Marlaga a écrit:une originaire d'outre mer aux DOM-TOM
Saint-Malo c'est dans les DOM-TOM ?
Modérateurs: Garion, Silverwitch
Marlaga a écrit:une originaire d'outre mer aux DOM-TOM
Marlaga a écrit:Et puis un casting parfait : une médecin à la santé, une sportive au sport, un directeur d'école à l'école, une chercheuse à la recherche, une originaire d'outre mer aux DOM-TOM, une éditrice de livres à la culture, la directrice de la RATP aux transports, un écolo à l'écologie...et un arabe de service pour cocher la case diversité en dernier dans la liste.
C'en est presque caricatural tellement il a voulu mettre quelqu'un qui avait une compétence quelconque au poste de ministre adapté. Pourquoi pas, je préfère ça aux ministres qui font le tour de tous les ministères sans jamais rien connaître au domaine qu'ils chapeautent. Et c'est ça le but de la manœuvre : il a un gouvernement quasiment inattaquable sur la forme.
DCP a écrit:Il y a quand même quelque chose que j'ai de la peine à saisir: le politique renvoie au Peuple, ils sont au-dessus de la mêlée, des intérêts partisans, agisse pour le bien du Peuple dans sa globalité plutôt que pour des intérêts particuliers....je veux bien, mais, dans la réalité, le politicien a aussi un intérêt personnel à défendre (celui de se faire réélire) et il est la plupart du temps lié à un parti politique, donc il a aussi intérêt à défendre les intérêts de son parti...
DCP a écrit:Et on nous rabâche à longueur de messages sur ce forum que les politiques menées sont toutes les mêmes, que les politiciens sont aux ordres de Bruxelles, du système médiatique, des grands lobbys....etc....une bonne partie des citoyens n'ont pas confiance dans les politiciens....etc....bref, il me semble qu'il y a un fossé important entre la théorie telle qu'exposer et la pratique politique, non ? La faute à qui ? Au système ? Aux personnes ? Ou la théorie est trop déconnectée de la réalité ?
DCP a écrit:Et, dans le cas précis qui est à la base de cette discussion, le gouvernement Macron, on a quand même, à part Hulot, que des politiques aux postes principaux...
sheon a écrit:Marlaga a écrit:une originaire d'outre mer aux DOM-TOM
Saint-Malo c'est dans les DOM-TOM ?
Silverwitch a écrit:DCP a écrit:Il y a quand même quelque chose que j'ai de la peine à saisir: le politique renvoie au Peuple, ils sont au-dessus de la mêlée, des intérêts partisans, agisse pour le bien du Peuple dans sa globalité plutôt que pour des intérêts particuliers....je veux bien, mais, dans la réalité, le politicien a aussi un intérêt personnel à défendre (celui de se faire réélire) et il est la plupart du temps lié à un parti politique, donc il a aussi intérêt à défendre les intérêts de son parti...
C'est la nuance, fine, entre le caractère partisan d'un ministre (il représente à la fois un parti, celui de la majorité parlementaire ou présidentielle, et doit défendre l'intérêt général) et le conflit d'intérêts ou le règne de la pseudo expertise qui renvoie l'idéologie à l'oeuvre hors du domaine politique.DCP a écrit:Et on nous rabâche à longueur de messages sur ce forum que les politiques menées sont toutes les mêmes, que les politiciens sont aux ordres de Bruxelles, du système médiatique, des grands lobbys....etc....une bonne partie des citoyens n'ont pas confiance dans les politiciens....etc....bref, il me semble qu'il y a un fossé important entre la théorie telle qu'exposer et la pratique politique, non ? La faute à qui ? Au système ? Aux personnes ? Ou la théorie est trop déconnectée de la réalité ?
Ce n'est pas la faute du principe d'un ministre indépendant du ministère où est il est nommé, en tout cas. En éliminant les propositions fausses, on peut revenir aux problèmes politiques et idéologiques posés. Le règne de la gouvernance vise à faire disparaître l'idéologie, je pense donc qu'à cet égard le choix de certains ministres pose des problèmes particuliers. Rien n'empêche, et c'est heureux, d'instruire le procès en responsabilités du régime des partis, de la classe politique en général ou du "système".
