Modérateurs: Garion, Silverwitch
Hugues a écrit:20h50, France 5: Y'a-t-il un Français dans la salle ?
22h30, Arte: Solo
Hugues
Shoemaker a écrit:Affaire close. Il ne pouvait en être autrement. Amen.
Nicklaus a écrit:Du coup je sais plus : c'est bon ou pas pour Trump ? Pitié, évitez moi de regarder BFMacron pour savoir.
Shoemaker a écrit:Peu importe. AFFAIRE CLOSE
Nicklaus a écrit:Du coup je sais plus : c'est bon ou pas pour Trump ? Pitié, évitez moi de regarder BFMacron pour savoir.
Cortese a écrit:En algérien populaire actuel ça se dit "Yetnahaouw gaa" ("qu'ils s'en aillent tous")
Mufasa a écrit:Je n'ai pas trop suivi cette affaire mais il me semble que vous êtes un peu à côté de la plaque. Ce "suicide" qui arrange tout le monde concerné est un tel scandale aux yeux des Américains moyens que je vous assure que les considérations de présomption d'innocence, de féminisme ou d'une fausse affiche Polanski paraissent complètement anodines en ce qui concerne cette affaire.
Kadoc a écrit:Cortese a écrit:En algérien populaire actuel ça se dit "Yetnahaouw gaa" ("qu'ils s'en aillent tous")
T'es vraiment obsede par Netanyahou.
Hugues a écrit:
Il et elle voulaient faire parler d'eux (c'est la seule chose qui les intéresse, tirer les marrons du feu)
C'est raté.
Hugues
Affaire Epstein : la psychologie contre le droit.
15 août 2019
Paul Bensussan
La guerre des sexes annoncée avec l’affaire DSK, bel et bien déclarée avec les agissements de Weinstein, donnant naissance à MeToo et à son avatar français, Balance Ton Porc, site fondé sur la seule délation, connaît à présent ses ondes de résonnance estivales avec le suicide (dont la réalité est mise en cause par les thèses complotistes) de Jeffrey Epstein, considéré par les milieux associatifs comme une ultime provocation vis-à-vis des victimes.
Ce qui n’a pas échappé à la sagacité de Marlène Schiappa, Secrétaire d’État auprès du Premier Ministre, héraut de l’égalité entre les femmes et les hommes, qui s’indignait hier encore de « l’impunité des crimes sexuels en France ».
Par Paul Bensussan
Par voie de communiqué de presse du 12 août, Marlène Schiappa réclame à présent avec Adrien Taquet, secrétaire d’État à la Protection de l’enfance, l’ouverture d’une enquête en France, afin que « toute la lumière soit faite » sur d’éventuels liens avec la France, mais aussi et surtout, que la mort de Monsieur Epstein « ne prive pas les victimes de la justice à laquelle elles ont droit : condition essentielle à leur reconstruction ».
Ce qui ne manqua pas de provoquer la réaction immédiate du Garde des Sceaux, rappelant l’indépendance de l’autorité judiciaire et la proscription des instructions individuelles au Parquet depuis 2013.
S’ensuivit alors une querelle sémantico-juridique. Les défenseurs de Marlène Schiappa, estimant qu’elle n’a fait « que son job », volèrent à son secours en distinguant les instructions de poursuite, naturellement prohibées, de la demande d’ouverture d’une enquête, possible même après la mort du principal auteur : d’une part, parce qu’il est difficile d’exclure à ce stade l’existence de co-auteurs ou de complices ; d’autre part et surtout, parce que certaines victimes du réseau prostitutionnel pourraient, selon l’association « Innocence en danger », être de nationalité française et avoir droit, à ce titre, à une réparation judiciaire. À cela près que, s’il y a peut-être des victimes, force est de constater qu’il n’y a pas (encore) de plaignante : de sorte que le zèle dont font preuve les associations de protection de l’enfance se trouve ici en décalage criant avec la réalité du dossier, encore inexistant en France.
