Dervi a écrit:Je pense qu'on a de longues années devant nous avec l'uranium, même à l'échelle mondial. J'ose toutefois espérer que 50-100 ans seront assez pour trouver d'autres technologies mâtures ou permettre l'explosion du capitalisme. Cela laisse le temps de réfléchir plutôt que d'aller tête baissée vers des technologies à la réussite incertaine (voir hypothèse de départ de réduction de la consommation d'énergie qui n'arrivera pas à horizon 2050) en abandonnant complètement le nucléaire qui offre des avantages.
Et du coup, quel stock de terres rares si tout le monde se met aux éoliennes ? Ou au photovoltaïque flottant sur lac ? Le tout sachant que la durée de vie de ces installations est de 20-25 ans. Car il faut bien que les matières premières soient suffisantes à l'échelle mondiale pour qu'une ou plusieurs technologies soient valides mondialement sur les 100 années à venir.
Dans ton deuxième lien sur l'état des stocks, ils disent qu'on en a pour 130 ans avec la demande actuelle (2017). Aujourd'hui, c'est 5% de la production d'énergie. Imaginons que nous investissions massivement dans cette voie et qu'on multiplie par 5 à l'échelle mondiale le nombre de réacteurs, ça ne nous donne plus que 26 ans de stock.
Dervi a écrit:Et du coup, quel stock de terres rares si tout le monde se met aux éoliennes ? Ou au photovoltaïque flottant sur lac ? Le tout sachant que la durée de vie de ces installations est de 20-25 ans. Car il faut bien que les matières premières soient suffisantes à l'échelle mondiale pour qu'une ou plusieurs technologies soient valides mondialement sur les 100 années à venir.
Les réserves connues sont aujourd'hui de 100 milliards de tonnes, dont une grande partie très difficile à extraire (à 5000m de profondeur sous la mer), mais pas impossible. Cela serait suffisant pour des centaines d'années.
Sans compter que l'on peut recycler celui déjà utilisé dans le solaire et l'éolien quand l'installation est en fin de vie.
Dervi a écrit:Pourquoi plus cher ?
Parce que l'électricité allemande est plus chère. On oblige d'ailleurs EDF à augmenter ses prix pour que la libre concurrence entre les différents revendeurs européens d'électricité soit non faussée (oui, je sais, on marche sur la tête, le libéralisme à tout n'importe quel prix, même le pire).
Parce qu'avoir un réseau de 100GW de puissance installée (je prends un chiffre rond) suffisant aujourd'hui et le passer en 380GW à cause du facteur de charge plus faible et du rendement du stockage (je reprends mon coeff de 3.8 de mon précédent message, à chaque lecteur de faire son calcul mental avec le coeff de son choix, mais l'argumentation reste la même) aura un coût. Pour cette raison, je suis en désaccord avec ton analyse suivante qui ne répond pas à l'écart de puissance installée que le réseau devra supporter : Le réseau électrique est à revoir en effet, mais ça sera pareil si on construit de nouveaux EPR, rien n'est prévu pour supporter une telle puissance.
Mais plein de petites productions plutôt que quelques grosses, c'est plus facile au niveau réseau et moins couteux.
Parce qu'il est moins coûteux de tirer un câble d'une centrale vers le réseau que des centaines de câble de puissance équivalente d'éolienne.
Parce que le producteur sera obligé parfois de vendre son kWh à des prix négatifs voire sous son prix de revient (offre et demande) quand il y a du vent partout (ça arrive déjà à l'Allemagne aujourd'hui). Donc qui paiera le manque de rentabilité y afférant ou alors le stockage en méthane sauve la donne ? Mais quid d'un méthane surabondant dans ce cas ? Tu le stockes quelque part sur le réseau ou l'offre et la demande va à nouveau intervenir.
J'ai déjà dit que je n'étais pour le modèle actuel allemand qui a trop précipité les choses.
