La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Le salon francophone est dédié aux sujets n'ayant pas de lien avec la F1 ni autres sports mécaniques. C'est un salon pour se détendre en refaisant le monde.

Modérateurs: Garion, Silverwitch

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 14 Fév 2016, 18:46

Lire que l'infâme personnage fait un réquisitoire..
Mais il ne fait réquisitoire de rien du tout, il s'en complait, comme un gamin et son jouet...

Je ne peux que seconder les derniers mots de Rainier.

Hugues
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede meg le 14 Fév 2016, 18:53

Image
Image
Si vous n'êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment - Malcolm X
Avatar de l'utilisateur
meg
 
Messages: 233
Inscription: 12 Fév 2015, 00:50

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 14 Fév 2016, 19:39

Déjà évoqué en novembre...

Hugues a écrit: Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


Synopsis officieux:
Un père prend la fuite pour protéger son jeune fils, Alton, et découvre la vérité derrière les pouvoirs spéciaux du garçon.
Ce qui commence simplement comme une course pour fuir des extrémistes religieux et les autorités légales locales rapidement dégénère en une chasse à l'homme nationale impliquant les plus hauts niveaux du gouvernement fédéral. Au bout du compte, son père risque tout pour protéger Alton, et l'aider à accomplir une destinée qui pourrait changer le monde pour toujours, dans un film défiant les lois du genre, aussi surnaturel qu'il est intimement humain.


Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


Avec un sous-titrage, désormais, c'est mieux...

Le 16 mars au cinéma, Midnight Special de Jeff Nichols...

Bande-annonce VO sous-titrée   Compatible plein écran


Le film, dévoilé vendredi, a surpris... D'abord parce qu'il ne ressemble en style et mise en scène que très peu aux précédents films de Nichols... Au contraire, c'est un film tout en action, qui se rapprocherait plus d'un Spielberg des années 80 ou (pire) d'un Shyamalan... (plutôt que d'un Dante ou d'un Donner).
Cependant on reconnaît Nichols dans les thèmes abordés et dans son montage, même si celui-ci est appliqué à un film bien différent des précédents...

Ce montage, et ses ellipses, pourtant familiers sont paradoxalement justement pourtant ce qui le rend à la fois bien différent des films précédents: Nichols a limité les dialogues au strict minimum, ce n'est presqu'un qu'un film de regards et d'expression ...

Tant et si bien que ça a même, paradoxalement, fait peur à Warner (qui comme je l'écrivais en novembre, même si il ne le distribuent pas partout, a financé ce petit budget, même si ça a été tourné de manière indépendante du studio), qui ne savait que trop faire du film qu'apparemment ils gardaient, achevé, depuis pratiquement un an...
Et ce devrait être, à moins d'un bouche à oreille, une sortie modeste aux Etats-Unis.. (mais qui sait peut-être honorable en France [Belgique,Suisse], où il sort 2 jours plus tôt)

Ca n'est pas du grand Nichols, mais ça reste parait-il tout de même, de ce qu'on m'en a dit, un bon film (ou honorable).. (à vérifier...)

Et comme ce film est achevé depuis un an, éh bien, un autre Nichols, tourné en Virginie l'été dernier, frappe déjà à la porte .... sans doute dévoilé au printemps ou à l'automne.. Produit/financé cette fois, comme auparavant, de façon totalement indépendante, le film a été acquis pour une distribution quasi mondiale, après projection d'extraits hier, par la filiale d'Universal, Focus Features.

Hugues
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 22 Fév 2016, 10:42

J'ai vu le Petit Prince, le truc d'animation de 2015.

C'est catastrophique.

Ils ont transformé ça en une Nième ode à la vieillesse gâteuse, avec l'inévitable amitié débris/enfant.

Non pas que j'aie quoi que ce soit contre les vieux, ceci dit, je compte même parmi les gens que j'aime bien quelque relique fébrilement bipède à l'excellence avérée.
Et puis je suis toujours admiratif de ce talent acquis leur permettant d'asséner parfois les mêmes conneries qu'un trentenaire lambda (un âge terrible, qu'il faudrait pouvoir sauter) mais avec ce ton d'outre-tombe qui donne la sensation que chaque mot fut laborieusement extrait d'un puits de sagesse, et qui rend toute contradiction quasiment blasphématoire.

Bref !

Oui, et donc je disais, cette adaptation est une catastrophe.

Les références au texte original sont pilonnées, surlignées, surexpliquées, plutôt que de les laisser mûrir (peut-être) par les mômes, leur âge avançant...
Ça ne propose rien, ça inflige.

Mais, bon, après tout je n'en attendais rien non plus.
Ouais_supère
 
Messages: 25525
Inscription: 20 Juil 2005, 10:54

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Aym le 22 Fév 2016, 10:51

C'est marrant, on l'a regardé hier soir aussi. Juste la première heure, on le finit ce soir.
Moi ça m'a plu, juste le fait de se replonger dans le petit Prince, mais effectivement, j'ai trouvé dommage qu'on passe aussi rapidement sur le texte originel. Y'a même pas la planète de l'allumeur de réverbère, alors que ça m'avait toujours fait marrer.
Je verrai ce soir si la fin du film est décevante ou pas.
L'informatique n'est pas une science exacte, on n'est jamais à l'abri d'un succès
Aym
papaquintintien
 
Messages: 26132
Inscription: 18 Fév 2003, 18:05
Localisation: Toulouse

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 22 Fév 2016, 11:52

La dernière partie est complètement ridicule.

En revanche, j'ai vu un autre dessin animé que j'ai trouvé très sympa.
En plus, cocorico, c'est français: Gus, Petit Oiseau, Grand Voyage.

