Modérateurs: Garion, Silverwitch
Ouais_supère a écrit:Stef, t'es chiant
Nicklaus a écrit:Est-ce que Valls s'est rendu à la Messe de Noël comme il s'était rendu à la rupture du jeûne du ramadan ?
Le Figaro a écrit:Le maigre bilan judiciaire de l'Hadopi
Deux nouvelles personnes ont été jugées pour téléchargement illégal : l'une a été relaxée, l'autre condamnée sans peine. Seul un autre internaute avait été condamné à 150 euros d'amende en septembre.
Plus de deux ans après la mise en place de la riposte graduée contre le téléchargement illégal, le bilan judiciaire d'Hadopi paraît bien maigre. Alors qu'une étude d'impact présentée en juin 2009 au ministère de la Justice prévoyait 50 000 coupures d'accès à Internet par an, seules trois personnes ont été à ce jour jugées pour défaut de sécurisation de leur accès à Internet.
Si l'une a été condamnée en septembre à 150 euros d'amende pour avoir téléchargé illégalement des chansons de Rihanna, le ministère de la Justice a dévoilé le 25 décembre l'existence de deux autres jugements qui se sont soldés par une condamnation sans peine, et une relaxe. Le ministère répondait dans le Journal officiel à la députée UMP du Jura Marie-Christine Dalloz, qui désirait connaître «l'état des lieux de la lutte contre le téléchargement illégal», comme le relève le site PCInpact.
1 million d'avertissements, 14 dossiers en justice
Selon les chiffres fournis en septembre par l'Hadopi, et repris par le ministère de la Justice, plus de 3 millions d'adresses IP ont été détectées, depuis 2010, en train de télécharger illégalement de la musique ou des films sur les réseaux peer-to-peer. Ces détections ont conduit à l'envoi d'e-mails d'avertissement - première étape de la riposte graduée - à 1,15 million d'internautes.
Parmi ceux-ci, 100.000 ont reçu un second avertissement par lettre recommandée, car ils ont été à nouveau pris en train de télécharger illégalement. Enfin, 340 internautes ont reçu un troisième avertissement, qui signe le début de la procédure judiciaire. À ce jour, 14 de ces dossiers ont été transmis aux parquets compétents.
Le ministère de la Justice souligne que, sur ces 14 dossiers, une procédure a été classée sans suite, une autre va bientôt être jugée, et neuf sont toujours en cours d'enquête. Les trois derniers dossiers sont ceux qui ont donné lieu aux jugements définitifs évoqués plus haut.
Un avenir incertain
Plus qu'un million d'avertissements envoyés, pour trois jugements allant de la relaxe à 150 euros d'amende: la montagne Hadopi aurait-elle accouché d'une souris? Pour la Haute Autorité, ces faibles chiffres sont le signe que son action pédagogique est efficace. En recevant le premier avertissement, la majorité des internautes auraient arrêté de télécharger sur les réseaux peer-to-peer. Mais ont-ils vraiment stoppé tout téléchargement illégal, ou se sont-ils tournés vers les sites de streaming et de téléchargement direct, non surveillés? Difficile à dire.
L'année qui arrive s'annonce difficile pour la Haute Autorité. Son budget a été réduit à 9 millions d'euros, contre 10,3 millions versés par le ministère de la Culture cette année. L'Hadopi en réclamait 12 millions. Mais la nouvelle ministre de la Culture avait averti dès le mois d'août que la Haute Autorité allait devoir se mettre à la diète. «12 millions d'euros annuels et 60 agents, c'est cher pour envoyer un million d'e-mails», ironisait Aurélie Filippetti auprès du Nouvel Observateur.
L'Hadopi devra également composer avec la mission Lescure, lancée fin septembre par le ministère de la Culture afin de trouver de nouvelles manières de lutter contre le téléchargement illégal. Et ses premières pistes de réflexion vont à l'encontre de l'esprit originel de l'Hadopi: c'est aux sites illégaux, et non aux internautes, qu'il faut s'attaquer.
