La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Garion le 16 Oct 2015, 23:39

J'ai vu il n'y a pas longtemps, "Un baiser s'il vous plait" d'Emmanuel Mouret. J’adore son style.
J'avais déjà "Fait moi plaisir" que j'avais bien aimé. Je pense que je suis en train de devenir fan, il faut que je regarde ses autres films.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 21 Oct 2015, 18:20

Une nouvelle revue de cinéma...

A priori, juste à la couverture, elle a bon goût...

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On va voir...

A vérifier...



D'un autre côté, elle donne tribune à l'infâme Rafik Djoumi... Ca c'est inquiétant...

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Garion le 21 Oct 2015, 18:53

Nous sommes le 21 octobre 2015, la date à laquelle Marty voyage dans le temps dans "Retour vers le futur 2". :D

EDIT : Bon, ok, je n'avais pas vu que l'info avait déjà été posté dans le topic du film...
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede horatio le 22 Oct 2015, 15:42

Pour ceux qui aiment les films de boxe je vous conseille "la rage au ventre" .

Très classique dans son déroulement ( la chute, la rédemption etc ...) mais vraiment un très bon film et un jack gyllenhaal toujours aussi magistral.
horatio
 
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 22 Oct 2015, 15:57

horatio a écrit:Pour ceux qui aiment les films de boxe je vous conseille "la rage au ventre" .

Très classique dans son déroulement ( la chute, la rédemption etc ...) mais vraiment un très bon film et un jack gyllenhaal toujours aussi magistral.


:eek:
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede horatio le 22 Oct 2015, 15:58

Silverwitch a écrit:
horatio a écrit:Pour ceux qui aiment les films de boxe je vous conseille "la rage au ventre" .

Très classique dans son déroulement ( la chute, la rédemption etc ...) mais vraiment un très bon film et un jack gyllenhaal toujours aussi magistral.


:eek:


Non ? Pas fan de cet acteur ?
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 22 Oct 2015, 16:11

horatio a écrit:Non ? Pas fan de cet acteur ?


Non, pas trop.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 23 Oct 2015, 22:14

Je ne sais plus trop où en est rendu Kadoc.. Toujours au Japon ou revenu en Corée?

Bon c'est surement le Japon, mais au cas où ce soit la Corée...


Knight of Cups - bande-annonce coréenne


La Corée est le premier pays où est tenté un montage alternatif de la bande-annonce (sucrant quelques passages).. assez maladroit quand même il faut le dire..
Et avec l'ajout de panneau sur la lecture des cartes de tarot : pour les trois cartes présentées en anglais est écrit en coréen les sens liés à la carte..

Autre curiosité, un spot tv de 30 secondes (plus maladroit encore surtout sur la fin)

Knight of Cups Spot TV coréen (30s)


Kadoc me corrigera, mais en substance il dit..
Par le réalisateur de The Tree of Life, Terrence Malick (1er panneau)
Le Prince perdit l'esprit en sautant/plongeant pour trouver la perle (2ème panneau)
Knight of Cups (Le Cavalier de Coupe): En novembre, son périple (initiatique) commence (3ème panneau)

Je me demande si le sens d'âme est aussi possible dans le second panneau.. Car même si cela n'est jamais explicité, c'est bien le sens du film...

Donc en Corée, c'est en novembre aussi, comme en France.. Le 12 je crois.

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 23 Oct 2015, 22:57

Et de façon erronée est indiqué dans ce spot télévisé que lui échut l'Ours d'Or du festival de Berlin...
C'est évidemment faux*.. Même si, eussent les choses été justes ou objectives, il aurait dû l'avoir. De loin...

Les distributeurs coréens auront quelques remontrances du festival de Berlin, si cette étourderie est découverte.. Mais c'est pardonnable, car c'est une sorte de lapsus révélateur..

Hugues
*: puisque il fut offert à Taxi Téhéran (Taxi / Jafar Panahi's Taxi / تاکسی ["taxi"] ) de Jafar Panahi
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Kadoc le 24 Oct 2015, 05:35

Ils savent pas faire les bandes-annonces les coreens, faut que que le montage soit epileptique pour qu'ils trouvent ca reussi.
N'ayez pas peur de l'avenir, vous n'en avez pas.
Kadoc
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 25 Oct 2015, 13:28

Le 18 novembre, une semaine avant Knight of Cups, un autre très grand film

El Club de Pablo Larraín

Ours d'Argent du Grand Prix du Jury du Festival de Berlin 2015, le second prix le plus prestigieux du festival.
Et mérité pour cette fois... (c'était le 2ème ou peut-être 3ème meilleur film du festival)

Le film représentera le Chili l'hiver prochain aux Oscars.

Synopsis chilien: Quatre hommes vivent isolés dans une petite maison d'une ville côtière. Chacun d'entre eux a commis un péché qui a fait de lui un fugitif. Désormais, ils doivent vivre selon un régime strict, sous l'œil vigilant d'une femme qui s'occupe d'eux. La fragile stabilité de leur routine est interrompue par l'arrivée d'un cinquième homme, un nouveau partenaire de disgrâce, de malheur, qui apporte avec lui le passé auquel tout le monde croyait avoir échappé.

Synopsis français: Dans une ville côtière du Chili, quatre prêtres marginalisés par l’Eglise vivent ensemble dans une
maison.
L’arrivée d’un nouveau pensionnaire va perturber le semblant d’équilibre qui y règne.


Bande-annonce VOST   Compatible plein écran


Image

On peut résumer le film en une courte phrase, mais c'est peut-être en dire déjà trop des vertiges vers lesquels va vous emmener le film (donc, mieux vaut ne pas la lire):
Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


De quoi comprendre une fois que vous aurez vu le film toute la saveur du bon mot de Larraín sur scène, quelques secondes après la première projection du film:

Image I was raised Catholic....
Then... I became a filmmaker.
Image


Hugues


PS: La bande-annonce chilienne déjà mise en ligne dans ce sujet en mai, est sans doute supérieure et plus proche du film... même si aucune ne capte et reprend l'ambiance sonore remarquable du film:
Bande-annonce - VO espagnole non sous-titrée   Compatible plein écran




Une bande-annonce doublée existe également, le film sortira donc également en version doublée
(on peut donc supposer de ce fait que ce devrait être une importante sortie, donc en tout cas pour un tel film - peut-être 150 ou 200 écrans en première semaine, et avec les sorties en 2e et 3e etc semaine dans des salles plus frileuses ou modestes, sans doute au total 300 ou plus)
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 27 Oct 2015, 22:43

Demain on l'a dit au cinéma, à voir absolument,

Notre Petite Soeur de Hirokazu Kore-eda



(voir le précédent message pour plus de détails)

Mais en fait, j'allais l'oublier (la date a changé et je ne l'avais pas remarqué c'est pour ça), il y a sans doute aussi bien sinon même mieux (quelle semaine !):

Un chef d'oeuvre du cinéma, sans doute..
Sans doute le second meilleur film au festival de Berlin, même si il ne reçut qu'un maigre Ours d'Argent du Meilleur Scénario (??)
Mais aussi, et c'est heureux :good le Prix du Jury Oecuménique

Le bouton de nacre (El botón de nácar) du chilien* Patricio Guzmán
Une coproduction franco-chilo-espagnole, à fond très majoritairement français.


