de Shoemaker le 03 Mai 2011, 09:08
Evolution. Je vois de moins en moins de différence entre ce concept et celui de Dieu.
Au-delà des croyances populaires, nécessairement naïves (bien que sincères), la fameuse foi du charbonnier, qu'est ce que Dieu ? Personne ne le sait. C'est un concept. On a épuisé toutes les méthodes pour le représenter. Tout y est passé. La zoologie, l'anthropomorphisme, le mixte des deux, la spiritualité, le mysticisme... Mais rien n'y fait : il reste irréductible à notre raison. On croit en Dieu avec autant de force qu'on éprouve de l'impuissance à le représenter, à le cerner, à l'enfermer dans des cadres étriqués.
Les athées tout autant que les croyants, paradoxalement, ont essayé d'enfermer Dieu dans des schémas malingres. Très souvent les athées essayent de juger Dieu (c'est paradoxal, je sais...) à l'aune des valeurs humaines : on le somme de ne pratiquer que le bien, on l'engueule, on lui reproche des choses bien humaines, on le rend responsable des malheurs du monde et on ne comprend pas qu'il laisse faire, etc. Exactement comme beaucoup de croyants qui en creux, disent la même chose : Dieu est soit un grand barbu colérique, soit un hippie étique, il participe à la marche du monde avec la même méthodologie que les Humains, avec comme moteur, la morale, la justice, ou leur absence... Bien entendu, beaucoup de textes religieux présentent Dieu dans cette logique.
J'ai dit par ailleurs que l'Islam (désolé, hein, ce n'est pas du prosélytisme, très loin de là, mais il faut bien que je justifie mon propos...) dans le Coran, après avoir donné à des peuples bédouins anciens, quelques lois juridiques d'organisation, après leur avoir inculqué (et encore, ca passe très très mal...) les bases d'une possible évolution sociologique, l'Islam donc, dans la dynamique pédagogique et évolutive des autres révélations monothéistes, s'éloigne de ces considérations juridiques et sociales, pour enfin parler d'un Dieu définitivement Autre que l'Humain, un Dieu transcendantal, totalement au-delà de notre logique, etc etc. Un Dieu dont nous ne connaissons définitivement pas les buts, les raisons, les motivations. Un Dieu totalement inexplicable, infiniment au-delà de notre compréhension. Bref, LE SEUL DIEU POSSIBLE, puisque dès qu'il se retrouve "à notre portée", il ne peut plus être Dieu ! CQFD.
A partir de là, à partir de cet essai de vision de Dieu, on comprend mieux qu'il est vain d'essayer de raisonner sur Dieu. Pourquoi ceci, pourquoi cela, pourquoi il laisse les enfants souffrir, pourquoi il permet les guerres, etc.
Ces questions, c''est A NOUS d'y répondre.
Nous avons assez de logique et de raison pour avoir fini par nous poser cette question ultime et bien gênante : Si Dieu est omnipotent, alors nécessairement il contrôle nos actions passées, présentes et à venir, et de ce fait, nous ne serions responsables de rien... bref, le fameux problème de la prédestination. Un problème d'EVIDENCE, sans réponse. Donc, l'explication est ailleurs. Laissons tomber.
Je parlais d'Evolution, au début de ce message.
Les athées, trés souvent donc, reprochent aux croyants la naïveté de tout le corpus de leurs croyances. Et qu'opposent-ils à ce tas de naïveté ? L'Evolution.
En ce qui me concerne, personnellement, je n'ai aucun problème avec l'évolution, en tant que science à part entière, avec ses nécessaires faiblesses, ses évidences, ses thaories, ses modèles, ses hypothèses, ET SES LIMITES.
MAis les athées purs et durs, comment nous présentent-ils l'évolution, de leur point de vue ? Eh bien tout simplement comme une divinité absolue. Comme ce Dieu dont je parlais plus haut : inexplicable, avec des buts INCONNUS, des méthodes au final totalement obscures à notre raison, une puissance incommensurable, etc. On peut continuer longtemps comme ça.
Oh, au départ, on part de choses simples. Le carbone, l'oxygène, l'eau, les acides aminés, les amibes, etc. Puis, c'est là où à mes yeux, on glisse de la simple observation scientifique, à la croyance pure et dure. Il y a le fameux exemple de la VISION : mais qu'est-ce qui fait que soudain, un jour, le processus de la vision "apparaît" ? Quelle est la nécessité ou le hasard, qui feraient que l'amibe éprouve ex nihilo, le besoin de VOIR, d'interpréter un rayonnement (la lumière) dont elle n'a aucune explication par ailleurs.
La vision, processus d'une complexité incroyable...
Et voilà notre amibe, après s'être agglutinée avec d'autres amibes pour former un animalcule de transition quelconque, peu à peu, siècle par siècle, millénaire par millénaire (quelle constance, quelle opiniâtreté dans la recherche !...) qui se mettrait en toute INCONSCIENCE, sans plan, sans idée préconçue, sans théorie, sans questionnement, bref, sans aucune méthode scientifique, à mettre au point d'étranges cellules sensibles à la lumière, lumière dont notre animalcule n'a qu'une notion extrêmement vague... avec une connexion nerveuse (s'il vous plaît !) vers un centre cérébral psycho visuel, en vue d'interpréter le truc, etc etc...
Ah c'est l'Evolution ! Y a rien à expliquer ! C'est COMME CA ET PISSETOUT ! Circulez ! Rien à voir !
Moi, je pense que le processus de l'évolution est raisonnable. A priori, possible. Mais là où je cale, c'est la nécessité de ce processus. Il faut une Main manifeste, pour orchestrer le tout. Sinon ? Sinon, ma raison telle que conçue par cette même évolution, m'empêche tout simplement de concevoir un processus purement aveugle, avançant par coup de hasard sur coup de hasard, le tout teinté d'une vague nécessité biologique, etc etc.
On est donc là, chez nos chers athées, en pleine croyance, on est dans la foi ! Oh, avec quelques restes d'oripeaux scientifiques en forme de cache-sexe... Mais plus grand chose !
Et voilà donc nos chers rationalistes intransigeants, condamnés à la spéculation dans le meilleur des cas, et à la croyance pure et naïve dans le pire... Ils répondent que eux, ils n'ont pas de certitude, mais juste du questionnement. Mais les croyants aussi ! Le doute et le questionnement, font partie de la foi. Il y a bien sûr la foi du charbonnier. Mais il y a tout autant, la foi du laborantin de base, si j'ose faire un parallèle...
Et voilà l'Evolution (on peut même remonter au big bang, ou ce qui en tient lieu...), subrepticement, sans crier gare, passant de théorie scientifique, en un corpus de concepts totalement inexplicables, indémontrables, mais effectivement observables. La vision existe, bel et bien. MAis le pourquoi et l'origine de la chose, pfuit... plus personne pour répondre, si ce n'est par une certitude bien... religieuse.
L'Evolution, juste une autre manière de dire DIEU, au final. Et là, on est bien dans la définition de Dieu la plus élevée : une entité qui détermine TOUT, qui nous a créé, qui a tout créé, dont nous pouvons observer quelques effets, mais dont nous ignorons totalement les motivations, la logique...
Conclusion ? L'athéisme n'existe pas en vérité. On divinise toujours quelque chose. Il existe juste une rébellion, contre l'idée du Dieu révélé par les religions. Un refus quant à la méthode. Mais en vérité, toutes les routes mènent à Dieu. Toutes.
"c'est quoi le blues". Toujours les mêmes histoires, celles qui font vaciller les mondes et les empires.
John Lee Hooker