Brokk Gorimsohn a écrit:Pourquoi tu me demandes si je le crois vraiment alors que je ne l'ai même pas sous-entendu ? procès d'intention ?
Si tu supposes que l'avantage allemand est uniquement comparatif, alors une sortie de l'euro ne procurerait pas de désavantage compétitif pour les allemands, non ? Bon sinon ce n'est qu'une petite pique que je retire bien volontiers...
Bien sûr qu'en sortant de la zone euro le DM s'apprécierait, si les Allemands n'achètent pas du $ entre temps, ce serait une belle occasion de créer un fond souverain à la manière de la Chine et de se créer un beau matelas en cas de temps difficiles à la Banque Centrale ... mais visiblement tu es certain qu'ils ne le feraient pas. Ils sont gentils ces Allemands.
Je ne pense pas, parce que juste après la sortie de l'euro, en raison de l'appréciation massive du D-Mark, les exportations allemandes baisseraient sans doute brutalement. Et comme l'économie allemande est très (trop ?) dépendante des exports et d'industries conjoncturelles comme la bagnole ou la construction, cela signifierait sans doute une situation analogue à celle de fin 2008, où les grands constructeurs devraient recourir au temps partiel voire licencier en masse.
Il y a un autre problème lié qui est un gros obstacle à une sortie de l'euro pour l'Allemagne : les réserves allemandes sont une illusion (à part l'or et les SDR). Depuis 2007, la Bundesbank recycle ses surplus en euros en accordant des prêts aux autres banques centrales européennes (c'est le système "Target"). De 0 en 2007, on est passé à une créance totale de plus de 400 milliards d'euros qui est théoriquement dûe par les autres banques centrales européennes à la Bundesbank. Il y a un potentiel de perte colossal si l'Allemagne décide de jouer solo. Pour ces raisons, je crois que le gouvernement actuel ne sortira de l'euro que les pieds devant...
Moi ce que j'essaie de t'expliquer, par mon exemple, c'est qu'au niveau de la France, prétendre que notre SEULE chance d'exporter face aux allemands est d'avoir un avantage compétitif (prix) est réducteur pour notre pays. En effet, selon toi nous sommes absolument incapables d'atteindre leur niveau en termes d'avantage comparatif. Ce n'est pas mon avis.
L'Allemagne n'est pas un modèle sur tous les plans. Ils sont surtout très forts en automobile et en Maschinenbau, et ça me paraît assez fragile, puisque dépendant principalement de la Chine et des pays émergents. La situation allemande actuelle ne doit pas être surestimée et pourrait très vite se retourner... Sur la question de savoir si la France peut atteindre le niveau allemand dans ce domaine : la réponse me paraît clairement non. Ou alors il faudrait vraiment refondre le système éducatif et s'y consacrer à fond pendant dix ans, et encore. Rien que dans le secteur de l'automobile j'ai du mal à imaginer les constructeurs français rivaliser avec les marques allemandes, qui ont pour elles l'expérience et le capital historique accumulés... Au lieu de singer l'Allemagne et de se lancer dans la course à la productivité, mieux vaut donc être réaliste et viser d'abord à rééquilibrer nos échanges : relocaliser la production, fermer nos frontières aux produits chinois, introduire des critères environnementaux, décélérer quoi...
Et d'ailleurs je dois avouer que ça m'amuse beaucoup que des personnes, sur ce forum, qui accusent le libéralisme économique et toutes les pensées un peu extrêmes en ce domaine, chantent la main invisible qui permet aux échanges internationaux de s'équilibrer sous l'effet du change. C'est impressionnant, Friedman en serait ému.
La main invisible était une métaphore du marché, pas des effets de change. Le rétablissement de ceux-ci serait justement un frein au libéralisme économique, puisque ralentissant les échanges et agissant en sens contraire à la globalisation. Je ne vois donc pas de contradiction...