Sylphus a écrit:Outre le fait qu'on se fout royalement de tout ça (le temps aspire les hommes dans l'oubli), comparer Sampras à Berasategui est confondant de bêtise : l'un a gagné 14 majeurs, a été n°1 six années de suite quand le second n'a gagné "que" deux majeurs et a une carrière au sommet éclair. Quant à Borg, il est constamment évoqué quand Connors, malheureusement, est jeté aux oubliettes. Mais je crois que le premier comme le second se moquent éperdument de ça. Une carrière de sportif, c'est le présent. Ca n'est pas comme une star de la chanson qui peut faire X retours et vendre à des périodes différentes des disques. La seule chose qui compte est qu'un joueur de tennis ait tiré le meilleur de ce qu'il pouvait tirer.
Pour le reste, on est dans le subjectif. Personnellement, j'aime le tennis, point. Donc j'ai autant de plaisir à suivre un match de Vilas qu'un match de Arazi, Agassi, Sampras ou Connors. Tout l'intérêt de ce sport est qu'il y ait différents styles de jeu.
Je relève plusieurs inexactitudes. Que Brugerua, et non Berasategui, ait gagné deux majors, c'est un détail. Mais Connors jeté aux oubliettes ? Bien au contraire, on assiste même à une certaine réhabilitation depuis quelque temps. Connors est toujours très bien placé dans les classements historiques. Il en va de même pour Ivan Lendl, dont l'appréciation s'est radicalement transformée au fil du temps au point qu'on voit en lui le précurseur du jeu moderne. L'avènement de Youtube a permis une redécouverte et une réappréciation des anciens champions, comme ce match Rod Laver/Jimmy Connors à Dallas :
http://www.youtube.com/watch?v=SptdffCeVmMà 40 ans de distance, pas une ride. A côté de ça on a un Borg-Lendl de 1981 :
http://www.youtube.com/watch?v=GNpNmwz_YAgBon c'est cool quoi, le côté historique, Borg avec son bandeau, mais à part ça le match ne donne pas vraiment envie de se lever de son siège...
Contrairement à ce que tu crois ce genre de détails compte, même pour les sportifs eux-mêmes, qui sont très conscients de leur renommée et de la façon dont ils sont vus par les générations ultérieures. Il y a beaucoup de styles mais ils ne se valent pas tous, et c'est justement le vote populaire à plusieurs décennies de distance qui nous donne les clés. Tu me dis apprécier revoir des matches de Vilas, mais pour reprendre ton expression favorite je gagerais cher qu'à part toi, tout le monde s'en fout de Vilas...
Fatcap a écrit:Djokovic le maîtrise, ce slice, mais comme Nadal court comme Speedy Gonzales, il peut se permettre des coups de remise médiocres et s'en remettre à sa condition physique supérieure. C'est là l'imposture.
C'est encore une fois d'une bêtise affligeante. Cela voudrait dire qu'il n'y aurait aucune solution tactique contre Nadal quand celui-ci est en bonne
forme physique. Absurde.
Il n'y a pas de solution tactique, il y a une solution physique. En 2011 et début 2012 Djokovic a dompté Nadal sur toutes les surfaces. Quoi, Nadal s'est inventé un nouveau slice entre-temps c'est ça ? Non, Djokovic a décliné, il n'a plus la force de concentration ou l'endurance physique qu'il avait auparavant, ce qui en tennis est d'ailleurs étroitement lié.
Si Djokovic maitrisait le slice de Nadal, il serait rentré dans la balle et aurait conclu le point, par exemple, au filet.
Djokovic n'a jamais fait ça parce que c'est impossible. Nadal peut remettre la balle de n'importe quel coin du court dans tes pieds avec 3.000+ tours/minute, uniquement à la force des bras même quand il recule, donc ça ne sert à rien, il est mathématiquement impossible de passer à la volée contre lui. Il faut juste le fixer sur son revers pendant dix-vingt échanges puis attaquer dès qu'il y a une ouverture, ce que Djokovic exécutait sans problème il y a deux ans.
Au lieu de ça, Djokovic, sur cette finale, fait un coup de remise assuré sur le point fort de Nadal. On ne bat pas Nadal du fond du court avec des coups liftés.
Si si, on le bat très bien quand on a la bonne forme physique. Je t'invite à revoir les finales de Rome 2011, Wimbledon 2011, US Open 2011, Australian Open 2012.
On bat Nadal en frappant à plat, en prenant la balle tôt, en rentrant dans le court et en venant conclure le point au filet, domaine qu'est en train, à mon avis trop tard, de travailler Djokovic.
Ce genre de tactique marche une fois sur 100 les jours de pleine lune. Le seul à avoir régulièrement battu Nadal a été Djokovic, et celui-ci l'a fait en le prenant à son propre jeu.