Cortese a écrit:Sur Depardieu et les autres un article plutôt critique. Qu'en pense SW ?
http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/ ... d=1771885&xtor=RSS-3208
Hugues a écrit:Comme personne ne vous le dira .. Après tout aucun journaliste n'a envie de lire la décision, et préfère les communiqués de presse (travers professionnel j'imagine).. Comme par ailleurs, les députés ou sénateurs UMP et UDI mentent éhontément sur la raison de la censure... (sauf Jean Arthuis qui a effleuré la vérité)
Ca n'est pas le principe des 75% qui est censuré (et pourtant vous entendrez Arthuis, Carrez et autres dire que c'est parce que c'était confiscatoire) mais sa rédaction...
Tel que la loi est rédigée, elle avait lieu sur les revenus individuels plutôt que sur les revenus par foyers fiscaux
Autrement dit, un foyer fiscal avec deux revenus de 900.000 euros (donc 1.800.000) n'y était pas assujettis. Un foyer fiscale avec un seul revenu de 1.100.000 euros si.
En somme il y avait rupture d'égalité des foyers fiscaux.
Ou autrement dit, les députés et sénateurs qui ont porté la loi devant le Conseil Constitutionnel, ont donc défendu l'idée devant celui-ci que la loi n'était pas assez sévère avec les foyers avec deux revenus dont le total dépasse 1.000.000 euros...![]()
![]()
En tout cas, 75% ça n'est en rien anticonstitutionnel, la loi, rédigée correctement, peut repasser (mais comme ce sont des libéraux, gageons qu'ils seront lâches.. de toute façon si la loi est censurée, c'est parce que le gouvernement avait insisté pour que ce soit individuel et non par foyer, à croire qu'ils cherchaient la censure..)
Hugues
Cortese a écrit:Sur Depardieu et les autres un article plutôt critique. Qu'en pense SW ?
http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/ ... d=1771885&xtor=RSS-3208
DCP a écrit:J'y connais rien au cinema, mais, à la lecture de l'article, je pense que les critiques ne portaient pas sur le système français en tant que tel, mais plutôt sur les salaires des acteurs vedettes. On pourrait maintenir le système sans payer autant les acteurs, non ?
silverwitch a écrit:Mais n'oublions pas les films d'initiative française et les coproductions: de Kiarostami à De Oliveira, en passant par David Lynch, Cronenberg, Kusturica, Hu Hsiao Hsien ou Amos Gitaï, c'est le meilleur du cinéma mondial qui repose sur la France. Avec tous ses défauts, l'obligation d'investissement a préservé un cinéma de qualité.
Hugues a écrit:Mon avis est que ce n'est pas anodin si silverwitch a (volontairement?) oublié Brian de Palma![]()
Hugues
silverwitch a écrit:Cortese a écrit:Sur Depardieu et les autres un article plutôt critique. Qu'en pense SW ?
http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/ ... d=1771885&xtor=RSS-3208
Il mélange beaucoup de choses, sans doute volontairement. Notamment quand il compare budgets de tournage américains et français. Un distributeur qui ne prend en compte que les dépenses de tournage et oublie les dépenses de distribution et de promotion ? Ce n'est pas très sérieux. De même, il fait comme si les films français devaient être rentables en salles alors que leur économie repose sur d'autres piliers comme la télévision et l'exploitation vidéo, ce qui vaut aussi bien pour le cinéma américain, dont il fait une apologie très libérale (la valeur sur le "marché" des acteurs ?).
Vincent Maraval devrait savoir que la part des salaires des acteurs principaux dans le budget des films à gros budet est relativement stable depuis dix ans. Et s'il est vrai que sur les gros films, tout le monde se gave, c'est ce système très imparfait qui permet une production d'une qualité inégalée dans le monde. Qu'on critique les films français, d'accord. Mais n'oublions pas les films d'initiative française et les coproductions: de Kiarostami à De Oliveira, en passant par David Lynch, Cronenberg, Kusturica, Hu Hsiao Hsien ou Amos Gitaï, c'est le meilleur du cinéma mondial qui repose sur la France. Avec tous ses défauts, l'obligation d'investissement a préservé un cinéma de qualité.
