de denim le 09 Jan 2011, 22:55
antoine Zacharias...un exemple parmi tant d'autres.
Zacharias est gourmand comme Gargantua. Car, en plus d’un salaire magnifiquement confortable de 4,3 millions d’euros, le second du CAC 40, il a accumulé une masse impressionnante de stock-options pour une plus-value potentielle estimée à 173 millions d’euros. L’un des plus gros jackpots de la place. La lettre de Xavier Huillard [alors DG de Vinci en guerre contre Zacharias, NDLR] au conseil d’administration évoquait déjà cette fringale : « M. Zacharias n’est plus mû que par l’argent et ne fait pas mystère en privé de son intention de se délocaliser en Suisse afin d’échapper à plus de 100 millions d’euros d’impôts. » Il y avait là un talent de divination. Fin 2006, en effet, Zacharias s’est installé en Suisse. Juste avant Johnny Hallyday. Mais ce n’est pas tout. Le grand déballage fut l’occasion de découvrir d’autres gâteries dignes de « La grande bouffe ». Une prime peut en cacher une autre. En abandonnant son poste de PDG pour devenir président du conseil d’administration, Zacharias s’était fait voter une incroyable prime de 13 millions d’euros. Comme ça. Pour marquer le moment où le PDG devenait président. Un tour de passe-passe invraisemblable. D’autant plus inexplicable que, prévoyant, Zacharias s’était fait voter aussi une retraite égale à la moitié de son dernier salaire. Le tout jeune pensionné reçoit 2,2 millions par an, sans doute la plus belle retraite de toutes celles des PDG d’entreprises du CAC 40.
strong>Daniel Bernard la caisse enregistreuse
Pas moins de 29 millions d’euros. Il s’agit de la somme que Carrefour a provisionnée pour servir la retraite de M. Bernard à partir de ses 60 ans. Le montant de cette retraite équivaut à 40 % du dernier salaire, bonus compris ! Bernard touche donc chaque année 1,2 million d’euros de son ancien employeur pour égayer ses vieux jours. [...] L’intéressé s’est battu pour justifier le principe de sa retraite : « Je pense que j’y ai droit », a-t-il protesté. Un peu court. Il aurait pu dire que, comme lui, tous les PDG bénéficient d’une super-retraite. Les taux variant entre 20 et 50 % du dernier salaire. Un peu court, là aussi. 1,2 million d’euros par an pour treize années seulement passées dans la boîte, le pécule est confortable, un point c’est tout. Mais, surtout, on peut légitimement se demander pourquoi des PDG très bien payés se voient en plus garantir de confortables retraites.
D’autant que Bernard avait quitté son poste, le 3 février 2005, en mettant sur son compte en banque une indemnité de 9,9 millions d’euros. Avec cependant l’interdiction de travailler pour la concurrence. Dur, dur : « C’est comme si on empêchait Zidane de jouer au foot », a expliqué Bernard...
Jean-Marie Messier ou la folie des grandeurs
Le grand-patron-du-grand-groupe-international n’avait jamais essuyé d’échec. C’est pour cela que dans un livre il se prononce très distinctement contre les parachutes en or. « L’éventualité d’être viré par ses actionnaires fait partie des risques normaux du métier de patron. » Et pourtant, Messier a plombé l’image des grands patrons pour quelques lustres. Il n’a même pas respecté les règles qu’il s’était fixées à lui-même. Passe encore qu’il ait laissé Canal + distribuer des bons de sortie sympathiques à Pierre Lescure et Denis Olivennes. Mais, s’agissant de son propre cas, Messier n’a pas vraiment demandé de parachute en or. Non, il a tout simplement tenté de faire un casse. L’homme qui a inventé Vivendi avant de le précipiter vers sa perte réclamait un package de 20,5 millions d’euros à son départ. [...] Messier n’a finalement rien eu, renonçant à s’acharner en justice, alors qu’il avait encore une faible chance de l’emporter. C’est en effet le plus cocasse. Dans la précipitation, voyant sa fin venue, l’homme qui ne voulait pas de parachute demanda à ses avocats d’obtenir des compensations plutôt extravagantes. Révélées par Le Canard enchaîné, il est difficile de résister au plaisir de les énumérer, car elles montrent à quel point les grands patrons, coupés du monde, vivent dans une bulle. Il ne viendrait en effet à aucun salarié l’idée de réclamer de tels cadeaux pour adoucir son licenciement. Ses revendications étaient les suivantes : rester dans la société avec le titre de président honoraire, obtenir la couverture de ses frais de justice, garder toutes ses stock-options, conserver un contrat de consultant et une couverture médicale de deux ans pour lui et sa famille, avec la possibilité de rester pendant deux ans dans son appartement de fonction à New York, la disponibilité de vingt heures de vol par an dans l’avion du groupe... sans oublier pendant trois ou quatre ans une indemnité fondée sur un gain annuel de 5,2 millions d’euros... Ah, la folie des grandeurs !