Dans ce débat juridique, l’expert psychiatre n’a pas vocation à se positionner. Il en va différemment de la dimension psycho-criminologique de ce type de dossier : l’avocat Régis de Castelnau rappelait à juste titre la définition de l’Académie de médecine de la pédophilie, déviation du choix de l’objet sexuel impliquant la « préférence pour des enfants pré-pubères ou en début de puberté ». De sorte que les agissements d’Epstein, aussi infâmes et condamnables soient-ils dans l’hypothèse de faits avérés, ne relèvent évidemment pas de la pédophilie, en dépit de la présence de jeunes filles de 17 ans dans le réseau prostitutionnel. Dans ce sens, ceux qui s’improvisent juges et thérapeutes et s’égosillent, sur Twitter et autres réseaux sociaux, à condamner Nicole Belloubet, qui « préfère s’attaquer aux opposants de Macron qu’aux violeurs de fillettes » sont, pour le dire poliment, à côté de la plaque.
L’expert psychiatre peut aussi s’exprimer au sujet des enjeux psychologiques du procès, la thérapie de la victime devenant, avec cette prise de position, le principal, sinon le seul, des enjeux judiciaires. Ce qui suppose naturellement une condamnation : car sans elle, comment octroyer le statut de victime ? Et sans cette reconnaissance, c’est aux flammes de l’enfer que sont promises les victimes, incapables de se « reconstruire » et donc vouées à une souffrance éternelle.
C’est avec de tels arguments, psychologiquement réducteurs pour ne pas dire ineptes, que se battent les associations, jamais satisfaites par l’allongement sans fin des délais de prescription (pourtant repoussé à 30 ans après la majorité par la loi du 03 août 2018), et demandeuses d’une imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs. L’argument est simple, pour ne pas dire simpliste : il faut parfois toute une vie pour trouver le courage de dévoiler. Si les faits sont prescrits au moment du dévoilement, la victime (qui, juridiquement, ne le sera donc jamais), perd toute chance de réparation : juridique et psychologique. Peu importe, au fond l’administration de la preuve, dont le juge ne peut en théorie pas faire l’économie : quarante ans après les faits, l’auteur présumé est peut être mort, ou attend la mort dans une maison de retraite. Le Child’s Victim Act, entré en vigueur mercredi 14 août aux États-Unis, illustre cette inquiétante dérive : pendant une année, aucun délai de prescription ne pourra être opposé à un(e) plaignant(e). La formule a du succès : un avocat spécialisé annonce le dépôt de plus de 200 plaintes de victimes du clergé, et le nombre de dossiers attendu est tel que 45 juges – dont 12 pour la seule ville de New York – ont été spécialement désignés pour les traiter, a indiqué le chef des tribunaux new-yorkais, dans un communiqué.
Ce n’est pas, ici, la recherche d’une vérité historique qui importe. Pas davantage celle d’une vérité judiciaire, par définition impossible, si longtemps après les faits, dans ces affaires « parole contre parole ». Seule compte la vérité psychologique, autrement dit le ressenti de la victime, que le juge pénal aura pour mission de valider, s’il ne veut pas avoir sur la conscience une souffrance sans fin.
Ce fut d’ailleurs l’argument d’un psychologue expert judiciaire, lors du procès en appel en février 2011 de Christian Iacono, alors Maire de Vence, accusé de viols incestueux par son petit-fils depuis l’âge de 9 ans : si Gabriel n’est pas reconnu comme victime, disait cet éminent collègue à la Cour d’assises, il n’aura aucune chance de se « reconstruire ». On connaît la suite : quelques mois après la condamnation en appel de son grand-père, Gabriel Iacono, alors âgé de 20 ans, se rétractait, reconnaissant avoir menti et se battant sans relâche jusqu’à la révision du procès de son grand-père et l’annulation de sa condamnation, le 18 février 2014, par la Cour d’assises du Rhône.