Certaines scènes sont peut-être un peu dures pour tes minots (vois-le d'abord), mais je trouve qu'il vaut le coup d'oeil.
Ouais_supère
 
Messages: 25525
Inscription: 20 Juil 2005, 10:54

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 22 Fév 2016, 12:57

Moi, le Petit Prince m'a toujours fait chier. Je me demande si je l'ai lu en entier d'ailleurs. Il est vrai qu'à 12 ans j'étais un super passionné d'aviation, surtout 14-18 et la période des raids et d'exploration des années 20-30. Quand on nous a fait lire le truc j'ai du être monumentalement déçu. Quoi, un héros de l'Aéropostale, un atterrissage forcé dans le désert, la menace des féroces pillards berbères, un beau biplan Bréguet 14 et au final cette histoire niaise de mouton ? Hmmpff.
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 22 Fév 2016, 13:09

J'aurais dû parier ! :D
Ouais_supère
 
Messages: 25525
Inscription: 20 Juil 2005, 10:54

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 22 Fév 2016, 14:13

Ouais_supère a écrit:J'aurais dû parier ! :D


J'aurais pourtant jamais pensé que je pourrais passer pour un macho ! Mais bon, quand je lis ce qu'on dit sur certains films ici, j'ai l'impression d'être la réincarnation de Charles Bronson. :D
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 25 Fév 2016, 16:36

Hugues a écrit:Comment mieux commencer l'année qu'avec Mistress America ?
Comment mieux oublier les éventuels contrariétés de fin d'année Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher



Et comment ne pas mieux continuer l'année et traverser le printemps qu'avec Maggie...

Surtout que...

Maggie a un plan

Il y a encore quelques jours, je maudissais de n'avoir sous la main à partager qu'un court extrait, certes quasi inédit sur tout internet, mais court extrait quand même..

Et puis, par chance, le voici ces heures dernières en bande-annonce...
Pas trop tôt quand la sortie française est le 27 avril (et encore la bande-annonce française n'est pas arrivée)...
C'est que nous aurons le film en premier, un mois au minimum avant tout autre pays..

Maggie est une fille absolument normale:
- elle veut un enfant... (ok... ça arrive)
- elle tombe amoureuse d'un homme marié... (pourquoi pas..)
- elle se met en couple.. (logique..)
- elle se lasse de son fil à la patte... (ça peut arriver..)
- elle rompt

Euh pardon, non désolé, non... En fait, non, mea culpa sur le diagnostic..
Pasque, en fait, Maggie est en fait un peu givrée, psychopathe, ce que vous voulez...
Donc Maggie ne rompt pas mais échafaude un plan (bancal bien évidemment) pour que son compagnon la quitte pour son ex-femme...
Et pendant tout le film, le spectateur va lui crier, tout comme ses amis "m'enfin, romps simplement comme une personne normale!" :D

Bande-annonce (VO non sous-titrée)   Compatible plein écran


Maggie, trentenaire, éternelle célibataire et new-yorkaise, a bien l’intention de faire un bébé toute seule, mais elle rencontre John, professeur anthropologie et écrivain en devenir, dont elle tombe immédiatement amoureuse.
John, lui, n’est pas très heureux en mariage avec la tumultueuse Georgette qui ne vit que pour sa carrière. Il la quitte pour Maggie, mais après quelques années de vie commune, Maggie a un autre plan en tête et aimerait jeter à nouveau John dans les bras de Georgette…


Avec Greta Gerwig, Ethan Hawke, et Julianne Moore.
Un film de Rebecca Miller.

Plus détaillé éventuellement (en anglais):
Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


Extrait   Compatible plein écran


Hugues
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 25 Fév 2016, 16:38

Hugues a écrit:Maggie a un plan


Flinguer Ethan Hawke ?

:oops:
Image
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Avatar de l'utilisateur
Silverwitch
Seven of Nine
 
Messages: 27893
Inscription: 28 Mar 2003, 18:39
Localisation: Filmskigrad

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 25 Fév 2016, 16:52

Silverwitch a écrit:
Hugues a écrit:Maggie a un plan


Flinguer Ethan Hawke ?

:oops:


On se demande d'ailleurs pourquoi ça n'est pas la première idée qui lui vient à l'esprit... :D
M'enfin sinon elle aurait pas un grain, forcément..

Hugues
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede von Rauffenstein le 25 Fév 2016, 18:31

Cortese a écrit:Moi, le Petit Prince m'a toujours fait chier. Je me demande si je l'ai lu en entier d'ailleurs. Il est vrai qu'à 12 ans j'étais un super passionné d'aviation, surtout 14-18 et la période des raids et d'exploration des années 20-30. Quand on nous a fait lire le truc j'ai du être monumentalement déçu. Quoi, un héros de l'Aéropostale, un atterrissage forcé dans le désert, la menace des féroces pillards berbères, un beau biplan Bréguet 14 et au final cette histoire niaise de mouton ? Hmmpff.

Saint ex vaut mieux que le petit prince. Faut lire le reste. Et notamment son posthume Citadelle. C'est excellent. On se croirait à Daesh ! :lol: :D
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
Avatar de l'utilisateur
von Rauffenstein
ultima ratio regum
 
Messages: 46968
Inscription: 20 Fév 2003, 17:01
Localisation: Auteuil

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Né quelque part le 25 Fév 2016, 18:56

von Rauffenstein a écrit:
Cortese a écrit:Moi, le Petit Prince m'a toujours fait chier. Je me demande si je l'ai lu en entier d'ailleurs. Il est vrai qu'à 12 ans j'étais un super passionné d'aviation, surtout 14-18 et la période des raids et d'exploration des années 20-30. Quand on nous a fait lire le truc j'ai du être monumentalement déçu. Quoi, un héros de l'Aéropostale, un atterrissage forcé dans le désert, la menace des féroces pillards berbères, un beau biplan Bréguet 14 et au final cette histoire niaise de mouton ? Hmmpff.

Saint ex vaut mieux que le petit prince. Faut lire le reste. Et notamment son posthume Citadelle. C'est excellent. On se croirait à Daesh ! :lol: :D


"Le Petit Prince, vous croyez qu'on doit en faire des tonnes avec Le Petit Prince? C'est jamais que l'histoire d'un petit Arabe qui fait chier un aviateur en rade en train de bricoler son moteur et qui lui répète: «Dessine-moi un méchoui...»

