Maverick a écrit:Je me suis bien fait chier, j'ai zappé au bout de 45mn.
C'est un peu comme les croyances de Ghinzani et Porcaro ou le fait que moi, toi, eux aimeraient ou non la glace... Ca n'a pas grande importance et n'est pas très intéressant.
Quand je vais à la National Gallery (ou British Museum) (je dis ça car j'y vais beaucoup plus souvent là bas qu'au Louvre), je vais m'y ennuyer, m'y faire ch... volontairement.
Parce que, bien sûr que passer quelques heures devant des tableaux a quelque chose de répétitif et pas forcément très animé...
Mais est-ce que ça a la moindre importance... je n'y vais pas pour le moment présent (ou tout peut entrer en ligne de compte, dans le fait que je vais m'y ennuyer ou non, de mon humeur, au fait que je sois enrhumé ou non en passant par des soucis ou au contraire des bonnes nouvelles). J'y vais pour ce qui va rester en moi, j'y vais pour ce que ça va changer dans ma vie. Je peux m'être ennuyé pendant 3 ou 4h là bas et en garder quelques images obsédantes de certains tableaux.
Ce qui compte c'est ce qui reste, la façon dont ça transforme, et non les particularités du moment présent.
Mais parfois il n'y a rien qui reste...
GoT peut-être que ça n'ennuie pas pendant 70 heures. Mais il en reste quoi ?
Joker, non seulement moi (contrairement à 97% des spectateurs sans doute), le mois dernier je me suis ennuyé comme pas possible : rien ne m'a gardé en haleine, même pas la mise en scène ou le scénario, tout est attendu, c'est juste
Taxi Driver x
Shining x
The King of Comedy (voire x
Fight Club)..
Et entre parenthèse, il y a des personnes (moi même je ne sais plus, mais c'est possible) qui s'ennuient devant
Taxi Driver.
Mais ... et c'est la seule chose que je considère... il n'y a presque rien qui reste... (sinon que Phoenix est sur un fil entre sa meilleure performance et sa pire, difficile de dire de quel côté il est vraiment)
Donc c'est ça qui m'importe pas que je me sois ennuyé (j'aurais été dans un meilleur jour qui sait), le fait que le film soit vide...
A l'inverse
Ad Astra, je ne me suis pas ennuyé du tout... mais pourtant le film est à peine meilleur ... il n'en reste pas grand chose, le film est à peu près aussi vide (bon il y a quelques considérations philosophiques qui restent, mais les mêmes idées ont tellement mieux traité ailleurs).
Mais surtout, je ne me suis pas ennuyé un instant devant
Wasp Network d'Olivier Assayas (sortie en France sous le nom de Cuban Network) .. ah ça bouge de partout, il y a des rebondissements sans cesse... mais ce film est un ratage, il n'en reste rien, il n'y a aucune grace, aucune chose qui reste auprès de soi, qui change son regard ou sa vie dans ce film (même Assayas le savait, il voulait refaire le montage pour le festival de New York, est-ce que ça a eu lieu). La seule chose qui en reste, un passage des relations internationales que je ne connaissais pas. Mais franchement ça ne change rien en moi et c'est mieux de lire une page Wikipedia.
Bon parfois je suis dans un bon jour et en plus le film est merveilleux (
Martin Eden, sortie le 16,
Le traître sortie le 30.. mais franchement que je sois dans un bon jour ou non, que je me sois ennuyé ou non, on s'en fout... ce qui compte c'est ce qui reste de
Martin Eden - oui en plus de la chanson entêtante de Joe Dassin )
Donc, oui, il faudrait apprendre (pardon si ça donne l'impression de donner un conseil mais je sais pas comment le tourner autrement) à surmonter son ennui, souvent c'est plus récompensant que le strict plaisir du moment présent. Ensuite, on peut même revoir le film et se dire que "oh mais en fait j'étais pas dans un bon jour", pas parce que le film est moins ennuyant (je ne pense pas que dans l'absolu un film le soit ou non) mais parce qu'on le connait le film et on l'a apprivoisé.
Je le dis d'autant que dans
Les Moissons du Ciel, les 45 premières minutes plantent le décor et la seconde moitié du film monte vraiment en tension ( est-ce un spoiler de révéler qu'il y a des meurtres à la fin, comment en vient-on là.. dans les grands films c'est le voyage qui compte pas la destination, donc peu importe que vous le sachiez). C'est un peu dommage d'avoir quitté l'écran juste... quand (selon tes critères) ça devenait "intéressant"..
Rainier a écrit:Les goûts et les couleurs ...
Je ne répondrais pas ainsi. (Par cette expression)
Ca sous-entendrait que tout se vaut et que tout avis en vaut bien un autre (même un avis qui ne concerne pas le film [parler de son ennui]).
Qu'il n'y a pas une hiérarchie innée en art qui se mesure à la capacité à inspirer.
Plutôt un truc comme "l'ennui et la joie de vivre" ou autre..
Mais pour reprendre les mots à destination de Maverick... ça vaut le coup parfois de surmonter son ennui, parce que peut-être - ce que je ne garantis pas - qu'on arrête le film quand il devient passionnant (et c'est dommage de ne pas l'avoir jugé en entier) ou même si ce n'est pas vrai qu'il devient passionnant... peut-être qu'il peut laisser quelque chose de beaucoup plus précieux que de ne pas s'ennuyer pendant 1h30... quelque chose qui accompagne toute une vie.
Après si quelques textes te tentent pour te faire découvrir ce que tu as pu manquer (et te donner envie de réessayer de le voir un jour), j'en ai à ta disposition en privé (et pas chiant à lire du tout hein, avec plein d'images
). Je ne pense pas que des gens écrivent sur certains films (comme ils écrivent sur certains tableaux, certaines musiques etc), 30 ou 40 ans plus tard seulement par ego, envie d'être lu, mais bien parce que ces oeuvres les forcent à exprimer, parfois dans de longues thèses, l'invisible qu'il leur est révélé à travers l'oeuvre dans notre "réalité", un invisible qui habite partout le film, un invisible tangible dont le film s'est nourri à sa création. Ecrire c'est là aussi une forme d'inspiration..
Hugues