Le procès pénal peut à l’évidence avoir des vertus thérapeutiques. La victime en attend non seulement la reconnaissance de sa souffrance, mais encore la sanction de celui qu’elle accuse. Les familles de victimes expriment volontiers, au cours d’un procès, ce vœu d’utilité sociale (« nous voulons que cela n’arrive plus »), parfois au premier plan devant la demande de réparation personnelle. Cela doit-il pour autant transformer l’action pénale en une sorte de thérapie, liant indissolublement son issue à la possibilité de guérison ? Une telle position est parfois exploitée avec une hypocrite démagogie par les politiques. Cette omniprésence du psy ou plutôt de sa caricature pourrait augurer de l’humanisme croissant d’une justice désormais apte à entendre, à réparer –dans tous les sens de ce terme- la souffrance psychologique, les séquelles indicibles ou indécelables de certaines infractions. Comment ne pas souscrire à une ambition aussi noble, comment ne pas s’inscrire dans une évolution qui promet une attention et une vigilance sans faille du corps social à la souffrance et au moi intime de chacun ?
Le danger est pourtant bien réel de la surpromesse : que dire à une victime indignée par une relaxe ou un acquittement, à qui l’on a affirmé, tout au long d’une instruction éprouvante, qu’elle ne pourrait surmonter cette épreuve sans la condamnation de celui qu’elle dénonce ? Le parcours juridique peut s’avérer aussi décevant qu’éprouvant pour la victime : on ne maîtrise pas si facilement la justice et elle n’est pas toute puissante. Là commence la difficulté : en se fixant un double objectif, réparer et punir (pour paraphraser le célèbre titre de Michel Foucault), le droit adopte une ambition contestable et, à la justice, risque de se substituer bientôt le « sentiment de justice », prompt à se muer en indignation et en sentiment d’injustice lorsque le verdict déçoit ou ne satisfait pas.
Peu importe, nous dit-on, que le principal protagoniste soit aujourd’hui décédé, peu importe le principe cardinal de l’extinction de l’action publique du fait même du décès, peu importe enfin l’absence de plaignantes en France (en l’état actuel du dossier) : il faut investiguer, prospecter, rechercher d’éventuelles victimes (qui ne le sauraient pas encore) afin de leur permettre une « reconstruction ». Plus l’ambition est noble et consensuelle, plus on peut impunément malmener les principes fondamentaux du Droit pénal. Qui oserait s’élever contre un politique défendant « les femmes et les enfants » ?
Bien à l’abri sous le bouclier haut levé de la protection de l’enfance, il est difficile de repousser, et même de critiquer, les tenants d’un aussi noble combat, qui peut par certains aspects évoquer les dévots d’un autre temps. Avec l’avocat Florence Rault, nous citions ainsi, dans « La dictature de l’émotion », ces quelques vers de Tartuffe, visant les faux-dévôts :
« … D’autant plus dangereux en leur âpre colère,
Qu’ils prennent contre nous des armes qu’on révère
Et que leur passion, dont on leur sait bon gré,
Veut nous assassiner avec un fer sacré ».
Nous pensons pourtant que même dans des domaines aussi sensibles que la délinquance sexuelle, en particulier sur mineurs, rappeler les principes juridiques élémentaires ne revient pas à infliger aux victimes une souffrance ou une offense supplémentaire, mais au contraire à garantir à tous le bon fonctionnement d’un État de droit.
Hugues a écrit:Je voudrais partager une découverte de ces dernières semaines...
On connaissait le difficile destin, la difficile éclosion du dessin animé Le Roi et l'Oiseau, sorti en 1980 dont la produciton avait commencé en 1946..
ce derneir avait été produit en deux époques d'abord jusqu'en 1953. Puis à nouveau à partir de 1975 (même si les travaux de recherche de financement et de récupération des films avaient débuté dès le milieu dès 1967) jusqu'en 1980.
« On dit que j'ai mis trente-cinq ans pour faire Le Roi et l'Oiseau... En réalité, j'ai mis cinq ans (en deux fois) pour le réaliser et trente pour trouver le fric ! »
Pour faire vite,
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MAIS ce n'est pas de ça que je voulais vous parler...
C'est d'un autre film, qui d'une certaine manière a eu moins de chance... durant ses 27-28 ans ininterrompus de production (et même un peu plus si l'on compte aussi la fin de l'histoire)
Il s'agit de l'oeuvre maîtresse d'un animateur que nous connaissons quelque peu, puisque, son travail sur cette oeuvre lui valu suffisamment d'admiration pour occuper quelques postes prestigieux dans certaines productions célèbres..