Image


Image Si l'eau a une mémoire, elle se souviendra aussi de ça Image

Image Je me pose une question. La même chose est-elle arrivée sur d'autres planètes ? La loi du plus fort a-t-elle été la même partout dans l'univers ? Image

Le Bouton de Nacre - Bande-annonce   Compatible plein écran



LE BOUTON DE NACRE est une histoire sur l’eau, le Cosmos et nous. Elle part de deux mystérieux boutons découverts au fond de l’Océan Pacifique, près des côtes chiliennes aux paysages surnaturels de volcans, de montagnes et de glaciers. A travers leur histoire, nous entendons la parole des indigènes de Patagonie, celle des premiers navigateurs anglais et celle des prisonniers politiques. Certains disent que l’eau a une mémoire. Ce film montre qu’elle a aussi une voix.

The ocean contains the history of all humanity. The sea holds all the voices of the earth and those that come from outer space. Water receives impetus from the stars and transmits it to living creatures. Water, the longest border in Chile, also holds the secret of two mysterious buttons which were found on its ocean floor. Chile, with its 2,670 miles of coastline and the largest archipelago in the world, presents a supernatural landscape. In it are volcanoes, mountains and glaciers. In it are the voices of the Patagonian Indigenous people, the first English sailors and also those of its political prisoners. Some say that water has memory. This film shows that it also has a voice

Hugues

*: "encore !" pourrrait-on dire après le récent message sur le grand film de Pablo Larraín
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 27 Oct 2015, 23:00

Donc pour résumer..
- en salle actuellement L'homme irrationnel de Woody Allen
- à partir de demain: Notre Petite Soeur de Hirokazu Kore-eda et Le Bouton de Nacre de Patricio Guzmán
- Le 18 novembre: El Club de Pablo Larraín
- Le 25 novembre: Knight of Cups de Terrence Malick

Sans compter deux ou trois films, toujours de novembre, que je n'ai pas encore eu l'occasion d'évoquer. Sans même parler de certaines reprises..

Un très grand mois de cinéma...

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede DCP le 27 Oct 2015, 23:12

Le nouveau James Bond par exemple..... :P
« Par exemple, le football, on y joue dans des endroits spéciaux. Il devrait y avoir des terrains de guerre pour ceux qui aiment mourir en plein air. Ailleurs on danserait et on rirait » (Roger Nimier)
DCP
28 juin 2021 !
 
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 11 Nov 2015, 15:34

En salle ce mercredi..

Francofonia d'Alexandr Sokourov

Image La plus heureuse des villes n'est pas à l'abri d'un désastre Image


1940. Paris, ville occupée. Et si, dans le flot des bombardements, la guerre emportait La Vénus de Milo, La Joconde, Le Radeau de La Méduse ? Que deviendrait Paris sans son Louvre? Deux hommes que tout semble opposer - Jacques Jaujard, directeur du Louvre, et le Comte Franz Wolff-Metternich, nommé à la tête de la commission allemande pour la protection des oeuvres d'art en France - s'allient pour préserver les trésors du Musée. Au fil du récit de cette histoire méconnue et d'une méditation humaniste sur l'art, le pouvoir et la civilisation, Alexandre Sokourov nous livre son portrait du Louvre.

Bande-annonce française   Compatible plein écran


Et tout à fait différente:
Bande-annonce internationale   Compatible plein écran


Image

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 11 Nov 2015, 15:57

Et toujours à voir (pour certains absolument):
- Notre Petite Soeur de Hirokazu Kore-eda
- Le Bouton de Nacre de Patricio Guzmán
- L'homme irrationnel de Woody Allen

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 15 Nov 2015, 22:20

11 minutes, le nouveau film de Jerzy Skolimowski, sacré ce soir meilleur film au Festival de Lisbonne et Estoril :good

Le film représentera la Pologne à l'Oscar du meilleur film étranger et aura la lourde tâche de succéder à Ida, qui avait remporté l'Oscar l'année passée.

Le film avait été présenté en compétition à la Mostra de Venise en septembre et avait remporté quelques prix (les plus prestigieux) au festival du film polonais de Gdynia.

Bande-annonce polonaise (en VO anglaise et polonaise)


Synopsis officieux (traduction personnelle):
Le film suit les mêmes 11 minutes dans les vies de plusieurs personnages représentant des aspects de la société moderne: une actrice sexy, un réalisateur de film hollywoodien, un vieux peintre, un vendeur de hot dog, un coursier au moeurs faciles, un jeune percussioniste, un mari jaloux, un garçon qui ne connaît pas son père, une pauvre femme donnant la vie, une équipe d'ambulancier épuisée, et un chien.
Autour d'eux, une ville animée regorge de juxtapositions.
Certains personnages sont montrés juste au moment où ils sont sur le point de prendre des décisions cruciales pour leurs vies, d'autres sont simplement en train de passer le temps, pris dans la tourmente de leurs routines de jour en jour.

Ce qu'ils ont en commun est l'observation énigmatique d'une tâche sombre insaisissable, vue dans le ciel plus tôt dans la journée, et la chaîne d'événements tragiques qui scellera leur destin.


A noter que la soirée de remise des prix a été suivie de la projection en avant-première portugaise de Knight of Cups

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 18 Nov 2015, 13:20

Pour rappel, à partir d'aujourd'hui au cinéma,

El Club de Pablo Larraín (voir ci-dessus)


Et à mon sens, ce grand film ne peut que donner envie de voir Le Bouton de Nacre de son compatriote Guzmán

Parce que les deux films, pourtant bien différents, dialoguent ensemble.
Dans les deux films, le Chili, ses côtes, sont une terre damnée. Pour des raisons différentes.

Mais le chef d’œuvre de Patricio Guzmán, car il faut le dire, c'est un chef d’œuvre, parvient à tenir tant une vision anthropologique et une vision politique à propos du Chili et de son histoire, que dans le même temps une vision cosmologique.
Que la poésie sublime.

Vers une réflexion universelle qui nous concerne tous.

