petite explication...
Il y a un poème de Victor Hugo, où la tête coupée de Louis XVI reproche aux rois de France du passé d'avoir construit avec les injustices de la domination féodale, la machine horrible qui l'a décapité, c'est-à-dire la guillotine. D'où la sentence magnifique et célèbre de
Quatre-vingt-treize, cet immense roman:
Et la guillotine avait le droit de dire au donjon:
- Je suis ta fille.
Ce qui dans le contexte, donne:
http://bibliotheq.net/victor-hugo/quatre-vingt-treize/page-254.htmlD'un côté, la dette ; de l'autre, l'échéance. D'un côté, l'inextricable complication gothique, le serf, le
seigneur, l'esclave, le maître, la roture, la noblesse, le code multiple ramifié en coutumes, le juge et le
prêtre coalisés, les ligatures innombrables, le fisc, les gabelles, la mainmorte, les capitations, les
exceptions, les prérogatives, les préjugés, les fanatismes, le privilège royal de banqueroute, le sceptre, le
trône, le bon plaisir, le droit divin ; de l'autre, cette chose simple, un couperet.
D'un côté, le noeud ; de l'autre, la hache.
La Tourgue avait été longtemps seule dans ce désert. Elle était là avec ses mâchicoulis d'où avaient
ruisselé l'huile bouillante, la poix enflammée et le plomb fondu, avec ses oubliettes pavées d'ossements,
avec sa chambre aux écartèlements, avec la tragédie énorme dont elle était remplie ; elle avait dominé de
sa figure funeste cette forêt, elle avait eu dans cette ombre quinze siècles de tranquillité farouche, elle
avait été dans ce pays l'unique puissance, l'unique respect et l'unique effroi ; elle avait régné ; elle avait
été, sans partage, la barbarie ; et tout à coup elle voyait se dresser devant elle et contre elle, quelque
chose, - plus que quelque chose, - quelqu'un d'aussi horrible qu'elle, la guillotine.
La pierre semble quelquefois avoir des yeux étranges. Une statue observe, une tour guette, une façade
d'édifice contemple. La Tourgue avait l'air d'examiner la guillotine.
Elle avait l'air de s'interroger.
Qu'était-ce que cela?
Il semblait que cela était sorti de terre.
Et cela en était sorti en effet.
Dans la terre fatale avait germé l'arbre sinistre. De cette terre, arrosée de tant de sueurs, de tant de larmes,
de tant de sang, de cette terre où avaient été creusées tant de fosses, tant de tombes, tant de cavernes, tant
d'embûches, de cette terre où avaient pourri toutes les espèces de morts faits par toutes les espèces de
tyrannies, de cette terre superposée à tant d'abîmes, et où avaient été enfouis tant de forfaits, semences
affreuses, de cette terre profonde, était sortie, au jour marqué, cette inconnue, cette vengeresse, cette
féroce machine porte-glaive, et 93 avait dit au vieux monde:
- Me voilà.
Et la guillotine avait le droit de dire au donjon:
- Je suis ta fille.