Silverwitch a écrit:Oui, bien évidemment, on ne parlera pas de la Tchétchénie, de la Géorgie, sans même remonter à l'Afghanistan... À aucun moment, la Russie n'aurait comme tu l'écris pour la Turquie contribué à "déstabiliser un pays voisin en visant activement à la destruction de son appareil étatique" ou à "violer allègrement la souveraineté de pays adjacents".
Pour la Tchétchénie, je pourrais contester mais je n'en sais pas, ou plus assez, sur le contexte pour me prononcer. Pour la Géorgie, cela ne fait que renforcer mon point de vue. La Russie n'est intervenue que lorsque la Géorgie a décidé de passer à l'attaque contre des régions avec lesquelles il n'y avait aucun conflit violent depuis bien longtemps. Tu connais la suite. La route vers Tbilissi était ouverte, en 24h les Russes auraient pu investir la capitale et faire ce qui leur plaisait. Poutine a ordonné le retrait. Est-ce que Saakachvili a été renversé ? Est-ce que l'état géorgien a été détruit ?
Pour l'Afghanistan, permets-moi de considérer que c'était à une époque où la Russie faisait partie d'un ensemble, l'URSS, supranational et aux visées universalistes. Je ne considère pas la Russie comme l'héritière légale ou morale de ce système, invoquer l'Afghanistan est anachronique.
La Turquie défend ses affinités, ses communautés naturelles. Je m'étonne que tu ne reconnaisses pas ce fait que tu revendiques pourtant plus bas.
J'ai déjà expliqué que défendre ses intérêts était légitime. C'est la manière qui me semble contestable.
Sauf quand ça t'arrange.
(...)
Donc pourquoi pérorer ? Soit tu assieds tes sympathies sur un point de vue à visée universelle, comme tu as essayé de le faire plus haut avec la Russie en distinguant son comportement de celui de la Turquie, soit tu fais reposer tes alliances et tes relations extérieures sur une affinité naturelle, les relations internationales étant vues selon la logique familiale. Cette ambiguïté, traditionnelle aux idéologues d'extreme droite, permet de justifier tout et son contraire.
Je pérore si je veux. Non mais

. Pour résumer :
- Je pense qu'il faut essayer de se tenir à un ensemble de règles communes, souveraineté nationale, ordre international, multipolarisme
- Ces règles ne peuvent pas être fondées sur une morale. C'est un arrangement pris entre Etats pour essayer de limiter au mieux les conflits d'intérêt et les guerres ouvertes
- Ces règles pourront toujours souffrir des exceptions ; cela ne pourra jamais être un cadre automatique. Sinon cela signifierait la fin de la diplomatie ; nous n'aurions plus besoin de diplomates, mais simplement d'une caste de juges.
Si j'applique au cas présent de la Turquie :
- Je comprends tout à fait que la Turquie ait des intérêts nationaux
- Cela ne me dérangerait pas que la Turquie soutienne ses minorités en Syrie ou ailleurs
- Ni qu'elle soit en opposition frontale avec la Syrie, l'Iran, ou n'importe qui d'autre
- Je trouve simplement qu'en utilisant l'EI pour arriver à ces fins, la Turquie va trop loin. Et elle menace indirectement notre sécurité nationale, l'EI agissant comme un aimant et un stimulateur d'attentats sur toute la planète.
Donc voilà. Les Russes, pour moi, sont des amis avec qui j'ai des affinités. Avec les Turcs, il n'y a rien. Je revendique cet aspect subjectif...
C'est ton droit le plus strict, Fatcap ! Mais autant le dire tout de suite, et ne pas s'appuyer sur le droit international, la morale ou la bienveillance politique de tel parti pour justifier ton affinité naturelle ou communautaire.
Il me semble que je n'ai en jamais fait mystère...