Hugues a écrit:Comme personne ne vous le dira .. Après tout aucun journaliste n'a envie de lire la décision, et préfère les communiqués de presse (travers professionnel j'imagine).. Comme par ailleurs, les députés ou sénateurs UMP et UDI mentent éhontément sur la raison de la censure... (sauf Jean Arthuis qui a effleuré la vérité)
Ca n'est pas le principe des 75% qui est censuré (et pourtant vous entendrez Arthuis, Carrez et autres dire que c'est parce que c'était confiscatoire) mais sa rédaction...
Tel que la loi est rédigée, elle avait lieu sur les revenus individuels plutôt que sur les revenus par foyers fiscaux
Autrement dit, un foyer fiscal avec deux revenus de 900.000 euros (donc 1.800.000) n'y était pas assujettis. Un foyer fiscale avec un seul revenu de 1.100.000 euros si.
En somme il y avait rupture d'égalité des foyers fiscaux.
Ou autrement dit, les députés et sénateurs qui ont porté la loi devant le Conseil Constitutionnel, ont donc défendu l'idée devant celui-ci que la loi n'était pas assez sévère avec les foyers avec deux revenus dont le total dépasse 1.000.000 euros...![]()
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En tout cas, 75% ça n'est en rien anticonstitutionnel, la loi, rédigée correctement, peut repasser (mais comme ce sont des libéraux, gageons qu'ils seront lâches.. de toute façon si la loi est censurée, c'est parce que le gouvernement avait insisté pour que ce soit individuel et non par foyer, à croire qu'ils cherchaient la censure..)
Hugues
silverwitch a écrit:DCP a écrit:J'y connais rien au cinema, mais, à la lecture de l'article, je pense que les critiques ne portaient pas sur le système français en tant que tel, mais plutôt sur les salaires des acteurs vedettes. On pourrait maintenir le système sans payer autant les acteurs, non ?
Il commence par pointer du doigt les acteurs, mais ce qui est visé, c'est l'exception française, où les films français sont financés par une taxe prélevée sur chaque entrée et par des obligations de financement imposées aux chaînes de télévision.
Hugues a écrit:Comme personne ne vous le dira .. Après tout aucun journaliste n'a envie de lire la décision, et préfère les communiqués de presse (travers professionnel j'imagine).. Comme par ailleurs, les députés ou sénateurs UMP et UDI mentent éhontément sur la raison de la censure... (sauf Jean Arthuis qui a effleuré la vérité)
Ca n'est pas le principe des 75% qui est censuré (et pourtant vous entendrez Arthuis, Carrez et autres dire que c'est parce que c'était confiscatoire) mais sa rédaction...
Tel que la loi est rédigée, elle avait lieu sur les revenus individuels plutôt que sur les revenus par foyers fiscaux
Autrement dit, un foyer fiscal avec deux revenus de 900.000 euros (donc 1.800.000) n'y était pas assujettis. Un foyer fiscale avec un seul revenu de 1.100.000 euros si.
En somme il y avait rupture d'égalité des foyers fiscaux.
Ou autrement dit, les députés et sénateurs qui ont porté la loi devant le Conseil Constitutionnel, ont donc défendu l'idée devant celui-ci que la loi n'était pas assez sévère avec les foyers avec deux revenus dont le total dépasse 1.000.000 euros...![]()
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En tout cas, 75% ça n'est en rien anticonstitutionnel, la loi, rédigée correctement, peut repasser (mais comme ce sont des libéraux, gageons qu'ils seront lâches.. de toute façon si la loi est censurée, c'est parce que le gouvernement avait insisté pour que ce soit individuel et non par foyer, à croire qu'ils cherchaient la censure..)