Cependant, il me semble que Macron (avec la complicité activité du parti des médias) essaye de piéger les électeurs, avec des stratégies plus ou moins éculées, malgré leur sophistication: baratin sur la "société civile", tralala sur la parité, stéréotype des ministres "experts", et surtout, une politique dite du "meilleur des deux" (ou d'Union Nationale), consistant en vérité à continuer la politique menée par Sarkozy et Hollande depuis dix ans.DCP a écrit:Et, dans le cas précis qui est à la base de cette discussion, le gouvernement Macron, on a quand même, à part Hulot, que des politiques aux postes principaux...
Bah non, ni à l'Éducation, ni à la Santé, ni au Travail.
DCP a écrit:Que les médias soutiennent Macron, je veux bien, que celui-ci utilise des stratégies 'marketing' pour avoir leurs voix (les autres partis font peu ou prou la même chose), je veux bien...mais les gens ne sont pas cons quand même ? Sinon on te dit: le meilleur de la droite et de la gauche, bin, tu devrais te rendre compte qu'il s'agit de mesure de droite et de gauche déjà vues, Macron a aussi clairement annoncé qu'il voulait aller vers une politique libérale en matière économique, flexibiliser le marché du travail en faveur des entreprises....qu'il était pour l'UE....etc...il
annonçait un renouvellement au niveau des hommes et des pratiques politiques....les citoyens peuvent juger sur pièce avec son gouvernement s'il a tenu parole...etc....
Pour le reste, je trouve que les ministres occupent des positions extraordinaires et doivent être des personnes exceptionnelles avec en premier lieu un sens de l'Etat et de l'intérêt général, je trouve dommage que l'on se prive a priori de personnes venant du privé et/ou de l'administration qui peuvent tout aussi bien avoir les qualités, l'intégrité et l'indépendance requises que des politiciens 'de carrière'.
Tu caricatures.DCP a écrit:Donc un médecin aura forcément un avis biaisé alors qu'un homme politique sera forcément neutre, au-dessus de la mêlée, impartial....
DCP a écrit:Je pense que, pour des postes extraordinaires comme ceux de ministres, cela serait dommage d'éliminer a priori des candidats car potentiellement il pourrait y avoir un conflit d'intérêt....la question mérite d'être tranchée au cas par cas.....
DCP a écrit:Deux remarques: ce biais, ces personnes peuvent le corriger, en tenir dans leurs décisions, écouter leur staff qui ne l'aurait pas...etc.....ou pas....
Et pour le ministre et son approche anglo-saxonne, mercantile de l'éducation superieure....ne penses-tu pas que Macron l'a choisi justement à cause de cela ? Parce qu'il veut une politique de ce style pour l'éducation supérieure ?
Je vais être un brin provocateur: quelle différence avec un politicien 'indépendant' à qui on imposerait comme feuille de route de développer l'éducation supérieure selon ce modèle anglo-saxon ?
Waddle a écrit:DCP a écrit:Je pense que, pour des postes extraordinaires comme ceux de ministres, cela serait dommage d'éliminer a priori des candidats car potentiellement il pourrait y avoir un conflit d'intérêt....la question mérite d'être tranchée au cas par cas.....
Le problème ici est que pour la santé par exemple, c'est JUSTEMENT parce qu'il est médecin qu'il a été choisi. Et on dit justement que c'est donner foi à un raisonnement particulier qui fait croire qu'un ministre doit être un expert alors que ce n'est pas ça. Et ce faisant, on choisit donc quelqu'un qui a une vision déjà orientée des choses puisqu'il est impliqué de par son métier.
Pour l'éducation nationale, c'est JUSTEMENT parce que c'était un directeur d'école qu'il a été choisi. Et pour le coup, c'est un biais énorme puisque ce monsieur était directeur de l'ESSEC, école de commerce très orientée à l'anglo-saxonne et qui tire des bénéfices énormes (puisque ce sont des écoles privées) en vendant l'éducation. Il ne s'agit même pas de conflit d’intérêt mais d'un biais qui existe A PRIORI parce que la personne choisie a déjà tout un fonctionnement et une idéologie dans la tête.
Silverwitch a pris un excellent exemple. Que penserais-tu d'un PDG d'une industrie pharmaceutique en Ministre de la Santé? Cela ne te viendrait pas à l'idée n'est ce pas? Pourtant ce serait bien quelqu'un qui connaîtrait bien le domaine...
Si on veut. Mais je ne mettrais pas Pierre Gattaz ministre de l'économie sous prétexte qu'il combattrait bien les lobbys des grandes entreprises.FrosT a écrit:Waddle a écrit:DCP a écrit:Je pense que, pour des postes extraordinaires comme ceux de ministres, cela serait dommage d'éliminer a priori des candidats car potentiellement il pourrait y avoir un conflit d'intérêt....la question mérite d'être tranchée au cas par cas.....