Image
Image
Palmarès XP Quiz : 6 titres, 66 victoires, 111 podiums, 2898 points marqués.
Avatar de l'utilisateur
Né quelque part
Forumiste désabusé
 
Messages: 5148
Inscription: 25 Fév 2003, 17:47

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 25 Fév 2016, 19:35

Né quelque part a écrit:
von Rauffenstein a écrit:
Cortese a écrit:Moi, le Petit Prince m'a toujours fait chier. Je me demande si je l'ai lu en entier d'ailleurs. Il est vrai qu'à 12 ans j'étais un super passionné d'aviation, surtout 14-18 et la période des raids et d'exploration des années 20-30. Quand on nous a fait lire le truc j'ai du être monumentalement déçu. Quoi, un héros de l'Aéropostale, un atterrissage forcé dans le désert, la menace des féroces pillards berbères, un beau biplan Bréguet 14 et au final cette histoire niaise de mouton ? Hmmpff.

Saint ex vaut mieux que le petit prince. Faut lire le reste. Et notamment son posthume Citadelle. C'est excellent. On se croirait à Daesh ! :lol: :D


"Le Petit Prince, vous croyez qu'on doit en faire des tonnes avec Le Petit Prince? C'est jamais que l'histoire d'un petit Arabe qui fait chier un aviateur en rade en train de bricoler son moteur et qui lui répète: «Dessine-moi un méchoui...»

Image


Tiens c'est marrant, ta remarque me rappelle un des rares films algériens que j'aime bien : "L'enfer à 10 ans" (collectif). Un des courts métrages raconte l'histoire d'un gamin des montagnes (pléonasme pour un Algérien, il n'y a que ça des montagnes) qui se poste au bord de la nationale et arrête les rares véhicules en demandant "Tonton, emmène moi avec toi". C'est peut être inspiré du Petit Prince ?
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 25 Fév 2016, 19:48

Image
"Un enfant syrien de 5 ans retrouvé traversant seul le désert, pour se rendre de l'autre côté de la frontière en Jordanie. "
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 28 Fév 2016, 10:41

Vu The Revenant, une sacrée claque. Quelques moins bien, notamment le coup du cheval (même si important du point de vue symbolique), mais qu'est-ce que c'est beau ! (bon, faut dire, c'est Emmanuel Lubezki à la photo, qui avant ça avait notamment officié sur les 4 derniers Malick, Les Fils de l'Homme, Gravity...)
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
Avatar de l'utilisateur
sheon
Léon Raoul
 
Messages: 23761
Inscription: 03 Juin 2010, 15:55

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 09 Mar 2016, 12:27

sheon a écrit:Vu The Revenant, une sacrée claque.


Ou pas.

Hugues
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 09 Mar 2016, 12:44

Aujourd'hui, en salles, le meilleur film (ex-aequo) de l'année 2015... Et peut-être le meilleur film (il y a des chances!) de l'année 2016.
Et des années passées.

The Assassin de Hou Hsiao Hsien.
Avec Shu Qi et Chang Chen.

Prix de la mise en scène au festival de Cannes en mai dernier
Inutile de dire que c'était si évident, que c'est bien le minimum que le film pouvait recevoir. Et que le film a été volé.

Bande-annonce VO sous-titrée en français


Alors que la province de Weibo tente de se soustraire à l’autorité impériale, Nie Yinniang revient dans sa famille après de longues années d’exil.
Son éducation a été confiée à une nonne qui l’a initiée, dans le plus grand secret, aux arts martiaux.
Devenue justicière, elle a pour mission de tuer Tian Ji’an, son cousin, ancien amour, et nouveau gouverneur de Weibo.
Nie Yinniang va devoir choisir : sacrifier l’homme qu’elle aime ou rompre pour toujours avec « l’ordre des Assassins ».


Image

Hugues
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 09 Mar 2016, 13:22

Bande-annonce américaine


Et peut-être la meilleure de toute:

Bande-annonce taïwanaise


Hugues
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 09 Mar 2016, 15:13

Pourquoi nous fait-on croire qu'il y a du suspense alors qu'on sait rien qu'en lisant le synopsis que cette bouffeuse de chocolat noir et de fromage de chengdu (une race de chèvres chinoise) va choisir l'amouûûûr ? Quel manque d'imagination.
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Rainier le 09 Mar 2016, 16:04

J'ai retrouvé une interview de Mathieu Kassovitz datant de novembre 2014, ça vaut son pesant de cacahuètes !

Morceaux choisis :

Après avoir été ignoré par les César pour son film "L'ordre et la morale" (consacré aux événements d'Ouvéa), il leur lance "Allez vous faire baiser avec vos films de merde".

"Si vous avez une gueule, si vous savez votre texte et ne vous prenez pas au sérieux, vous êtes un bon comédien"

"Quand vous êtes acteur, vous êtes hyper bien payé, super entouré. On vous supplie de bien vouloir faire ce pour quoi on vous a engagé, on vous célèbre, on vous interviewe. vous finissez par croire que vous avez vous même exécuté les cascades du cascadeur. Et le public parfois le croit aussi. Alors que quand vous êtes réalisateur, vous préparez votre film pendant deux ans, 24h sur 24, vous devez convaincre des financiers crétins, vous ne voyez plus votre famille. Vous dépensez toute votre énergie à mettre en valeur un acteur, un mec payé 10 fois plus que vous et qui travaille 10 fois moins. Et qui en plus va emballer les meufs !"

"En France, bordel de merde, si je mets un drapeau français à ma fenêtre, je suis sûr qu'il y en aura pour me jeter des pierres et me traiter de néo-nazi. je suis patriote ! mais d'un pays qui puisse me rendre fier. Si le patriotisme aujourd'hui se résume à être pour le PSG ou pour l'OM, c'est navrant."