Hugues
Alzam a écrit:silverwitch a écrit:Il commence par pointer du doigt les acteurs, mais ce qui est visé, c'est l'exception française, où les films français sont financés par une taxe prélevée sur chaque entrée et par des obligations de financement imposées aux chaînes de télévision.
Je ne suis pas sûr qu'il soit normal qu'une telle taxe soit surtout prélevée sur des films grand public vus essentiellement par la grouillante plèbe à petits moyens au bénéfice d'oeuvres élitistes, apanages de l'élite intellectuelle de notre société...
(Rue 89)A la Bastille 21/12/2012 à 17h31
Deneuve et Parisot inventent le « point 1789 » : Ah ça ira, ça ira...
Le point Godwin désigne le moment où, selon une règle maintes fois vérifiée, une discussion sur Internet finit toujours par invoquer la Seconde Guerre mondiale. En France, on vient d’inventer un nouveau point Godwin : la référence à 1789, la Révolution française et ses coupeurs de têtes.
Honneur à Catherine Deneuve, on pourrait l’appeler le « point Deneuve ». Dans Libération (article payant) ce vendredi, l’actrice répond vigoureusement à « Monsieur Torreton » et à son pamphlet anti-Depardieu dans le même journal. Au détour d’une phrase, elle s’exclame :
« Qu’auriez-vous fait en 1789, mon corps en tremble encore ! »
Une phrase qui prend toute sa saveur quand on sait que Gérard Depardieu incarna Danton-le-guillotiné dans le film éponyme de Wajda...
Il faut plus d’une citation pour faire un « point », et, sans doute inspirée et dopée par sa lecture matinale de Libé, Laurence Parisot, la patronne du Medef, a lancé à son tour sur France info :
« On est en train de recréer un climat de guerre civile, qui s’apparente à 1789. »
Ce « point 1789 » devrait rester, nous nous y emploierons, même s’il se trompe d’époque et d’interlocuteurs.
Voilà donc nos malheureux socialistes qui ne sont plus (seulement) des marxistes le couteau entre les dents (si, si, certains le pensent réellement), mais carrément des sans-culottes, des guillotineurs, des Robespierre en herbe. J’en entends parmi les riverains de Rue89 qui soupirent : « si seulement »...
Quilès tendresse
Ce n’est certes pas la première fois. On se souviendra qu’en 1981, après l’accession au pouvoir de François Mitterrand et de sa coalition « socialo-communiste », une polémique avait accompagné une phrase tirée d’une intervention de Paul Quilès au congrès de Valence du Parti socialiste :
« Il ne suffit pas de dire que des têtes doivent tomber, mais dire lesquelles et le faire rapidement. »
L’opposition s’en était emparée et avait rebaptisé Paul Quilès « Robespaul ». Jusqu’à ce qu’il soit démontré qu’on avait fait dire au futur ministre de la Défense le contraire de ce qu’il avait dit : il critiquait Robespierre en citant les événements du 9 Thermidor au lieu d’en faire l’éloge, comme ce fut rapporté et répété à l’envi.
Mais le mal était fait, et le slogan de campagne électorale de Paul Quilès quelques années plus tard – « Quilès tendresse »... – n’y changea rien.
Il y a quelques mois encore, en pleine campagne électorale, 31 ans après, Paul Quilès devait encore se justifier sur son blog de cette phrase reprise dans sa version déformée par Jean-François Copé, qui pourtant, si l’on en croit la suite des événements, n’aurait pas démérité en 1789, pour employer à mon tour un « point Deneuve ».
« Ah ça ira, ça ira, ça ira »
Peut-être Catherine Deneuve et Laurence Parisot, avant de crier à « 1789 » s’agissant des critiques qui accompagnent l’exil fiscal de Gérard Depardieu et de quelques autres, feraient bien de réviser leur « Révolution française », à commencer par ce refrain repris par la France populaire pour le premier anniversaire de la prise de la Bastille, en 1790 :
« Ah ça ira, ça ira, ça ira, les aristocrates à la lanterne,
ah ça ira, ça ira ça ira, les aristocrates on les pendra. »
Ah ça ira, ça ira
Depardieu, Afflelou et les autres peuvent dormir tranquilles, tout comme Laurence Parisot : la guillotine est au rancart, et la fuite à Varenne se fait désormais en Thalys et en Eurostar, sans contrôle aux frontières.
