AFP via LeMonde.fr a écrit:Le chiraquien Jean-François Probst, commentateur acerbe, est mortLe Monde.fr avec AFP | 13.06.2014 à 00h08
Connu pour ses portraits au vitriol de ses amis, cet ancien proche collaborateur de Jacques Chirac au RPR et à la mairie de Paris est mort d'un infarctus à l'âge de 65 ans. | AFP/PASCAL PAVANIJean-François Probst, ancien proche collaborateur de Jacques Chirac au RPR et à la mairie de Paris, est décédé à 65 ans d'un infarctus à Saint-Jean de Luz, a-t-on appris jeudi 12 juin auprès de son entourage, confirmant une information du Parisien.
Entré au service de son mentor en 1974 à Matignon comme chargé de mission, il l'a accompagné à la mairie de Paris et au RPR, où il a dirigé le cabinet de Jérôme Monod, premier secrétaire général du parti. Ce spécialiste de l'Afrique, qui a participé à toutes les aventures chiraquiennes, s'était progressivement éloigné de la vie politique au début des années 2000, alors qu'il travaillait aux côtés de Jean Tiberi à Paris.
Doté d'un humour féroce, ce fin connaisseur de la droite française, jamais avare de vacheries contre ses adversaires, s'amusait à brosser des portraits au vitriol de ses amis. Dans un ouvrage paru en 2002, Chirac et dépendances, il a raconté vingt-cinq années au côté de l'ancien patron de la droite, pour lequel il éprouvait une grande admiration mêlée d'une certaine déception de ne pas avoir été davantage considéré.
« JOBASTRE », « PARPAILLOT », « DEMI-SOTTE »
En Jacques Chirac, Jean-François Probst voyait un gaffeur, un homme « pudique voire secret », dont « le caractère amoral et guilleret fait qu'il n'est pas humiliable ». Mais il le jugeait coupable d'avoir laissé tomber Jean Tiberi et trop écouté « ce jobastre » de Dominique de Villepin. Pour M. Probst, Jacques Chirac « aura été un peu le Johnny Halliday tel qu'on l'aime de la politique française. On a tous en nous quelque chose de Johnny ou de Chirac ».
Cruel, il qualifiait son épouse Bernadette Chirac de « mère supérieure de l'Elysée », Marie-France Garaud de « Mata-Hari de la politique », Jérôme Monod de « parpaillot » à « l'humour grinçant et aux propos austères ». Il était particulièrement sévère envers « cette demi-sotte de [Michèle] Alliot-Marie » à qui il en voulait de ne pas l'avoir gardé à ses côtés après avoir œuvré à la faire élire présidente du RPR.
HOSTILE À SARKOZY
Très hostile à Nicolas Sarkozy, il avait démenti publiquement l'avocat Robert Bourgi, qui avait assuré que la distribution d'argent noir de la Françafrique avait pris fin avec l'arrivée de ce dernier à la présidence. « Bourgi s'est dépensé sans compter pour Sarkozy auprès de nombreux chefs d'Etats africains lors de la présidentielle de 2007 », avait-il accusé, évoquant notamment un « deal » avec le président gabonais Omar Bongo.
Il avait appelé à voter pour François Bayrou en 2012. Interrogé par l'AFP, ce dernier, qui l'avait vu il y a une dizaine de jours, a salué quelqu'un de « très original et très créatif avec une vaste expérience politique » et qui avait « beaucoup de distance et d'ironie à l'égard du monde politique ». Il s'est dit « très triste » de cette disparition soudaine.
Dominique Tiberi, fils de Jean Tiberi et maire-adjoint du Ve arrondissement de Paris, a réagi sur Twitter en déclarant : « Quelqu'un de bien, un ami vrai, est parti. RIP ».