"Tarantino est un excellent scénariste mais il n'a pas de cerveau. J'adore les séries Z que des fous furieux réalisent avec passion pour 5 dollars. Tarantino, lui, fait des séries Z avec des budgets de séries A : je trouve ça dégueulasse. Depuis Reservoir Dogs, qu'il a totalement pompé d'ailleurs sur un film japonais, il n'a fait qu'exalter les chose les plus viles en l'homme. Lui et Carax sont des gens que je déteste"

Pourquoi Carax ? "Un type qui prend 50 millions, avec l'accord de Jack Lang, pour reconstruire le Pont Neuf, je trouve ça scandaleux. Les 10 premières minutes de son navet, il les tourne dans un centre avec des vrais clodos ...qu'il ne paie pas, bien entendu. Ce mec montre avec complaisance des corps décharnés et s'en va ensuite, tourner son histoire passionnelle de merde, sur son foutu pont, avec un feu d'artifice qui éclate dans le ciel de Paris. Je trouve ça ignoble"

"Je me dis que je devrais arrêter et tourner des comédies sophistiquées ou des polars. Rouler en Ferrari. les mecs qui roulent en Ferrari, on les aime. On voudrait être à leur place. Personne ne veut être à la place de Mathieu Kassovitz. Personne."


:o Ne change surtout pas, Mathieu !
la démocratie et la souveraineté nationale sont comme l’avers et le revers d’une même médaille.
Avatar de l'utilisateur
Rainier
 
Messages: 16919
Inscription: 26 Mar 2003, 21:46
Localisation: Guyancourt for ever

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede von Rauffenstein le 09 Mar 2016, 16:24

:o
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
Avatar de l'utilisateur
von Rauffenstein
ultima ratio regum
 
Messages: 46968
Inscription: 20 Fév 2003, 17:01
Localisation: Auteuil

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede von Rauffenstein le 09 Mar 2016, 16:25

Cortese a écrit:Pourquoi nous fait-on croire qu'il y a du suspense alors qu'on sait rien qu'en lisant le synopsis que cette bouffeuse de chocolat noir et de fromage de chengdu (une race de chèvres chinoise) va choisir l'amouûûûr ? Quel manque d'imagination.

Oui mais le chef-op Cortie ! Le CHEF-OP !
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
Avatar de l'utilisateur
von Rauffenstein
ultima ratio regum
 
Messages: 46968
Inscription: 20 Fév 2003, 17:01
Localisation: Auteuil

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 09 Mar 2016, 17:03

von Rauffenstein a écrit:
Cortese a écrit:Pourquoi nous fait-on croire qu'il y a du suspense alors qu'on sait rien qu'en lisant le synopsis que cette bouffeuse de chocolat noir et de fromage de chengdu (une race de chèvres chinoise) va choisir l'amouûûûr ? Quel manque d'imagination.

Oui mais le chef-op Cortie ! Le CHEF-OP !


Je sais pas, je ne suis pas connaisseur en cinéma, moi c'est plutôt la BD. J'ai d'ailleurs souvent des désaccords avec mes collègues ou avec la critique à ce sujet. Ce que je sais c'est qu'il y a pas mal de prodigieux dessinateurs, d'autres qui sont capables d'imaginer des plans de folie, d'autres qui sont des maîtres du clair-obscur, et très souvent ces virtuoses sont complètement incapables de vous raconter correctement un histoire. Qu'on fasse du roman du film ou de la BD, il s'agit d'abord de BIEN raconter une BONNE histoire. Souvent d'ailleurs les meilleurs dessinateurs sont de piètres narrateurs. Moi je regarde d'abord le dessin, c'est ma passion, mais si l'histoire est mauvaise ou mal foutue et bien je ne lis plus je regarde le trait. Inversement il y a des gens qui dessinent comme des pieds qui racontent des histoires sans grand intérêt mais ils vous font une sorte de chantage : comment ça vous n'aimez pas l'histoire d'une ado qui rate son bac parce qu'elle amoureuse d'une femme mariée ? Béotien. Comme si la provocation était une qualité littéraire (ne parlons pas de l'abominable chantage aux bons sentiments).
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede von Rauffenstein le 09 Mar 2016, 17:19

Cortese a écrit:
von Rauffenstein a écrit:
Cortese a écrit:Pourquoi nous fait-on croire qu'il y a du suspense alors qu'on sait rien qu'en lisant le synopsis que cette bouffeuse de chocolat noir et de fromage de chengdu (une race de chèvres chinoise) va choisir l'amouûûûr ? Quel manque d'imagination.

Oui mais le chef-op Cortie ! Le CHEF-OP !


Je sais pas, je ne suis pas connaisseur en cinéma, moi c'est plutôt la BD. J'ai d'ailleurs souvent des désaccords avec mes collègues ou avec la critique à ce sujet. Ce que je sais c'est qu'il y a pas mal de prodigieux dessinateurs, d'autres qui sont capables d'imaginer des plans de folie, d'autres qui sont des maîtres du clair-obscur, et très souvent ces virtuoses sont complètement incapables de vous raconter correctement un histoire. Qu'on fasse du roman du film ou de la BD, il s'agit d'abord de BIEN raconter une BONNE histoire. Souvent d'ailleurs les meilleurs dessinateurs sont de piètres narrateurs. Moi je regarde d'abord le dessin, c'est ma passion, mais si l'histoire est mauvaise ou mal foutue et bien je ne lis plus je regarde le trait. Inversement il y a des gens qui dessinent comme des pieds qui racontent des histoires sans grand intérêt mais ils vous font une sorte de chantage : comment ça vous n'aimez pas l'histoire d'une ado qui rate son bac parce qu'elle amoureuse d'une femme mariée ? Béotien. Comme si la provocation était une qualité littéraire (ne parlons pas de l'abominable chantage aux bons sentiments).

90% de ce qui sort aujourd'hui en BD, pour les défauts que tu mentionnes, est à jeter au feu.
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
Avatar de l'utilisateur
von Rauffenstein
ultima ratio regum
 
Messages: 46968
Inscription: 20 Fév 2003, 17:01
Localisation: Auteuil

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 09 Mar 2016, 18:19

von Rauffenstein a écrit:
Cortese a écrit:
von Rauffenstein a écrit:
Cortese a écrit:Pourquoi nous fait-on croire qu'il y a du suspense alors qu'on sait rien qu'en lisant le synopsis que cette bouffeuse de chocolat noir et de fromage de chengdu (une race de chèvres chinoise) va choisir l'amouûûûr ? Quel manque d'imagination.

