de Hugues le Hier, 19:32
Au cinéma le 5 novembre
Deux procureurs de Sergueï Loznitsa.
D'après une nouvelle peu connue de Georgy Demidov, scientifique et prisonnier politique soviétique.
Synopsis:
Union Soviétique, 1937. Des milliers de lettres de détenus accusés à tort par le régime sont brûlées dans une cellule de prison. Contre toute attente, l’une d’entre elles arrive à destination, sur le bureau du procureur local fraîchement nommé, Alexander Kornev.
Il se démène pour rencontrer le prisonnier, victime d’agents de la police secrète, la NKVD. Bolchévique chevronné et intègre, le jeune procureur croit à un dysfonctionnement. Sa quête de justice le conduira jusqu’au bureau du procureur-général à Moscou.
A l’heure des grandes purges staliniennes, c’est la plongée d’un homme dans un régime totalitaire qui ne dit pas son nom.
Alternatif:
URSS, fin des années 1930. Kornyev, jeune juriste, reçoit une lettre d’un détenu politique dont le dossier ne tient debout que par la mise en page. Il fait ce que la loi promet : remonter la chaîne, signaler, vérifier. À chaque étage, un bureau jumeau du précédent, une politesse un peu plus froide, une procédure un peu plus longue. Face à lui, un procureur plus âgé récite la loi comme un rite, intouchable et vide. Entre visites, couloirs et marges annotées, Kornyev tente d’arracher un homme à la mécanique — et découvre jusqu’où la procédure peut se suffire à elle-même.
Alternatif:
URSS, fin des années 1930. Kornyev, tout juste sorti de l’école de droit, reçoit une lettre écrite au sang par un détenu politique, Stepniak. Sa fonction lui donne un droit de regard : il se rend en prison, constate des corps brisés, des dossiers clairs-obscurs, des aveux qui ont la forme exacte des formulaires. Il décide de faire ce qu’on fait en théorie : signaler, remonter, vérifier. Mais plus il s’élève, plus les couloirs se ressemblent, et plus les réponses s’illustrent d’un sourire courtois qui ferme les portes. Face à lui, un autre procureur incarne la loi comme une liturgie sans croyants. Entre lettres, bureaux et trajets interminables, Kornyev tente de sauver un homme — et mesure ce qu’il en coûte, dans un système où la procédure est la fin et le moyen.
Film tourné à Riga en Lettonie, en russe avec parfois plus rarement un peu d'ukrainien, avec des acteurs russes, lettons et lituaniens (et un russo-israelien), par donc le cinéaste ukrainien.
Si il est évident qu'il ne pourrait pas être tourné en Russie, le film ne pourrait pas être tourné en Ukraine actuellement, en matière de financement. Depuis l'invasion de 2022, alors que jusque là l'Ukraine subventionnait des films dans les deux langues (car non, pour la enième fois, le russe ne subit aucune discrimination en Ukraine, sauf peut-être que depuis la guerre, il provoque parfois des gros yeux d'une personne sur 500 ou 1000 mais c'est la guere qui crée ça, contrairement au prétexte de l'invasion, personne n'a été discriminé pour sa langue en Ukraine) même si elle donnait un plus gros coup de pouce aux films en ukrainien, ce qui est compréhensible, c'est comme le français au Québec entouré d'une masse d'anglais, la subvention est réservée depuis l'invasion aux film à langue ayant plus de 90% des dialogues en ukrainien ou tatar... (d'autres langues peuvent être présente y compris le russe, mais sans dépasser 10%). C'est la réaction naturelle d'un pays en danger que de pénaliser la langue de l'agresseur, ce qu'ils n'ont pas fait avant l'invasion.
Donc Loznitsa a été le tourner ailleurs, puisqu'il aurait été absurde de tourner un film se déroulant en partie à Moscou en ukrainien. C'est un des problèmes, que d'empêcher involontairement les films historiques (qui ont des traces du colonialisme linguistique russe et pourraient le dénoncer)...
Ce dernier, malgré son oeuvre antitotalitaire, et malgré une critique explicite envers le poutinisme (il est l'auteur d'un documentaire en 2018 qui démontre la guerre hybride et la propagande russe dans le Donbass) a continué à enseigner à Moscou dans des écoles de cinéma jusqu'en 2022.
Il n'est donc pas foncièrement anti-russe.
C'est une coproduction européenne à financement majoritairement français.
Hugues