Et de même, si par accident vous avez vu ou pu voir Le bouton de nacre, foncez voir El Club un film bien plus académique, et en corollaire bien plus facile mais néanmoins un grand film.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 18 Nov 2015, 18:59

Deux autres bandes annonces, en bonus, pour Le Bouton de Nacre

Peut-elle traduisent-elles moins de la poésie du film, parce qu'elles sont plutôt des extraits du film (surtout la seconde), une juxtaposition de différents passage, plutôt qu'un montage plus complexe comme l'est la bande-annonce franco-internationale.

Image Ils croyaient qu'après la mort, ils pouvaient se transformer en étoiles. Image

Bande-annonce suisse (VO sous-titrée en français et allemand)   Compatible plein écran


Image Il me plairait [en pensée] que ces Peuples de l'eau n'eusse pas disparu. Image

Bande-annonce chilienne (VO non sous-titrée)   Compatible plein écran


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Garion le 18 Nov 2015, 21:46

J'ai vu "Michael Kohlhaas" dernièrement. Très bon film. J'adore l'aspect "jusqu'auboutiste".

Bon sinon, dans un tout autre style, "Le dernier pub avant la fin du monde" vaut aussi le coup d'oeil :D
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 20 Nov 2015, 03:18

Sortie en mars:

Midnight Special de Jeff Nichols

Avec Michael Shannon, Joel Edgerton, Kirsten Dunst, Adam Driver et Sam Shepard.


Bande-annonce   Compatible plein écran


Synopsis officieux:
Un père prend la fuite pour protéger son jeune fils, Alton, et découvre la vérité derrière les pouvoirs spéciaux du garçon.
Ce qui commence simplement comme une course pour fuir des extrémistes religieux et les autorités légales locales rapidement dégénère en une chasse à l'homme nationale impliquant les plus hauts niveaux du gouvernement fédéral. Au bout du compte, son père risque tout pour protéger Alton, et l'aider à accomplir une destinée qui pourrait changer le monde pour toujours, dans un film défiant les lois du genre, aussi surnaturel qu'il est intimement humain.


Le film est en grande partie financé, cette fois, par un grand studio, Warner Bros bien que ce ne soit pas forcément Warner qui le sorte dans le monde entier.
Même si en même temps, c'est l'équipe habituelle de Jeff Nichols qui l'entoure, y compris l'équipe de producteurs indépendants de ses précédents films (même si leurs sociétés ne sont pas créditées), ou certains acteurs fétiches... Et que le film a été produit indépendamment de toute intervention du studio (puisque c'est un très petit budget, en tout cas pour le studio).

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 21 Nov 2015, 19:59

Je l'avais déjà présenté, en allemand. La voici en français.

Un court film promotionnel (featurette) pour

Knight of Cups (Le Cavalier de Coupe) de Terrence Malick

Film promotionnel (featurette) sous-titré en français   Compatible plein écran



Et une variation de 15 secondes sur la bande-annonce:
'Spot'   Compatible plein écran


Mais plus intéressant, à mon sens, quelques film promotionnels (featurette) coréens, non pour ce qui y est dit, sans grand intérêt, parce qu'ils présentent pour certains des plans ou séquences inédits (sauf à avoir vu le film, bien sûr):

  Compatible plein écran


  Compatible plein écran


  Compatible plein écran
Le 3ème en revanche, principalement une entrevue de Natalie Portman, est sans aucun intérêt, mais tant qu'à l'avoir, je vous la laisse..







Narrator:
The Pilgrim’s Progress.

From This World, to That Which is to Come...Delivered Under the Similitude of a Dream. Wherein is Discovered, The Manner of His Setting Out... His Dangerous Journey... And Safe Arrival at the Desired Country.

As I walked through the wilderness of this world...I lighted on a certain place where was a den... and I laid me down in that place to sleep. And as I slept, I dreamed a dream. I saw a man clothed with rags... standing in a certain place with his face from his own house... book in his hand, and a great burden upon his back.

Joseph:
Remember the story I used to tell you when you were a boy...
about a young prince...
a knight...
sent by his father, the King of the East...
west into Egypt...
to find a pearl.
A pearl from the depths of the sea.
But when the prince arrived...
the people poured him a cup that took away his memory.
He forgot he was the son of the king.
Forgot about the pearl...
and fell into a deep sleep.
The king didn’t forget his son.
He continued to send word...
messengers...
guides.
But the prince slept on.


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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Cyril le 21 Nov 2015, 20:18

J'ai été voir Seul sur Mars, c'était sympa.
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Ouais_supère a écrit:Ce forum est dans un état...
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 21 Nov 2015, 21:30

J'ai ajouté dans le précédent post, un montage son où j'ai tenté de reproduire celui qui introduit le film.



Dans le morceau original les déclamations sont séparées de la musique, quand le cinéaste les a voulu superposés, comme je l'ai tenté ici.
Le morceau original est lui même, lui aussi un collage. Il utilise des déclamations de 1942 de Sir John Gielgud (lui-même!) et Richard Pasco, pour une première version à la BBC du Pilgrim's Progress de Ralph Vaughan Williams (un brouillon à l'époque de ce qui deviendra son opéra, mais un brouillon très élaboré et complexe, et même parfois fort différent de l'oeuvre finale, presqu'une oeuvre différente), aux côtés d'un enregistrement de 1991 interprété par l'orchestre et les chanteurs du London Symfonia, dirigé par Matthew Best, toujours de cette version 1942 et non de la version finale de 1951.

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 24 Nov 2015, 20:30

En guise de rappel de la sortie demain de Knight of Cups (en tout cas en France et peut-être en Suisse et Luxembourg)
la première et tout nouvelle bande-annonce américaine, sortie ce soir, comme en coïncidence.

Elle ne diffère que de quelques plans:

Knight of Cups - Bande-annonce américaine   Compatible plein écran


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La sortie est hélas bien modeste, c'est triste que les exploitants et programmateurs deviennent peu à peu en France, même en cinémas art et essai aussi frileux qu'ils le sont à l'étranger...
La France perd un peu de sa spécificité.

Autrement dit, si vous avez la chance d'une projection dans votre ville, courez-y, c'est une chance (toutes les grandes métropoles ont tout de même le film).

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 24 Nov 2015, 23:02

Hugues a écrit:Autrement dit, si vous avez la chance d'une projection dans votre ville, courez-y, c'est une chance (toutes les grandes métropoles ont tout de même le film).


J'y cours, j'y cours !
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 27 Nov 2015, 12:37

En fait, cette fin d'année c'est foisonnant en fait, après un relatif désert.. Ainsi il y a même des films absolument à voir qui passent inaperçu:

sorti mercredi

Chant d'Hiver de Otar Iosseliani

Avec Rufus et Amiran Amiranashvili, mais aussi Pierre Etaix.
Et des apparitions plus discrètes comme celles de Matthieu Amalric et Tony Gatlif.