Le point 1789 fait rire ; il est aussi le révélateur d’un état d’esprit troublant, qui fait identifier ses auteurs aux nantis de l’époque révolutionnaire, dont ils partagent l’insécurité et les peurs. L’inconscient a parlé.
denim a écrit:oh ben Depardieu et Deneuve,elle va quand même pas lui tirer dans les pattes...y a eu une belle idylle.
ce matin,sur France Inter y avait catherine Deneuve au micro de rebecca Manzoni...![]()
ben tu vois,par exemple catherine Deneuve,ben en tant qu'actrice,elle ne m'a jamais "botté"...mis à part "le sauvage" et "peau d'âne".
le reste bof...
Libération a écrit:Cinéma français : la flambée des prises
30 décembre 2012 à 21:21
Par DIDIER PÉRON, BRUNO ICHER
Polémique. Le coup de gueule du producteur Vincent Maraval, dénonçant des acteurs trop payés et pas assez rentables, a brisé l’omerta qui règne sur la profession.
«Un pavé dans la mare.» L’expression revient partout dans les réactions vives suscitées par la tribune incendiaire publiée dans le Monde vendredi et signée du producteur et vendeur à l’étranger Vincent Maraval sous le titre «Les acteurs français sont trop payés !». S’énervant contre la pub faite à l’affaire de l’exil fiscal belge de Gérard Depardieu, il s’étonne que personne ne s’intéresse à un problème qu’il juge nettement plus grave : la criante absence de rentabilité de quelques-unes des stars les mieux payées de l’Hexagone, notamment au terme d’une année 2012 qu’il qualifie de «désastre», avec des productions grand public qui n’ont pas fait le plein et dont le coût de fabrication était d’évidence trop élevé.
Que les gros salaires baissent la tête !
Ainsi, Dany Boon en prend pour son grade : «3,5 millions d’euros pour Un plan parfait [de Pascal Chaumeil, ndlr], dont les entrées ne seront pas suffisantes pour payer son salaire ! Un million pour quelques minutes dans Astérix, film qui fait exploser le ratio entrées-cachet-minute à l’écran…» Mais il n’est pas le seul, puisque sont cités pêle-mêle Vincent Cassel, Marilou Berry, François-Xavier Demaison, Léa Seydoux, Daniel Auteuil… Le magazine GQ a publié en ligne des extraits d’un entretien à paraître dans le numéro de février que leur a accordé le même Maraval. Il y chevauche furax le même destrier : «En 2012, les dix plus gros succès français perdent tous de l’argent. Avec 5,2 millions d’entrées, Sur la piste du Marsupilami perd 1 million d’euros. Astérix fait 4 millions d’entrées et perd 5 millions d’euros. Pourquoi ? Ces films coûtent trop cher et paient trop leurs talents […]. On devrait tracer un trait sur ce business.» Il faudrait ajouter le fort mal nommé Populaire, de Régis Roinsard, un premier film au budget exorbitant de 13 millions d’euros avec Romain Duris, qui n’a pas même franchi le cap du million d’entrées.