Oui mais le chef-op Cortie ! Le CHEF-OP !


Je sais pas, je ne suis pas connaisseur en cinéma, moi c'est plutôt la BD. J'ai d'ailleurs souvent des désaccords avec mes collègues ou avec la critique à ce sujet. Ce que je sais c'est qu'il y a pas mal de prodigieux dessinateurs, d'autres qui sont capables d'imaginer des plans de folie, d'autres qui sont des maîtres du clair-obscur, et très souvent ces virtuoses sont complètement incapables de vous raconter correctement un histoire. Qu'on fasse du roman du film ou de la BD, il s'agit d'abord de BIEN raconter une BONNE histoire. Souvent d'ailleurs les meilleurs dessinateurs sont de piètres narrateurs. Moi je regarde d'abord le dessin, c'est ma passion, mais si l'histoire est mauvaise ou mal foutue et bien je ne lis plus je regarde le trait. Inversement il y a des gens qui dessinent comme des pieds qui racontent des histoires sans grand intérêt mais ils vous font une sorte de chantage : comment ça vous n'aimez pas l'histoire d'une ado qui rate son bac parce qu'elle amoureuse d'une femme mariée ? Béotien. Comme si la provocation était une qualité littéraire (ne parlons pas de l'abominable chantage aux bons sentiments).

90% de ce qui sort aujourd'hui en BD, pour les défauts que tu mentionnes, est à jeter au feu.


Je suis en train de relire l'intégrale de Blueberry. On a beau dire, Charlier quel raconteur d'histoires ! Même quand c'est un peu tiré par les cheveux on se dit "non, non, je veux y croire !" Quant au dessin de Gir/Moebius, que dire ? Personne ne l'a jamais approché. Il devrait être exposé au Louvre. Tout en ayant une efficacité à 200%. Quelqu'un disait qu'il y avait du Reiser dans son dessin. Et comment ! Avec du Klimt, du Corot et du Rembrandt.
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 09 Mar 2016, 18:23

Cortese a écrit:Qu'on fasse du roman du film ou de la BD, il s'agit d'abord de BIEN raconter une BONNE histoire.


Non, l'histoire n'existe pas dans le vide. Pour paraphraser Poe, le Beau est le seul domaine légitime de l'art. La forme est donc le seul enjeu d'un film, d'un roman ou d'une BD, comme d'une peinture, d'un poème, d'une sculpture, d'une musique ou d'une pièce de théâtre. La forme c'est le fond, comme dans tout acte de communication.
Image
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Avatar de l'utilisateur
Silverwitch
Seven of Nine
 
Messages: 27893
Inscription: 28 Mar 2003, 18:39
Localisation: Filmskigrad

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 09 Mar 2016, 18:30

Silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:Qu'on fasse du roman du film ou de la BD, il s'agit d'abord de BIEN raconter une BONNE histoire.


Non, l'histoire n'existe pas dans le vide. Pour paraphraser Poe, le Beau est le seul domaine légitime de l'art. La forme est donc le seul enjeu d'un film, d'un roman ou d'une BD, comme d'une peinture, d'un poème, d'une sculpture, d'une musique ou d'une pièce de théâtre. La forme c'est le fond, comme dans tout acte de communication.


Oui je sais bien, mais si on a rien à communiquer il reste quoi ? Du papier peint ?
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 09 Mar 2016, 18:46

Cortese a écrit:Oui je sais bien, mais si on a rien à communiquer il reste quoi ? Du papier peint ?


S'il n'y a pas de forme, il n'y a pas d'oeuvre. Si tu sépares la représentation de la chose représentée, il n'y a plus d'art. C'est la différence entre une oeuvre d'art et un concept, entre le singulier et le général. Si une oeuvre esthétique dit une chose, cette chose ne peut être dite autrement, ou bien c'est tout simplement autre chose qui est dit.
Image
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Avatar de l'utilisateur
Silverwitch
Seven of Nine
 
Messages: 27893
Inscription: 28 Mar 2003, 18:39
Localisation: Filmskigrad

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede von Rauffenstein le 09 Mar 2016, 20:04

Non, mais l'amour, on veut plus ! ON VEUT PLUS ! On a déjà à la maison. Alors merci. Remballez, c'est pesé. Hein !
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
Avatar de l'utilisateur
von Rauffenstein
ultima ratio regum
 
Messages: 46968
Inscription: 20 Fév 2003, 17:01
Localisation: Auteuil

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 09 Mar 2016, 20:24

Hugues a écrit:
sheon a écrit:Vu The Revenant, une sacrée claque.


Ou pas.

Hugues

Tu l'as vu ? Ou tu le "boycottes" comme Mad Max ?
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
Avatar de l'utilisateur
sheon
Léon Raoul
 
Messages: 23761
Inscription: 03 Juin 2010, 15:55

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 09 Mar 2016, 21:37

Silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:Oui je sais bien, mais si on a rien à communiquer il reste quoi ? Du papier peint ?


S'il n'y a pas de forme, il n'y a pas d'oeuvre. Si tu sépares la représentation de la chose représentée, il n'y a plus d'art. C'est la différence entre une oeuvre d'art et un concept, entre le singulier et le général. Si une oeuvre esthétique dit une chose, cette chose ne peut être dite autrement, ou bien c'est tout simplement autre chose qui est dit.