Certaines ressemblances sont troublantes. Ainsi celle de ce vicomte guillotiné, pipe au bec, pendant la terreur, d'un aumônier militaire au torse tatoué comme un truand et baptisant à la chaîne des militaires, pilleurs et violeurs, avec un clochard parisien réduit à l'état de planche par un rouleau compresseur et finalement d'un concierge lettré - mais aussi trafiquant d'armes - d'un gros immeuble. Presque tous les personnages du film se croisent dans cet immeuble, sauf bien sûr les sans-abri que les flics transbahutent d'un lieu à l'autre sans ménagement. Et pourtant au milieu de tout ce chaos, il y a des espaces de rêve, des histoires d'amour, de solides amitiés qui peut-être nous permettent d'espérer que demain sera mieux qu'aujourd'hui.



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Hugues ( Vous couriez ? Et bien volez, galopez maintenant ! )
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ghinzani le 27 Nov 2015, 12:51

J'ai bien apprécié " En Mai, fais ce qu'il te plait"..et je vais aller voir " L'Hermine".
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 27 Nov 2015, 16:58

Un très beau et bon texte sur Knight of Cups, écrit par une connaissance, après une première vision:

Alexandre Mathis a écrit:Knight of Cups de Terrence Malick : l’inconsolable solitude

C’est un film de guérison. De guérison à priori impossible.

Les enfants de Tree of life ont grandi et se retrouvent dans Knight of Cups – si ce ne sont pas eux, ce sont leurs cousins. Rick (Christian Bale), personnage central de ce nouveau Terrence Malick a énormément à voir avec le personnage que jouait Sean Penn dans Tree of life. Voilà un homme perdu, errant tel un pèlerin sur les décombres d’un monde qui n’est pas le sien. Malick a toujours travaillé le déracinement, mais auparavant, il y avait toujours une terre promise. Or ici, la Californie est un désert de solitude intense. Rick n’a pas d’endroit pour s’apaiser. Il est visiblement un acteur à succès, aimé de plein de monde : il attire les filles à lui sans difficulté ; on lui propose un mystérieux contrat en or sans qu’il semble plus emballé que ça. Mais, quelque chose reste bloqué en lui. « Seul ? Seulement entouré des gens », murmurait le Sergent Welsh (joué par Sean Penn, encore lui) dans La Ligne rouge. Rick ne fait que ça, se sentir seul. Il ne parle presque pas. Son corps rigide joue à faire semblant, à essayer. Mais quel vide en lui !

Le film commence par une quête qui nous est promise en voix off : trouver la perle. Celle qui pourrait, visiblement, offrir le bonheur, ou plutôt l’épanouissement. Avertissement de taille, cette voix rappelle l’histoire d’un prince d’Égypte promis à cette tâche mais qui échoua faute de se souvenir qui il était. A Rick de se remémorer pour réussir d’où il vient. A nous, spectateur, de capter l’éphémère beauté des choses. Car oublier serait se perdre.

Les éclairs de vie

C’est alors que saute aux yeux l’une des plus belles choses dans le cinéma de Malick, que l’on a trop peu souligné jusqu’ici : ses films permettent de voir la vie d’inconnus. Le banal devient sublime et intime. Au milieu des flashs et des éclairs, les personnages de Malick déambulent pour regarder et écouter. Dans combien d’autres films peut-on, au hasard, contempler de vieux messieurs noirs jouer aux dominos dans la rue, admirer un médecin soigner de graves malades de la peau, voir surgir un enfant sur son vélo ou s’amuser gentiment de jeunes gens riches se faire des courbettes pour mieux se séduire ? Knight of Cups est rempli de ces visions. Présente depuis le début (certains plans de coupes de la Balade Sauvage fonctionnaient déjà sur ce mode-là), la méthode s’est amplifiée avec l’arrivée d’Emmanuel Lubezki comme chef opérateur à l’époque du Nouveau Monde. Parfois la caméra est potentiellement subjective, parfois elle colle aux basques de ses personnages grâce au steadicam. A la Merveille faisait déjà ça, Tree of Life aussi. Mais ici, c’est le cœur du programme. Contrairement aux deux précédents films, Malick abandonne en partie ce qu’Yvonne Baby appelait « le point de vue de l’âme », c’est-à-dire que des scènes opéraient des décrochages sur des plans d’eau ou de champ, que la caméra suivait plusieurs personnages et que plusieurs voix se télescopaient, parfois en plusieurs langues, comme pour former une grand tout. Dans Knight of Cups, un seul personnage sert de guide à nos yeux. C’est moins vrai pour les sons, puisque les voix off s’enchevêtrent toujours. Malick va même encore plus loin qu’avant. Régulièrement, la voix off vient d’une prise de son directe, on y entend l’écho de la pièce, la tessiture générale du lieu. La voix off n’est donc pas simplement un élément de pureté immatérielle, elle est une affirmation du monde extérieur au sein de l’âme de Rick.

La solitude de Rick se dessine totalement dans la présence du monde extérieur, aussi beau et bienveillant soit-il. Quand le monde rit autour de lui, Rick rit par convenance, comme pour se sentir appartenir au monde. Mais une mélancolie dans ses yeux ou un mot déchirant en voix off, vient effacer cette apparente légèreté.

Souffrir malgré la beauté

Afin de marquer ce mal être, le film évolue subtilement. D’abord, il souligne littéralement l’intériorité de Rick au travers de l’environnement. Ainsi, un tremblement de terre réel surligne les premiers tressaillements du personnage. Les vidéos expérimentales projetées à une fête sont filmées en rythme devant un Rick euphorique. Puis, sa rêverie se cogne à la vitre d’un aquarium tant il admire les raies manta nager librement, et délaisse sa compagne à ses côtés. Puis le film se détache de ces surlignages pour insister sur la dichotomie entre ce personnage hagard et la survivance d’une fureur extérieure de plus en plus sourde.