Dont celle de directeur de l'animation de Who framed Roger Rabbit ?. Ou réalisateur de A Christmas Carol avec le fameux Ebenezer Scrooge, récompensé par un Oscar. Sans compter de multiples animations de générique et titre de films.
Je parle de Richard Williams, un animateur d'origine canadienne, mais dont l'ensemble de sa vie s'est faite au Royaume-Uni.
L'homme a un projet personnel à partir de 1964, dans lequel durant au moins 14 ans (si ce n'est bien plus) il va investir tous ses fonds personnels: une adaptation des Milles et Une Nuit à sa façon d'abord dénommée Nazrudin..
Je ne vais pas détailler, au contraire du Roi et l'Oiseau, la grande majorité de la longue production du film. Sinon dire qu'à partir de 1978, le film commence à attirer l'attention suffisamment pour recevoir de petits financements de quelques mécènes. Ou susciter dans le courant des années 80, l'admiration de Spielberg puis de Zemeckis qui le placent à la tête de Roger Rabbit. Mais sans doute, Williams continue à mettre lui même ses propres fonds autant qu'il le peut (d'où mon "si ce n'est bien plus").
Si Disney (chez qui il y a de vrais admirateurs tels Roy Disney) et Spielberg s'étaient engagés à l'aider à finir le film, ça ne va pas arriver (j'évoquerai un peu plus loin une des raisons). Mais le succès de Roger Rabbit (auquel participait Warner quelque peu avec ses personnages) attirer Warner qui lui propose de le financer en 1989
Mais avec les studios viennent les obligations: Williams était son propre maître jusque là, laissant son imagination, la faiblesse de réaliser une belle animation, la faiblesse de la beauté du geste, le dévorer, dévorer son temps... son film est le film d'un artiste : une suite de séquences proprement extraordinaires, de tour de force en tour de force* , une oeuvre contemplative (dont le public n'est sûrement pas le public qu'éduque au sucre Disney et consorts), et de merveilleux doublages (notamment un Vincent Price extraordinaire dans le rôle de l'ignoble vizirr) sans une structure narrative encore bien fixe... Maintenant Warner lui laisse 2 années pour tout finir.
*: (exemple parmi d'autre, des changement de perspectives sans l'usage du moindre ordinateur)
Et Williams ne va pas y parvenir... On lui laisse quelques mois encore.. puis lui impose une projection test avec les dirigeants de Warner, qui doit être prête d'ici 2 à 3 sremaines. Toutes les scènes non finies devront être remplacés par des storyboard.. Des storyboard répond-il au producteur Calvert qui sert d'intermédiauire ? Mais Williams n'en a jamais fait pour ce film, suivant sa seule inspiration jusqu'à le dévorer, depuis 27 ans. Mais il va s'exécuter. Il prépare une copie tel que promis, où il manque 10 à 15 minutes d'animation, pour que le film soit complet, minutes remplacées par des voix et storyboard,
3 ou 4 semaines plus tard la projection test se passe mal.. D'abord parce que film n'est pas tel qu'attendu par le studio.. c'est un rêve, c'est un joyau, ce n'est pas une histoire.
Ensuite parce qu'une des bobines a été perdu durant le voyage et l'on s'en aperçoit au dernier moment.
Enfin parce que Disney prépare depuis quelques années Aladdin (voilà pourquoi ils n'ont pas aidé Williams), évidemment dérivé lui aussi des Milles et une nuit... Et pire encore, parce que certains des animateurs principaux d'Aladdin ont travaillé avec Williams ou travaillé même sur ce fameux projet personnel, des personnages ont un air de famille: le Génie et Jafar dans Aladdin, sont tous deux dérivés c'est visible du Vizir du film de Williams.
Warner ne veut plus de cette patate chaude: à ce rythme le film sortira après Aladdin, sera vu comme un plagiat par les enfants et les parents d'Aladdin.. Et puis il n'est pas destiné aux enfants, tout du moins de la façon dont on les éduque à l'image..