Ce coup de gueule joue d’évidence un rôle libérateur chez de nombreux professionnels qui parlent d’une durable «omerta» sur la dérive inflationniste des rémunérations des acteurs. Pascale Ferran, cinéaste qui avait été à l’initiative de réformes de fonctionnement du Centre national du cinéma (CNC) avec son Club des 13 en 2008, en parlait déjà à l’époque, au point d’envisager des états généraux sur la question : «Maraval dit un truc que personne ne dit jamais, à savoir que délaissant les allégations récurrentes sur les petits films d’auteurs, toujours soupçonnés d’être financés à coups de subventions et de ne pas être rentables, il porte le fer contre un cinéma grand public soi-disant plus en phase avec les lois du marché et en réalité très souvent pas rentable du tout. Je rappelle que parmi les films dont le rapport entre ce qu’ils ont coûté et ce qu’ils ont rapporté a été le meilleur ces dernières années, on trouve l’Esquive, Tomboy ou La guerre est déclarée… Il y a une tendance lourde depuis une dizaine d’années de dérive des cachets octroyés à une cinquantaine d’acteurs, toujours les mêmes, qui squattent les castings, et il faut espérer que le coup de gueule de Maraval, qui a un côté assez joyeux, va un peu lever la peur qui dicte les rapports entre les producteurs et les cinq agents représentant sur Paris l’essentiel des gros comédiens.»
Des Acteurs complètement télé-guidés
Par-delà ces quelques oies grasses, Maraval s’exaspère du rôle central et sclérosant joué par la télévision que la loi oblige à investir dans le cinéma et qui n’a cessé depuis lors d’imposer une implacable logique de standardisation. France Télévisions et TF1 sont particulièrement visés pour leur manque chronique d’audace sur ce que, soi-disant, le public réclame. C’est la logique de l’audience des chaînes qui finit par l’emporter sur la comptabilité des entrées. Un film sans vedette bankable n’a, on le sait depuis longtemps, pas vocation à exister selon les télés qui ne consentent à investir (c’est-à-dire à préacheter un contenu qu’elles vont diffuser) qu’au prix fort du star-system obligatoire, quand bien même il s’avère que celui-ci vit sous l’assistance respiratoire des aides automatiques.
Il n’est pas sûr que le CNC ait grand-chose à dire sur ce point, c’est plutôt au CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) éventuellement d’imposer aux chaînes des clauses de diversité qui empêcheraient, par exemple, la ridicule course à l’échalote occasionnée par les deux Guerre des boutons en 2011, TF1 y allant de sa poche par millions d’euros pour financer deux films concurrents et quasi-identiques ! Les chaînes (avec des nuances importantes pour Arte et Canal +) sont connues pour concentrer leurs investissements sur quelques grands films, délaissant tout un pan de la création qui souffre de ce désintérêt. La manière dont une certaine (in)culture télévisuelle infuse ses modes de traitement simplificateurs, ses formats moyens, ses visages de magazines people est un récurrent motif d’énervement dans les conversations de dîners entre réalisateurs et producteurs.
Mais, là aussi, la liberté d’expression s’exerce peu pour des raisons d’implications des uns et des autres dans des deals permanents entre sociétés de production indépendantes, chaînes publiques et privées comme l’expriment très bien Carole Scotta et Caroline Benjo, les deux productrices de Haut et Court (Entre les murs, de Laurent Cantet, les Revenants, de Fabrice Gobert…) : «Le mérite de ce texte est d’avoir permis de dire tout haut ce que l’on sait, mais que l’on tait parce que structurellement nous participons tous à des degrés divers à ce système, Wild Bunch comme les autres.» Ainsi, lorsque Maraval parle du cachet délirant de Dany Boon dans Astérix, il ne précise pas que Wild Bunch a participé au financement du film en le distribuant en France et en le vendant à l’étranger. On peut se demander quelles intentions l’animent : règle-t-il des comptes avec la société Fidélité (productrice du dernier Astérix), dont il est partenaire financier depuis 2006 et dont la réputation n’est pas précisément de mettre un frein à l’explosion des cachets ?
De même, quand Vincent Maraval avance la question des «fonds publics» et des «subventions» servant à payer des cachets à des hauteurs vertigineuses, il ne précise pas que cet argent public provient non pas des impôts (comme les vitupérations poujadistes ne manquent jamais de le laisser croire), mais des taxes collectées par le CNC sur les recettes des films français et étrangers exploités sur le territoire, ainsi que sur les diffuseurs internet.