Rick et le plafond de LED bleues

Malick se plaît aussi à salir la pureté du cadre en coupant les têtes, en insérant des images en go-pro et des plans en grand angle qui n’ont que faire de la coquetterie des acteurs, celle de Christian Bale en tête. Ce qui est beau est parfois un peu laid. Le réalisateur utilise le timelapse, il s’amuse du vertige des échelles, des contre-plongées, bref tout ce qu’on connaît de son afflux d’images sidérantes. Il arrive encore à surprendre par son sens du cadre. Un exemple marquant : cette scène où une installation d’art contemporain montre un entassement de coupoles et assiettes bleues avec derrière un fond blanc. A priori, ce sont des assiettes de tailles normales. Cut. Plan suivant : la même installation avec à sa gauche le personnage de Natalie Portman qui marche. Elle est en fait plus petite que l’installation. Rien, avant cette malice du montage, ne laissait présager cela, sauf à connaître l’œuvre en question. C’est aussi ça le renouvellement discret de Malick, capter des choses encore inédites, comme ce gigantesque circuit de voitures majorettes, comme ces ébouriffantes déambulations dans Las Vegas ou comme ce plan de Rick et son plafond de LED bleues qu’on croirait sorti de Casino de Martin Scorsese. Des flashbacks – sans que l’on soit complètement certain qu’il s’agisse de ça – font revivre des instants de déchirure pour Rick. A ce titre, le segment avec Nancy (Cate Blanchett) pourrait résumer la peur de l’échec amoureux. S’aimer mais se séparer ; se retrouver sans plus se comprendre ; s’étreindre sans plus rien ressentir ; désirer l’autre même si ça nous fait du mal.

« Les rêves sont beaux. Mais on ne vit pas dedans »

Si le film poursuit le montage impressionniste des dernières oeuvres du cinéaste où la narration efface presque intégralement le scénario et les péripéties, le véritable objectif de avec Knight of Cups consiste à se souvenir qui l’on est pour trouver la perle. Pendant un temps, Rick pense que sa perle sera une femme qu’il aimera. Alors il cherche l’amour, ou du moins « des expériences d’amour » comme lui lance cruellement l’une de ses conquêtes, jouée par Imogen Poots. Chaque amour éphémère est promis à son originalité, à sa scandaleuse vie de plaisirs. Blondes, brunes, bouddhistes, fêtardes, elles apparaissent toutes comme des anges gardiens. Or, aucune ne comble jamais le vide instigué par sa solitude. Malick épouse un regard adorable (presque au sens premier d’adoration mystique) sur Rick, bien loin de la condescendance avec laquelle on juge souvent les gens souffrant de dépression. Rick ne parle pas, quelque chose l’en empêche. Tant de questions qui lui sont adressées restent sans réponse. Il rêve. « Les rêves sont beaux. Mais on ne vit pas dedans » regrette le personnage de Freda Pinto.

Alors Rick s’essaie au réel. Il aime, il tente de rester, il pardonne. Quelques instants suspendus laissent espérer qu’il va y arriver. Comme à l’accoutumée, Malick cherche à sortir de l’ombre des pulsions tristes pour arracher un brin de lumière. Reviens alors le mantra du début : ne pas oublier qui l’on est, capter la beauté de l’instant, histoire de ne pas se perdre comme le prince égyptien.

Douleur insoutenable et promesse lumineuse

La douleur de Rick est à chercher ailleurs. Dans la perte d’un frère et l’absence de réconfort de la part d’un père (comme dans Tree of Life, encore). Malick a lui aussi perdu un frère. Ce dernier rêvait de devenir un grand guitariste. Devant son échec, il décida de se briser les mains avant de se pendre. Impossible de savoir ce qui, dans le film, est directement inspiré de la vie du réalisateur, mais un des intertitres (tous en référence aux cartes du tarot) s’appelle « Le Pendu ». Cette fuite en avant de Rick à travers la Californie, de Las Vegas au désert le plus profond, est une manière pour lui de chercher à soigner par l’extérieur un mal qui vient de l’intérieur. Il se dit que le temps fera son affaire. Or, son père le prévient : non la vie ne prend pas son sens avec l’âge, on reste toujours aussi paumé. Par de délicates ellipses, Malick montre un vieil homme fatigué, toujours à deux doigts de s’écrouler sous le poids de sa culpabilité. Serait-ce un autoportrait ? Rick se révèle alors un soutien inattendu. En pardonnant au père, en tenant par la main son frère, il trouve dans le regard extérieur une possibilité d’être apaisé intérieurement. C’est dans le don à autrui, dans l’amour que l’on porte pour ceux qu’on aime, voire dans le sacrifice désintéressé que sa propre âme captera enfin la lumière. Notre puissance est en nous, pas dans les occupations fugaces autour.

Sans pour autant dire jusqu’où va le film, il convient de se pencher sur le dernier mot, rempli de clarté, prononcé par Rick : « Begin ». « Commencer. » Cette invitation est doublement positive. Si elle annonce peut-être un nouveau cycle pour Malick, elle est surtout un appel à se remettre en marche soi-même, quel que soit son âge, ses blessures et ses doutes. Il convient de commencer à vivre, afin de trouver la paix. Et qui sait, trouver la perle ?


J'ai même lu bien meilleur* encore, mais j'attends approbation pour le reproduire...

Hugues

*: Enfin sans compter mes propres écrits .. :jesors:
Hugues
 

Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 27 Nov 2015, 19:41

Balance et fais pas ch' ! :D
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 28 Nov 2015, 23:08

Vu Knight of Cup cet après-midi.
C'est vraiment beau. Terrence Malick est un authentique poète du 7e art.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede heow le 30 Nov 2015, 16:11

Tens au fait Hugues, qui est l'acteur âgé qui joue le... mentor ? / ami ? / second père ? / beau père ? de Bale dans la maison et le jardin zen ?
La ressemblance avec Christian Bale est troublante, même dans la voix.
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Messagede Hugues le 30 Nov 2015, 22:46

heow a écrit:Tens au fait Hugues, qui est l'acteur âgé qui joue le... mentor ? / ami ? / second père ? / beau père ? de Bale dans la maison et le jardin zen ?
La ressemblance avec Christian Bale est troublante, même dans la voix.


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Ca n'est pas un acteur au sens professionnel du terme.
Il s'agit de Peter Matthiessen un touche à tout génial disparu il y a un an et demi.. Romancier, explorateur, écrivain naturaliste, et même dans ses 20 ans, agent de la CIA, rendant compte des faits et gestes de ses compatriotes, à Paris dans les années 50 quand il écrivait pour le magazine littéraire anglophone parisien qu'il avait confondé, The Paris Review.. Ou moine bouddhiste dans le dernier quart de sa vie...

C'est l'auteur par exemple de Le léopard des neiges, livre multiprimé à sa sortie — et ça n'est pas le seul de son oeuvre— , et plus reconnu encore maintenant qu'à l'époque, qui conte les 2 mois de recherche de l'animal avec le biologiste et zoologiste George Schaller, au Népal à proximité du Tibet (la région du Dolpo), mais qui très vite se mue, pour l'un des deux hommes, Matthiessen, en voyage initiatique et spirituel sur les pas du Bouddha, et un chemin de deuil de sa femme disparue quelques mois auparavant.
Le fait même que Schaller finira par voir l'animal quand Matthiessen ne l'observera pas, soulève la question plus philosophique de l'absence et de la présence. Matthiessen ne l'a-t-il pas vu parce qu'il était entré en paix avec lui-même et avait accepté le monde tel qu'il est, plutôt qu'être resté habité de ce désir observer un phénomène qui n'est pas ?
Il y a du Thoreau ou du Wordworth dans Le Léopard des Neiges.. Mais évidemment un Thoreau de la naturalité himalayenne plutôt qu'américaine.