Quand au réseau, si on tartinait les toits des villes avec du photovoltaïque et qu'on installait sur place une unité Power2Gas, il n'y aucun réseau à construire, l'existant est déjà suffisant. Le méthane peut en effet être stocké facilement dans le réseau existant, et même dans le cas d'une surabondance, il peut aussi être réinjecté dans des anciens gisements vidés.
Pour l'éolien, on peut coupler des unités Power2Gas à proximité. Il faudra bien sûr refaire du réseau, mais c'est plus simple de faire des réseaux de faible puissance que des réseaux de très haute puissance comme ceux nécessaires pour un EPR.
Dervi a écrit:Il faudrait surtout avoir une politique sérieuse d'isolation de tous les vieux bâtiments, même si chaque effort sur le neuf est à saluer.
Oui, bien sûr, c'est ce que je disais justement à la fin du paragraphe.
Cela dit, toutes les constructions neuves fortement émissives dans un premier temps sont-elles nécessaires ? Je pose la question, je n'ai pas la réponse.
Il vaut mieux rénover dans la mesure du possible c'est sûr, d'ailleurs, on détruit souvent pour reconstruire pour des raisons esthétiques ou sociales, rarement car le bâtiment n'est pas rénovable.
Dervi a écrit:Dans le scénario Negawatt, il est aussi question de changement comportemental de la population. Pour la France, j'ai un gros doute que ce soit individuellement ou collectivement (haaa les bus Macron, ils circulent à vide en plus chez moi... 4 personnes dans un bus pour relier 2 villes aussi desservies par le train et distantes de 40km). Pour le Monde, je suis certain que ça n'arrivera pas.
Tu dis : Alors oui, les gouvernements ne font pas ce qu'il faut. Mais pourquoi ne pas le faire plutôt que de subventionner le nucléaire ?
Tu notes au moins que les politiques ne font rien. Je réponds pourquoi pas le nucléaire. Nous sommes dans l'urgence. Quand t'es dans l'urgence, t'appliques d'abord ce qui marche pour te laisser le temps de réfléchir plus loin. Tu ne fais pas table rase de tes connaissances actuelles avec le risque de te planter qui peut t'amener à réaliser le pas de trop devant un précipice.
Regarde les jeunes, ils sont de plus en plus nombreux à ne pas vouloir de voiture dans un souci écologique, et puis quand le prix du carburant va fortement augmenter, le changement se fera naturellement.
Tu parles d'urgence, mais nous n'avons absolument pas la capacité de construire du nucléaire partout à court terme, si on s'y met maintenant, le temps de créer toutes les filières nécessaires et de fabriquer les centrales 30 ou 40 ans ce seront déjà écoulés.
Dervi a écrit:J'ai horreur des graphiques sans titre et grandeur en abscisse ou ordonnée. J'ai tout de même compris qu'il s'agit des chiffres de la France seule.
Je raisonne sur le Monde, car tout le monde doit trouver une ou plusieurs solutions immédiatement si on en croit le GIEC.
Oui, désolé pour le graphique, j'ai fait une capture d'écran à l'arrache, c'était la consommation d'énergie finale en France.
Raisonner sur le monde, c'est bien, mais justement, ça va donner quoi des centrales nucléaires dans des pays qui n'ont pas les compétences pour les construire et les exploiter de manière sécuritaire ? Des Tchernobyl potentiels un peu partout ?
Dervi a écrit:Propose-moi un scénario ENR sans nucléaire avec les consommations d'énergie qui augmentent dans le monde jusqu'à 2050 (ce qui arrivera à moins d'une crise systémique indépendante de ces réflexions énergétiques, mais dans ce cas, nous aurons d'autres soucis) et je commencerai à reconsidérer ma position.
Etant assez pessimiste sur l'homme (tu le vois bien avec mon refus de ton hypothèse de réduction de consommation d'énergie), plutonium ou autre, il y aura toujours une bonne raison de s'autodétruire.
Je n'en ai pas, mais mécaniquement, l'augmentation du coût de l'énergie va bien finir par faire diminuer la consommation. Surtout qu'on sait que dés qu'il y a un petit déséquilibre entre la production et la demande, les prix augmentent très très vite.