Bon, il y a bien un gars qui trouve une idée, écrit un synopsis, le développe, écrit des dialogues, et un autre (éventuellement le même mais c'est rare) qui met tout ça en image (en simplifiant à mort) ? Résultat tu n'as pas une création, mais bien deux (au moins). Le même scénario réalisé par une autre fera un autre film. Toi et Hugues vous parlez bien du gars qui fait la musique, du gars qui fait la photo, d'un autre qui fait la prise de son etc... Moi je parle du gars qui tape son scénario (ce que tu me fais appeler le fond), et je dis que si ce gars-là pond une merde, les génies qui viennent après feront une chose peut-être brillante par ailleurs mais ratée pour ce qui concerne la première étape. Et je trouve que c'est justement cette étape-là qui est la plaie du cinéma contemporain. Coupée des réalités sociales et politiques (pour ne pas dire alignée sur les idées réactionnaires archi-dominantes), coupée des conflits, coupée de la culture populaire, érotomane, pleurnicharde (ou inversement ultra-violente mais ça revient un peu au même, fuir la réalité), bref moi je serai producteur je mettrait 90% de tout ça à la poubelle. Comme les scénars de BD d'ailleurs comme dit très justement Von (ils sont du même jus mais en bien pire).
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede von Rauffenstein le 09 Mar 2016, 21:42

+1

Le scénar. Bordel.
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
Avatar de l'utilisateur
von Rauffenstein
ultima ratio regum
 
Messages: 46968
Inscription: 20 Fév 2003, 17:01
Localisation: Auteuil

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 09 Mar 2016, 23:27

Silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:Qu'on fasse du roman du film ou de la BD, il s'agit d'abord de BIEN raconter une BONNE histoire.


Non, l'histoire n'existe pas dans le vide. Pour paraphraser Poe, le Beau est le seul domaine légitime de l'art. La forme est donc le seul enjeu d'un film, d'un roman ou d'une BD, comme d'une peinture, d'un poème, d'une sculpture, d'une musique ou d'une pièce de théâtre. La forme c'est le fond, comme dans tout acte de communication.


Ou pour dire autrement, la finalité principale [même si c'est presque un pléonasme] d'un film ça n'est pas de raconter quelque chose...
Autrement dit, un film ça n'est pas forcément du théâtre ou un roman filmé. Ca peut l'être, mais rien ne l'y oblige.

Comme tout art, la forme peut être totalement libérée de toute obligation narrative .. Même les plus mémorables aventures en ces terres inexplorées garde un fil d'Ariane parfois fragile: elles continuent de raconter encore un peu, quelque chose !

Mais dans un poème importe-t-il vraiment ce qui est raconté ou la manière ? Une musique raconte-t-elle forcément quelque chose?

Le récit est une richesse supplémentaire à l'oeuvre, car les histoires sont les vecteurs d'un inconscient culturel et des expériences. Mais il n'a nul besoin d'être complexe ou original
C'est la forme qui va rendre le tout supérieur (ou inférieur) à la somme de chacun de ses constituants. Et rencontrer ou non (faire écho ou non) le cosmos des expériences de l'humanité que sont les autres grandes oeuvres d'art.

Hugues
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede von Rauffenstein le 09 Mar 2016, 23:32

Peut-être qu'il faudrait plutôt parler de sens alors.
Le fascisme au fait, c'était pas déjà l'histoire d'un mec en marche qui fascinait les foules avec son culte de la personnalité ?
Avatar de l'utilisateur
von Rauffenstein
ultima ratio regum
 
Messages: 46968
Inscription: 20 Fév 2003, 17:01
Localisation: Auteuil

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 09 Mar 2016, 23:56

sheon a écrit:Tu l'as vu ?


Hélas, hélas.

Je n'ai jamais (heureusement) ici évoqué un film en bien ou mal, avant de le voir.
Donc.. j'en parle en mal depuis plusieurs mois certes, mais c'est que...

Même si à force, on finirait presque par pouvoir anticiper du résultat avant même de l'avoir vu (et s'épargner l'expérience)

Il y a quelques temps Silverwitch écrivait:
En fait, on devrait plutôt dire que chez un mauvais cinéaste, il n'est pas tant question de style, de forme, que de manière ou de maniérisme, d'une outrance formelle, d'un écart entre la représentation et la chose représentée au point d'assister à un dédoublement. La manière tente de dissimuler la forme.


C'est tout à fait ça. Parfois il faut regarder au delà du manège, du dédale de glace ou des rails de la montagne russe... pour s'apercevoir qu'il n'y a rien...
Derrière les singeries.

Hugues

PS: Excepté un très gros égo (celui là on ne peut pas le manquer) :oops:
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cortese le 10 Mar 2016, 11:50

Hugues a écrit:
Silverwitch a écrit:
Cortese a écrit:Qu'on fasse du roman du film ou de la BD, il s'agit d'abord de BIEN raconter une BONNE histoire.


Non, l'histoire n'existe pas dans le vide. Pour paraphraser Poe, le Beau est le seul domaine légitime de l'art. La forme est donc le seul enjeu d'un film, d'un roman ou d'une BD, comme d'une peinture, d'un poème, d'une sculpture, d'une musique ou d'une pièce de théâtre. La forme c'est le fond, comme dans tout acte de communication.


Ou pour dire autrement, la finalité principale [même si c'est presque un pléonasme] d'un film ça n'est pas de raconter quelque chose...
Autrement dit, un film ça n'est pas forcément du théâtre ou un roman filmé. Ca peut l'être, mais rien ne l'y oblige.

Comme tout art, la forme peut être totalement libérée de toute obligation narrative .. Même les plus mémorables aventures en ces terres inexplorées garde un fil d'Ariane parfois fragile: elles continuent de raconter encore un peu, quelque chose !

Mais dans un poème importe-t-il vraiment ce qui est raconté ou la manière ? Une musique raconte-t-elle forcément quelque chose?

Le récit est une richesse supplémentaire à l'oeuvre, car les histoires sont les vecteurs d'un inconscient culturel et des expériences. Mais il n'a nul besoin d'être complexe ou original
C'est la forme qui va rendre le tout supérieur (ou inférieur) à la somme de chacun de ses constituants. Et rencontrer ou non (faire écho ou non) le cosmos des expériences de l'humanité que sont les autres grandes oeuvres d'art.