C'est aussi l'auteur, une quinzaine d'année plus tôt, du roman En liberté dans les champs du Seigneur, sur la confrontation de missionnaires évangéliste avec les indigènes sud-américains qu'ils essaient de convertir, contempteur tant de la prétention du colonialisme blanc que de l'idéalisation des peuples indigènes, du mythe du bon sauvage.
Roman qui fut adapté un quart de siècle plus tard au cinéma (le temps que Saul Zaentz, le producteur de bien des films américains de Milos Forman, dont Amadeus ou Vol au dessus d'un Nid de Coucou, réussisse à en obtenir les droits après s'être acharné 25 ans durant à convaincre MGM qui les détenait tout ce temps et n'en faisait rien de lui les céder)
Ces deux livres comme bien de ses ouvrages sont traduit en français (pour ces deux-ci et quelques autres chez Gallimard, pour beaucoup d'autres chez Les Editions de l'Olivier).
Une de ses premières nouvelles a inspiré à Buñuel le film La Jeune Fille. Et il est le seul auteur à avoir remporté le National Book Award tant en catégorie fiction (Le Pays de l'Ombre), qu'en catégorie non-fiction (Le Léopard des Neiges).

Son personnage, Christopher, dans le film est un double de lui-même...
C'est si vrai que le discours sans doute improvisé, celui que Malick choisit de faire entendre à dessein, tant il résonne avec l'une des idées même qui inonde le cinéma malickien fait écho de façon troublante avec des mots de Matthiessen cité à la fin de sa nécrologie, l'année dernière dans le New York Times:

New York Times: Arts / Peter Matthiessen, Lyrical Writer and Naturalist, Is Dead at 86

“Zen is really just a reminder to stay alive and to be awake. We tend to daydream all the time, speculating about the future and dwelling on the past. Zen practice is about appreciating your life in this moment. If you are truly aware of five minutes a day, then you are doing pretty well. We are beset by both the future and the past, and there is no reality apart from the here and now.”

Perception bouddhique elle-même écho troublant au regard heideggerien (et par extension malickien) plus particulièrement dans sa dernière phrase.

Texte caché : cliquez sur le cadre pour l'afficher


Hugues

NB:
Le Monde: Disparitions / Peter Matthiessen (1927-2014), écrivain, reporter, naturaliste
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede heow le 30 Nov 2015, 23:25

Intéressant, je ne m'attendais pas à un tel personnage, jouant en effet son propre rôle ou presque :o
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 30 Nov 2015, 23:29

:wink:

sheon a écrit:Vu Knight of Cup cet après-midi.
C'est vraiment beau. Terrence Malick est un authentique poète du 7e art.


Je cherche dans tous les recoins (ou m'y prépare) le "Oui mais.." ou le "Non j'déconne, poisson d'avril"

:D

Hugues
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 30 Nov 2015, 23:32

Pourquoi ? J'avais aussi apprécié The Tree of Life, pourtant, même en étant passé à côté d'une partie de la symbolique.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Ouais_supère le 01 Déc 2015, 09:14

Non mais je te rassure, hormis Hugues (et peut-être Malick lui-même, mais rien n'est moins sûr :D), tout le monde passe à côté de certains éléments symboliques.

Et je précise que c'est un compliment !
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 03 Déc 2015, 23:10

J'ai trouvé Knight of Cups plus accessible au niveau de sa "narration" (que The Tree of Life), en revanche il l'est sans doute un peu moins au niveau du rythme.
Mais comme j'aime beaucoup les cinéastes qui prennent leur temps, ça ne pouvait que me plaire d'autant plus.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Hugues le 06 Déc 2015, 19:33

sheon a écrit:J'ai trouvé Knight of Cups plus accessible au niveau de sa "narration" (que The Tree of Life), en revanche il l'est sans doute un peu moins au niveau du rythme.
Mais comme j'aime beaucoup les cinéastes qui prennent leur temps, ça ne pouvait que me plaire d'autant plus.


Je ne crois pas que ce soit le cas.
Peut-être cette impression tient-elle au fait que tu savais, à quoi t'attendre, peut-être à travers les introductions au film que j'avais pu écrire (?), et que cela a orienté ton attention, ton accueil du film, ce que tu en as retenu..
Le mouvement sur les 3 derniers films est à l'abandon progressif de toute nécessité narrative, narration dont il ne subsiste finalement que l'idée de résolution, le reste est totalement destructuré, et en premier toute nécessité chronologique et linéaire.. Nécessité qui subsistait encore un peu dans le précédent film.
Et ce d'autant plus quand le monde qui est figuré (un purgatoire) est un hors du temps, sans début, ni fin..

Tant et si bien que ce fut même l'argument positif ou péjoratif de la quasi totalité des critiques depuis Berlin et parfois même l'argument titre: "Adieu à la narration"

À côté de ce film, The Tree of Life, premier de ces trois derniers films, est tant sur la forme que narrativement dans la plus grande partie de ses grands mouvements (l'enfance qui occupe les 4/5e du film) relativement académique

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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede sheon le 06 Déc 2015, 22:02

Je n'avais pas lu tes présentations, et c'est vrai que ma phrase était incorrecte : je voulais dire que j'ai trouvé le message global véhiculé par le film plus facile à comprendre que pour The Tree of Life. Mais ce n'était peut-être qu'une impression personnelle (dû au fait que j'avais déjà vu un film de Malick ?). Car sinon, en effet, la "narration" (note que j'utilise des guillemets) est totalement déstructurée dans Knight of Cups et donc sans doute beaucoup plus déroutante, de ce point de vue, que pour The Tree of Life.
Si j'avais souvent répété que je désirais mourir dans mon lit, ce que je voulais vraiment dire par là, c'est que je voulais me faire marcher dessus par un éléphant pendant que je ferais l'amour. Les Fusils d'Avalon, Roger Zelazny.
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Re: La séquence du spectateur - TOPIC CINEMA

Messagede Silverwitch le 08 Déc 2015, 11:36

sheon a écrit:J'ai trouvé Knight of Cups plus accessible au niveau de sa "narration" (que The Tree of Life), en revanche il l'est sans doute un peu moins au niveau du rythme.
Mais comme j'aime beaucoup les cinéastes qui prennent leur temps, ça ne pouvait que me plaire d'autant plus.