Forgeard ou l’appétit de puissance
Entre le 8 et le 17 mars 2006, en son nom propre et en celui de ses enfants, Forgeard vend des actions EADS. Cette opération lui permet de réaliser une jolie plus-value de 3,7 millions d’euros en quelques coups de fil. Forgeard passe ses ordres de vente au moment précis où le prix de l’action est au plus haut, autour de 35 euros. Nul n’aurait jamais rien su de cette opération si, un peu moins de trois mois plus tard, le 13 juin 2006, ce boursicoteur de gros calibre n’annonçait que le programme de l’A380 prenait un nouveau retard après celui de six mois déjà avoué en juin 2005. Une annonce qui met le feu aux marchés : l’action EADS perd un quart de sa valeur et tombe à 18 euros. [...] Devant la crise déclenchée par l’affaire des stock-options, Matignon et Bercy prennent vite les choses en main. Forgeard a beau se débattre comme un beau diable, le doute s’est insinué. Il est condamné à partir début juillet 2006. Quel gâchis ! Voilà un homme, Forgeard, qui n’a cessé de se battre pour exercer le pouvoir seul, et au moment où il touche au but, tout s’effondre. Qui plus est, par sa faute ! Il est rare que soit aussi bien illustré le proverbe sur le Capitole et la roche Tarpéienne. Difficile en tout cas à Forgeard de nier qu’il se trouve au moins en partie à l’origine de la crise historique qui secoue EADS. [...] Malhabile dans la conduite des affaires de l’entreprise, au moins Forgeard a-t-il bien mené ses affaires personnelles. L’homme traîne la réputation d’être intéressé. Quand il est arrivé chez Airbus, succédant à Jean Pierson, il a aussitôt réclamé une substantielle augmentation. [...] Il voulut que l’on double son salaire en le portant à 5 millions de francs par an. Le Trésor était peu habitué à pareilles demandes de la part d’un manager du public. Après, le salaire de Forgeard a décollé à la verticale. En tant que codirecteur d’EADS, il percevait 2,33 millions d’euros par an. Cette somme se répartissait entre un fixe de 1,13 million d’euros et un bonus de 1,2 million. On imagine le bonus que le brave soldat Forgeard aurait touché s’il avait été un brillant gestionnaire... si l’A380 était arrivé à l’heure, si l’A350 avait été bien conçu du premier coup, s’il avait racheté Thales... Mais l’hyperactif Forgeard est un veinard : dans le monde calfeutré des grands patrons, les sanctions ne sont pas très lourdes. Selon la lettre confidentielle Euro TMT, Forgeard est parti avec un golden parachute : deux ans de salaire plus une année pour une clause de non-concurrence, soit 6,9 millions. En comptant ses profits sur les ventes de stock-options, en avril, il aura donc encaissé 10,7 millions en 2006. Une bonne année ! Il pourra compter en plus sur une belle retraite, à hauteur de 50 % de son dernier salaire, soit 1,1 million d’euros. Cela n’enlève toutefois rien à son amertume. A l’entendre, il s’est sacrifié. « Je pars dans le seul intérêt de l’entreprise », a-t-il déclaré à qui voulait l’entendre. Comme si ce n’était pas la publicité donnée à une affaire scabreuse qui avait eu raison de son poste.
Jean-René Fourtou ou l’homme qui aimait les sous
Ceux qui le connaissent célèbrent ses qualités, mais aussitôt se demandent pourquoi il « tient tant au fric ». Voyons cela de plus près. En 2002, quand on vient le chercher pour sauver Vivendi, Fourtou coule une bonne petite retraite, avec 1,6 million d’euros de revenu par an, montant que lui verse Aventis (ex-Rhône-Poulenc). Arrivé au chevet de Vivendi, il fait alors des déclarations très désintéressées. Grand seigneur, il affirme qu’il ne touchera pas de salaire au titre de sa nouvelle fonction. On n’avait jamais vu ça. S’il accepte la mission, explique-t-il, c’est pour sauver la place de Paris, à la demande de son ami Bébéar. Le problème, c’est que Fourtou revient vite sur sa résolution. Trois mois après sa déclaration imprudente, il réalise que l’entreprise de redressement sera plus longue et plus prenante que prévu. Il mouille sa chemise. Normal, donc, qu’il demande des compensations. L’ennui, c’est le montant. Dès la première année, il obtient 1 million de stock-options à 12,10 euros l’unité ! Le calcul est simple : l’action se balade aujourd’hui au-dessus de 30 euros. [...] Comme le dit le dicton, quand on passe les bornes il n’y a plus de limites. Une fois revenu sur son idée de ne pas se verser de salaire, Fourtou va très loin en sens inverse. De zéro, il monte au ciel. En 2005, il touche 3,3 millions d’euros. Cette somme représente le troisième pactole du CAC 40, derrière l’intouchable Lindsay Owen-Jones et Antoine Zacharias. La situation de Fourtou est d’autant plus enviable qu’en 2005 il n’a pas travaillé tous les jours. Il n’a été PDG qu’un gros trimestre, avant de prendre du champ : une fois sa mission accomplie, il s’est retiré de la gestion au jour le jour. Le 28 avril 2005, il devient président du conseil de surveillance, une tâche moins harassante, laissant les manettes au président du directoire, Jean-Bernard Lévy. [...] Durant son court passage à la direction opérationnelle de Vivendi, Jean-René Fourtou a tout de même reçu des dotations impressionnantes de stock-options (3,7 millions au total) ! Selon L’Expansion, cela représentait en mai 2006 des plus-values potentielles de plus de 40 millions d’euros. Une fortune express. Pour « un petit tour et puis s’en va », il a bien rempli ses caisses.
dur de trouver des sous pour les retraites...
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denim le 09 Jan 2011, 23:04, édité 1 fois.
"quand de-Gaulle ne sera plus là,il sera encore là".