Ils usent du retard de Williams (auxquels ils auraient pu rester aveugle si le film leur avait convenu) pour user d'une clause de sortie dans le contrat. Ce retrait est une goutte d'eau de trop dans le projet. C'est que d'une part quelques mois auparavant, le projet a perdu un important mécène japonais suite à la crise économique japonaise.
Mais surtout, on aurait pu penser que cela allait seulement différer la réalisation du film de quelques années, le temps de trouver de nouveaux fonds... mais non: depuis 1989, et l'arrivée Warner, le film a été forcé d'entrer dans une phase commerciale et contractuel, et le film n'appartient pas entièrement à son créateur: des assurances ont été signées pour rembourser les investisseurs en cas de retard ou de non production du film (rembourser Warner par exemple)... théoriquement les assurances doivent payer en ce cas; théoriquement.. en pratique, les assurances préfèrent plutôt que payer, devenir propriétaire du film tel que leur en offre comme possibilité le contrat et terminer le film et payer les investisseurs ensuite..
C'est ce qui va arriver... Williams va voir en 1992 le film dans lequel il a mis 28 ans de sa vie devenir la propriété d'une compagnie d'assurance.. Celle-ci va faire des appels d'offre pour prendre en main la direction du projet... Elle rejette l'appel d'offre le plus fidèle artistiquement mais le plus couteux: finir le film avec Williams sous la coupe d'une bonne conseillère-productrice qui l'aidera limiter les digressions, assisté des conseils narratifs et suggestion de montage de Terry Gilliam.. Le film s'apprête alors à partir entre les mains de dizaines de propositions médiocre et peu couteuses de toute sortie de compagnies et de pays.. Le producteur Calvert, qui avait joué les interméditaires avec Williams et connait donc bien le projet, mais avait refusé plusieurs fois les appels du pied à prendre la direction du film, se sent cette fois obligé... Il y va: propose une solution intermédiaire, plus abordable que celle qui signifierait un maintien de Calvert, mais plus couteuse et plus respectuese du travail accompli que ce qui risque d'arriver si il n'accepte pas la ache..
Enfin plus respectueuse... c'est à voir... Calvert veut et va en faire, soutenu en cela par la compagnie d'assurance, une resucée d'Aladdin, en plus cheap... Il faut ajouter des chansons, des danses.. l'animation est confiée au moins offrant dans des appels d'offres (même si des anciens animateurs de Williams, certains du studio anglais de Don Bluth etc.. y répondent aussi en freelance et y participent quand même à l'animation)... des kilomètres de séquences extraordinaires sont jetées à la poubelle (parfois littéralement c'est à dire perdus à jamais). Les nouvelles séquences bien qu'elles aurait semblé honorables en d'autres circonstances sont tout à fait médiocres en regard du travail extraordinaire de Williams. L'encre et la couleur sont fait à bas prix en Corée.
Là où certains personnages étaient muets, se limitant à des onomatopées, on rajoute des voix narratives ou des voix.
Ca plait à une compagnie de distribution australienne qui le sort en Australie, et paie même la compagnie d'assurance pouvoir le commercialiser le film internationalement (sans rencontrer trop de succès, c'est un sous-Aladdin, peu veulent l'acheter).
Ce film, sans doute l'un des plus grands films animés de tous les temps, et pourtant film inachevé, il est temps de le dire, il s'agit de
The Thief and The Cobbler (Le Voleur et le Cordonnier), tel que le souhaitait Williams après avoir abandonné le titre Nazrudin..