Hugues


Certes mais rompre avec la tradition millénaire du récit autour d'un feu de bois ou sur une place publique (où le récit se fait en collaboration avec le public) ne risque pas de mener à une impasse ? Où a mené l'"art libéré de toute contrainte narrative" depuis un siècle ? Quand on voit ce que sont devenus le théâtre, l'architecture, les arts plastiques, le roman, la poésie, la musique ? Ça a mené où, sinon à des expérimentations formelles arrogantes à la limite de la farce et dont le peuple s'est radicalement détourné ? Que devient l'art sans le peuple ? L'histoire de l'art contemporain a tourné au jeu élitiste avec son corollaire : le mépris de la sensibilité populaire. Et l'enjeu politique dont parle Gramsci ? On voit le résultat de mise en jachère de la culture populaire par les élites : le populisme qui grimpe en flèche partout, de Donald Trump au cataclysme islamiste en passant par Marine Le Pen. On ne voit pas ce rejet alarmant, radical faute d'écoute, d'osmose avec le peuple, des élites ?
Je suis Algérien, je peux témoigner de la façon dont la perception populaire du cinéma a évolué là-bas. Aujourd'hui il n'y a pratiquement plus de salles de cinéma, les films qui passent à la télé ne sont plus jamais regardés en famille, les intégristes (dont l'influence culturelle a tourné pratiquement au monopole) considèrent les films occidentaux comme de la pornographie pure et simple. Pourtant le besoin du beau existe toujours, il s'est même renforcé à mon avis, mais il s'est tourné quasi exclusivement vers la beauté lue ou chantée du texte coranique. Que de chemin parcouru (à rebours) depuis que mon coiffeur (un macho pratiquant comme le veut la vieille tradition culturelle de la Casbah) me racontait sa passion pour le cinéma américain (je pense bien sur aux extraordinaires films de John Ford). Il me disait comment il avait noué une solide amitié avec le lieutenant français qui commandait le camp où il était détenu pendant la guerre d'Algérie autour de leur passion commune pour le cinéma. Toute ces promesses solaires pour en arriver là. Pfff c'est trop triste, ça me donne envie de pleurer, tiens.
Cortese
dieu
 
Messages: 33514
Inscription: 23 Fév 2003, 19:32

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 10 Mar 2016, 13:40

Cortese a écrit:Bon, il y a bien un gars qui trouve une idée, écrit un synopsis, le développe, écrit des dialogues, et un autre (éventuellement le même mais c'est rare) qui met tout ça en image (en simplifiant à mort) ? Résultat tu n'as pas une création, mais bien deux (au moins).


Non, pas du tout. Le scénario est un document de travail, ce n'est pas une oeuvre à adapter. Le scénariste n'a rien à voir avec le dramaturge au théâtre.

Cortese a écrit: Le même scénario réalisé par une autre fera un autre film.


Oui, exactement, sauf que ce ne sera pas le même scénario ! Tu confonds deux documents que l'on qualifie librement de scénario: le document de travail préparatoire au film et la transcription du film sous forme de mots une fois celui-ci terminé. Si tu pars de tes deux films différents réalisés à partir d'un même document de travail, tu auras deux scénarios différents.

Cortese a écrit: Toi et Hugues vous parlez bien du gars qui fait la musique, du gars qui fait la photo, d'un autre qui fait la prise de son etc... Moi je parle du gars qui tape son scénario (ce que tu me fais appeler le fond), et je dis que si ce gars-là pond une merde, les génies qui viennent après feront une chose peut-être brillante par ailleurs mais ratée pour ce qui concerne la première étape.


Ça paraîtrait logique et pourtant ça ne l'est pas. Je connais le gars qui tape son scénario, je passe derrière lui. Un film n'est pas une oeuvre à étapes, contrairement au théâtre ou à la musique dite classique. L'acte de création suppose la construction d'un point de vue, sous une forme singulière. Un roman est composé de mots, une musique est composée de notes, un film est composé d'images (du visuel et du son), etc...

On peut donc écrire le contraire, si le fond c'est la forme, le sujet (la "story") d'un film n'a aucune importance et guère d'intérêt. Prends l'exemple de l'histoire de la peinture. Avec un même sujet ou un même modèle, un peintre pouvait faire une oeuvre à la fois sentimentale et anecdotique, ou un chef d'oeuvre absolu, et ce peu importe le sujet, un paysage, une nature morte, un nu, une scène de genre ou une scène religieuse, une Vierge à l'Enfant, tiens:

Image

Image

Je compare volontairement des tableaux très proches, et contemporains. Il y en a un que j'aime beaucoup et un que je n'aime pas du tout (même si c'est une oeuvre de grande valeur), pourtant ils ont un sujet quasi identique. Si l'on devait retrouver à l'envers le point de vue de chaque tableau avec des mots, on verrait qu'ils ne montrent pas la même chose et qu'ils ne racontent pas la même chose.

Prends maintenant le cinéma de John Ford, qui a réalisé toutes sortes de films, de commande, de propagande, ou des sujets plus personnels, sans jamais écrire le scénario (le document préparatoire) de ses films. Or dis-moi, qu'est-ce qui ressemble plus à un film de John Ford qu'un autre film de John Ford, même séparé de plusieurs dizaines d'années ? Et cela pour une raison très simple, au cinéma le point de vue se construit avec des images. Prenons deux exemples:


"Tess", Roman Polanski


"L'Homme tranquille", John Ford

Si tu filmes autrement, tu dis autre chose.

Cortese a écrit: Et je trouve que c'est justement cette étape-là qui est la plaie du cinéma contemporain. Coupée des réalités sociales et politiques (pour ne pas dire alignée sur les idées réactionnaires archi-dominantes), coupée des conflits, coupée de la culture populaire, érotomane, pleurnicharde (ou inversement ultra-violente mais ça revient un peu au même, fuir la réalité), bref moi je serai producteur je mettrait 90% de tout ça à la poubelle. Comme les scénars de BD d'ailleurs comme dit très justement Von (ils sont du même jus mais en bien pire).


Non, le problème ne vient pas des scénarios, il n'est jamais venu des scénarios, mais des cinéastes qui sont mauvais ou empêchés. Pour résumer, en art, le point de vue est déterminant. Au cinéma, le point de vue se construit avec des images. On peut donc conclure que si le cinéma est bien généralement un art narratif, la mise en scène (la construction du point de vue) est la seule narration au cinéma. Qu'est-ce qu'il y a entre une histoire et la narration ? Un regard, un point de vue qui ordonne le regard du spectateur.

