DCP a écrit::popcorn: (juste parce que j'ai l'impression que cela fait la Xème fois que cette discussion a lieu)
C'est vrai. Mais à force de répéter et d'insister, j'ai bon espoir d'être entendue. Que de nombreux spectateurs regardent un film parce qu'ils veulent être émus ou qu'ils lisent un roman parce qu'ils rêvent de ressembler aux personnages de papier, qu'ils admirent un tableau comme s'ils regardaient un paysage à travers leur fenêtre, je n'en disconviens pas, et ce n'est pas un problème. C'est du domaine de l'usage de l'art, du domaine de la sociologie du spectateur.
À condition de ne pas oublier la fin. On prend plaisir à entendre une histoire, et ce plaisir est une source de connaissance. On prend un plaisir similaire à raconter ou entendre une histoire parce que les histoires, les fables, sont le seul moyen pour dire ce qui ne pourrait être dit autrement, ni par la philosophie (abstraite), ni par l'expérience quotidienne (contingente). C'est parce que l'existence est absurde et obscure que les oeuvres d'art existent. Au coeur de l'âme humaine, il y a le désir de comprendre, ou pour paraphraser Camus, le
désir éperdu de clarté, c'est-à-dire d'ordonner l'existence, de lui trouver un sens. Les oeuvres d'art, les films sont des
trames qui introduisent de l'intelligible dans la singularité que représente une personne, un lien entre l'âme et le monde, entre le monde visible et le monde invisible.
L'art existe en tant qu'art non pas pour le plaisir de celui qui le crée et de celui qui regarde la création, mais parce qu'il a quelque chose à dire, ou plutôt à
raconter, à
représenter, qu'il est le seul à pouvoir faire. Ce devrait d'ailleurs être la morale de l'art:
ce que seul l'art peut représenter.