En Australie, dans sa version révisée, mutilée, trahie, et à l'international (dans les rares pays où il sort) il sort en revanche sous le titre The Princess and The Cobbler (puisqu'il met l'accent sur l'amoûûûûr comme pour Aladdin)
Mais ce n'en est pas fini du massacre du film:
les coupeurs de ciseau professionnels, les Weinstein, alors chez Miramax, vainquent la répulsion qu'a tout le monde pour ce mauvais Aladdin et le récupèrent.. (une société Disney, à l'époque, récupère donc un mauvais Aladdin si tant est qu'Aladdin soit bon)...) ils le raccourcissent, changent les voix, en y ajoutant des célébrités (sauf celle de Vincent Price, qui survit encore à tous ces bouleversements, heureusement, car on peut pas le rappeler, il est décédé !), changent des chansons.. ajoute encore plus de narration et de voix qui n'existaient pas, et en font un "produit" (puisque c'est bien ainsi qu'ils le voient) pire encore qu'il n'était
Le film est dénommé alors aux USA, Arabian Knight, un jeu de mots entre les Milles et une nuit et un chevalier. Le film sort honorablement (500 écrans) mais sans aucune publicité.. et est un échec tout à fait attendu.. Mais tel n'était pas le but, le but c'était d'obtenir quelques critiques et préparer une sortie VHS, où il sera commercialisé pas loin d'Aladdin et en surfant sur la popularité du film Disney.
Le film a toujours été déconsidéré depuis... sauf peut-être par Roy Disney qui à partir de 1999 tant qu'il était encore à Disney (jusqu'en 2003) forcera Disney à essayer de rassembler les matériel original de Williams afin d'envisager une sauvegarde de sa version telle qu'elle était en 1991, et par la suite des efforts pour terminer le film tel que Williams le veut. De 2003 à 2009, ce projet continuera au ralenti. Et s'arrêtera avec la mort de Roy Disney.
Par ailleurs, il fallut attendre assez tardivement pour une sortie DVD de cette version américaine... et encore, par quelle entremise en 2001 ? "Tiens si on offrait un film qui vaut pas grand chose dans une boite de Frosties. T'as quoi coco à me proposer comme trucs nuls pour les gamins ?". C'est comme ça que le film, dans sa version plus que mutilée sera découvert par beaucoup.
Miramax finit par le sortir en 2005 en DVD (édition Disney/BuenaVista/Miramax), mais Disney est bien content que The Weinstein Company leur propose de s'occuper de sa commercialisation l'année d'après et donc de supporter les invendus (donc en 2006, une édition TWC pour Miramax).. En Angleterre, son pays de naissance où le film n'a jamais été montré, cette version a fini par sortir aussi il y a quelques années (2012) puisque Miramax, désormais non-Disney cherche à rentabiliser son catalogue un peu partout via des éditeurs..
Ironie du sort, le film est sorti en DVD sous le nom original The Thief and The Cobbler, alors que c'est bien l'horrible Arabian Knight.
C'est qu'entre temps, le film original, via des bootlegs de ce montage de projection test de 1991, a acquis une réputation et des admirateurs.. Et le commerce veut toujours bénéficier de tout ce qui est admiré, même si ils l'ont eu même trahi..
Mais alors qu'est-ce qui est visible du film?
Du pire au mieux:
- Arabian Knight, vendu en DVD donc sous le nom de The Thief and The Cobbler... La moins pire version au niveau état de l'image est vendu au Japon
- The Princess and The Cobbler, en Australie, où les bords de l'image à droite et à gauche sont découpé (le but était d'avoir un plein écran 4/3, car c'est une sortie de l'époque des écrans 4:3, et il fut une époque où le respects des formats, on s'en moquait.
- Un bootleg très flou de la copie de projection test de 1991 (voir ci-dessous)
- Similairement aux efforts pour "remasteriser" la trilogie Star Wars dans son état originel, depuis 15 ans, il y a eu 4 versions tentant de montrer le film dans le meilleur état possible et de terminer les séquences qui n'étaient pas incluses (en récupérant des croquis, des brouillons du matériel d'animation éparpillé, et en s'en servant pour image par image, en les décalquant créer des scènes manquantes...)
c'est le Recobbled Cut, produit à titre non lucratif depuis 15 ans par Garrett Gilchrist , qui dans sa toute dernière version la 4e est presque un film visible, au sens commercial..
