Garion a écrit:Mais au contraire, Federer a eu les deux plus grands adversaires qu'il pouvait espérer. A eux trois, ils ont dominé le tennis comme ce n'est jamais arrivé.
Gagner 20 tournois du grand Schelem alors qu'il était dans la même période que ces adversaires est le plus beau des exploits.
J'aimerais bien partager complètement ton enthousiasme, mais justement mettre en avant le palmarès de Federer alors qu'il n'a pas été acquis seulement face à ses deux rivaux paraît un peu exagéré. Federer a gagné beaucoup avant l'émergence de Nadal et surtout de Djokovic. Au fur et à mesure, il a été dominé sur toutes les surfaces en Grand Chelem par Nadal, puis par Djokovic. C'est ce qui est embêtant. On peut raconter une belle histoire, avec son retour au sommet du tennis, mais il y parvient quand ses principaux rivaux sont absents ou blessés, dans une période très étrange.
Garion a écrit:Ok, il n'a pas l'avantage dans les confrontations contre ces deux là, mais au final, il est devant les deux en terme de palmarès.
C'est vrai, mais la comparaison n'a guère de sens, puisqu'on peut considérer qu'avant 2007, ni Nadal et encore moins Djokovic ne sont au sommet de leurs moyens. La question serait de savoir si Federer était toujours au sommet des siens face à ses meilleurs rivaux. Ma réponse serait plutôt oui. Disons qu'on peut comparer les joueurs à leur meilleur niveau commun entre 2007 et 2013, à peu près. Ensuite, c'est plus compliqué.
Pour moi d'ailleurs, ça n'est pas le plus important. Je regarde un peu le tennis comme un défi plus abstrait, où le jeu évolue avec les joueurs, puisque chaque joueur dominant incarne une évolution du jeu, pour le meilleur et pour le pire, et qu'il pose de cette manière un problème à surmonter à ses rivaux. Federer possède un jeu extraordinairement complet, un sens du placement inédit, des qualités supérieures à l'immense majorité des champions, et un professionnalisme à toute épreuve, dans un monde très contrôlé (notamment en raison des enjeux médiatiques et financiers) qui rend certaines comparaisons délicates. Cependant, on peut le trouver génial et fascinant à regarder jouer, sans pour autant relativiser le génie de Sampras, peut-être plus immédiat et plus évident (je prends Sampras comme exemple, on pourrait en prendre d'autres), et je ne suis pas persuadée qu'à son meilleur niveau, Sampras n'avait pas quelque chose en plus (mais pas la même implication, pas le même physique).
Garion a écrit:Il a du mal contre eux, mais il n'est pas loin de l'infaillible contre tous les autres, ce que Nadal et Djokovic n'ont pas réussi à faire.
Et si on rajoute sa longévité (surtout qu'à notre époque le physique est plus important), son intelligence à gérer son physique en fonction de son age, son jeu à l'économie quand il le faut, il n'y a aucun doute sur le fait qu'il est le plus grand joueur de tous les temps.
Forcément, tu décides seul des critères qui sont tous faits sur mesure pour Federer... Il est fort possible qu'il soit le meilleur joueur de l'ère moderne, mais je reste embêtée par le fait que le meilleur joueur de son époque trouve deux joueurs à faire jeu égal ou mieux que lui en carrière en face à face. La longévité au plus haut niveau, par exemple, c'est très bien, mais en quoi est-elle un critère absolu face à un joueur comme Borg qui domine l'ère open comme personne avant lui, et prend sa retraite à 25 ans ?