Ensuite, même si le scénario Négawatt n'est que pour la France, il pourrait donner l'exemple et montrer aux autres pays que c'est possible.
Dervi a écrit:Premièrement, que souhaite-t-il faire de cette chaleur récupérée ? C'est comme l'électricité éolienne et solaire, nous n'en aurons pas systématiquement besoin. Quelle sera la part valorisée de cette chaleur et avec quel rendement pour la redistribuer ? Avec 40%, je pense être généreux. Je ne le considère pas par la suite.
Donc aujourd'hui, produire du méthane a un rendement de 55%. Quand je voudrais de l'électricité à partir de ce méthane, j'aurai un rendement de 60% (hypothèse centrale à gaz). Rendement total actuellement pour stocker puis reconvertir l'électricité : 33%.
Pour demain, en considérant l'hypothèse optimiste, nous produirons du méthane avec de l'électricité avec un rendement de 75%. Rendement total futur pour stocker puis reconvertir l'électricité : 45%.
J'estime au mieux un gain de 10 points en récupérant la chaleur, mais j'accepte toute étude qui me prouverait le contraire.
La chaleur on la distribue dans un réseau de chaleur, il y en a déjà des centaines en France qui alimentent plusieurs millions de foyer.
Tu as raison, le rendement n'est pas bon pour reconvertir le méthane en électricité, mais à partir du moment où l'énergie de base est renouvelable, ce n'est pas un problème, et n'oublions pas aussi que ce méthane pourra alimenter le transport.
Dervi a écrit:Selon Nuclear Power and Health, World Health Organization, 1994, voici le nombre de mort par année rapporté au nombre de GW installé :
- Nucléaire : 0.3 à 3
- Charbon : 1.3 à 17
- Pétrole : 1.5 à 11.1
Soit, mais je me demande combien de mort ils ont pris en compte pour l'accident de Tchernobyl, le nombre suivant les sources varient de 200 à 1 000 000... sans compter que beaucoup de ces morts, sont morts après 1994.
Oui, les gens peuvent être mal informés.
D'après le GIEC, voici les émissions sur le cycle de vie
Le nucléaire : 12 g de CO2 par kWh
L’hydraulique : 24 g de CO2 par kWh
Le gaz : 490 g de CO2 par kWh
L’éolien : 11 g de CO2 par kWh
Le solaire : 41-48 g de CO2 par kWh
Les bioénergies (biomasse) : 230 g de CO2 par kWh
Le charbon : 820 g de CO2 par kWh
Le fioul : donnée non disponible
On voit que l'éolien est inférieur au nucléaire.
La valeur pour la biomasse n'est pas grave car il s'agit de CO2 extrait de l'atmosphère.
D'ailleurs, le GIEC précise aussi qu'entre le moment où on décide de la construction d'une centrale et le moment où elle produit, il s'écoule en général 15 ans, ce qui est trop long si on veut agir rapidement sur le climat.
Sans compter que nous n'avons probablement assez de main d'œuvre compétente pour mener plusieurs chantiers à la fois (déjà qu'on n'arrive pas à finir celui de l'EPR...)
Dervi a écrit:En résumé, je ne vois absolument aucune raison valable de se forcer à ne pas utiliser largement le nucléaire pour limiter le réchauffement climatique prédit par les scientifiques, puisque personne n'arrêtera le capitalisme. Aujourd'hui, on sait que ça marche et on sait comment faire pour que ça marche. Et j'encourage aussi toutes recherches dans des sources d'énergie autre. Vu l'urgence annoncée par les scientifiques, perdre du temps à développer des technologies immatures sans faire de nucléaire dans un premier temps, c'est irrationnel !
Je ne suis pas sur que le nucléaire soit si mature que ça, on voit quand même la difficulté à construire ce réacteur EPR en France, pendant ce temps là, on produit du renouvelable à la pelle sans difficulté majeure.
Oui, ben attend qu'on t'annonce qu'on va construire une centrale nucléaire à coté de chez toi