Ce qui est surprenant en voyant les deux premières (et un cruitque l'écrivait en 1995) c'est que, tout autant que j'avais écrit qu'un grand film réussit toujours à être un grand film, quelque soit les tribulations, les mutilations, de son existence, c'est aussi ce qui transparait ici... Quand surgissent les scènes pensées par Williams, c'est comme si pour quelques instants le soleil transperçait les nuages, on sait qu'il en est l'auteur, on sait qu'on entrevoit ce qu'aurait pu être son film.. Et puis le soleil se recouche derrière les nuages..
Richard Williams (toujours vivant) a toujours refusé de voir tant les versions produites à la suite de la compagnie d'assurance Arabian Knight et The Princess and The Cobbler (son fils, qui les a vu, lui a dit que c'était le meilleur conseil qu'il avait à lui donner si celui ci désirait mourir d'une crise cardiaque).
Mais tout autant, il ne veut pas voir, ni commenter les divers versions du Recobbled Cut de Garrett Gilchrist, même si elle est si proche du bootleg et des storyboard de la projection test qu'il ne la renierait sans doute pas.
Bande-annonce Warner 1991 VHS à destination des exploitants cinéma pour annoncer la sortie l'année prochaine du film (sortie qui n'arrivera jamais)
La même bande annonce "remasterisée" par Garrett Gilchrist et son équipe
La bande-annonce du Recobbled Cut
La bande-annonce du documentaire Persistence of Vision consacré à l'histoire du film, visible après paiement sur Vimeo et en DVD et qui montre certaines des scènes les plus brillantes du film
La bande-annonce "remasterisée" de la mutilation (pour ne pas dire plus) The Princess and The Cobbler
La bande-annonce "remasterisée" de la déprédation (pour ne pas dire plus) Arabian Knight
Et le meilleur pour la fin:
Le bootleg de la copie de test de 1991
et The Thief and The Cobbler, Recobbled Cut en version 4:
Avant de terminer plusieurs choses me troublent:
- je suis sûr d'avoir découvert cette oeuvre il y a quelque jour .. et pourtant j'ai l'impression d'avoir connu depuis très très longtemps cet univers et certains de ces personnages..
Pourtant même dans ses version mutilées il n'est jamais sorti en France à ma connaissance, ni connu aucune diffusion télévisé.
- par certains hasards (qui n'en sont jamais je veux coire), l'une des premiers accompagnement musical que j'ai entendu du film, le vrai, l'original, il le partage avec un autre grand film qui n'est pas si loin, dans l'esprit à défaut du lieu, qui raconte l'histoire d'un Prince d'Orient qui a perdu son âme:
il s'agit de la Fantaisie sur un Thème de Thomas Tallis de Ralph Vaughan Williams
- et enfin, l'idée même derrière l'expression persistence de la vision me touche beaucoup
Et pour finir sur une note plutôt heureuse plutôt:
Williams a fini il y a 5 ans par obtenir de l'Académie des arts et des sciences du cinéma la préservation de son film inachevé et la recherche et sauvegarde des dessins qui ont servi à sa production... c'est que même dans le Recobbled Cut et dans le bootleg, il y a des séquences manquantes, des scènes qui Williams lui même avait choisi de supprimer (certains sont visibles sur Youtube si vous souhaitez). Il y a donc beaucoup à sauver.
Et cette version a été projetée plusieurs fois, en plusieurs lieux de par le monde sous le nom de A Moment in Time, comme un instant figé, puisque pour ce film, le temps s'est arrêté il y a 25 ans.
Parfois en présence du réalisateur (vidéo 1 et vidéo 2)
C'était long, sans doute, à déchiffrer et à lire, mais j'espère que cela a suscité votre intérêt et l'envie de le voir.
Hugues
PS: Pour comparaison, c'est illégal cette fois, au contraire de ce qui est publié précédemment, mais c'est sur YouTube, je n'y suis pour rien... :
La version trahison-comédie-musicale de la compagnie d'assurance et version australienne The Princess and The Cobbler, ici "remasterisée"
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et l'autre trahison-comédie-musicale, la version américaine de Miramax Arabian Knight (quelque peu flou)
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Hugues a écrit:Robert Mugabe, 95 ans
Hugues
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