Avec une fréquentation des salles qui dépasse les 200 millions de spectateurs par an, autre exception culturelle française, la mission du CNC consiste à maintenir l’équilibre entre économie régulée et marché libéral. «Il ne faudrait pas cependant que ce pavé éclabousse aussi la partie immergée de l’iceberg cinéma, poursuivent Scotta et Benjo, qui est la plus importante, celle des films qui se font dans une économie de plus en plus restreinte, alors que le renouvellement de la création passe par elle. Il y a, comme par hasard, là aussi un fossé grandissant entre riches et pauvres. Sa tribune, aussi revigorante soit-elle, ne doit pas jeter l’opprobre sur tout le cinéma à un moment où ce système, qui a fait de notre cinématographie une des plus fortes du monde, est menacé, tant par les coups de boutoir de la Commission européenne, que par le tout-libéral.»
Après les bides, serrer les ceintures
En conclusion de sa tribune, Maraval n’oublie pas d’ailleurs de souligner la vertu de ce système. Et d’interpeller une nouvelle fois directement les pouvoirs publics (la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, et le CNC) pour qu’ils obligent les protagonistes du secteur à une plus grande tempérance dans leurs âpretés au gain : «Limitons à 400 000 euros par acteur - et peut-être un peu plus pour un réalisateur -, assorti d’un intéressement obligatoire sur le succès du film, le montant des cachets qui qualifient un film dans les obligations légales.»
D’ores et déjà, il semble peu probable que le CNC s’immisce ainsi dans les négociations contractuelles entre producteurs, diffuseurs (télévision) et agents. Eric Garandeau, président du CNC, mise plutôt sur une capacité des différents acteurs à une forme d’autorégulation et s’étonne de l’angle d’attaque de la tribune : «Les films cités sont ceux que les chaînes de télévision s’arrachent et dans lesquels l’argent du CNC est quasiment absent, à hauteur de 5% du budget global. Il opère un amalgame curieux entre quelques gros films commerciaux qui n’ont pas eu le succès escompté en 2012 et un mécanisme de financement vertueux puisque puissamment redistributif, et qui conduit à d’excellents résultats, y compris en 2012, tant en France qu’à l’étranger.»
Alfa a écrit:Hugues a écrit:Comme personne ne vous le dira .. Après tout aucun journaliste n'a envie de lire la décision, et préfère les communiqués de presse (travers professionnel j'imagine).. Comme par ailleurs, les députés ou sénateurs UMP et UDI mentent éhontément sur la raison de la censure... (sauf Jean Arthuis qui a effleuré la vérité)
Ca n'est pas le principe des 75% qui est censuré (et pourtant vous entendrez Arthuis, Carrez et autres dire que c'est parce que c'était confiscatoire) mais sa rédaction...
Tel que la loi est rédigée, elle avait lieu sur les revenus individuels plutôt que sur les revenus par foyers fiscaux
Autrement dit, un foyer fiscal avec deux revenus de 900.000 euros (donc 1.800.000) n'y était pas assujettis. Un foyer fiscale avec un seul revenu de 1.100.000 euros si.
En somme il y avait rupture d'égalité des foyers fiscaux.
Ou autrement dit, les députés et sénateurs qui ont porté la loi devant le Conseil Constitutionnel, ont donc défendu l'idée devant celui-ci que la loi n'était pas assez sévère avec les foyers avec deux revenus dont le total dépasse 1.000.000 euros...![]()
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En tout cas, 75% ça n'est en rien anticonstitutionnel, la loi, rédigée correctement, peut repasser (mais comme ce sont des libéraux, gageons qu'ils seront lâches.. de toute façon si la loi est censurée, c'est parce que le gouvernement avait insisté pour que ce soit individuel et non par foyer, à croire qu'ils cherchaient la censure..)
Hugues
J'ai encore vu nul part que la cause du rejet est le taux de 75%, mais toujours entendu que c’était a cause du foyer fiscal.
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