Fatcap a écrit:Il vous en prie

. Mais sinon, à part Chavez il y a également Daniel Ortega, Rafael Correa, Evo Morales. Nominalement de gauche sûrement, mais du moins dans le cas de Chavez assez intelligents pour être pragmatiques. J'adore comme on aboutit à une inversion des rôles : Chavez l'homme de gauche a en réalité un discours nationaliste et protectionniste ; ses adversaires, classés de droite, sont pro-Américains, internationalistes, et libéraux. Encore une démonstration indirecte de la seule chose que craint véritablement l'école de pensée libérale. La comparaison avec des leaders type sociaux-démocrates comme Lula est très éclairante, je trouve.
Question: est-ce pour ces raisons (nationalisme & protectionnisme) qu'un pro-Chavez comme toi soutien Le Pen en France (question non aggressive) ?
Pour ce qui est de Chavez classé à gauche, je n'ai pas pensé vraiment à l'inversion des rôles: je pense qu'on peut le mettre véritablement à gauche étant donné que le principe qui semble guider sa politique est celui de justice sociale et redistribution des richesses, dans un pays (et un continent) où les inégalités sont les plus fortes au monde. Quant au nationalisme, oui, mais il me semble qu'il s'est montré aussi très tolérant des minorités (envers les indiens, je crois)..
Sur cette questions du respect des minorités et des identités régionales en Europe, je crois qu'il y a l'émergence d'une sorte de discours anti-régions de la part de la gauche en Europe, en raison justement de "l'Europe des régions" -- l'idée que les régions les plus prospères revendiquent une autonomie et adoptent une attitude appelée péjorativement "égoïsme terroritial", c'est-à-dire l'idée qu'une région prospère ne doit pas traîner les régions "boulets" par solidarité nationale; ce qui met dont les régions européennes en "concurrence économique" en laissant tomber la solidarité nationale. C'est une manière de qualifier peut-être les vélléités autonomistes de la Flandre, où la riche Bavière qui vote toujours à droite. Mais ces discours anti-régions occultent l'aspect très culturel des revendications régionales, et je pense notamment à la Bretagne dont les prétentions de son mouvement breton (l' "Emsav", à gauche toute depuis 45) n'ont vraiment rien d'économique, quand bien même c'est une région prospère (de toutes façons la prospérité économique de la Bretagne est historiquement plus compliquée que cela, car si les Bretons peuvent avoir des vieux griefs contre les "wagons de Bretons" que les Parisiens recrutaient sur place pour se constituer la main d'oeuvre bon marché à Paris -- et la Bretagne à Paris constituait donc la minorité régionale de loin la plus "prolétaire" comparé aux Savoyards de Paris, Auvergnats etc. --, depuis 45 Paris a tout de même beaucoup aidé la Bretagne à se développer). En respectant les minorités tout en affichant un nationalisme économique de gauche, Chavez est peut-être la meilleure synthèse actuelle de gauche.
Tu semble t'y connaître plus que moi dans ce continent: quant tu parles de ses "adversaires" "pro-américains/internationaliste/libéraux", tu pensais aux leaders vraiment centre gauche genre Lula, les Kirchners, et Bachelet, ou plutôt la droite/centre-droite du style Uribe et le nouveau mec du Pérou (oublié son nom) ?
Un dernier point: lorsqu'on critique l'aspect "démocratique" du régime de Chavez, bien sûr on peut comparer à la France ou aux USA, mais peut-être est-ce plus judicieux ou juste de comparer le niveau de "démocratie" avec les autres régimes d'Amérique du Sud. Ça me semble plus pertinent.