de Cortese le 02 Juin 2009, 11:47
Pour moi Algérien, un parallèle s'impose :
Dès le lendemain de l'indépendance en 1962, le chiffre d'un million d'Algériens tués pendant la guerre (sur une population de 10 millions environ) était répété partout. Plus tard, le président Boumédiène (1965/1978) parlait dans ses discours d'"un million et demi de martyrs".
Depuis les années 80, un décompte minutieux, complexe, statistique, émanant d'historiens professionnels français, a essayé d'évaluer le nombre de morts algériens. C'est toujours très discuté mais le principal historien algérien, Mohammed Harbi, militant FLN pendant la guerre, s'est rallié aux évaluations de ses collègues français sur une fourchette de 300 000 à 400 000, si me souviens bien. Harbi est un homme très estimé pour sa droiture et son honnêteté, et je trouve que cette attitude l'honore, alors qu'il aurait pu se braquer dans une posture définitivement victimaire.
Le problème avec la Shoah, c'est que les "Mohammed Harbi" ont été mis hors la loi par la loi Gayssot entre autres.
L'Histoire est une science. Difficile. La vérité historique est une chose très complexe et très dépendante du rapport de force politique du moment.
Comment expliquer par exemple, qu'un Bernard Lewis (orientaliste juif américain très célèbre, spécialiste du Proche-Orient, et conseiller du gouvernement Bush) nie le terme de "génocide" au sujet des massacres d'Arméniens par le gouvernement ottoman en 1915, alors que le parlement français vote une loi qualifiant le génocide ? Ça devient absurde. Ce même Lewis justifie par ailleurs l'expulsion des Palestiniens en 48 et 67.
Il me semble que tant que les études historiques libres sur la Shoah ou autre sont interdites par les gouvernement occidentaux, il est impossible de se faire une idée juste des questions. On est tout simplement dans la propagande d'Etat.
Il y a quelques années, une pétition signée par des intellectuels de renom (dont plusieurs juifs, comme Pierre Vidal-Naquet) avait demandé l'abolition des lois liberticides sur la recherche historique. Elle est restée sans suite.