Hugues a écrit:À côté de ce film, The Tree of Life, premier de ces trois derniers films, est tant sur la forme que narrativement dans la plus grande partie de ses grands mouvements (l'enfance qui occupe les 4/5e du film) relativement académique

Hugues


J'ai enfin vu avant-hier soir le dernier film de Terrence Malick.

The Tree of Life + À la merveille = Knight of Cups

Ou plutôt:

The Tree of Life <-> Knight of Cups <-> À la merveille

Sur le plan formel, le chemin esthétique emprunté par le cinéma de Malick m'apparaît comme une impasse, en raison de deux problèmes: la disparition progressive de la focalisation (terme barbare, mais plus explicite que celui de "point de vue") qui abolit toute extériorité, et une manière de filmer qui finit par se confondre avec l'esthétique publicitaire (jusqu'à un certain point, peu importe qui imite qui, un style aussi facile à parodier en porte la responsabilité). Ce que l'on voit, d'abord, ressemble à une publicité pour du parfum. Enfin, le film témoigne peut-être des limites d'une méthode de travail: j'ai eu le sentiment parfois exaspérant de voir un brouillon cinématographique, des essais avec la caméra et les acteurs pendant deux heures. Un brouillon sublime, certes, mais un brouillon quand-même.

Cette première approche formaliste échoue à rendre compte de l'ambition très largement réalisée du film. Knight of Cups est une réflexion fascinante sur l'épreuve du regard, sur le mouvement de l'âme. C'est comme si depuis deux films, Malick faisait la critique de son cinéma: À la merveille et le désert de l'amour; Knight of Cups et l'impuissance du regard. Comment voir dans un monde d'ombres, dans un monde d'images ? C'est donc une méditation philosophique et je m'attarderai sur cet aspect:

VERS L'INFINI

a knight...
sent by his father, the King of the East...
west into Egypt...
to find a pearl


L'âme (par âme j'entends un principe vital qui commande au corps et qui nous permet d'accéder à la conscience de l'universel et de l'éternité) est animée par un mouvement extérieur: c'est le désir de connaissance. On quitte son foyer pour suivre ce désir, qui nous arrache à notre isolement, à notre prison intérieure. Notre âme aspire à s'élever. Nous suivons cette lumière extérieure (la connaissance) animés par le désir (le manque d'étoile étymologiquement). L'âme de Rick est semblable à une perle dans une coquille.

A pearl from the depths of the sea

Chez les anciens Grecs, poètes et philosophes, l'âme est identifiée à une poussière d'étoile, l'éclat d'un astre. C'est la quête de cette origine qui entraîne le mouvement de l'âme vers les cieux, les cieux étant entendus comme l'accès une connaissance universelle et abstraite. Le film ouvre sur des plans cosmiques, singuliers échos ou contrechamp au regard de l'enfant des étoiles de 2001, l'Odyssée de l'espace, le film de Stanley Kubrick. Car ici, comme dans le Phèdre (Platon), l'âme se hisse au sommet du ciel. Mais l'âme est une perle dans une coquille. Ce mouvement de connaissance intelligible en dehors du monde, en dehors du corps produit l'oubli par l'être humain de son identité. Au ciel, l'âme est immobile et sans mouvement, plus rien ne l'anime.

He forgot he was the son of the king.
Forgot about the pearl...
and fell into a deep sleep.


LE DÉSERT DES SOMNAMBULES

Au repos, le personnage de Rick traverse un monde d'ombres, un monde d'apparences, un monde endormi. Il a les yeux ouverts, mais il ne voit pas. Il parle, il agit mais dans un état de somnambulisme. La puissance qui anime son regard est absente. Il est une coquille vide. Le spectateur, à travers les yeux de Rick, littéralement, traverse hébété un Los Angeles d'où la vie est retirée, un désert urbain où seul le mouvement des corps fait un écho parodique au cheminement des âmes. Les êtres humains veulent à tout prix éviter d'être rendus à leur solitude, et tous semblables cherchent à exister dans la proximité des autres.

Baudelaire a décrit de manière unique et géniale ce que montre le film de Malick dans son poème, Les Aveugles (c'est moi qui souligne):

Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;
Terribles, singuliers comme les somnambules ;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

Leurs yeux, d’où la divine étincelle est partie,
Comme s’ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel
; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.

Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. Ô cité !
Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,

Éprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,
Vois ! je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,
Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?


Il ne suffit pas d'ouvrir les yeux pour voir. Pour le cinéma de Malick comme pour le spectateur, le problème est posé: il ne suffit pas de montrer la beauté du monde pour que cette beauté entraîne un mouvement de l'âme, que la beauté devienne désirable. Il faut une double lumière: le soleil, le mouvement de la connaissance, comme je le fais remarquer plus haut, mais également un feu intérieur, une lumière intime. On peut donc bien avec Rick regarder tout en haut des acrobates tombant du plafond, cela ne suffit pas à s'arracher à sa nuit intérieure.

Le film déploie ici, à sa manière, une analogie photographique. Comme le dispositif cinématographique a besoin non seulement d'une lumière, mais également d'un objectif pour saisir le monde, l'âme, identifiée à un éclat lumineux (une perle, une étoile) répond à un double mouvement perpétuel: un feu intérieur et une lumière extérieure. Il faut une lumière extérieure pour y voir, mais il faut surtout l'acte de voir, c'est-à-dire un mouvement d'ouverture du regard. Tension entre l'intérieur et l'extérieur, entre l'intimité et l'altérité. L'acte d'ouverture du regard se reflète dans le champ qu'il a ouvert.

The king didn’t forget his son.
He continued to send word...


AU LIEU D'ALLER DEHORS, RENTRE EN TOI-MÊME

Saint Augustin, car c'est lui qui paraphrase habilement Socrate, ajoute: "c'est dans l'homme intérieur qu'habite la vérité". Comment ranimer ce feu intérieur ? L'acte est indépendant de la volonté de Rick, hors de portée de l'individu qui existe, c'est-à-dire ne coincide pas avec lui-même. Pour Ulysse, c'est la nostalgie. Dans le discours moderne, ce sera une expression florissante, l'anamnèse, issue des mots grecs ana et mnémè, qui signifie rappel du souvenir. Platon, plus simplement, parle de réminiscence.