Le problème ici est que pour la santé par exemple, c'est JUSTEMENT parce qu'il est médecin qu'il a été choisi. Et on dit justement que c'est donner foi à un raisonnement particulier qui fait croire qu'un ministre doit être un expert alors que ce n'est pas ça. Et ce faisant, on choisit donc quelqu'un qui a une vision déjà orientée des choses puisqu'il est impliqué de par son métier.
Pour l'éducation nationale, c'est JUSTEMENT parce que c'était un directeur d'école qu'il a été choisi. Et pour le coup, c'est un biais énorme puisque ce monsieur était directeur de l'ESSEC, école de commerce très orientée à l'anglo-saxonne et qui tire des bénéfices énormes (puisque ce sont des écoles privées) en vendant l'éducation. Il ne s'agit même pas de conflit d’intérêt mais d'un biais qui existe A PRIORI parce que la personne choisie a déjà tout un fonctionnement et une idéologie dans la tête.
Silverwitch a pris un excellent exemple. Que penserais-tu d'un PDG d'une industrie pharmaceutique en Ministre de la Santé? Cela ne te viendrait pas à l'idée n'est ce pas? Pourtant ce serait bien quelqu'un qui connaîtrait bien le domaine...
Les gens peuvent te rétorquer qu'il faut mettre un loup pour combattre des loups, pas un mouton....
Roosevelt avait bien mis le padre Kennedy à la tête de la SEC pour combattre les spéculateurs...
Ce fut un succès car Kennedy savait comment tout ce petit monde fonctionnait^^ pourtant il a été 10 ans avant le pire d'entre eux.
Rien n'est jamais simple et manichéen au niveau des orientations morales des acteurs de la vie politiques.
DCP a écrit:Que les médias soutiennent Macron, je veux bien, que celui-ci utilise des stratégies 'marketing' pour avoir leurs voix (les autres partis font peu ou prou la même chose), je veux bien...mais les gens ne sont pas cons quand même ?
DCP a écrit:Pour le reste, je trouve que les ministres occupent des positions extraordinaires et doivent être des personnes exceptionnelles avec en premier lieu un sens de l'Etat et de l'intérêt général, je trouve dommage que l'on se prive a priori de personnes venant du privé et/ou de l'administration qui peuvent tout aussi bien avoir les qualités, l'intégrité et l'indépendance requises que des politiciens 'de carrière'.
DCP a écrit:On est d'accord, un ministre est là pour faire de la politique, non de la technique. Je soutiens juste qu'un 'technicien' peut se 'transformer' en 'politicien', agir comme un 'politicien' une fois aux responsabilités. Ou peut-être pas, on n'en sait rien.
DCP a écrit:Car on te parlait du CICE comme étant adopter car c'était LE seul moyen pour diminuer le chômage....et donc que c'était pour le bien des salariés & chômeurs qu'on le faisait et pas pour le bien desentreprises....
Silverwitch a écrit: Sauf que je remplacerais entreprises par patrons ou actionnaires.
Maverick a écrit:Dans mon ancienne boîte (de merde), ça leur a juste permis de multiplier le REX par 5. Et à part le PDG actionnaire à 99%, personne n'en a vu la couleur.
Garion a écrit:Silverwitch a écrit: Sauf que je remplacerais entreprises par patrons ou actionnaires.
Non, le CICE est un crédit d'impôt et à ce titre il n'est pas redistribuable. Il doit être déduit des bénéfices avant la distribution aux actionnaires et aux salariés.
L’administration fiscale ne contrôlera pas l’utilisation du CICE : un CICE qui ne serait pas utilisé conformément aux objectifs d’amélioration de la compétitivité de l’entreprise ne fera donc l’objet d’aucune remise en cause par l’administration fiscale.
Silverwitch a écrit:Donc, j'appelle ça un cadeau fiscal, puisqu'il est possible de l'utiliser pour tout (et n'importe quoi) sans contrôle.
Il n'y avais pas de redistribution je crois. Le PDG était actionnaire à 99% et il n'y avait pas de prime de participation ou d'intéressement.Garion a écrit:Maverick a écrit:Dans mon ancienne boîte (de merde), ça leur a juste permis de multiplier le REX par 5. Et à part le PDG actionnaire à 99%, personne n'en a vu la couleur.