Prenons un dernier exemple, emblématique de l'art cinématographique à mes yeux, d'un des grands cinéastes du siècle dernier:


"Train de nuit", Jerzy Kawalerowicz

Refais le scénario de cette séquence à l'envers, de deux manières différentes: la première en imitant avec des mots le style de la séquence, la seconde en décrivant l'action sans la qualifier. Tu répondras volontiers à ta propre assertion: ce n'est pas le scénario (le document préparatoire de travail, l'histoire) qui est sentimental. La sentimentalité est une qualité esthétique, pas une affaire d'histoires. C'est une question de point de vue, c'est un enjeu formel.
Image
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Avatar de l'utilisateur
Silverwitch
Seven of Nine
 
Messages: 27893
Inscription: 28 Mar 2003, 18:39
Localisation: Filmskigrad

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Waddle le 10 Mar 2016, 14:35

Hum, c'est toujours très cultivant de passer ici.
"La citoyenneté réduite au droit du sang consiste à dire que la République est génétique et non pas spirituelle", Waddle, 2013.

Mon blog
Avatar de l'utilisateur
Waddle
Enculeur de moucheS
 
Messages: 24025
Inscription: 10 Mai 2003, 17:05

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 10 Mar 2016, 14:41

Cortese a écrit:Certes mais rompre avec la tradition millénaire du récit autour d'un feu de bois ou sur une place publique (où le récit se fait en collaboration avec le public) ne risque pas de mener à une impasse ? Où a mené l'"art libéré de toute contrainte narrative" depuis un siècle ?


L'exemple du conteur est excellent pour comprendre les limites de ton argument. L'histoire racontée par le conteur est destinée à un public... qui connaît cette histoire ! L'art du conteur n'est pas l'art de l'histoire, mais l'art du récit, de la narration, c'est-à-dire un art de la forme.

Pour écrire autrement et compléter les mots de Hugues, je dirais volontiers qu'un film raconte toujours quelque chose, il raconte toujours autre chose que son histoire. Chaque spectateur le sait, plus ou moins consciemment, que Indiana Jones cherche l'Arche, Luke Skywalker la Force, où que John Wayne cherche sa nièce dans La Prisonnière du désert, il y a quelque chose d'autre derrière l'histoire. Des schémas, des structures invisibles qui visent à répondre, de manière singulière, souvent contradictoire ou au moins problématique, à des questions essentielles: cette quête entreprise par un personnage, n'est-ce pas d'abord et avant tout une quête de l'identité ? Un peu comme Oedipe, précurseur du roman policier, la quête ou l'enquête à la recherche de son identité, "Qui suis-je" ?

Le point de vue, c'est la manière singulière, originale, de transformer une structure abstraite en arrachement concret du spectateur. Au cinéma, cela passe uniquement par l'art de la mise en scène. Ce qui se passe, c'est n'est pas une histoire, pas même un récit, mais un point de vue.

Cortese a écrit: Quand on voit ce que sont devenus le théâtre, l'architecture, les arts plastiques, le roman, la poésie, la musique ? Ça a mené où, sinon à des expérimentations formelles arrogantes à la limite de la farce et dont le peuple s'est radicalement détourné ? Que devient l'art sans le peuple ?


Si je remplace "peuple", par "public", je partage ton point de vue. L'art ne peut se passer du public. Cela pose en fait une question un peu différente, en prolongement: pourquoi les arts se séparent-ils du public. Il y a différentes réponses, mais la question de l'actualité sociale (j'emploie ce terme rapidement, faute de mieux) est prégnante: la peinture plonge vers l'avant gardisme quand elle perd son usage social à l'arrivée de la photographie, de même pour le théâtre qui fait l'épreuve de la radicalité géniale et sans issue au moment de la peine expression du cinéma, avec Samuel Beckett ou dans un tout autre genre, Paul Claudel ? Mais d'un autre côté, n'est-ce pas aussi lié à l'histoire des arts d'un côté, et à l'épuisement de la transmission artistique de l'autre ?

Le cinéma et la littérature à l'estomac, les sentimentaleries, les romances à l'eau de rose, voilà les usages populaires de la littérature, de la musique ou du cinéma. L'usage social des oeuvres détruit la création artistique à laquelle elle est pourtant indispensable. Pour apprécier les oeuvres d'art, il faut les séparer de leur usage, de leur utilité comme disait Nietzsche. Si l'art veut retrouver un sens, il doit à la fois renouer avec un rapport social au monde et préserver sa relation à l'individu. Même au milieu d'une salle de cinéma, l'art s'adresse à l'individu en ce qu'il a d'unique. L'art est une célébration de l'esprit et de l'unique. Croire que ce qui est unique peut être sauvé, c'est peut-être la seule morale de l'Art. Il faut prendre le problème en miroir: peu importe qu'un film soit vu par mille ou un milliard de spectateurs, peu importe qu'il soit potentiellement difficile d'accès ou non, ce qui importe c'est la singularité de son point de vue. En mathématiques comme en philosophie, ce qui est dit d'une manière pourrait l'être d'une autre. Pas avec la création artistique qui découvre et révèle un mystère singulier, inséparable de sa mise en forme, de l'oeuvre, miroir sensible. Il n'y aura jamais d'autre John Ford, d'autre Kubrick, d'autre Mozart, Beethoven, Vermeer, ou Stendhal.

Un regard qui en rencontre un autre par le miroir d'une oeuvre permet de voir l'invisible, l'esprit, l'âme, appelons-ça comme on veut. C'est ça qu'il faut sauver, chercher, découvrir, révéler. Tout le reste est accessoire.
Image
Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
Avatar de l'utilisateur
Silverwitch
Seven of Nine
 
Messages: 27893
Inscription: 28 Mar 2003, 18:39
Localisation: Filmskigrad

PrécédenteSuivante

Retourner vers Salon, saloon, bistrot du coin

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Ahrefs [Bot] et 12 invités