La nostalgie, c'est la douleur du retour, le mal du pays en quelque sorte. La souffrance d'une existence séparée, d'un exil. Ici c'est un passé qui ne passe pas, l'appel du père, le manque du frère. Dans The Tree of Life, c'était même l'indicible souffrance du monde animal, d'un dinosaure. Le premier mot envoyé par le père c'est l'appel d'une douleur partagée. Tu n'es pas seul à souffrir, tu n'es pas seul à devoir mourir. Le passé et le présent se plient, le passé remonte au présent: réminiscence. Cet appel du passé, cette irruption du passé dans le présent, d'abord désordonné exige d'être médité, compris par Rick. Sauver le passé de l'oubli, c'est dévoiler un peu le sens de nos actions, c'est éclairer un présent incompréhensible (somnambulique) d'une lumière intérieure. En grec, angelos veut dire "messager". Si comme le personnage de Rick, joué par Christian Bale, nous avançons les yeux ouverts dans l'ombre, perdus, même cette nuit comporte une lumière. Une lumière pour guider l'individu pris entre deux mondes. La mélancolie, le rappel du souvenir est puissance de suggestion, enargeia en grec, de la racine "arg-", "argos", l'éclat lumineux.

MIROIRS ET REFLETS

messengers...
guides.
But the prince slept on.


Si Rick est perdu à lui-même, il a besoin des autres pour se voir. Le film multiplie les miroirs comme des fenêtres ou des reflets trompeurs dont la lumière enferme le personnage ou lui offre des chemins dans le brouillard. L'altérité est non seulement une condition de l'identité, mais ici il s'agit d'abord d'une altérité exemplaire: la rencontre amoureuse. Comme dans son précédent film, un personnage erre dans un désert amoureux fait d'étreintes et de rencontres charnelles, filtres d'oubli. Rick se cherche dans les yeux de jeunes femmes comme autant de miroirs, dans les rencontres avec des doubles (le personnage joué par Antonio Banderas). Rick ne voit pas car il a trop à voir, il ne désire pas car il a trop à désirer. La curiosité, avide de nouveauté, se fait indifférence. "L'instabilité distraite devient agitation" fait remarquer Heidegger (Sein und Zeit). Impuissance du regard à se poser, à voir:

Rêver, n’est-ce pas la chose suivante : que ce soit pendant le sommeil, ou éveillé, croire que ce qui est semblable à une chose est, non pas semblable, mais la chose même à quoi cela ressemble ?

Comment pourrait-on aimer un reflet, un écho ou plutôt comment pourrait-on être aimé par eux ? Pendant qu'il s'égare dans les reflets (le fascinant personnage joué par Teresa Palmer, symétrique à celui d'Antonio Banderas), d'autres appels résonnent. L'amour se confond d'ailleurs parfois avec l'appel de la compassion, la conscience de l'injustice avec l'appel de la charité. Il faut revenir en soi pour s'ouvrir à ce qui n'est pas soi. Le film insiste, de manière répétée, sur la vision de malades, de corps brûlés, souffrants, de clochards, d'exilés. Ce sont autant d'appels au réveil par la compassion, c'est-à-dire la douleur partagée: cet autre qui souffre, il est comme moi. Le coup de force du film est de rapprocher deux symptômes de l'existence séparée: pour Rick la douleur comme le plaisir des autres sont inaccessibles. Séparé de soi, séparé du monde, séparé de l'autre.


He continued to send word...


Dans l'épreuve de la souffrance croit ce qui sauve, nous fait entendre le discours du prêtre, dans l'attention à l'instant rappelle le personnage du maitre bouddhiste ("Bouddha" signifie l'Éveillé), dans l'appel de la compassion, l'épreuve de l'amour et enfin l'épreuve du souvenir.

L'HOMME INTÉRIEUR

"Reviens en toi-même et regarde !"

Dans l'acception platonicienne, l'expression homme intérieur désigne ce qui en nous lutte. C'est l'image très forte d'un monstre à plusieurs têtes. Plusieurs êtres luttent en nous, et il faut que l'homme intérieur (l'âme de Rick, si l'on veut, par opposition à Rick, l'homme extérieur, la coquille) domine les forces naturelles pour faire l'épreuve de la grâce. Pour y parvenir, il faut réveiller son "oeil intérieur". Tous les appels à l'éveil sont désormais connus: douleur, compassion, amour, souvenir. Ces différentes lumières permettent de fusionner enfin le double regard: la chose vue et l'acte de voir, le regard et sa lumière. Plotin:

Si l'être qui voit se voit lui-même à ce moment, il se verra semblable à son objet

L'épreuve d'une âme dans sa coquille est de pouvoir coïncider avec elle-même, l'essence de la vision étant de pouvoir confondre ce que l'on voit (la lumière extérieure) avec l'acte d'ouverture du regard (le feu intérieur). Aller au loin pour retrouver le plus proche, dans l'autre se trouver soi. On l'a vu, il est question de l'âme, cet éclat d'étoile, il est question de l'oeil intérieur, ce qu'on ne peut voir avec les yeux, et il est question d'amour (de compassion aussi, on le voit et on l'entend dans les mots de la mère). On a tourné autour d'un impératif, regarder en soi-même. Mais comment se voir soi-même, non pas son apparence, mais son intériorité, comment voir son âme ? L'âme en miroir. Le grec parle de la prunelle de l'oeil avec le mot "koré", qui signifie "jeune fille" et l'allemand emploie le terme "Augenstern", l'étoile de l'oeil. Ce qui anime notre figure, sans quoi nous serions semblables à des statues, dépourvues de conscience, de lumière de l'oeil pour paraphraser Hegel. La conscience, condition pour se percevoir soi-même, du latin "cum" (avec) et "scire" (savoir, et voir): extériorisation du sujet. Voir et savoir sont identiques: video et idée ont également la même racine en grec.


La perle, la jeune fille, l'étoile. La connaissance de l'homme intérieur passe par un dispositif spéculaire, la conscience est un miroir qui réfléchit ce qui l'environne. Ce qu'il y a de plus lumineux chez l'être humain, ou de plus divin (de plus parfait), se reflète dans la perle de son oeil. Mon regard s'atteint lui-même dans le regard de l'Autre. Vers le ciel étoilé au-dessus de nous, il faut lever la tête, s'orienter en direction de l'infini, Il faut regarder l'âme de l'Autre pour ne pas perdre son âme en chemin, dans la nuit de l'esprit, il faut suivre l'étoile polaire, "l'étoile intérieure de l'esprit" dit Kant. Au bout du chemin, le rappel du souvenir ouvre "le chemin qui conduit chez nous" (Platon, Philèbe). L'étoile était tellement proche que nous ne la voyions plus. Il faut un long détour vers l'infini pour retrouver ce qui est nous et qu'on ne voit que par le regard de l'Autre: un miroir face à un miroir. La conscience ne fait plus qu'un avec le tout, les âmes ensemble, le passé allé avec le présent dans une constellation pour voir le monde comme si c'était la première fois:

REMEMBER

Garde-moi comme la prunelle de l'oeil; Protège-moi, à l'ombre de tes ailes (Psaume 17:8)
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Ça ne se fait pas de jouer de la lyre tandis que Rome brûle , mais on a tout à fait le droit d'étudier les lois de l’hydraulique.
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