C'est normal que ça augmente le REX, mais c'est déduit avant toute redistribution. En toute logique, l'argent est resté dans la boite et n'a pas profité au PDG. Ca a juste enrichi les réserves de la boite sauf s'il est octroyé une augmentation de salaire en conséquence.
Aym a écrit:Bah c'est en Bretagne déjà, pas en France.
Silverwitch a écrit:Aucune contrepartie n'est exigée et aucun contrôle n'est fait. Je te renvoie au site du ministère de l'Économie]
Donc, j'appelle ça un cadeau fiscal, puisqu'il est possible de l'utiliser pour tout (et n'importe quoi) sans contrôle.
Garion a écrit:Silverwitch a écrit:Aucune contrepartie n'est exigée et aucun contrôle n'est fait. Je te renvoie au site du ministère de l'Économie]
Donc, j'appelle ça un cadeau fiscal, puisqu'il est possible de l'utiliser pour tout (et n'importe quoi) sans contrôle.
Dans le lien que tu cites, il y a bien marqué :
C’est pourquoi l'entreprise ne peut ni financer une hausse de la part des bénéfices distribués, ni augmenter les rémunérations des personnes exerçant des fonctions de direction dans l’entreprise.
Waddle a écrit:Mince Marielle de Sarnez je viens de la voir quelques minutes sur BFM. Je comprends mieux pourquoi elle suit Bayrou depuis des siècles. Plus pensée unique tu meurs.
Waddle a écrit:Garion a écrit:Silverwitch a écrit:Aucune contrepartie n'est exigée et aucun contrôle n'est fait. Je te renvoie au site du ministère de l'Économie]
Donc, j'appelle ça un cadeau fiscal, puisqu'il est possible de l'utiliser pour tout (et n'importe quoi) sans contrôle.
Dans le lien que tu cites, il y a bien marqué :
C’est pourquoi l'entreprise ne peut ni financer une hausse de la part des bénéfices distribués, ni augmenter les rémunérations des personnes exerçant des fonctions de direction dans l’entreprise.
La bonne blague!
Et comment tu peux contrôler ça puisque l'entreprise pourra toujours dire que les hausses de dividendes ou de salaires étaient prévues indépendamment du CICE?
A moins que la loi INTERDISE d'augmenter les dividendes et les dirigeants lorsqu'on reçoit le CICE, cette phrase n'a aucun pouvoir.
Une émission de Elise Lucet sur la 2 avaient d'ailleurs très bien démontré cela. L'entreprise de Pierre Gattaz himself avait perçu 1 million d'euros de CICE. A la fin de l'année, cette entreprise avait perdu quelques emplois et augmenté les dividendes de... 1 million d'euros.
Maschum a écrit:J'ai bien aimé Jean Michel Blanquer chez Boubou ce matin à l'instant.![]()
PERFORMANCES - PAR ERIC HAZAN
90% des parisiens ont voté pour Emmanuel Macron
Eric Hazan - paru dans lundimatin#105, le 22 mai 2017
Cette tribune a été commandée par Le Monde pour ses pages Débats (« Votre opinion sur les 90% de Macron à Paris ») mais le journal a finalement refusé de la publier.
L’année 2015 a été la plus chaude jamais enregistrée à Paris ; en 2016, l’exposition Jeff Koons a attiré le plus grand nombre de visiteurs depuis la fondation du Centre Pompidou ; en 2017, les votes parisiens pour Emmanuel Macron ont atteint le score de 90%. Ces deux derniers records ne sont pas sans points communs : leurs détenteurs sont par leur parcours des professionnels de la persuasion. Jeff Koons a été courtier en matières premières à Wall Street et cette expérience l’a sans doute armé pour convaincre de riches amateurs – dont Bernard Madoff, qui purge depuis une peine de 150 ans de prison pour escroquerie – que ses lapins gonflables et ses cochons en sucre représentaient la pointe même de l’avant-garde. Emmanuel Macron a affuté à la banque Rothschild des capacités de conviction qui lui ont permis, entre autres, de piloter avec succès le rachat par Nestlé des laits en poudre de Pfizer pour quelque neuf milliards d’euros. Autre point qui les rapproche : le kitsch, dont un échantillon a été offert au peuple lors de la soirée des résultats au Louvre – Jeff Koons n’aurait pas fait mieux.
On pourrait penser que le score de Macron à Paris, très supérieur à la moyenne nationale (89, 68 contre 66, 06%) est lié à des modifications sociologiques, au poids d’une vaste couche de designers, conseillers en entreprise, programmateurs et autres créatifs qui se serait reconnue dans un jeune cadre supérieur non conformiste lançant sa présidence comme une start-up. Ce poids a sans doute été déterminant pour donner à la ville les deux municipalités socialistes – ce qui nous vaut entre autres bienfaits la canopée des Halles, le massacre de la Samaritaine et demain la tour Triangle. Mais l’explication ne tient pas pour expliquer le triomphe parisien de Macron : au premier tour, il n’est en tête que dans la moitié des arrondissements, l’autre moitié se partageant entre les circonscriptions les plus riches où c’est Fillon qui l’emporte (52% dans le 7e, 50% dans le 8e, 58% dans le 16e) et les plus populaires où la somme des voix de Mélenchon et Hamon l’emporte sur le vote Macron.
S’il faut chercher une explication sociologique aux 90% de Macron, c’est plutôt de l’autre côté qu’il faut se tourner. Sa victoire est arithmétiquement liée à la faiblesse du camp adverse. Mme Le Pen a fait à Paris un aussi mauvais score que son père en 2002 : un bulletin sur dix (au lieu d’un sur trois à l’échelle nationale). C’est qu’en poussant les pauvres hors des vingt arrondissements, on a chassé du même coup ceux dont la colère dévoyée nourrit d’ordinaire le vote Front national. Mme Le Pen obtient ses moins mauvais résultats dans les quartiers les plus huppés, dans les 7e, 8e, 15e et 16e arrondissements, avec sans doute les voix de Sens commun et de la Manif pour tous. Mais tout près de là, dans les zones qu’on dit « périurbaines », le vote FN est deux ou trois fois supérieur à ce qu’il est à Paris.
On peut chipoter sur les 90% de Macron, estimer qu’avec plus de 20% d’abstentions et plus de 10% de votes blancs et nuls – outre le nombre certainement élevé de ceux qui ont voté pour lui malgré leurs convictions – cette victoire n’est pas un plébiscite. Reste que ceux qui avaient choisi Mélenchon et Hamon au premier tour se sont laissés massivement convaincre d’aller voter Macron au second (plus de 90% de votes Macron dans le 19e et le 20e arrondissements où Mélenchon était en tête au premier tour). C’est le résultat d’une campagne médiatique sans précédent lancée tout au long de l’entre-deux tours – et même avant – sur deux axes : d’un côté le panégyrique d’un candidat « seul devant l’Histoire » et le récit partout répété de « son parcours époustouflant » ; de l’autre le danger que représente pour « nos valeurs » et pour « la République » une victoire de Mme Le Pen, victoire que n’importe quel bon élève de CM1 pouvait juger impossible au lendemain du premier tour – à peine plus de 20% des voix et pas d’alliance possible (l’élève ne pouvait pas prévoir le mariage avec Debout la France, quelques miettes dans la corbeille). À un tir de barrage médiatique aussi massif, de l’Obs à BFM TV, du Monde au Figaro, on peut voir plusieurs causes convergentes : les réelles capacités de séduction de Macron envers les journalistes ; la constatation que les ventes montaient en flèche quand Emmanuel et Brigitte étaient en couverture ; la convergence d’intérêts entre les propriétaires des médias et un homme de leur milieu, dont ils connaissent les idées et les projets (oui, les journalistes ont leur indépendance par rapport aux propriétaires, mais dans certains cas…).
Ce qui ressort en tout cas de ce vote massif, c’est un sentiment d’absurdité. Absurde, un mécanisme qui amène au pouvoir suprême un homme dont on ne sait rien et qui a fondé son succès sur une capacité rare à ne rien dire (sur la quatrième de couverture de son livre, Révolution, pas une ligne de texte, juste sa photographie en pleine page). Absurde, un système qui donne une majorité écrasante à cet homme pour éviter un danger largement imaginaire. Absurde surtout, cette focalisation sur des élections dont nous sentons tous qu’elles n’ont rien à voir avec nos vies, qu’elles se déroulent sur une sorte de tapis volant au dessus de nos têtes. Les luttes à venir feront passer les 90% parisiens de Macron pour ce qu’ils sont : une diversion inespérée ou un objet transitionnel comme disent les psychanalystes en parlant des doudous des enfants. Plus dure sera la chute.
Eric Hazan
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